« Nous sauvons la vie des otages et portons un coup au terrorisme »

We saved the bulk of the hostages, and dealt a blow to terror
The Globe and Mail (Canada)

[AUTEUR] Vladimir Vasilyev est vice-ministre de l’Intérieur de Russie.

[RESUME] Le gouvernement et les forces spéciales russes ont fait l’impossible pour sauver la vie d’un maximum de d’otages innocents. Pour cela, nous avons utilisé des gaz tout à fait habituels dans ce genre d’opération, mais ils ont fait malheureusement une centaine de victimes parmi les otages souffrant de problèmes cardio-vasculaires après les trois jours de stress qu’ils venaient de subir. Toutefois, le plus grand nombre d’entre eux a été sauvé.
L’autre grande satisfaction de cette opération est la liquidation des cinquante terroristes. Si la Russie avait cédé à ces bandits, d’autres groupes tchétchènes auraient commencé à lancer des opérations de ce type dans toute la Russie. Vladimir Poutine exclut de négocier avec ce genre de terroristes, tels les leaders tchétchènes Shamil Basayev et Aslan Maskladov.

« Des machinations pour terroriser les terroristes »

Scheming to Terrorize Terrorists
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Avigdor Haselkorn est l’auteur de The Continuing Storm : Iraq, Poisonous Weapons and Deterrence.

[RESUME] La façon dont le gouvernement russe a réglé la prise d’otage de Moscou est probablement le premier signe de la mise en place d’une nouvelle stratégie pour lutter contre le terrorisme. Elle a pour but de dissuader toute action terroriste en se montrant inflexible et brutal, quitte à sacrifier des civils russes pour cela. Le message doit être clair : la Russie ne cèdera jamais et est prête à utiliser des armes chimiques contre des menaces conventionnelles.
Il est difficile de savoir si cette stratégie sera efficace, mais ce qui est sûr, c’est que nous avons ouvert une page de l’histoire de la dissuasion stratégique.

« Les gaz empoisonnés de la Russie »

Russia’s Poison Gases
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Christopher Chyba est co-directeur du Center for International Security and Cooperation de la Stanford University. Il a travaillé dans l’équipe du National Security Council sous l’administration Clinton.

[RESUME] L’utilisation des gaz par les forces de l’ordre russes, lors du dénouement de la prise d’otage de ce week-end à Moscou, est une nouvelle preuve que la Russie ne respecte pas la convention de 1997 sur les armes chimiques.
Ce traité, signé par cent soixante-dix pays, interdit formellement l’utilisation et la possession d’armes chimiques, mais la Russie n’a pas détruit ses stocks qui restent toujours impressionnants.
Il avait été prévu que ces armes soient détruites dans une usine construite avec des fonds russes et américains. Malheureusement, le Congrès n’a jamais débloqué les fonds alors qu’il avait une occasion de faire disparaître, cette fois pacifiquement, un stock d’arme de destruction massive.

« Européens, voulez-vous vous suicider ? »

Européens, voulez-vous vous suicider ?
L’Humanité (France)

[AUTEUR] John Gerassi est professeur au Queens College de la New York University.

[RESUME] L’Europe refuse de comprendre que les États-Unis sont un empire qui veut dominer commercialement le monde et qui ne reculera devant rien pour y parvenir. Face à eux, les seuls choix possibles sont de devenir un pantin, comme le Royaume-Uni, ou d’être écrasé militairement ou économiquement. C’est ainsi qu’ils ont toujours procédé face aux pays qui ne voulaient pas accepter leur modèle économique.
Quand les États-Unis ont un adversaire, ils ne sont pas toujours obligés d’agir eux-même et ils passent fréquemment par leurs alliés pour faire le sale boulot. C’est ainsi qu’ils ont procédé avec la Russie. Les États-Unis ont cessé d’aider les Tchétchènes par l’intermédiaire d’Al Quaïda en échange de concessions pétrolières dans la mer Caspienne. Cet accord a également concédé de fortes commissions pour certains dirigeants russes, aujourd’hui beaucoup plus conciliants avec Washington.
En Afghanistan, les États-Unis ont soutenu les Talibans pour contrôler la construction du futur pipeline devant passer par ce territoire. Par la suite, comme ces derniers ont déçu les espoirs que Washington avait mis en eux, ils ont été renversés. Ben Laden, le 11 septembre, n’a fait que donner à Bush le prétexte que celui-ci attendait. La guerre en Afghanistan a également permis à l’Amérique d’installer des bases militaires dans les pays d’Asie mineure dont elle voulait contrôler le pétrole.
Sur le plan intérieur, le 11 septembre a permis d’écraser les libertés individuelles en faisant adopter par le Congrès le "USA Patriot Act". Ce texte autorise le FBI à espionner n’importe qui sur le territoire et l’armée à arrêter toute personne déclarée "combattant ennemi", la juger - sans droit de la défense - et l’exécuter, le tout dans le plus grand secret. Mille six cents personnes ont déjà été arrêtées et jugées, dans un lieu inconnu, depuis l’adoption de cette loi.
L’histoire des relations étrangères des États-Unis est remplie de coups d’État et de soutiens actifs à des dictatures meurtrières. Aussi, quand les Européens pleurent les victimes du World Trade Center et voient dans ces morts une justification à la politique américaine actuelle, ils devraient également penser à l’ensemble des victimes de cette même politique américaine.
Saddam Hussein est un salaud, mais ce n’est pas pour cela qu’il va être éliminé. C’est simplement parce qu’il a vendu son pétrole au plus offrant et pas à l’empire américain.

« Les snipers : fous ou combattants du Djihad ? »

The snipers : Crazies or jihadis ?
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] Daniel Pipes est directeur du Middle East Forum et auteur de Militant Islam Reaches America.

[RESUME] Les médias ont simplement vu les snipers de Washington comme deux fous, sans se pencher sur le fait que leurs motivations pouvaient être politiques. En effet, le plus âgé des deux, John Allen Mohammed, a affirmé aux enquêteurs que les attentats du 11 septembre auraient dû être commis depuis très longtemps pour punir les États-Unis.
Dans l’esprit des militants islamistes, le monde musulman est engagé dans une guerre titanesque contre l’Occident et, dans cette guerre, tous les moyens sont bons. Cette approche ne se retrouve dans aucune religion, hormis l’Islam et se rapproche seulement de la logique du nazisme et du communisme.
Les groupes islamistes encouragent les musulmans à entrer dans l’armée américaine afin de faire naître une armée islamiste au cœur même des troupes des États-Unis.
Ces éléments ne signifient pas qu’un citoyen états-unien musulman ne puisse pas être un patriote, mais indiquent que quand un musulman est engagé dans une action terroriste, comme l’a fait John Allen Mohammed, il faut d’abord privilégier la thèse du combat contre "le grand Satan" pour en comprendre les raisons. Ne pas voir cette simple évidence rend les États-Unis vulnérables face à l’activisme islamiste.

« Une responsabilité écrasante de l’Occident »

Une responsabilité écrasante de l’Occident
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Maurice Allais est prix Nobel de sciences économiques.

[RESUME] L’Occident et, notamment, les États-Unis sont largement responsables de la situation actuelle au Proche-Orient en ne faisant rien pour favoriser la paix.
La seule chance de paix dans cette région est une application stricte des différentes résolutions de l’ONU relatives à Israël et un retour aux frontières de 1967. C’est le seul moyen de lutter contre la principale cause du terrorisme : la frustration d’un peuple occupé.
Si le 27 mars 2001, les États-Unis n’avaient pas posé leur veto contre l’envoi d’une force d’interposition internationale en Israël qui aurait pu être un premier pas dans la reprise du dialogue des milliers de victimes innocentes seraient encore en vie.
George W. Bush est personnellement responsable de ces morts.

« Une "carte" sans destination »

A ’map’ without a destination
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Henry Siegman est associé au Council on Foreign Relations.

[RESUME] La principale erreur des accords d’Oslo, entre Israël et les Palestiniens, réside dans leur déséquilibre. D’un côté, ils affirment qu’Israël a droit à la sécurité, sans limiter son usage de la force, ni l’extension de ses colonies. De l’autre, ils exigent que les Palestiniens renoncent à la violence, sans clarifier leurs droits légitimes.
C’est cette dissymétrie dans le traitement des deux camps qui a remis le feu aux poudres. Le nouveau plan de paix proposé par Bush ne résout toujours pas cette question. Ariel Sharon a toujours toutes les cartes en main, puisqu’il est seul à pouvoir juger quand son pays est suffisamment en sécurité pour retourner à la table des négociations.
Un autre problème majeur de ce plan de paix est son insistance à vouloir réformer l’Autorité palestinienne. Même si cette réforme devra avoir lieu, tôt ou tard, c’est une erreur d’en faire un préalable aux négociations si on désire vraiment la paix.

« Prenons les bonnes nouvelles avec prudence »

Take the good news cautiously
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] M.J. Akbar est rédacteur en chef de The Asian Age, un journal indien de langue anglaise. Il est l’auteur de The Shade of Swords : Jihad and the Conflict Between Islam and Christianity.

[RESUME] La situation au Cachemire est en train de se décrisper. L’Inde et le Pakistan ont retiré une bonne partie de leurs troupes aux frontières de cette région. Cette situation est due à la fermeté de la position américaine et aux négociations amorcées par Atal Behari Vajpayee, le Premier ministre indien, avec l’intégralité des forces politiques de la province du Cachemire.
Toutefois, cet apaisement est encore fragile. Des deux côtés, les fondamentalistes religieux, dont ceux qui ont gagné les élections au Pakistan en arborant des portraits de Ben Laden, poussent à une politique belliciste.
Vajpayee a compris que la paix comportait des risques politiques et il est prêt à les prendre. Il est difficile de deviner si Pervez Musharraf aura, ou pourra avoir, le même courage.

« Engager la Corée du Nord »

Engaging North Korea
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Jimmy Carter est ancien président des États-Unis. Il a reçu cette année le prix Nobel de la paix et préside le Carter Center. En 1994, il avait été envoyé en Corée du Nord par Bill Clinton pour négocier avec Kim Il Sung.

[RESUME] En 1994, les négociations faisant suite à l’expulsion des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique avaient abouties à un préaccord. Ce document prévoyant l’arrêt du programme nucléaire nord-coréen en échange de pétrole et de la garantie qu’aucune attaque nucléaire ne serait menée contre eux.
Aujourd’hui, la Corée du Nord a avoué avoir violé ses engagements en continuant son programme nucléaire. Les États-Unis n’ont pas encore tranché sur l’attitude à adopter après cet aveu : le retour à la table des négociations ou l’action militaire.
La Corée du Sud et le Japon sont favorables à la négociation. L’accord-cadre négocié par l’administration Clinton et malheureusement abandonné par George W. Bush doit être repris. Il permettra enfin de signer un traité de paix dans la péninsule et d’en finir avec un armistice de cinquante ans. Il se concrétisera par une démilitarisation partielle de la région.