« De l’amitié des hommes à l’entente des peuples »

De l’amitié des hommes à l’entente des peuples
Le Figaro (France)

[AUTEURS] Jean-Louis Debré est président de l’Assemblée nationale. Wolfgang Thierse est président du Bundestag.

[RESUME] Le 22 janvier aura lieu à Versailles une réunion des députés de l’Assemblée nationale et du Bundestag, pour la première fois en session commune à l’occasion du quarantième anniversaire du traité de l’Élysée.
Malgré une longue histoire faite de guerres, la France et l’Allemagne sont aujourd’hui deux des pays européens les plus proches. Nous pouvons être fiers des avancées réalisées ensemble. La fin de la Guerre froide et la réunification allemande ont fait apparaître au grand jour certaines divergences, mais elles ont été surmontées comme l’a montré le récent accord sur la politique agricole commune.
Jusqu’à ce jour, l’entente franco-allemande était le résultat d’amitiés entre dirigeants, mais avec la réunion de Versailles, c’est l’union des peuples qui est affichée. Il faut mettre en place des dispositifs pour améliorer encore nos échanges dans le domaine de l’éducation et de la mobilité professionnelles afin de vaincre les derniers préjugés.
La finalité de ce rapprochement, c’est l’Europe. Dans une UE élargie, le fait que deux pays comme la France et l’Allemagne puissent s’entendre a une capacité d’entraînement pour les autres membres. Cela montre que l’Union Européenne ne repose pas sur la subordination des États à un État supranational, mais sur la coopération.

« Pour une union franco-allemande »

Pour une union franco-allemande
Libération (France)

[AUTEURS] Pascal Lamy, ancien chef de cabinet de Jacques Delors, est commissaire européen au commerce. Günter Verheugen est commissaire européen chargé de l’élargissement de l’Union Européenne.

[RESUME] Toutes les avancées de l’Union Européenne ont été obtenues grâce à l’action décisive du couple franco-allemand car, nos deux pays étant extrêmement différents, ce duo génère une confrontation constructive d’où sortent des compromis acceptables par tous.
Le poids de la France et de l’Allemagne, et de leurs échanges d’idées, sera déterminant dans la refonte des institutions de l’UE suite à l’élargissement. En effet, il faut éviter que cet agrandissement de l’Union n’entraîne sa dilution, ce dont rêvent aussi bien les souverainistes que et les partisans d’une Europe exclusivement marchande.
Nos deux pays doivent encore accentuer leur entente. Il est nécessaire que les lignes directrices des budgets et de la politique fiscale soient élaborées ensemble afin que la France et l’Allemagne agissent enfin de concert dans le Conseil des ministres de l’UE et dans les instances financières internationales. La même démarche doit être appliquée à la politique étrangère et à la défense, ce qui pourrait aboutir à la constitution d’une armée commune, à la fusion de nos représentation diplomatique et à la défense commune de nos intérêts au Conseil de sécurité de l’ONU.
Le travail en commun dans ces deux domaines doit être renforcé par la création d’institutions communes : un congrès comprenant des représentants des deux parlements, des réunions ministérielles hebdomadaires, un secrétariat permanent, un forum de la société civile et une structure de coopération des collectivités territoriales. L’îlot franco-allemand sera un moteur pour l’UE, dans lequel pourra s’intégrer tout pays qui voudra pousser plus loin l’intégration européenne.

« La France et l’Allemagne sont ensemble »

France and Germany are together
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEURS] Jean-David Levitte et Wolfgang Ischinger sont ambassadeurs français et allemand aux États-Unis. Jean-Daniel Levitte est ancien représentant de la France à l’ONU.

[RESUME] Le couple franco-allemand est le moteur de l’élaboration de la Constitution européenne, constitution dont l’élaboration est aussi révolutionnaire que la convention de Philadelphie en 1787.
Jacques Chirac et Gerhard Schröder travaillent ensemble à l’élargissement de l’UE. Ce travail commun s’accompagnera d’initiatives conjointes en matière de politique étrangère et de défense. Nous devons en effet avoir les moyens, y compris militaires, de réaliser nos ambitions internationales et d’assumer nos responsabilités en commençant par la guerre au terrorisme, domaine dans lequel la France et l’Allemagne ont un rôle moteur en Europe et où la coopération transatlantique est poussée.
Il existe certes des différends et des disputes entre chaque rive de l’Atlantique, mais nos liens sont forts et nous avons l’habitude de travailler en commun. La France et l’Allemagne ont pour objectif commun d’assurer la paix, la liberté, la démocratie et le progrès économique en Europe et au-delà ; ce sont des valeurs que nous partageons avec les États-Unis. Nos deux pays ont l’ambition de construire une Europe plus forte et plus unie, plus important et plus fiable partenaire des États-Unis dans le monde.

« Les effets de la guerre sur l’économie états-unienne »

The effect of war on the US economy
Taipei Times (Taïwan)

[AUTEUR] Joseph Stiglitz est professeur d’économie et de finance à la Columbia University et Prix Nobel d’économie 2001.

[RESUME] On présente souvent la Seconde Guerre mondiale comme ayant sorti le monde de la grande dépression des années 30. Depuis la guerre est perçue comme un facteur de croissance économique. Certains pensant même que la guerre est nécessaire au capitalisme. Le boom économique des années 90 et les effets négatifs de la guerre du Golfe de 1991 viennent démentir ces affirmations. On peut penser que la prochaine guerre aura des conséquences économiques encore plus grave.
Cette guerre ne nécessitera pas de mobilisation et n’aura donc pas d’effet positif sur l’emploi. De même, toutes les armes nécessaires à sa conduite existant déjà, elle nécessitera pas d’investissements de l’État qui pourraient relancer l’économie toute entière. Vue la politique fiscale de Bush, les dépenses de guerre seront financées par des coupes dans les budgets de l’éducation, de la santé, de la recherche et de la protection de l’environnement. Cette réorientation budgétaire affectera le niveau de vie des Américains et donc leur consommation.
L’attente de la guerre, liée à l’incertitude sur l’avenir du pacte de stabilité en Europe et sur le système bancaire japonais, va accroître les craintes sur les marchés financiers, déjà fortes en raison des scandales financiers. Les mesures prises sur cette question à contre-cœur par l’administration Bush n’ont rien arrangé.
Il existe également une incertitude sur le prix du pétrole. Personne ne doute de l’intérêt que Bush porte à la question pétrolière, mais l’aventure irakienne comporte des risques dans ce domaine. Dans un premier temps, les prix du pétrole vont sans doute flamber et, par la suite, le nouveau gouvernement irakien qui va devoir financer la reconstruction de son pays augmentera considérablement l’offre de pétrole. Dès lors, soit les prix baisseront dramatiquement et la Russie et le Mexique verront leur économie s’effondrer, soit les pays du Golfe baisseront leur production et les prix flamberont, provoquant un choc comparable à celui de 1973.
Il n’est pas possible à la fois de mener cette guerre et d’en tirer des bénéfices économiques, et cela sans compter les nombreuses vies innocentes, à la valeur incalculable, qui seront perdues.

« Nous pouvons remercier Hollywood pour l’abominable image américaine »

We Can Thank Hollywood for Our Ugly-American Image
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEURS] Newt Gingrich est ancien président de la Chambre des représentant. Il est actuel membre du Defense Policy Board, le conseil consultatif auprès du secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld (le site de Newt Gingrich). Peter Schweizer est chercheur à la Hoover Institution et a été membre de l’Ultraterrorism Study Group (1999-2000) de l’U.S. Government’s Sandia National Laboratory. Il est l’auteur de Reagan’s War.

[RESUME] Beaucoup de personnes dans le monde voient les Américains comme un peuple arrogant, dominateur et agressif. Cela est souvent présenté comme une conséquence de notre politique étrangère. En réalité le problème ne vient pas de Washington, mais d’Hollywood. En effet, beaucoup d’étrangers ne connaissent les États-Unis qu’à travers les films et la musique venant de notre pays.
Une étude intitulée "The Next Generation’s Image of Americans", réalisée par Melvin et Margaret DeFleur professeurs de communication à la Boston University auprès de 1259 adolescents vivant dans 12 pays, montre que plus les jeunes sont exposés aux films américains plus ils se forment une image négative des États-Unis. Ces adolescents perçoivent les Américains comme violents, criminels, sexuellement immoraux et materialistes. D’après les deux chercheurs, c’est la culture pop, et non la politique étrangère, qui suscite l’antiaméricanisme.
C’est préoccupant car ce sont ces jeunes qui influenceront les décisions politiques de leur pays demain et qui parfois sont déjà entraînés et équipés pour commettre des actes terroristes. Hollywood doit donc être mis en face de ses responsabilités pour les dommages qu’elle cause et nous devons repenser aussi nos campagnes de propagande.

« Plutôt bien financé que rouge »

Better Well-Fed Than Red
Moscow Times (Russie)

[AUTEUR] Boris Kagarlitsky est directeur de l’Institute of Globalization Studies.

[RESUME] Le nom "Parti communiste" (KPRF) en Russie est une des marques les plus reconnaissables dans le marché politique russe et certains électeurs voteront pour lui quel que soit le programme qu’il défend. Ainsi dans les années 90, Zyuganov a pris possession du nom et aujourd’hui Poutine veut le reprendre à son compte.
Pour cela, le Kremlin s’appuie sur Gennady Semigin, vice-président de la Douma et éminence grise du KPRF. Semingin parvient à financer les nombreux permanents du parti grâce aux subventions de Poutine, duquel il est devenu redevable. Les proches de Zyuganov ont fini par comprendre la manœuvre et ont dénoncé ce rachat du parti dans la presse.
Désormais la guerre fait rage dans le parti. Les débats portent sur l’origine des fonds qu’utilisent les oligarques du KPRF. L’avenir de Zyuganov à la tête du parti est compromis et même s’il s’y maintient les dommages pour lui seront considérables. La reprise du KPRF par Poutine semble inévitable, mais la marque aura-t-elle encore une valeur ?

« Les élections en Israël : le processus de paix n’est pas déterminant »

Elections in Israel : The peace process is irrelevant
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Shlomo Ben-Ami a été ministre des affaires étrangères travailliste dans le gouvernement d’Ehud Barak. Il écrit en ce moment un livre sur le processus de paix.

[AUTEUR] Beaucoup pensent que le choix entre Sharon et Mitzna lors de l’élection en Israël le 28 janvier sera un choix entre la guerre et la paix. Ce n’est, cependant, pas l’avis des électeurs israéliens beaucoup plus préoccupés par les problèmes socioculturels dans la société israélienne et ayant perdu tout espoir dans le processus de paix.
Le parti travailliste, porteur du projet de paix négocié a énormément de difficultés à rassembler les communautés ayant la plus forte croissance démographique en Israël. Ce problème socioculturel le handicape, et non le projet de paix négocié. Le Likoud pour sa part est empêtré dans les scandales financiers et ne se porte pas mieux. Le vrai enjeu des élections sera les scores réalisés par le parti Shinui, parti anti-religieux et défenseur de la classe moyenne Ashkénaze, et le parti Shas, parti orthodoxe ayant le soutien du prolétariat traditionaliste. Le Shinui a des réserves sur le processus de paix, mais ce n’est pas pour ça que ses électeurs votent pour lui, tandis que le Shas n’a rien contre l’abandon de territoires aux Palestiniens, mais se méfie de tout projet porté par des travaillistes laïcs.
En résumé, le système électoral à la proportionnelle en Israël empêche la constitution de majorité et ne fait que reproduire la mosaïque de communauté dans la population. Ce phénomène et les rapports ambigus de Yasser Arafat vis-à-vis des terroristes n’est pas encourageant. La seule bonne nouvelle est le fait que la majorité des Israéliens sont favorables à la solution des deux États.

« Aider Israël en arrêtant l’implantation de colonies »

Aiding Israel In Ending the Settlements
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] Debra DeLee est présidente et directrice générale de Americans for Peace Now, un mouvement en faveur du règlement pacifique du conflit israélo-palestinien.

[RESUME] Ariel Sharon a demandé une aide financière de 12 milliards de dollars aux États-Unis pour assurer les dépenses militaires d’Israël. Nous considérons que si Israël a le droit de se défendre, l’aide états-unienne doit être accordée sous condition de l’arrêt de la politique de colonisation. En effet, l’économie israélienne est au plus mal. Cette condition permettrait d’avoir l’assurance que l’argent ne sera pas dépensé en Cisjordanie et dans la bande de Gaza pour développer ou créer des colonies. Une partie de l’argent pourrait même servir à reloger les habitants des colonies qu’on aurait décidé de détruire.
Beaucoup de colons ne le sont pas pour des raisons politiques ou religieuses, mais pour jouir de meilleurs conditions de vies. En effet, Israël dépense énormément pour les colonies et la vie y est donc plus agréable qu’en Israël. Les colonies, tout en étant un obstacle à la paix, représentent un coût énorme pour Israël et l’argent dépensé serait plus utile ailleurs. Il faut que le président Bush en tienne enfin compte.