Les échéances politiques de novembre prochain pèsent bien évidemment très fortement sur la date et le contenu d’une éventuelle décision de déploiement.

La défense nationale antimissiles constitue une préoccupation privilégiée du parti républicain à laquelle l’administration démocrate s’est progressivement ralliée, sous la pression du Congrès et de l’écho rencontré, à partir de 1998, par la question de la menace balistique. Aussi le Président Clinton veut-il éviter d’apparaître en recul sur ce projet que le Vice-Président Gore a également incorporé dans son programme électoral. Plusieurs responsables républicains ont toutefois plaidé pour que la décision de déploiement soit renvoyée à la prochaine administration, ce qui pourrait faciliter un report des échéances justifié par des motifs soit techniques, éclairés par les essais d’interception et la " revue " de déploiement, soit politiques, liés au contexte international.

Du côté républicain, le gouverneur Bush a présenté le 23 mai dernier ses propositions en matière stratégique. Il s’est tout d’abord prononcé en faveur du déploiement, dans les meilleurs délais, de défense antimissiles efficaces, s’appuyant sur les meilleures options possibles, ouvrant ainsi la voie à un système plus ambitieux intégrant une composante navale, voire spatiale. Cette défense devra protéger l’ensemble du territoire des Etats-Unis et serait ouverte aux alliés des Etats-Unis, en particulier en Europe et en Asie.

Le gouverneur Bush a également plaidé pour un report de la décision de déploiement de la NMD, estimant que le Président actuel ne devait pas lier les mains de l’administration future.

Enfin, il s’est déclaré en faveur d’un réexamen de la posture nucléaire américaine afin de réduire unilatéralement au plus bas niveau possible l’arsenal nucléaire dans des proportions compatibles avec la sécurité des Etats-Unis. Un nouveau concept stratégique, fondé sur une combinaison d’armes nucléaires réduites au strict nécessaire et de systèmes défensifs, pourrait ainsi émerger.

Ces propositions, tout comme la pression de nombreux parlementaires républicains pour l’abandon d’un traité ABM jugé obsolète et en faveur du déploiement d’une NMD ambitieuse, reposant sur des composantes terrestres, navales et spatiales et ne s’imposant aucune limite, laissent à penser qu’en cas de succès de M. Bush à la prochaine élection présidentielle, le débat sur la NMD se poserait en des termes nouveaux. L’architecture imaginée par l’actuelle administration, tout comme le calendrier, pourraient être remis en cause et le dialogue avec la Russie s’établirait sur de nouvelles bases.


Source : Sénat (France) : http://www.senat.fr