La DTO est le rapport, exprimé en pourcentage, entre le nombre de matériels qui ont la capacité d’assurer les fonctions opérationnelles pour lesquelles ils ont été conçus et le nombre de matériels en service. Les engins en entretien périodique ou en cours de remise à niveau sont donc considérés comme indisponibles.

Jusqu’au milieu des années 1990, le contexte géostratégique exigeait de disposer d’une DTO de 100 % pour tous les parcs de matériels majeurs. En 1996, l’évolution de ce contexte et la baisse corrélative des ressources budgétaires consacrées à l’entretien des matériels ont conduit l’armée de terre à limiter la DTO des parcs majeurs à 80 % pour les matériels terrestres et à 70 % pour les matériels aériens. Cette volonté s’est traduite par une baisse effective de la DTO à partir de l’année 1997.

Le cas des blindés de l’armée de terre

De 1998 à 2000, la DTO de ces matériels a connu une chute importante pour se stabiliser, au cours du 1er semestre 2001, autour de 68 % pour les matériels terrestres, hors parcs Leclerc et AMX 10 RC. Cette chute résultait à la fois :

 des difficultés, qui durent depuis plusieurs années, dans l’approvisionnement en pièces de rechange (rupture de la chaîne des approvisionnements, crédits parfois insuffisants, lourdeur de la réglementation en matière d’acquisitions et de passations de marchés) ;

 des réorganisations lourdes intervenues en 1999 dans la plupart des unités et des bases de matériel ;

 du manque de personnels civils qualifiés, dont beaucoup sont employés dans les établissements du matériel et dont trop de postes restent vacants ;

 de l’utilisation intensive des matériels, notamment en opérations extérieures (Balkans) ;

 de l’âge important de certains équipements, pour lesquels des rénovations sont en cours ou prévues.

Aujourd’hui, la situation reste globalement satisfaisante sur les théâtres extérieurs et outre-mer, en raison de la priorité accordée au soutien des matériels qui y sont déployés. Cependant, la faible disponibilité des armements utilisés en métropole ne s’est pas améliorée par rapport à 1997, comme l’illustre le tableau suivant.

Ces dernières années, deux parcs de matériels blindés, le char lourd Leclerc et le blindé léger de reconnaissance AMX 10 RC, ont connu une situation particulière en matière de disponibilité.

Pour ce qui concerne les chars Leclerc, le faible niveau de disponibilité constaté jusqu’alors s’expliquait par diverses mises au point, tant de l’équipement que des personnels. La mise en conformité des premiers exemplaires construits au cours des années 1990 avec les derniers standards devrait se répercuter de manière très significative sur la disponibilité globale du parc, puisque le taux de disponibilité devrait atteindre 62 % cette année, contre 33 % l’an passé. Cette situation ne correspond qu’à la montée en puissance du parc et ne traduit en aucune façon une mauvaise fiabilité du matériel, comme le montre la disponibilité des Leclerc déployés au Kosovo, de l’ordre de 95 %.

Le parc des AMX 10 RC a été affecté par des difficultés d’approvisionnement sur certaines pièces de rechange critiques, ainsi que par le lancement d’une vaste opération de modernisation nécessitant une immobilisation des blindés.

Nonobstant ces deux cas particuliers, les taux de disponibilité des matériels sont, d’une manière générale, en diminution par rapport à 1997 : le véhicule de l’avant blindé (VAB) est passé d’une disponibilité de 82 % à 72 %, l’engin blindé roues-canon (ERC) 90 " Sagaie " de 83 % à 75,5 %. La disponibilité des chars de combat à chenilles AMX 30 B2 a également diminué de plus de dix points, à 68 %, à l’instar du canon d’artillerie classique AU F1 à 57 %. Dans tous les cas, les années 2000-2001 ont représenté le point bas du niveau de disponibilité de ces matériels.

Les difficultés rencontrées par l’aviation légère de l’armée de terre (ALAT)

Dans un rapport d’information publié le 10 juillet 2002, M. Serge Vinçon, sénateur, a exposé de manière claire et précise les difficultés de l’aviation légère de cette armée (ALAT). Il a mis en exergue que " la situation des hélicoptères est particulièrement critique " (5). De fait, le tableau suivant illustre parfaitement ce constat.

Pour ce qui concerne les hélicoptères de combat Gazelle, la dégradation du niveau de disponibilité s’est stabilisée en 2000, avant d’atteindre, à l’été 2001, le taux de 74 %, qui constitue la norme depuis le changement de contexte géostratégique dans les années 1990. Cependant, le parc a été affecté d’une chute brutale de disponibilité à l’automne 2001, en raison d’un problème de corrosion constaté sur une pièce de la tête de rotor, le faisceau torsique. Deux accidents s’étant produits sur des appareils du même type à l’étranger, l’ensemble des Gazelle a fait l’objet d’une révision, ce qui a affecté le niveau de disponibilité de la totalité de ces matériels : celle-ci est descendue à 41 % au cours du premier semestre de l’année 2002. La situation devrait se redresser progressivement, grâce à l’arrivée des pièces nécessaires aux réparations. D’ici quelques mois, il y a tout lieu de penser que le taux de disponibilité des Gazelle retrouvera un niveau plus conforme aux objectifs fixés par l’état-major de l’armée de terre.

En revanche, il en va tout autrement des hélicoptères de man_uvre et de transport Puma et Cougar, dont le niveau de DTO n’a jamais atteint les objectifs de 70 % depuis 1997. Leurs taux de disponibilité respectifs sont de 67 %, ce qui peut paraître acceptable, et 60 %, ce qui reste insuffisant ; cependant, en se limitant aux hélicoptères réellement aptes pour les missions ou l’entraînement au-delà d’une certaine durée, le taux réel de disponibilité se situe plutôt en-dessous de 50 %. Malgré un gros effort engagé pour rétablir les pleines capacités opérationnelles de ces appareils, il sera difficile de retrouver rapidement un niveau de disponibilité satisfaisant, ne serait-ce qu’en raison de la sollicitation très importante des matériels qui sont en mesure de voler, afin de concilier les exigences opérationnelles et le besoin d’entraînement des équipages.


Source : Assemblée nationale (France) : http://www.assemblee-nationale.fr