« La Chine est-elle devenue un allié ? »

Has China Become an Ally ?
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Kenneth Lieberthal est professeur de sciences politiques et de gestion à l’University of Michigan. Il a été directeur pour l’Asie du National Security Council (1998-2000).

[RESUME] Les relations américano-chinoises n’ont peut-être jamais été aussi étroites qu’aujourd’hui, ce qui est surprenant quand on se souvient que Bush avait présenté la Chine comme "un concurrent stratégique" au début de son mandat.
Il est cependant encore difficile de savoir si la coopération entre les deux pays va pouvoir résister sur le long terme, au point de faire de la Chine un allié. Cela dépendra principalement des réponses apportées par Pékin et Washington à trois grandes questions :
1) Les États-Unis vont ils attaquer l’Irak sans accord de l’ONU ? La Chine marquera une opposition farouche à toute guerre américaine qui sortirait du cadre des instances internationales.
2) Les États-Unis vont ils continuer à conserver des troupes dans des pays proches de la Chine ? Pékin voudrait des garanties car cette proximité accompagnée de la nouvelle doctrine des frappes préventives ne la rassure pas.
3) Comment la Chine règlera la question de Taïwan ? Les États-Unis s’opposeront à toutes interventions militaires chinoises contre le régime de Taipei.
Le règlement de ces questions, en gardant en tête la volonté de coopérer ensemble, peut entraîner une longue alliance entre les deux pays.

« Une plaisante surprise au ranch ? »

A pleasant surprise at the ranch ?
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] David Shambaugh est professeur de sciences politiques et de relations internationales à la George Washington University. Il est associé du Woodrow Wilson International Center for Scholars à Washington.

[RESUME] Le sommet américano-chinois à Crawford, dans le ranch de George W. Bush, est plus symbolique que réellement constructif. En effet, les points d’accords entre les deux pays sont aujourd’hui nombreux et notamment sur les questions irakiennes et nord-coréenne. Le seul problème qui demeure entre les deux pays est la question de Taïwan.
Toutefois, Jiang Zemin est bien conscient qu’une lutte pour la possession de Taïwan est contre-productive sur bien des aspects. En effet, le coût en matière d’armement lié aux tensions entre Pékin et Taipei grève les budgets des deux pays et Jiang Zemin voudrait surtout investir dans les domaines économiques. C’est pour cette raison qu’il souhaite un règlement pacifique et négocié du retour de Taïwan à la Chine.
Ce processus de négociation doit être amorcé rapidement, afin qu’une succession de l’actuel dirigeant chinois qui désignerait un conservateur à la tête du pays ne puisse pas tout remettre en cause.

« Le pétrole fait-il glisser vers la guerre ? »

Is Big Oil Lubricating War Drive ?
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Jeremy Rifkin est l’auteur de The Hydrogen Economy : The Creation of the World Wide Energy Web and the Redistribution of Power on Earth.

[RESUME] Les citoyens états-uniens croient George W. Bush et pensent que leur pays part en guerre en Irak pour sauver le monde de la menace que fait peser sur lui un fou possédant des armes de destruction massive. Dans le même temps, les Européens sont tous persuadés que les États-Unis ne vont attaquer l’Irak que pour le pétrole. Pourquoi cet éventuel but de guerre de l’administration Bush n’est-il jamais évoqué aux États-Unis ?
George W. Bush et Dick Cheney viennent tous deux de l’industrie pétrolière et toute leur carrière a été soutenue par ce lobby. Le président Bush est le candidat à un mandat fédéral qui a reçu le plus d’argent de la part de l’industrie pétrolière depuis des décennies. Le premier acte de Dick Chenney en tant que vice-président a été de recevoir les principaux responsables de l’industrie pétrolière, le jour même de sa prise de fonction. N’oublions pas, enfin, que l’Irak avant d’être une dictature est le pays possédant la seconde plus grosse réserve de pétrole au monde.
Malgré tous ces faits, il n’existe pas de débats sur cette question aux États-Unis et aucun politicien n’ose poser la question publiquement de peur d’apparaître comme anti-patriotique.
Il est possible que les Européens se trompent et que le pétrole ne soit pas le mobile de la guerre. Quoi qu’il en soit, l’absence de débat sur la question, imposé par la Maison-Blanche, devrait nous faire réfléchir.

« Un plan de route qui nous ramène à Oslo »

A road map that leads straight back to Oslo
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] Natan Sharansky est président et fondateur du parti Yisrael B’Alyia Anglos, membre de la coalition au pouvoir en Israël. Il est ministre du logement et des constructions en Israël et vice-premier ministre d’Ariel Sharon.

[RESUME] Un nouveau plan, concernant la guerre israélo-arabe, a été proposé par les États-Unis, l’Union Européenne, les Nations Unies et la Russie. Il a pour but de relancer le processus de paix d’Oslo. Malheureusement, il reproduit la même erreur que la première tentative : croire qu’une négociation avec une dictature peut conduire à la paix.
L’Autorité palestinienne a profité de l’autonomie dont elle jouissait pour faire de la Cisjordanie et de la bande de Gaza des bases arrières du terrorisme anti-israélien. Il est certes question d’une réforme de l’Autorité palestinienne, mais rien qui ne permette de la transformer en profondeur.
Il serait préférable qu’Israël établisse une administration des territoires palestiniens et prépare ainsi cette zone à la démocratie. Les élections ne seraient plus faites avant le début du processus de réforme, mais seulement une fois qu’il serait engagé.
La seule chance de paix est de construire une société palestinienne libre, pas une nouvelle dictature.