« Inspectez les cerveaux »

Inspect the Brains
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] William Safire est chroniqueur du New York Times et ancien collaborateur du président Richard Nixon, dont il écrivait les discours.

[RESUME] L’un des points les plus importants de la résolution 1441 de l’ONU est la possibilité pour les inspecteurs d’interroger les scientifiques irakiens en dehors du pays. Les États-Unis tenaient beaucoup à cette clause.
Malheureusement, Hans Blix refuse d’utiliser ce droit et il travaille exclusivement sur une liste de scientifiques fournie par Bagdad. Il serait pourtant utile, si M. Blix veut vraiment mener des inspections efficaces, qu’il fasse sa propre liste de personnes à interroger et qu’il leur pose des questions dans un endroit où ils n’auront pas à craindre pour leur vie et celle de leur famille.
En effet, comme l’a dit le Dr Rihab Taha, une scientifique formée par les Britanniques qui a dirigé pendant 20 ans les laboratoires irakiens chargés de développer l’anthrax et le botulisme, les scientifiques irakiens avaient reçu l’ordre de mentir aux inspecteurs de l’ONU dans les années 90. Le Dr Rihab Taha pourrait être interrogée aujourd’hui en dehors de l’Irak, de même que les virologistes Hazem Ali et Abdul Nassir Hindawi ou les physiciens nucléaires Jaffar Dhia Jaffar et Mahdi Obeidi.
Si l’Irak refusait ces interrogatoires en dehors de son territoire, il s’agirait alors d’une preuve évidente de sa non-coopération aux inspections qui invaliderait jusqu’aux objections françaises.

[CONTEXTE] Cette tribune appuie une liste de scientifiques irakiens à interroger en priorité. Cette liste a été établie selon des sources et une méthodologie inconnue par le Washington Post dans son article « Scientists Hold Key To Iraqi Arms Search ».

« Les Serbes tombent dans des abysses électoraux »

Serbs Fall Into Electoral Abyss
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Susan Lynne Tillou a récemment participé à la mission d’observation états-unienne des élections serbes. Elle avait auparavant participé à la mission de l’ONU au Timor oriental.

[RESUME] Les dernières élections en Serbie n’ont, encore une fois, pas atteint les 50 % de participation nécessaires à leur validation. Les Serbes ont ainsi montré qu’ils ne pouvaient pas encore être considérés comme des membres à venir des organisations européennes clés.
La loi qui oblige toute élection à avoir une participation minimale de 50 % pour être valide avait été votée sous Milosevic pour que ce dernier puisse se maintenir au pouvoir. En effet, au cas où la population ne parvient pas à élire son président, c’est l’Assemblée qui le fait. Pour cette raison les listes électorales ont été modifiées de sorte que cette participation ne puisse pas être atteinte.
Le nouveau gouvernement yougoslave devrait refondre les listes électorales, mais il n’y parvient pas et cela endommage sa crédibilité internationale. En effet, d’après un élu de Zajecar, 9 % des inscrits ne sont pas valides. Il s’agit de noms en double, de personnes décédées ou vivant à l’étranger. La radiation de ces noms aurait permis de valider la dernière élection. De plus, aucun parti n’a recherché le vote des jeunes. Ceux-ci, aujourd’hui désenchantés par le politique, avaient pourtant été les plus actifs pour renverser Slobodan Milosevic.
En l’absence de président élu, c’est le président de l’Assemblée nationale serbe qui gère les affaires courantes. Cette situation empêche le pays de sortir de la crise, aucun budget n’ayant été adopté pour 2003. Dans le même temps, le président yougoslave, Vojislav Kostunica, a suggéré, avant de se rétracter, que la Yougoslavie ne collabore pas avec le Tribunal Pénal International de La Haye. En outre, d’après les États-Unis, la Serbie ne respecte pas les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et exporte toujours des armes vers Bagdad.
La situation en Serbie est grave. L’Union Européenne et les États-Unis doivent rester engagés dans les Balkans et soutenir ceux qui sont prêts à prendre des mesures difficiles et impopulaires pour instaurer un changement dans le pays.

« La guerre n’a pas commencé »

La guerre n’a pas commencé
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Jean-François Deniau est ancien ministre de la Coopération, des Affaires européennes et du Commerce extérieur. Il a effectué de très nombreuses missions en Afghanistan et avait été mandaté par le Premier ministre Jacques Chirac, avec l’accord du président de la République, François Mitterrand, dans les domaines « politique, diplomatique et militaire ». Il a participé aux conversations à Moscou avec les Soviétiques sur les conditions du retrait de l’Armée rouge d’Afghanistan. Il est également membre de l’Académie française.

[RESUME] La guerre en Afghanistan semble être une guerre quasi-parfaite pour les Américains, une consécration de leur technique du « zéro mort » parmi leurs soldats. Pourtant, cette guerre n’a pas encore commencé. Les seuls vrais combats ont eu lieu contre la « légion arabe » de Ben Laden alors que les Talibans ont préféré se retirer ou se rallier quand ils ont vu leurs infrastructures détruites et leurs soutiens pakistanais et saoudiens leur faire défaut.
Aujourd’hui, les réseaux de Gulbudin Heykmatiar, vieil agent pakistanais et protégé des Américains, fonctionnent de nouveau et ont repris leurs contacts avec les Talibans. Les chefs de guerre en dehors de Kaboul se livrent à nouveau une guerre sanglante. Or, il ne faut pas oublier que c’est en garantissant la sécurité contre ces groupes que les Talibans avaient pris le contrôle de 85 % du territoire, presque sans tirer un coup de feu.
Face à ces menaces, l’armée et la police afghanes tardent à se constituer. On peut craindre que, dès que la manne financière occidentale s’interrompra, l’embryon de troupe formé ira rejoindre des chefs de guerre qui payent mieux. Le pouvoir politique en place ne dispose pas d’une grande légitimité et les questions qui demeurent concernant l’assassinat de Massoud posent un réel problème de confiance vis-à-vis des institutions en place. Peut-être faudrait-il organiser une nouvelle Loya Jerga afin de constituer un gouvernement plus fiable. A ces problèmes institutionnels vient s’ajouter la lenteur de l’aide à la reconstruction.
La France, qui jouit d’une excellente image auprès de tous les Afghans, peut jouer un rôle considérable. Elle doit conduire sa propre politique dans ce pays, il en va de l’intérêt de tous.

« Le Pakistan adopte des réformes sur de nombreux sujets »

Pakistan adopts reforms across a broad spectrum
Gulf News (Dubaï)

[AUTEUR] Munir Akram est le représentant permanent du Pakistan à l’ONU.

[RESUME] Le Pakistan connaît depuis trois ans une révolution silencieuse qui est en passe de réaliser le rêve du père fondateur du pays, Mohammed Ali Jinnah : créer un État musulman moderne, démocratique et tolérant. Sur le plan économique, le pays s’est éloigné de la banqueroute. Sur le plan politique, la corruption a drastiquement diminué et le pays est en train de devenir une vraie démocratie avec la tenue d’élections provinciales et nationales. Ces dernières ont abouti à la constitution d’un gouvernement dirigé par Mir Zafarullah Khan. Il a affirmé vouloir poursuivre l’action du général Pervez Musharraf dans la volonté de construire un Pakistan plus ouvert et plus démocratique, tout en conservant la même stratégie d’opposition au terrorisme en lien avec les États-Unis.
Le Pakistan est le deuxième pays musulman au monde, une puissance militaire importante et un pays modérateur dans le monde musulman. C’est donc un partenaire central pour Washington et non un pays hostile, comme certains le présentent. Les États-Unis ne doivent pas prendre ce pays pour cible mais au contraire l’aider à poursuivre sa révolution silencieuse. Ils peuvent aider le Pakistan en le soutenant économiquement en ouvrant leur marché intérieur aux produits pakistanais, notamment le textile, et en l’aidant à maintenir la sécurité à ses frontières. Notre pays est pacifique et il n’a acquis l’arme nucléaire que pour se défendre contre la menace qu’incarne une Inde traditionnellement hostile et agressive.
Ce n’est qu’avec le soutien sans réserves des États-Unis que le Pakistan parviendra à mener à terme sa modernisation et à accroître la paix et la prospérité pour son peuple et pour toute la région.