L’OTAN et la défense antimissile

102. La défense antimissile fait l’objet, depuis plusieurs années, d’une réflexion au sein de l’OTAN, mais uniquement en ce qui concerne la défense contre les missiles balistiques tactiques. Actuellement, il s’agit de travaux qui ont essentiellement pour but d’étudier les possibilités de mettre sur pied une défense antimissile de théâtre pour les troupes engagées dans des opérations extérieures. Il est normalement prévu que ces programmes entrent dans une phase de réalisation à partir de 2004. Du fait de l’importance des coûts et de la réduction des budgets de défense européens, il est prévu que les systèmes d’alerte soient fournis par les Américains, les systèmes d’interception faisant eux partie des recherches au sein de l’OTAN.

La coopération transatlantique

103. Le programme MEADS est le seul exemple de coopération transatlantique en matière de défense antimissile balistique. Ce programme a déjà été étudié en 1997 dans le cadre du rapport sur "La coopération transatlantique dans le domaine de la défense antimissile" (Document 1588), que nous avons cité à plusieurs reprises. Nous verrons donc ici les évolutions que ce programme a connues depuis 1997. Comme nous allons le voir, la principale caractéristique de cette évolution est le retard que le développement de ce programme a pris depuis trois ans.

104. A l’origine, le programme MEADS regroupait les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et l’Italie. La France a décidé de s’en retirer officiellement pour des raisons budgétaires en mai 1995. Depuis, même si le programme a été ouvert à la participation d’autres Etats après approbation des participants actuels, ceux-ci sont restés les mêmes. Il est traditionnellement admis que le financement du programme se répartit comme suit : Etats-Unis 60%, Allemagne 25% et Italie 15% ( même si on trouve parfois des chiffres légèrement différents indiquant une ventilation de 55% pour les Etats-Unis, 28% pour l’Allemagne et 17% pour l’Italie). Ce programme est géré par une agence de l’OTAN, la NAMEADSMA, qui a son siège à Huntsville aux Etats-Unis.

105. Le programme a pour but de développer un système de missiles sol-air (SAM), capable de défendre des troupes et des installations contre toute une gamme de menaces : missiles balistiques tactiques, missiles de croisière, avions et drones. Ce système facilitera la coopération entre les forces américaines et les forces alliées, et contribuera à leur interopérabilité lors d’opérations extérieures communes.

106. Nous indiquions dans notre précédent rapport, en 1997, que ce programme était composé de trois phases : une phase de définition et de validation du projet (PD-V), qui devait s’étendre de 1996 à 1998, une phase de conception et de développement, de 1999 à 2005, et une phase de production, qui devrait peut-être débuter en 2003. Or la phase 1, qui devait s’achever en 1998, n’est toujours pas terminée. La phase 2 doit théoriquement débuter en 2001 par une nouvelle phase de faisabilité de trois ans. Cette phase de faisabilité devra permettre de décider du développement à proprement parler (35).

107. Les causes de désaccord entre les pays associés dans le programme MEADS sont nombreuses. Les Allemands ont ainsi bloqué le programme en septembre 1999 car ils se plaignaient du refus des Américains de partager leur technologie concernant le missile intercepteur PAC-3. Ce problème a, semble-t-il, été résolu en mai dernier (36). Par ailleurs, les relations entre les trois pays ont également été affectées par des problèmes concernant le coût du missile intercepteur PAC-3. En effet, le prix unitaire dépend du nombre de missiles que le Pentagone décidera d’acheter. Actuellement, on estime que l’achat de 800 missiles entraînerait un coût unitaire de 3 millions de dollars, alors que l’achat de 2 200 missiles (nombre que l’armée demande afin de pouvoir intervenir sur deux théâtres d’opérations à la fois) engendrerait une baisse du coût unitaire à 2 millions de dollars. Ces incertitudes s’ajoutent à l’augmentation de 77% qu’a connue le missile PAC-3 entre 1994 et 2000 (37).


(35) Air & Cosmos, 22 septembre 2000.

(36) Voir "Germany, US Resolve MEADS Technical Dispute", Defense News, 29 mai 2000.

(37) Voir "Cost Hike for Missile May Fuel MEADS foe", Defense News, 14 février 2000.


Source : Assemblée parlementaire de l’Union de l’Europe Occidentale (UEO) http://www.assemblee-ueo.org/