« La crise au Venezuela met la superpuissance dans le pétrin »

Venezuela Crisis Has Superpower in a Bind
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Frida Ghitis est auteur de The End of Revolution : A Changing World in the Age of Live Television (Algora Publishing, 2001).

[RESUME] L’administration Bush peine à adopter une position cohérente face à la crise vénézuélienne soutenant un jour la tenue de nouvelles élections et le lendemain un référendum. La seule constante dans ce discours est le soutien au respect de la constitution du pays.
Alors que Washington ne veut pas risquer de perturber son approvisionnement pétrolier, peu de citoyens en Amérique latine croient à l’attachement des États-Unis aux règles démocratiques. En effet, le pays se prépare à une guerre en Irak et la paralysie du pétrole du Venezuela et le climat de guerre civile qui y règne ne pouvaient pas plus mal tomber. Malheureusement, le soutien au coup d’État avorté d’avril dernier ne met pas l’administration Bush en position de régler le conflit.
Washington serait enchanté qu’Hugo Chavez quitte ses fonctions en raison du discours anti-états-unien qu’il a adopté et de son soutien à de nombreux ennemis des États-Unis. Mais la priorité est d’abord de régler la question de l’approvisionnement et Washington soutient donc désormais les tentatives de conciliation entre le président élu et son opposition.
Ironiquement, la crise au Venezuela peut avoir plus d’influence sur les États-Unis que le contraire car une poursuite de la grève au Venezuela rendrait difficile une guerre en Irak.

[CONTEXTE] Sur la tentative de coup d’État organisée par Washington à Caracas, en avril dernier, voir notre enquête : « Opération manquée au Venezuela ».

« Le nom du jeu est "assassinat" »

The name of the game is assassination
The Guardian (Royaume-Uni)

[AUTEURS] Tony Geraghty est journaliste et consultant de la Thomson Foundation. David Leigh est chroniqueur au Guardian.

[RESUME] Les tenants de la ligne dure en Israël ont eu le plaisir de voir que leur tactique controversée d’assassinat ciblé contre leurs adversaires a été adoptée par leurs alliés états-uniens. Ce n’est pas une surprise, vu les liens étroits qui unissent la droite israélienne et les faucons du Pentagone.
L’arme employée pour ce type d’opération est souvent le missile Hellfire, une arme initialement destinée à la lutte anti-char qui est utilisée contre des individus. Israël y a eu recours à plusieurs reprise pour abattre des dirigeants du Hezbollah. Les États-Unis en ont équipé un drone pour tuer un dirigeant d’Al Qaïda au Yémen dernièrement. Toutes ces attaques ont fait d’autres morts que la seule victime désignée.
Il semble clair aujourd’hui que, pour le Pentagone, Israël a été un laboratoire du combat contre le terrorisme. Douglas Feith, le sous-secrétaire à la Défense pour les questions politiques, a rencontré Ariel Sharon pour approfondir le partenariat dans ce domaine en mai dernier et ce mouvement devrait s’approfondir encore avec la création à Washington du département à la sécurité de la patrie.
Paul Wolfowitz avait qualifié l’assassinat au Yémen « d’opération tactique couronnée par un franc succès ». On peut dès lors s’alarmer de cette systématisation du meurtre.

« Les réformateurs ont besoin des militaires »

Reformers need the military
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Stanley A. Weiss est fondateur et président de Business Executives for National Security. Il est également membre du Rand’s Center for Middle East Public Policy et du Council on Foreign Relations. Il est ancien président d’American Premier, une entreprise minière et chimique américaine.

[RESUME] Comme l’a reconnu Colin Powell, l’initiative des États-Unis en faveur de la démocratie et de la prospérité au Proche-Orient n’est pas un clash des civilisations entre les musulmans et les non-musulmans, mais une guerre au cœur même de l’Islam. Dans ce conflit, ce sont les armées qui, bien souvent, empêchent les États musulmans de sombrer dans la théocratie, comme elles l’ont fait en Turquie, au Pakistan et en Indonésie. Le problème apparaît quand les militaires prennent goût au pouvoir et ne retournent pas dans leurs casernes. Leur attitude nourrit alors le développement d’oppositions islamiques. Il arrive même que certains militaires encouragent en sous main ces mouvements pour justifier leur maintien au pouvoir.
Il faut s’inspirer de l’histoire afin d’éviter que des dictatures militaires radicalisent les mouvements modérés et les fassent se tourner vers les mouvements islamistes. Mais il faut aussi se souvenir qu’en Grèce, en Corée du Sud, à Taiwan, en Thaïlande et dans beaucoup de pays d’Amérique latine, ce sont les régimes militaires autoritaires qui ont construit l’économie de marché et garanti la stabilité politique. Leur action a rassuré les investisseurs, favorisé la prospérité, et ouvert la voie à la démocratie. C’est pourquoi, les forces militaires sont un élément essentiel des nations musulmanes modérées. Sans elles, les réformateurs musulmans ne pourraient pas faire face à la violence des mouvements fondamentalistes islamiques.

« Verrouiller et tirer »

Lock and Load
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEURS] Martin Indyk est ancien assistant sur les questions du Proche-Orient au secrétariat d’État états-unien et ancien ambassadeur en Israël sous l’administration Clinton. Il est directeur du Saban Center for Middle East Policy de la Brookings Institution et directeur exécutif du Washington Institute for Near East Policy. Kenneth M. Pollack est membre du Center for Foreign Policy Studies de la Brooking Institution et du Council on Foreign Relations. Il est ancien membre du National Security Council et ancien analyste militaire spécialisé sur les question iranienne et irakienne à la CIA (1988-1995).

[RESUME] Avant même que les inspecteurs aient rendu leur rapport, force est de constater que la négation par Saddam Hussein de la possession d’armes de destruction massive est un mensonge. Cela nous est évident en tant qu’anciens responsables états-uniens ayant eu accès à des documents sensibles et à la seule lecture de documents déclassifiés. L’Irak ne respecte donc pas la résolution 1441 de l’ONU. Reste cependant à savoir comment les États-Unis vont y répondre.
Washington a le choix entre attendre la fin des inspections pour disposer de plus de preuves contre l’Irak et rallier d’autres États ou attaquer tout de suite. La première approche permettrait de constituer une large coalition en laissant le temps aux inspecteurs de faire toute la lumière sur l’armement irakien, malheureusement Hans Blix, le chef des inspecteurs, et Mohammed Baradei, le directeur général de l’International Atomic Energy Agency, ne veulent pas communiquer les informations recueillies et continuent de compter sur la participation irakienne.
C’est pourquoi, l’administration Bush doit rendre publiques toutes les informations dont elle dispose pour former une coalition au plus vite. En effet, plus on attendra, plus il sera difficile d’agir alors que Saddam Hussein a fait la preuve que le seul moyen de désarmer l’Irak est de renverser son régime. Le choix qui s’offre au président Bush peut donc être ainsi résumé : faire la guerre tout de suite ou la faire plus tard.

« Mugabe fait augmenter la misère au Zimbabwe »

Mugabe ratchets up the misery in Zimbabwe
Christian Science Monitor (États-Unis)

[AUTEUR] Robert I. Rotberg est directeur du Program on Intrastate Conflict de la Kennedy School de la Harvard University et président de la World Peace Foundation.

[RESUME] Le Zimbabwe traverse une situation critique à cause de la cupidité de son despote Robert Mugabe. Aujourd’hui, six ou sept millions d’habitants risquent la famine car le parti du dictateur, le Zimbabwe African National Union-Patriot Front (ZANU-PF), refuse de distribuer de la nourriture aux villes et aux régions du pays qui ont voté contre lui.
Toutes ces informations ne sont recueillies que grâce à des informations provenant de la population car les restrictions que subit la presse ne permet pas le travail des journalistes locaux et étrangers.
Le Zimbabwe, traditionnellement exportateur de blé a vu sa productivité agricole diminuer de 70 % en raison de la désastreuse politique agricole. La situation économique est catastrophique. La Lybie qui était le dernier État à soutenir le clan Mugabe, en fournissant divers produits, notamment du pétrole, a fini par se lasser des dettes impayées.
Faisant face aujourd’hui à une situation désespéré, Robert Mugabe menace son peuple comme Pol Pot au Cambodge. Il faut espérer qu’il sera renversé par la population, que son parti l’abandonnera ou, plus improbable, que Washington, Londres ou Pretoria interviendront pour sauver les Zimbabwéens.