M. Bush - Merci à tous. C’est pour moi un honneur que d’accueillir mon
ami Tony Blair, le Premier ministre de la Grande-Bretagne, à Camp
David. Au cours des semaines passées, l’Amérique a beaucoup appris sur
Tony Blair. Nous avons appris que c’est un homme qui tient parole.
Nous avons appris que c’est un homme courageux, un homme perspicace.
Nous sommes fiers de le compter parmi nos amis.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni oeuvrent de concert vers un objectif
noble. Nous agissons de concert pour rendre le monde plus pacifique ;
nous oeuvrons pour que nos deux pays, et toutes les nations libres du
monde, soient plus en sécurité ; et nous travaillons à la libération
du peuple irakien.

Des troupes britanniques, américaines, australiennes et polonaises,
entre autres, partagent le fardeau de cette guerre, et nous y
consentons tous des sacrifices. Ensemble, les forces de la coalition
avancent chaque jour, dans un progrès régulier, contre l’ennemi.
Lentement, mais sûrement, l’étau de la terreur qui serre les Irakiens
à la gorge se relâche.

Nous apprécions le courage et le professionnalisme des troupes
britanniques, et de toutes les troupes coalisées. Nous avons tous subi
des pertes, et les Américains offrent leurs prières aux familles des
Britanniques qui sont tombés, tout comme nous offrons nos prières aux
familles de nos propres troupes tombées au combat.

Nous sommes maintenant en train de nous attaquer aux unités les plus
endurcies et les plus désespérées du dictateur. La campagne qui nous
attend exigera encore plus de courage et d’autres sacrifices. Mais
vous en connaissez l’issue : l’Irak sera désarmé ; le régime irakien
sera déchu ; et le peuple irakien, qui souffre depuis si longtemps,
sera libre.

Durant des décennies d’oppression, le régime irakien a cherché à
instiller la peur dans la vie quotidienne de millions de gens ; mais
bientôt, les Irakiens auront l’assurance des peuples libres. Notre
coalition soutiendra les citoyens de l’Irak tout au long des
difficultés à venir. Nous sommes prêts à distribuer une aide
humanitaire à grande échelle - en fait, ces opérations commencent au
moment même où nous parlons.

Aujourd’hui, le Premier ministre et moi-même exhortons les Nations
unies à reprendre immédiatement le programme pétrole contre
nourriture. Pour plus de la moitié des Irakiens, ce programme est
l’unique source d’alimentation. Cette aide humanitaire urgente ne doit
pas être politisée, et le Conseil de sécurité devrait donner au
secrétaire général le pouvoir de commencer à acheminer des vivres vers
ceux qui en ont le plus besoin.

Si, dans l’immédiat, nous essayons de remédier à la souffrance du
peuple irakien, nous sommes également résolus à l’aider dans le long
terme. Or à cet égard, le besoin le plus pressant de l’Irak est un
gouvernement représentatif qui protège les droits de tous les
Irakiens. La forme que prendra ce gouvernement sera déterminée par le
peuple irakien, en non imposée de l’extérieur. Le Premier ministre et
moi sommes convaincus que l’Irak libre sera un pays qui connaîtra la
réussite.

L’histoire exige plus de notre coalition que l’élimination d’un
terrible danger. J’entrevois une chance, et le Premier ministre Blair
pense comme moi, de ramener l’espoir et le progrès dans l’ensemble du
Moyen-Orient. Le 24 juin dernier, j’ai esquissé les grandes lignes
d’un plan prévoyant deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à
côte dans la paix et la sécurité. Nous publierons bientôt la feuille
de route qui aidera à transformer cette vision en une réalité.
L’Amérique et la Grande-Bretagne sont fermement résolues à mettre en
oeuvre cette feuille de route.

Pendant près d’un siècle, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se sont
alliés pour la défense de la liberté. Nous nous sommes opposés à
toutes les grandes menaces qui ont pesé sur la paix et la sécurité du
monde. Nous avons partagé la lutte coûteuse et héroïque contre le
nazisme. Nous avons partagé la détermination et l’objectif moral de la
guerre froide. A chaque défi, nous avons répondu par l’application de
la puissance combinée de nos deux pays au nom de la justice, et c’est
ce que nous faisons aujourd’hui. Notre alliance est solide, notre
détermination est ferme, et notre mission sera accomplie.

(...)

M. Blair - Merci, Monsieur le Président, et merci de votre accueil.
Merci de votre force et de votre fermeté à l’heure présente. Je pense
que jamais l’alliance entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne n’a
été plus forte et plus solide qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Je voudrais également présenter au peuple américain, au nom du peuple
britannique, nos condoléances, notre sympathie et nos prières pour les
Américains qui sont tombés au champ d’honneur, de même que nous avons
adressé nos condoléances, notre sympathie et nos prières aux familles
de nos soldats britanniques disparus.

Alors que ce conflit dure depuis moins d’une semaine, permettez-moi de
réaffirmer notre détermination complète et totale. Saddam Hussein et
son détestable régime seront renversés. L’Irak sera dépouillé de ses
armes de destruction massive et le peuple irakien sera libre. Telle
est notre résolution, telle est notre détermination, et nous ne
faillirons pas.

On nous a fait, ce matin, le compte rendu de la situation militaire,
qui montre déjà les progrès qui ont été accomplis. Il vaut cependant
la peine qu’on la résume brièvement. En moins d’une semaine, nous
avons acquis la maîtrise des champs et installations pétrolifères du
Sud et, ainsi, protégé cette ressource et ces richesses pour le peuple
irakien et évité une catastrophe écologique. Nous avons privé l’Irak
de sa capacité de lancer une agression extérieure à partir de l’ouest.

Nos forces se situent à présent à une cinquantaine de miles (80 km) de
Bagdad. Elles encerclent Bassora. Elles ont sécurisé le port crucial
d’Oum Qasr. Elles ont ouvert la voie permettant à l’aide humanitaire
d’affluer dans le pays. Et elles ont infligé de réels dommages au
dispositif irakien de commandement et de contrôle. Nous pouvons donc
affirmer avec confiance que les objectifs que nous nous sommes fixés
seront atteints.

Je voudrais rendre hommage au professionnalisme et à l’intégrité de
nos forces et de celles des Etats-Unis d’Amérique et de nos autres
alliés, et souligner combien leur professionnalisme, de même que leur
savoir-faire et leur courage, contrastent violemment avec la brutalité
du régime de Saddam Hussein.

Jour après jour, la réalité de ce régime nous est dévoilée ; nous
avons vu ses bandes d’assassins prêts à tuer leurs propres
concitoyens, nous l’avons vu parader des prisonniers de guerre ; et
maintenant, il y a la diffusion de ces images de soldats britanniques
exécutés.

S’il nous fallait des témoignages supplémentaires de la dépravation du
régime de Saddam Hussein, cette dernière atrocité nous les apporte.
C’est une nouvelle violation flagrante de toutes les conventions de
guerre. Pis encore, pour les familles des soldats impliqués, c’est un
acte de cruauté qui dépasse l’entendement. Cela dépasse en vérité la
capacité de compréhension de quiconque possède la moindre parcelle
d’humanité.

Au nom du gouvernement britannique, je voudrais présenter mes
condoléances particulières aux proches et aux amis de ces deux jeunes
hommes courageux qui sont morts pour leur patrie, ainsi qu’aux
Irakiens ordinaires, à qui nous sommes résolus à assurer un avenir
meilleur.

Cet avenir, celui du peuple irakien, est l’une des raisons pour
lesquelles notre entretien a porté en grande partie sur les questions
humanitaires. Là encore, nous avons un navire, le Sir Galahad, rempli
de tonnes de fournitures destinées au peuple d’Irak. L’autre objectif
humanitaire prioritaire est de faire redémarrer le programme "pétrole
contre nourriture" de l’ONU, dont le président et moi-même avons
discuté, et dont je parlerai ce soir avec M. Kofi Annan. C’est une
tâche urgente.

Nous avons aussi évoqué les questions qui surgiront après la fin du
conflit. Contrairement à beaucoup de commentaires à ce sujet, la
position reste exactement celle que le président et moi-même avions
prise lors du sommet des Açores, en l’occurrence que nous
collaborerons avec les Nations unies, avec nos alliés, avec nos
partenaires et avec les donateurs bilatéraux. Nous chercherons à faire
adopter par l’ONU de nouvelles résolutions afin d’affirmer l’intégrité
territoriale de l’Irak, de garantir la livraison rapide d’une aide
humanitaire, et d’avaliser un gouvernement approprié en Irak après la
fin du conflit.

Mais permettez-moi de souligner une fois de plus que ce qui est au
centre de nos préoccupations à l’heure actuelle, et ce qui doit
l’être, c’est la victoire militaire, une victoire que nous
poursuivrons avec la plus grande vigueur. Et la priorité immédiate,
pour les Nations unies, ainsi que le président l’a indiqué il y a
quelques instants, c’est le programme "pétrole contre nourriture".

Par ailleurs, ainsi qu’on vous l’a dit, nous avons eu une excellente
discussion à propos du Proche-Orient, et, tous deux, nous partageons
la détermination absolue de faire avancer ce dossier. On oublie
d’ailleurs souvent que le président Bush a été le premier président
américain à s’engager publiquement en faveur d’une solution où
figureraient deux Etats, un Israël confiant dans sa sécurité et un
Etat palestinien viable. Je me réjouis aussi de la décision annoncée
récemment de publier la "feuille de route" aussitôt que la
confirmation du nouveau premier ministre palestinien aura été
proprement administrée.

Enfin, je voudrais dire ceci : je pense qu’il est important que nous
reconnaissions finalement que les objectifs pour lesquels nous nous
battons sont des objectifs méritoires. Quelles que soient les
difficultés de la guerre, souvenons-nous simplement que c’est un
régime qui a maltraité son peuple, et ce depuis bien plus de vingt
ans. Il est évident qu’il y aura toujours des gens férocement loyaux à
ce régime qui se battront jusqu’au bout ; ils n’ont pas d’autre choix.
Mais je n’ai aucun doute que la vaste majorité des gens ordinaires en
Irak souhaitent désespérément un avenir meilleur et différent,
souhaitent que l’Irak soit libre, que son gouvernement soit
représentatif de son peuple et que les droits de l’homme de chacun
soient respectés.

Et c’est pour cette raison bien sûr que notre objectif est de
débarrasser l’Irak de ses armes de destruction massive et de rendre
notre monde plus sûr. La justesse de notre cause se trouve dans la
libération du peuple irakien. Et à ce peuple nous disons : nous vous
libérerons. Le jour de votre liberté est proche.