Je vais maintenant vous parler des systèmes que l’Irak met au point pour lancer des armes de destruction massive, en particulier ses missiles balistiques et ses véhicules aériens sans pilote, ou UAV.

Voyons d’abord les missiles. Nous nous souvenons tous qu’avant la guerre du Golfe, l’objectif de Saddam Hussein était l’acquisition de missiles d’une portée non pas de centaines de kilomètres, mais de milliers. Il voulait frapper non seulement ses voisins, mais aussi des pays très éloignés de ses frontières.

Bien que les inspecteurs aient détruit la plupart des missiles balistiques prohibés, de nombreux rapports des services de renseignements obtenus au cours de la décennie passée de sources situées à l’intérieur de l’Irak indiquent que Saddam Hussein conserve une force cachée pouvant comprendre jusqu’à plusieurs douzaines de missiles balistiques de type Scud. Il s’agit de missiles d’une portée de 650 à 900 kilomètres.

Nous savons, grâce aux services de renseignements et de l’aveu même de l’Irak, que ses missiles balistiques soi-disant autorisés, l’Al-Samoud II et l’Al-Fatah, violent la limite de 150 kilomètres fixée par ce Conseil de sécurité dans sa résolution 687. Ces systèmes sont prohibés.

Le COCOVINU a également signalé que l’Irak avait importé illégalement 350 moteurs de fusée SA-2. Cette importation était illégale pour trois raisons : la résolution 687 interdisait l’importation de tout matériel militaire en Irak ; l’USCOM interdisait expressément l’utilisation de ces moteurs dans les missiles sol-sol ; et enfin, comme nous venons de le noter, ils sont conçus pour un système dont la portée dépasse la limite de 150 kilomètres. Mais le plus grave, c’est que certains de ces moteurs ont été acquis pas plus tard qu’en décembre dernier, soit après l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1441.

Ce que je veux que vous sachiez aujourd’hui, c’est que l’Irak a des programmes de production de missiles balistiques d’une portée de plus de 1.000 kilomètres. L’un de ces programmes vise à produire un missile à combustible liquide d’une portée supérieure à 1.200 kilomètres. Et vous pouvez voir tout comme moi, sur cette carte, qui sera menacé par ces missiles.

Dans le cadre de cet effort, une autre petite preuve : l’Irak a construit une rampe de lancement plus grande que tout ce qu’elle possédait jusque-là. Notez la différence spectaculaire de taille entre l’ancienne rampe, à gauche, et la nouvelle, à droite. Notez le long tuyau d’échappement. C’est par là que sort la flamme de l’engin. Le tuyau d’échappement de la rampe de droite est cinq fois plus long que celui de la rampe de gauche. Ce dernier est utilisé pour les missiles de faible portée alors que celui de droite est manifestement destiné aux missiles de longue portée qui peuvent parcourir 1.200 kilomètres.

Cette photo a été prise en avril 2002. Depuis cette date, la rampe de lancement a été terminée et recouverte d’un toit pour que les satellites puissent plus difficilement voir ce qui se passe dessous.

Les intentions de Saddam Hussein n’ont pas changé. Ce n’est pas à des fins défensives qu’il met au point ces missiles. Ce sont des missiles dont l’Irak veut se doter pour étendre sa puissance, pour menacer (d’autres pays) et lancer des armes chimiques, biologiques et - si nous le laissons faire - des ogives nucléaires.

Voyons maintenant les véhicules aériens sans pilote, ou UAV. L’Irak travaille à la fabrication d’un type d’UAV depuis plus de dix ans. Voici une simple illustration de ce à quoi ressemblerait un UAV. Ces activités ont compris des essais pour adapter le MIG-21 aux vols sans pilote et, avec un plus grand succès, la construction d’un avion appelé le L-29.

Toutefois, l’Irak se concentre maintenant non seulement sur ces avions, mais aussi sur la mise au point et les essais d’UAV plus petits comme celui-ci. Les UAV conviennent parfaitement pour la dissémination d’armes chimiques et biologiques. Il existe de nombreuses preuves que l’Irak s’emploie activement à mettre au point et à essayer des pulvérisateurs susceptibles d’être adaptés aux UAV.

Et le peu que Saddam Hussein nous a dit sur les UAV est contraire à la vérité. L’un de ces mensonges est graphiquement et indéniablement prouvé par des renseignements que nous avons recueillis le 27 juin 2002.

D’après la déclaration irakienne du 7 décembre, la portée de ses UAV ne dépasserait pas 80 kilomètres. Or nous avons détecté l’un des derniers UAV de l’Irak lors d’un vol d’essai au cours duquel il a parcouru sans arrêt 500 kilomètres, sans pilote, comme on le voit sur ce tracé.

Non seulement cet essai dépasse largement la limite de 150 kilomètres autorisée par les Nations unies, mais cet essai est omis de la déclaration irakienne du 7 décembre. L’UAV a volé en cercle sans interruption et sa portée limite était en fait non pas de 80 kilomètres, mais de 500, et cela sans faire le plein et sur autopilote, ce qui viole toutes les obligations de l’Irak en vertu de la résolution 1441.

Les liens qui ont existé ces dix dernières années entre le programme UAV de l’Irak et les agents de guerre biologique et chimique nous préoccupent profondément. L’Irak pourrait utiliser ces petits UAV, qui ont une envergure de quelques mètres seulement, pour déverser des agents biologiques sur ces voisins ou les transporter vers d’autres pays, y compris les États-Unis.

Traduction française : Département d’État. Images du diaporama : Maison-Blanche.

Discours intégral du secrétaire d’État des Etats-Unis, Colin Powell, au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies, le 11 février 2003 :
1 – Démenti et fraude (Denial and deception)
2 – Armes biologiques (Biological weapons)
3 – Armes chimiques (Chemical weapons)
4 – Armes nucléaires (Nuclear weapons)
5 – Missiles (Delivery systems)
6 – Terrorisme (Terrorism)
7 – Violation des droits de l’homme (Human rights violations)