« Cette fois, c’est un combat totalement nouveau »

This Time, It’s a Whole New
Fight

Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Concepteur d’une théorie originale des relations internationales,
Edward N. Luttwak est membre du
National Security Study Group du secrétariat de la
Défense des États-Unis. Il est également membre du Center for Strategic and International Studies.

[RESUME] La résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur les inspections
en Irak semble sur le point d’être votée. Toutefois la guerre reste probable
car Saddam Hussein a rejeté toutes les opportunités de l’éviter et il
continuera probablement à le faire. Tous ceux qui ont interprété les
négociations de George W. Bush à l’ONU comme des hésitations ont eu tort. Il
attendait simplement la fin des élections aux États-Unis pour pouvoir agir.
Cette attente a donné à la France et à la Russie, une illusion de puissance.
La prochaine guerre en Irak ne ressemblera pas à la guerre du Golfe de
1991. Elle s’appuiera beaucoup plus sur les forces aériennes, dont l’usage
s’est beaucoup développé depuis le dernier conflit avec Bagdad.
Les États-Unis, qui voyaient dans l’Arabie saoudite un allié sûr en 1991,
savent désormais que ce pays est l’un des principaux soutiens financiers des
réseaux terroristes islamistes. Il n’est plus possible de faire partir une
action terrestre vers l’Irak depuis leur sol et il faudra parachuter les
troupes depuis les bases du Koweït, du Bahreïn, du Qatar, d’Oman et des
Emirats Arabes Unis.
Les armées au sol n’auront pas à conquérir l’Irak, rue par rue, maison par
maison. Les Irakiens verront dans l’arrivée des États-Unis une chance de se
débarrasser de leur tyran et n’affronteront pas les hommes de la coalition
américano-britannique. En revanche, il faudra mener, en partenariat avec
l’aviation et ses armes de hautes précisions, des chasses à l’homme contre
les membres du parti Baas de Saddam Hussein.

« Poursuivre l’opération Torche de la Seconde Guerre mondiale en Irak »

Follow WWII’s Torch Into Iraq
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Robert Satloff est
directeur du planning politique et stratégique du Washington Institute for Near East Policy, une organisation états-unienne soutenant la politique d’Ariel Sharon en Israël.

[RESUME] Il y a 60 ans, l’opération Torche, l’invasion de l’Afrique du Nord
par les troupes américano-britanniques, était un rude coup porté au régime
nazi, régime détestable qui tua des millions de personnes avec ce que nous
appelons aujourd’hui des armes de destruction massive.
A la veille d’une opération en Irak il faut se souvenir de trois leçons de
l’opération Torche :
 Il faut déterminer des buts de guerre précis. En 1942, les alliés avaient
laissé en place les autorités de Vichy, ce qui avait permis à ce dernier de
continuer les crimes contre les Juifs jusqu’à l’été 1943. C’est pourquoi, en
Irak, si Saddam Hussein est renversé et qu’un général de son armée ou un
membre de sa famille propose un arrêt des combats en échange de son arrivée
au pouvoir, il faudra refuser. Il faut renverser le dictateur et toute sa
clique.
 L’opération Torche avait été préparée par des groupes de résistance
organisés et composés de nombreux juifs. Ces juifs avaient pourtant continué
à souffrir des persécutions du gouvernement de Vichy malgré leur aide. En
Irak, il faudra s’appuyer sur des groupes irakiens en leur garantissant que
nous allons renverser Saddam Hussein et qu’ils ne seront pas abandonnés.
 Nous devons surtout nous souvenir que nous nous battons pour la population irakienne et que notre victoire sera la leur.

« L’Australie ne peut pas abandonner les États-Unis quand les choses vont mal »

Australia can’t desert the US when the going gets
tough

The Age (Australie)

[AUTEUR] Gregory Hywood est éditeur et rédacteur en chef de The
Age
. Il est ancien correspondant à Washington
de The Australian Financial Review

[RESUME] La défense de l’Australie est largement financée par les États-Unis
depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette situation a permis à
l’Australie d’augmenter ses dépenses dans des domaines autres que la défense
et de créer une société ouverte et tolérante.
Pourtant, depuis l’attentat de Bali, beaucoup estiment que la sécurité de
l’Australie passe par un soutien aux musulmans modérés en Indonésie, contre
les islamistes, et qu’il ne faut pas risquer d’entrer en conflit avec eux en
soutenant une attaque des États-Unis contre l’Irak. Cette position est
défendue par une partie de l’état-major australien. Ce sont les mêmes
personnes qui ont plaidé par le passé pour un soutien à Suharto en Indonésie
et contre l’indépendance du Timor afin de conserver l’influence de
l’Australie dans cette région.
Le gouvernement Howard estime que l’on peut rester un allié des États-Unis
tout en conservant de bons rapports avec les musulmans modérés. Pourtant, il
est difficile de dire à un pays qui nous a aidé à nous défendre que, pour
une fois quand il a besoin de nous, nous ne pouvons rien pour lui, tout en
restant des alliés. Il faut faire un choix et ce choix doit être débattu par
le peuple australien.
Il est difficile de savoir si les Australiens sont prêts à dépenser 20
milliards de dollars australiens pour compenser la fin du financement de la
défense de leur pays par les États-Unis.

« L’aide aux Afghans ne doit pas se focaliser seulement sur Kaboul »

Afghan aid should not focus solely on Kabul
Asahi Shimbun (Japon)

[AUTEUR] Kazuhiko Aiba est professeur de politique internationale à la
Tokushima University.

[RESUME] Kaboul est une ville moderne du point de vue de son urbanisme et de
son activité. Elle ne ressemble pas du tout aux campagnes afghanes, au point
qu’elle ne semble pas appartenir au même pays.
Dans les campagnes, l’intervention militaire occidentale, qui a profité à
Kaboul, a provoqué d’importants dommages qui restent a réparer. Les
habitants de ces régions ne s’interrogent pas sur l’instauration d’une
démocratie dans leur pays, ils veulent simplement subvenir à leurs premiers
besoins. En plus du problème de nourriture, ils souhaitent vivre en
sécurité, ce qui n’est plus le cas depuis le départ des Talibans, et exercer
librement leur religion et leurs traditions.
Le Parlement japonais est en train d’étudier les modalités de l’aide
nippone à l’Afghanistan en matière d’éducation. Il devra tenir compte de la
réalité de l’ensemble du pays et pas simplement des informations qui lui
sont transmises uniquement sur Kaboul.

« Lula, un autre Allende ? »

Lula, ¿otro Allende ?
El Paìs (Espagne)

[AUTEUR] Josep M. 
Colomer
est chercheur en
sciences politiques au Centro de investigaciòn y docencia
economicas
.

[RESUME] L’extrême droite américaine voit Luiz Inàcio da Silva, dit Lula, le
nouveau président brésilien, comme un nouveau Hugo Chavez ou un nouveau
Fidel Castro. En fait, Lula est plus comparable à un Salvador Allende compte
tenu de la coalition qui l’a amené au pouvoir : un rassemblement de groupes
communistes, populiste et sociaux-démocrates.
Malheureusement pour Lula, et comme Allende avant lui, cette coalition ne
dispose au Parlement que du tiers des sièges. La pire erreur d’Allende avait
été de tenter de gouverner sans les parlementaires.
Lula va devoir s’allier avec les partis de droite et de centre droit qui ont
soutenu son adversaire à la présidentielle. S’il ne parvient pas à réunir
une large coalition, il se trouvera dans une situation de blocage telle que
l’avait connue l’ancien président chilien, jusqu’au coup d’État militaire de
Pinochet.