« Les faucons en suspens pour ronger les os de Bagdad »

Hawks poised to pick Baghdad’s bones
Gulf News (Dubaï)

[AUTEUR] Linda S. Heard est spécialiste du Proche-Orient.

[RESUME] L’ONU a fait preuve la semaine dernière d’un manque de professionnalisme en donnant le rapport irakien aux États-Unis avant de le transmettre aux autres membres du Conseil de sécurité, malgré les protestations officielles de la Norvège et de la Syrie. Étrangement, Washington avait stigmatisé les omissions du rapport avant d’avoir pu en lire une ligne. On peut voir dans cette condamnation une nouvelle tentative de justification d’une guerre en préparation avancée malgré la communication de la Maison-Blanche qui prétend que la guerre n’est pas inévitable.
En fait Washington fait fortement pression auprès de l’AKP en Turquie pour pouvoir utiliser les bases aériennes turques, au point de promettre son soutien à une adhésion à l’Union Européenne. En outre, tout est fait pour conditionner les opinions publiques. Ainsi, les médias états-uniens ont multiplié les flashs spéciaux d’information après que les inspecteurs n’aient pu visiter à l’improviste des bureaux vendredi, qu’ils ont trouvé fermés. Pour les journalistes US, il y avait là une preuve de la mauvaise foi de l’Irak alors qu’au contraire, il eut été surprenant que des administrations soient ouvertes le vendredi, jour de repos dans les pays musulmans. Les médias et les dirigeants américains continuent également d’affirmer qu’il existe des liens entre Al Qaïda et Saddam Hussein.
Pendant ce temps-là, à Londres, les groupes d’opposition irakiens, peu sensibles aux souffrances qu’endureront leurs concitoyens durant la guerre, se répartissent le pouvoir de l’après Saddam Hussein.
En réalité, les inspections ne sont qu’un scénario fabriqué pour trouver un prétexte afin d’attaquer l’Irak alors que tout est déjà en place. L’administration Bush ne compte pas s’arrêter là et pense déjà à « libérer » l’Iran dès que l’armée états-unienne sera installée en Irak en utilisant l’argument du développement d’un programme nucléaire dans ce pays. Ironiquement, la Corée du Nord qui a un programme nucléaire militaire avéré n’est pas menacée par une attaque américaine, ce qui est moins étonnant lorsque l’on sait que, contrairement à l’Irak, Pyongyang ne détient pas la deuxième réserve de pétrole du monde.
En deux ans d’administration Bush, le monde est devenu beaucoup plus hostile. Elle a réussi à nous faire regretter rétrospectivement l’administration Clinton.

« Guider sans dominer »

Guider sans dominer
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Bill Clinton est ancien président des États-Unis (1993-2001).

[RESUME] Les États-Unis jouissent aujourd’hui d’une hégémonie politique, économique et militaire, mais dans 30 ans la Chine, l’Inde ou l’Union Européenne pourraient peser aussi lourd qu’eux. Dans un monde interdépendant, les États-Unis peuvent avoir une influence majeure, mais pas exercer une domination. Nous devons aujourd’hui décider comment Washington doit agir pour laisser une trace positive dans l’histoire de ce « moment béni ». Pour cela les États-Unis doivent rester humbles et se souvenir qu’il y a rarement des solutions définitives aux affaires humaines. Ce qui importe c’est la façon dont on fait les choses plus que les choses elles-mêmes.
Les États-Unis doivent profiter de cette période d’hégémonie pour transformer un monde composé d’États interdépendants en une communauté de responsabilités, de bénéfices et de valeurs partagés. Pour cela, il faut soutenir les institutions internationales en commençant par l’ONU. Il faut construire un vrai système de sécurité collective en nous inspirant des travaux de Marshall et développer les politiques internationales conçues en communauté sur les questions vitales qui touchent le monde : le bannissement des essais nucléaires, la défense de l’environnement, l’établissement d’une Cour pénale internationale et l’extension des conventions contre les armes biologiques.
Malheureusement, l’administration Bush ne suit pas cette voie bien que le monde évolue dans cette bonne direction.

« Refléter le nouveau visage de la Corée du Sud »

Reflecting the New Face of S. Korea
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Scott Snyder est le représentant pour la Corée de l’Asia Foundation. Il a été spécialiste des questions asiatiques pour l’United States Institute of Peace, un organisme dépendant du Congrès états-unien.

[RESUME] Le nouveau président sud-coréen qui sera élu jeudi devra déterminer l’avenir des relations avec les États-Unis, en finir avec la menace nucléaire de la Corée du Nord, poser les bases d’une intégration économique inter-coréenne et celles d’une coexistence pacifique accompagnée d’une coopération régionale avec les différents pays de l’Asie du Sud-Est.
La campagne électorale a opposé Lee Hoi Chang, ancien Premier ministre conservateur et procureur, à Roh Moo Hyun, avocat autodidacte progressiste issu du parti populiste du président Kim Dae Jung. Elle a approfondi les divisions idéologiques et générationnelles et a eu pour axe central les relations avec les États-Unis.
Le président qui sera élu va devoir stabiliser et remettre à plat les relations bilatérales avec les États-Unis en tenant compte des protestation d’une population qui supporte de plus en plus mal la présence des troupes états-uniennes sur son sol. Il est pourtant nécessaire que Séoul et Washington coordonnent leurs efforts pour faire face à la menace nord-coréenne. C’est pourquoi le prochain président devra soutenir les objectifs de lutte contre la prolifération nucléaire de l’administration Bush. De son côté, celle-ci devra tenir compte des aspirations de l’opinion sud-coréenne qui souhaite une solution négociée.

« Après Copenhague, en avant vers l’intégration européenne »

After Copenhagen, onward to political integration
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Roy Denman est ancien représentant de la Commission européenne à Washington.

[RESUME] L’ouverture de l’Europe à dix nouveaux membres va transformer l’Union et va requérir une plus grande intégration politique. Tous les membres n’iront cependant pas au même rythme dans cette intégration et il va désormais falloir penser le développement de l’UE en termes de cercles concentriques.
Le cercle intérieur, qui sera le moteur de cette intégration politique, comprendra vraisemblablement dans un premier temps les États fondateurs et s’ouvrira à tous les pays prêts à accepter les avancées institutionnelles. Ainsi, la France a déjà exprimé sa volonté de créer une fédération d’États souverains, avec un ministre européen des Affaires étrangères.
D’autres ne sont pas prêts à aller aussi loin pour l’instant. L’Irlande émet des réserves sur la politique de défense commune, l’Italie soulève des réserves plus générales, tout comme la Suède, même si elle passe à l’euro en septembre prochain. Quant aux nouveaux États membres, ils ne rejoindront la zone euro que deux ans après leur adhésion au plus tôt.
Le Royaume-Uni est un cas plus complexe car ce pays n’a qu’un seul pied en Europe. L’acceptation de l’euro apparaît comme un pas vers la fédération que refusent les Britannique. Ce pays mettra sans doute beaucoup de temps avant de sortir du cercle extérieur de l’Europe et les mentalités en ce domaine y évoluent lentement.

« PBS - Missionaire de l’Islam ? »

PBS - Missionary for Islam ?
Jerusalem Post (Israël)

[AUTEUR] Daniel Pipes est directeur du Middle East Forum et auteur de Militant Islam Reaches America. Il a récemment fondé Campus Watch une organisation dont le but est de soutenir la vision néo-conservatrice du Proche-Orient dans les universités états-uniennes. Voir à ce sujet, la dernière investigation du Réseau Voltaire : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».

[RESUME] Le Public Broadcasting Service (PBS), une chaîne financée par le Congrès, va diffuser un documentaire de deux heures faisant l’éloge de la vie de Mahomet, ce qui est un excellent moyen de convertir à l’Islam un maximum d’Américains au frais du contribuable.
Le cœur de ce film, neuf commentateurs de l’Islam discuteront de la vie du prophète musulman, mais ne le critiqueront jamais. Ainsi, ils s’extasieront sur les droits accordés aux femmes au septième siècle, mais ne diront pas un mot sur le sort terrible réservé à certaines femmes musulmanes aujourd’hui. De même, dans le documentaire, le fait qu’une nuit Mahomet a été au paradis pour recevoir la parole d’Allah sera présenté comme un fait historique et les guerres menées par les musulmans seront présentées comme des guerres défensives.
Il ne s’agit pas d’un documentaire, mais d’une œuvre missionnaire alors qu’en 1998, en revanche, PBS avait diffusé un documentaire sur Jésus qui se focalisait sur la critique de son discours.
Le gouvernement états-unien ne devrait pas financer un documentaire qui a pour but de glorifier l’Islam et d’en faire la promotion. C’est une injure aux traditions et à la loi américaines. Il faut attaquer la chaîne en justice et faire interdire les rediffusions de cette émission.

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