« La Turquie va trouver un équilibre entre les laïcs et les islamistes »

Turkey Will Find a Balance Between Secularists and Islamists
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Soner Cagaptay est coordinateur du Turkish Research Program du Washington Institute for Near East Policy, une organisation qui mène campagne pour un axe Washington-Tel Aviv-Ankara, et contre les personnalités pro-Arabes aux USA.

[RESUME] Beaucoup s’inquiètent de la victoire du Parti de la justice et du développement, l’AKP, lors des élections turques en raison de ses origines islamistes. Ils se rassurent en se disant qu’en cas de trop graves dérives, l’armée, garante de la laïcité, reprendra les rênes du pouvoir.
Cette vision est erronée. L’arrivée au pouvoir de l’AKP n’est pas une manifestation d’une crise du système démocratique turc et ce parti n’est plus aujourd’hui qu’une formation conservatrice modérée ne remettant pas en cause le caractère laïc de l’État. Lors de la campagne, l’AKP a affirmé qu’il ne changerait pas la ligne suivie par ses prédécesseurs en matière de politique étrangère et qu’il aiderait, s’il le fallait, une campagne des États-Unis en Irak.
Il est vrai que le leader de ce parti, Recep Tayyip Erdogan a été brièvement emprisonné pour incitation à la haine religieuse mais, en raison de cette incarcération, il n’a pas pu se présenter et ne pourra pas être Premier ministre. Ce poste sera nécessairement attribué à quelqu’un de plus modéré que lui.

« L’Islam prend une tournure démocratique »

Islam Takes a Democratic Turn
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Soli Ozel est professeur à l’Istanbul Bilgi University. Il est rédacteur de l’édition turque du magazine Foreign Policy, fondé par Samuel Huntington.

[RESUME] La victoire de l’AKP est le signe du rejet des partis traditionnels par l’électorat turc. Pourtant, son programme n’est guère différent ce celui des autres partis de gouvernement.
L’AKP a rejeté son héritage islamiste. Il souhaite l’intégration dans l’Union Européenne. Son programme de stabilisation économique rassure le FMI et les marchés financiers.
Le succès de ce parti pourrait enfin démontrer que les systèmes musulmans laïcs peuvent être libéraux et tolérants et que les partis religieux musulmans peuvent s’intégrer dans un système démocratique. Toutefois pour que l’AKP réussisse à redresser la Turquie, il a besoin de l’Union Européenne, qui a toujours été réticente à accueillir un pays musulman en son sein. Un vrai dialogue pour l’intégration de la Turquie dans l’Europe doit enfin avoir lieu.
Un tel échange consoliderait les changements politiques libéraux que connaît aujourd’hui Ankara et réduirait la soi-disant barrière de civilisation entre les pays musulmans et l’Occident.

« Nous ne sommes toujours pas préparés »

We Are Still Unprepared
Washington Post (États-Unis)

[AUTEURS] Warren B. Rudman est ancien sénateur Républicain du New Hampshire. Gary Hart est ancien sénateur Démocrate du Colorado et était co-président de l’U.S. Commission on National Security/21st Century. Ils sont co-présidents du groupe de travail sur la sécurité intérieure du Council on Foreign Relations qui vient de publier un rapport intitulé L’Amérique n’est pas encore prête. Elle est toujours en danger.

[RESUME] Le premier devoir d’une démocratie est d’assurer la sécurité de ses citoyens et c’est pour cela que l’U.S. Commission on National Security/21st Century avait recommandé, il y a plus d’un an, la création de la National Homeland Security Agency. Cette agence n’est toujours pas créée, ce qui est inexcusable.
Seule une agence de ce type permettra d’éviter de nouvelles attaques terroristes sur le sol des États-Unis ou, au moins, d’en limiter les effets. Pourtant le Congrès n’a toujours pas débloqué les crédits indispensables à sa création et n’a toujours pas voté les textes qui permettraient de gérer le personnel de cette agence, avec la flexibilité qu’impose cette tâche. Cela doit être une priorité de l’assemblée qui va être élue.
La guerre en Irak ne devrait pas commencer tant que les États-Unis ne sont pas prêts à gérer les risques qu’elle implique sur son territoire.

« Une nation qui nie depuis trop longtemps »

A nation in denial for too long
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Aux Etats-Unis, Jusuf Wanandi est administrateur du Center for Strategic and International Studies, en Indonésie il est l’un des fondateurs du Jakarta Post

[RESUME] Trop longtemps, l’Indonésie a niée la présence de terroristes sur son territoire. Il est temps aujourd’hui qu’elle résolve ce problème pour restaurer la confiance de la communauté internationale.
Il est nécessaire pour cela de rallier les musulmans modérés à ce combat et de renforcer les moyens de la lutte contre le terrorisme, comme a commencé à le faire la présidente Megawati Sukarnoputri. Les nouvelles lois ne devront toutefois pas renier les principes démocratiques. En effet, c’est la démocratie qui nuit le plus à l’Islam radical et qui fait apparaître des mouvements musulmans modérés.
La lutte contre le terrorisme ne se fera pas uniquement en accroissant les mesures de sécurité. Il se fera également par l’action économique, car le terrorisme se nourrit de la pauvreté, et par la lutte idéologique au nom de l’Islam dans le système éducatif.

« Plus d’Europe, plus d’Amérique »

More Europe, more America
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Laszlo Kovacs est ministre des Affaires étrangères de Hongrie.

[RESUME] Les États-Unis semblent voir dans l’OTAN une structure obsolète, qui ne leur est plus d’une grande utilité. Ce n’est pas l’avis des nouveaux membres de cette organisation qui voient en elle, la garante de leur sécurité.
Les attaques du 11 septembre ont changé la face du monde et Washington est en train de fonder une grande coalition pour faire face au terrorisme international. La Hongrie veut en faire partie.
La future adhésion du pays à l’Union européenne ne vient pas remettre en cause l’attachement des Hongrois aux États-Unis. L’Europe et les États-Unis ont besoin l’un de l’autre pour assurer leur sécurité et Budapest est prête à aider Washington dans la lutte que mène l’Amérique.

« Mensonges, distorsions et omissions »

Lies, distortions and omissions
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] Evelyn Gordon est journaliste et commentatrice au Jerusalem Post.

[RESUME] Les rapports publiés dernièrement par l’Arab Association for Human Right (HRA) et par le Mossawa Center, qui ont été envoyés à douze organisations internationales, sont des tissus de mensonges s’appuyant sur de nombreuses omissions et demi vérités.
Le rapport du HRA, qui se concentre sur les sévices que subiraient les députés arabes de la Knesset, oublie de préciser que certains de ces élus ont publiquement appelé les citoyens arabes israéliens à la lutte contre Israël. Certains d’entre eux ont assisté à des réunions en présence de membres du Front populaire de libération de la Palestine, mouvement coupable d’avoir assassiné un secrétaire d’État israélien, ce qui est une violation de la loi sur les contacts avec des organisations terroristes.
Dans la plupart des cas de violences policières contre les députés mentionnées dans le rapport, on oublie de préciser qu’il s’agit bien souvent de réponses à des provocations verbales et à des attaques physiques.
Le pire mensonge du rapport vient de l’article sur la loi du 15 mai 2002, qui interdit tout parti niant qu’Israël est un État juif et démocratique ou incitant au racisme et à la lutte armée contre l’État. En fait, cette loi existe depuis 1985 et n’a été appliquée que contre le parti Kach, un parti juif. La seule nouveauté dans cette loi est l’interdiction de l’incitation à la lutte armée. Cette mention ne signifie pas, comme le sous-entend le rapport, que tout soutien à Yasser Arafat sera puni d’interdiction, mais que l’apologie de la violence sera sanctionné, ce qui est une mesure démocratique normale.
Ces rapports sont une propagande vicieuse cherchant à décrédibiliser l’argument selon lequel Israël est le seul État démocratique du Proche-Orient, réalité indéniable sur laquelle se base l’amitié entre Tel-Aviv et les capitales occidentales.

[CONTEXTE] Pour télécharger le rapport de l’Arab Association for Human Right, on se reportera à notre bulletin Sources ouvertes n°100, publié cette semaine. Le lecteur pourra confronter le document au commentaire de Madame Gordon. L’éditorialiste s’était déjà prononcée, le 5 juin dernier, sur un autre rapport relatif à la situation des Droits de l’homme en Israël, celui d’Amnesty international, qu’elle avait qualifié de « mensonger » (Amnesty’s lies).

« Les femmes aux tables des négociations »

Women at the peace table
The Boston Globe (États-Unis)

[AUTEUR] Swanee Hunt a été ambassadrice des États-Unis en Autriche. Elle est directrice du Women and Public Policy Program de la Kennedy School et fondatrice et présidente de Women Waging Peace.

[RESUME] Il y a deux ans, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la résolution 1325 sur « les femmes, la paix et la sécurité ». Selon ce texte, les femmes doivent être intégrées dans les processus de paix.
Les femmes sont à l’origine de bien des initiatives en faveur de la paix à travers le monde, comme au Proche-Orient, en Irlande du Nord, en Colombie, en Russie ou en Afghanistan.
Pourtant, depuis cette résolution, les choses ont peu évolué et bien souvent les délégations diplomatiques internationales chargées de négocier des traités de paix sont composées uniquement d’hommes. Si nous voulons créer un monde plus sûr, il faut nous appuyer sur le talent de ces femmes, déjà impliquées dans les processus de paix dans la vie quotidienne tout en étant exclues du système.
Petit à petit, les mentalités évoluent et les politiciens commencent à se rendre compte que les femmes peuvent apporter une nouvelle énergie à la paix.

[CONTEXTE] Ce point de vue illustre le quiproquo qui se développe autour de cette résolution. Pour de nombreux États, il s’agissait de mettre fin aux discriminations touchant les femmes. Au contraire, pour les États-Unis, il s’agit d’affirmer une vision différentialiste de l’humanité : les humains auraient des qualités distinctes selon leur sexe, les hommes auraient une propension naturelle à faire la guerre et les femmes à rechercher la paix.