« TPIR : la preuve par Bagilishema »

TPIR : la preuve par Bagilishema
Le Monde (France)

[AUTEURS] Maroufa Diabira (Mauritanie) et François Roux (Montpellier) sont avocats d’Ignace Bagilishema devant le Tribunal Pénal International sur le Rwanda (TPIR).

[RESUME] le TPIR a récemment été critiqué de manière virulente par la presse. En tant qu’avocat commis d’office devant ce tribunal, nous en avons nous aussi critiqué les dysfonctionnements, toutefois nous lui reconnaissons aussi ses mérites.
En acquittant Ignace Bagilishema, le TPIR a prouvé qu’il agissait pour lutter contre l’impunité des crimes contre l’humanité, et qu’il n’était pas pour autant un tribunal aux ordres des vainqueurs. Cette conclusion d’un des procès les plus courts de cette juridiction - il a duré un an - lors duquel, pour la première fois, la cour s’est déplacée au Rwanda, a redonné confiance dans cette institution à beaucoup de Rwandais, Hutus comme Tutsis.
Après deux ans et demi d’incarcération, Ignace Bagilishema est désormais libre. Certes, il reste à savoir s’il sera indemnisé pour sa période de détention et si la France acceptera sa demande d’asile politique, mais cela prouve déjà que la justice internationale est en marche.

« Tchétchénie, un drame sans fin... »

Tchétchénie, un drame sans fin...
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Elena Bonner est historienne, ancienne dissidente sous le régime soviétique, et veuve d’Andreï Sakharov.

[RESUME] Le troisième « considérant » du Préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule : « Il est essentiel que les Droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression ».
Depuis 1859 et le rattachement de la Tchétchénie à la Russie, les droits des Tchétchènes ont été constamment bafoués et les Russes y ont perpétré de nombreuses atrocités. Aujourd’hui, ce n’est plus la Russie impériale ou l’URSS stalinienne qui les commettent, mais une Russie prétendument démocratique. Pourtant, il s’agit toujours de la même guerre.
Le règlement de la prise d’otage de Moscou montre la totale absence de volonté de paix du pouvoir russe et son cynisme pour justifier une guerre de plus en plus ouvertement ethnique.
En utilisant l’argument de la lutte contre le terrorisme international, Moscou s’en prend désormais au représentant tchétchène chargé des négociations avec la Russie, Zakaïev. Il est accusé, sans preuve, d’être le commanditaire de la prise d’otage de Moscou et la justice russe, sur ordre du Kremlin, demande son extradition au Danemark, où il réside. Il faut refuser cette extradition car en Russie la peine de mort n’est pas abolie, mais suspendue, et peut être rétablie à tout moment par la Douma tandis que la torture est une pratique quotidienne de la police russe.

[CONTEXTE] Vous noterez une différence entre la citation du troisième « considérant » du Préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme dans ce résumé et dans la tribune publiée dans Le Figaro. La tribune d’Elena Bonner n’a pas été écrite en Français mais en Russe puis traduit par la journal, qui n’a pas respecté la traduction officielle en Français de la déclaration. Nous avons choisi de vous fournir, ici, la version officielle.

« Pour la défense de la torture »

In Defense of Torture
Frontpage Magazine (États-Unis)

[AUTEUR] Henry Mark Holzer est avocat constitutionnel et de procès d’appel et professeur émérite à la Brooklyn Law School.

[RESUME] Imaginons qu’une prise d’otage, comme celle ayant eu lieu à Moscou, se déroule demain aux États-Unis . Supposons qu’un des terroristes connaissant les plans des preneurs d’otages soit arrêté, mais refuse de parler. La torture se justifierait-elle ? Face à ce type de situation, comme face à la menace d’une bombe nucléaire à retardement cachée dans une de nos villes et de la capture d’un terroriste connaissant son emplacement, il n’y a que deux choix : ne rien faire et attendre l’holocauste ou torturer le terroriste.
Des idéalistes pacifistes comme Jimmy Carter ou des personnes qui détestent l’Amérique comme Ramsey Clark préconiseraient de ne rien faire, mais les gens réalistes utiliseraient la torture au nom d’un impératif moral et ils auraient raison.
Lors d’une affaire d’enlèvement en Floride, la justice a reconnu que la confession obtenue sous la torture du kidnappeur Jean Leon, dont un complice menaçait la victime Louis Gachelin dans un endroit inconnu, était recevable. La police a donc le droit, dans certain cas, d’avoir recours à la coercition physique et il doit en être de même, dans un cadre juridique précis, pour sauver les vies de milliers d’États-uniens.

« Ce que les exilés irakiens peuvent, et ne peuvent pas, faire »

What Iraq’s Exiles Can, and Can’t, Do
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] David L. Phillips est directeur adjoint du Center for Preventive Action du Council on Foreign Relations à New York et conseiller au département d’État des États-Unis. Il assiste le groupe de travail sur les principes démocratiques de l’opposition irakienne. Il est membre du Preventive Diplomacy Program du Center for Strategic and International Studies.

[RESUME] Au début du mois de décembre, les groupes d’opposition irakiens vont se rassembler à Londres pour débattre de la mise en place d’un régime fédéral et démocratique en Irak. Cette réunion intervient alors que Washington a changé sa vision de l’avenir de ce pays. On s’oriente désormais vers une transition démocratique, réalisée par les Irakiens, aidés par une force de sécurité internationale menée par les États-Unis. Cette force aura pour tâche, avec l’assistance des milices kurdes et chiites, de chasser les criminels de guerre irakiens et de démanteler l’architecture de l’ancien appareil de sécurité mis en place par Saddam Hussein.
Localement, il faudra s’appuyer, par contre, sur l’administration irakienne pour assurer les services gouvernementaux, notamment en matière sanitaire et de soins médicaux. C’est également cette administration qui organisera, sous contrôle international, l’élection d’une assemblée constituante.
Pour la reconstruction du pays, toutes les dépenses n’auront pas à être prises en charge par la communauté internationale : les revenus du pétrole pourront largement être mis à contribution.

« Un cocktail de griefs au paradis »

A cocktail of grievances in paradise
The Guardian (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Fuad Nahdi est éditeur de Q-News The Muslim magazine. Il est originaire de Mombassa.

[RESUME] L’attentat de Mombassa (Kenya) est choquant, mais n’est pas surprenant. La ville a terriblement changé en trente ans à cause de questions de politique globale, de négligence et de religion.
Cette ville tolérante, où les imams enseignaient un discours d’amour et centré sur Dieu, est aujourd’hui une ville qui connaît la colère, la frustration et la haine. La population a été choquée par l’envenimement du conflit israélo-palestinien. Elle voit désormais Ben Laden comme un héros et les touristes comme " l’avant-garde de la décadence occidentale ". La présence de soldats états-uniens arrogants avec la population locale et la corruption établie d’un gouvernement ayant des liens étroits avec Israël n’a rien arrangé.
Les institutions locales qui formaient les imams ayant disparu, ce sont désormais des religieux formés en Arabie saoudite, en Libye, au Soudan et en Égypte, qui ont un discours religieux belliqueux et extrêmement politisé, qui exercent au Kenya. Ce discours est bien reçu par une population horripilée par les méthodes expéditives de la CIA et du FBI lors de l’enquête sur l’attentat de Nairobi en 1998. Cette enquête a entraîné la disparition mystérieuse de 20 personnes et un grand nombre d’interventions musclées de l’armée kenyane.
Mombassa n’est pas le seul paradis perdu dans le monde car l’association du problème palestinien, de l’Islam doctrinaire et de revendications politiques locales est courante dans le monde musulman. Ajoutez-y la notion de kamikaze et de paradis promis et vous avez la guerre à portée de main.

« Il est temps de tenir les promesses américaines »

It’s time to keep American promises
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Raymond Close a appartenu à la CIA (1951-1977). Il est consultant en gestion internationale et voyage fréquemment au Proche-Orient.

[RESUME] Les analystes du renseignement américain négligent deux évènements importants au Proche-Orient : l’impact prévisible d’une invasion en Irak et les conséquences de la prochaine élection israélienne sur le dialogue israélo-palestinien. Ces deux questions sont liées parce que Bush a pris la mauvaise décision en choisissant d’attaquer Saddam Hussein sans avoir préalablement restauré sa crédibilité. Il aurait dû prioritairement pousser à un retour aux négociations entre Israéliens et Palestiniens. Cette attitude va faire progresser l’anti-américanisme dans le monde arabe et empêchera les groupes palestiniens modérés d’arriver au pouvoir.
Il existe une vraie volonté de négocier dans les pays arabes. C’est particulièrement vrai pour les dirigeants saoudiens, dont le refus de participer à une attaque contre l’Irak est intimement lié au manque d’implication états-unienne dans le processus de paix.
En 1972-73, l’Arabie saoudite n’avait cessé de prévenir Washington que les pays arabes utiliseraient un jour l’arme du pétrole pour pousser les pays occidentaux à agir dans le conflit israélo-arabe. Ce pays n’a pas été écouté et Nixon a reconnu plus tard qu’il avait eu tort de ne pas en tenir compte. Aujourd’hui, nous ne les écoutons toujours pas et nous ne tenons pas compte du lien pourtant évident entre la position des États-Unis au Proche-Orient et le problème israélo-palestinien.