« Comment nous allons mettre l’Irak sur la voie de la démocratie »

How we will put post-war Iraq on the path to democracy
The Independant (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Condoleezza Rice est directrice du National Security Council. Cette tribune reprend des propos tenus lors d’un point de presse à Washington.

[RESUME] Nous ne savons pas encore combien de temps durera la guerre en Irak, mais nous devons nous préparer à le reconstruire pour en faire un pays uni, libre, pacifique, sans armes de destruction massive ou liens avec le terrorisme, démocratique et respectueux du droit.
Cette tâche sera réalisée avec les Irakiens, les membres de la Coalition et les organisations internationales. Nous quitterons l’Irak dès que notre tâche sera terminée. L’autorité intérimaire irakienne sera une autorité de transition dirigée par les Irakiens et représentant toutes les communautés. Nous lui confirons de plus en plus de pouvoirs pour qu’elle reconstruise le pays en partenariat avec les États-Unis. La Coalition aura bien sûr un rôle moteur durant la période de l’après-guerre.

« Gagner la paix »

Winning the peace
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Frank J. Gaffney Jr est président du Center for Security Policy, le think tank qui rassemble les principaux « faucons » états-uniens. Le Réseau Voltaire lui a consacré une enquête : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».

[RESUME] George W. Bush va bientôt devoir prendre une décision cruciale : choisir qui aura la charge de construire un Irak libre à partir des cendres de l’État stalinien de Saddam Hussein. Le président, malgré ses déclarations et celles de Condoleezza Rice, pourrait céder aux pressions émanant du département d’État, de Tony Blair et du Congrès, lui demandant de ne pas confier la gestion de l’Irak libéré au Pentagone, mais de la laisser à l’ONU, l’OTAN ou à la « communauté internationale ».
Ainsi, le Congrès a voté un texte refusant d’accorder au président un pouvoir discrétionnaire sur les 2,5 milliards de dollars alloués à la reconstruction de l’Irak et l’assistance humanitaire pour les confier au département d’État, c’est-à-dire à ceux qui s’opposaient à nos courageux militaires qui ont permis la libération de l’Irak. Le département d’État et la CIA, ont constamment dénigré le plus représentatif et le plus démocratique des groupes d’opposition irakien, l’Iraqi National Congress. Tony Blair s’oppose aussi au plan confiant la reconstruction de l’Irak au Pentagone et il souhaite que les États-Unis s’en remettent à l’ONU et soutiennent le douteux « plan de route » pour la paix au Proche-Orient.
Le président Bush doit laisser la main au Pentagone et à Jay Garner, qui est déjà sur place, tout en laissant les organisations de l’ONU aider sur les questions humanitaires. Il faut qu’il oppose son veto au texte du Congrès.

« La Syrie et l’Iran doivent avoir leur tour »

Syria and Iran must get their turn
National Post (Canada)

[AUTEUR] Michael Ledeen est éditorialiste régulier de National Review. Il est l’auteur de The War Against the Terror Masters. Il détient la chaire de la Liberté à l’American Enterprise Institute. À ce titre, il fut l’un des principaux organisateurs du dîner de gala du 26 février dernier au cours duquel le président Bush prononça son discours sur l’avenir de l’Irak. Michael Leeden est l’un des experts du cabinet de relations publiques Benador Associates.

[RESUME] La Syrie et l’Iran ont forgé une nouvelle alliance contre les États-Unis afin de répéter le scénario libanais en Irak et d’éviter qu’une démocratie à Bagdad ne détruise leur deux régimes. Malheureusement, les diplomates états-uniens ne croient pas à cette alliance.
Ainsi Richard L. Armitage a déclaré il y a quelques mois que « l’Iran est une démocratie » et que c’était tout ce qui faisait la différence entre Téhéran, la Corée du Nord et l’Irak. De même, le département d’État peine à mettre un terme à son attitude, traditionnellement ambiguë vis-à-vis de la Syrie. Heureusement, la guerre a détruit les ambiguïtés et Colin Powell et Donald Rumsfeld parlent désormais d’une même voix pour prévenir Damas et Téhéran que leur soutien à Bagdad les place dans la position de pays hostiles.
Cette position montre que les États-Unis acceptent enfin d’être engagés dans un conflit régional et qu’il faut combattre les maîtres terroristes iraniens et syriens. Il n’est plus temps pour les « solutions » diplomatiques. L’Iran, dont la population veut renverser le régime actuel et est prête pour la démocratie, offre la possibilité d’une victoire éclatante pour les États-Unis. La Syrie, pour sa part, ne pourra pas se débarrasser de la tyrannie seule.
C’est cette lutte pour la démocratie, qui s’inscrit dans la tradition politique états-unienne, que défend George W. Bush. Ce combat offre également une possibilité d’arriver enfin à la paix entre les Israéliens et les Palestiniens en supprimant les défenseurs du terrorisme.
Le département d’État et la CIA ne croient pas à la révolution démocratique au Moyen-Orient et c’est pourquoi ils s’attaquent à l’Iraqi National Congress aujourd’hui. Il est regrettable que le Congrès ait confié au département d’État la charge des fonds pour reconstruire l’Irak et il faut que la Maison-Blanche pose son veto. Les États-Unis ne doivent pas gâcher politiquement une victoire qu’ils ont acquise militairement et ils doivent s’attaquer aux autres maîtres terroristes.

« Le mystère des armes interdites de Saddam »

The mystery of Saddam’s banned arms
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] [AUTEUR] Jon B. Wolfsthal est directeur adjoint du Carnegie Nonproliferation Project du Carnegie Endowment for International Peace. Il est co-auteur de Deadly Arsenals : Tracking Weapons of Mass Destruction. Il est ancien membre du département à l’Énergie états-unien et a travaillé comme spécialiste sur le complexe nucléaire nord-coréen de Yongbyon.

[RESUME] L’administration Bush a justifié sa guerre en Irak en prétendant que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive et qu’il menaçait les États-Unis. Pourtant, pour l’instant, aucune arme interdite n’a été utilisée contre nos troupes et aucune n’a été trouvée. Il y a trois explications possibles à cette situation : les renseignements états-uniens ne savent pas où se trouvent les armes, les armes se trouvent dans les zones contrôlées par Saddam Hussein ou bien il n’y a pas d’armes.
Aujourd’hui, quand bien même des armes seraient trouvées par la Coalition, il faudrait encore expliquer pourquoi les inspecteurs ne pouvaient pas s’en occuper ou pourquoi elles représentaient une menace pour les États-Unis. Pire encore, chaque jour qui passe avant leur découverte renforcera les théories conspirationistes selon lesquelles les armes qui seront trouvées ont été placées là par les États-Unis. Pour éviter que ces théories se développent, l’administration Bush devrait refaire appel aux inspecteurs de l’ONU, ce qui paraît peu probable vu l’opposition farouche des durs du gouvernement à une intervention des Nations Unies.
Le pire scénario pour les États-Unis seraient qu’aucune arme ne soit trouvée. Si c’était le cas, l’antiaméricanisme augmenterait et toute la politique américaine contre la prolifération perdrait sa crédibilité.

« Mon opinion est celle de millions de personnes »

My views are those of millions
The Guardian

[AUTEUR] George Galloway est député travailliste de Glasgow et commentateur pour le Scottish Mail.

[RESUME] La semaine dernière le gouvernement a utilisé la presse de Rupert Murdoch pour m’attaquer et m’accuser d’être un traître indigne de siéger à la Chambre des communes britannique, campagne médiatique qui est sans doute un prélude à une tentative d’éviction du Parti travailliste.
Tony Blair avait déjà conduit le parti aux limites de la social-démocratie et s’était allié avec George W. Bush, Silvio Berlusconi et José-Maria Aznar. Maintenant il s’allie à la presse nationaliste et raciste contre moi. Le Sun et News of the World sont désormais les titres qui soutiennent Blair dans son agression contre l’Irak.
Blair veut peut-être installer la liberté d’expression à Bagdad, mais il ne veut pas qu’elle existe au Parlement britannique. Il veut m’empêcher d’exprimer la voix des musulmans qui se trouvent sans voix et sans défense contre les bouchers en Palestine, en Irak et en Afghanistan. La guerre telle qu’elle est vraiment menée est totalement absente du discours public. Quand je veux en parler, on m’accuse de trahison. Les vrais traîtres sont pourtant ceux qui se sont détournés de nos alliés traditionnels : Gerhard Schroeder, Nelson Mandela et Jimmy Carter et ont subordonné nos intérêts à l’extrême droite américaine.
J’aime le Parti travailliste, mais si j’en suis exclu, je défendrai ses valeurs ailleurs.

« Après la guerre, renouons nos alliances ! »

Après la guerre, renouons nos alliances !
Le Figaro (France)

[AUTEURS] Jean-Jacques Descamps est député UMP d’Indre et Loire. Pierre Lellouche est député UMP de Paris, membre de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale et vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN. Hervé Mariton est député UMP de la Drôme et Jérôme Rivière et Michèle Tabarot sont députés UMP des Alpes Maritimes.

[RESUME] Jusqu’à présent nous n’étions qu’une poignée de parlementaires à nous inquiéter de l’attitude française dans la crise irakienne et demandant que soit exercée une pression commune contre l’Irak avec nos alliés. Pour convaincre, nous avons rappelé le million de morts causés par Saddam Hussein et nous avons été qualifiés d’« atlantistes », de « camp de la guerre ».
Avec le début de la guerre, nous avons vu un déferlement de désinformation, la position diplomatique de la France caricaturée, des manifestations sous des drapeaux irakiens au cri de « Vive Saddam, mort aux juifs » et un tiers des Français souhaiter la victoire de Saddam. Fort heureusement, le président de la République et le Premier ministre ont pris position contre le totalitarisme du régime de Saddam Hussein et les appels à une réconciliation avec les alliés réapparaissent dans la presse.
Au début de la guerre, les médias ont présenté un enlisement des militaires états-uniens et une indignation des opinions publiques mondiales face à la folie du clan Bush. Aujourd’hui, on redécouvre que cette guerre qui a été conçue pour épargner les civils ne pouvait pas se gagner en huit jours et que les États-Unis sont soutenus par de nombreux gouvernements. Il faut affirmer combien sont irresponsables ceux qui ont espéré un échec de la Coalition et qui aujourd’hui souhaitent une « libanisation » de l’Irak.
Il faut renouer les alliances fondamentales qui nous lient aux pays qui partagent nos valeurs libérales. C’est ensemble que nous construirons la paix au Proche-Orient et un monde multipolaire avec une Europe forte ayant une défense à la mesure de ses 450 millions de citoyens. Dans ce monde dangereux, nos alliances doivent rester celles qui nous ont permis de vaincre le nazisme et le communisme.

« Des surprises déplaisantes à venir »

Unpleasant Surprises Ahead
Moscow Times (Russie)

[AUTEUR] Boris Kagarlitsky est directeur de l’Institute of Globalization Studies.

[RESUME] Beaucoup de commentateurs ont affirmé que le monde avait changé avec le début de la guerre en Irak alors que ce n’est que l’image du monde présentée par les médias qui a changé. Ainsi les désillusions ont été nombreuses.
Les Irakiens n’ont pas accueillis les « libérateurs » à bras ouvert et se sont même ressoudés autour du régime haï de Saddam Hussein. Ce n’est pas une surprise, les menaces extérieures ressoudent toujours les nations. La Russie a connu ces phénomènes en 1812 et 1941. Si les Américains voulaient vraiment la démocratie en Irak, il fallait qu’ils se retirent et attendent patiemment. Malheureusement, Washington veut le pétrole, pas la liberté de l’Irak. W. Bush et ses conseillers ont simplement été naïfs au point de croire leur propre propagande et ils ont ainsi renforcé le régime d’Hussein comme jamais le parti Ba’as et les services secrets irakiens n’avaient réussi à le faire.
Cette guerre a aussi brisé le mythe selon lequel les armes high-tech rendaient les États-Unis invincibles malgré la mauvaise préparation de leur troupe, mythe auquel les politiciens croyaient eux aussi. Le mythe de la direction du monde par Washington s’effondre également puisque les États-Unis n’ont pas réussi à convaincre certains de leurs alliés de les suivre dans la campagne. Enfin, la crise irakienne révèle l’état de la démocratie états-unienne et les manipulations des médias et des politiciens.
Toutefois, la plus grosse sensation pourrait encore advenir car la presse occidentale n’a pas encore réalisée que les États-Unis pourraient perdre la guerre, ce qui est pourtant tout à fait envisageable vue l’incompétence de l’administration Bush.

« Une carte menant au désastre national »

A map to national disaster
Ha’aretz (Israël)

[AUTEUR] Uzi Landau est le ministre israélien chargé des Relations avec les États-Unis et des services secrets.

[RESUME] Si le « plan de route » du Quatuor diplomatique est accepté, Yasser Arafat aura gagné la plus grande bataille de sa vie puisqu’il obtiendrait la création d’un État palestinien, soit plus qu’à Oslo, alors qu’il n’a pas renoncé au terrorisme.
Le Quatuor estime que la simple création de l’État palestinien entraînera la paix. Il a donc exclu du plan des conditions indispensables pour assurer la sécurité d’Israël : la démilitarisation du futur État, notre complet contrôle de son espace aérien, l’interdiction de signer des traités internationaux. Quoi qu’il en soit, il y a deux conditions sur lesquelles nous ne reviendrons jamais : la reconnaissance publique du droit à l’existence d’Israël et un renoncement au retour des réfugiés.
Au niveau frontalier, le plan prévoit que nous revenions aux frontières de 1967, abandonnant ainsi des centres vitaux pour notre sécurité. En outre, Israël ne devra pas utiliser tous les moyens à sa disposition pour lutter contre le terrorisme dans les territoires, laissant cette tâche à des observateurs internationaux, nous privant ainsi de notre souveraineté et de notre droit à nous défendre. Le plan prévoit également la division de Jérusalem.
Ce plan est une récompense pour le terrorisme et la preuve que le crime paie. Les terroristes en profiteront pour se réorganiser et nous attaquer à nouveau. Il n’est pas étonnant que les Européens qui soutiennent les Palestiniens et Arafat, l’allié de Saddam, et s’en prennent à George W. Bush qui combat pour le monde libre et approuvent ce plan. Mais les États-Unis ne doivent pas le soutenir.