Vers la création d’un système de prévention des défis et menaces contemporaines

Plus d’un an déjà est passé depuis les événements tragiques du 11 septembre 2001 aux USA, qui ébranlèrent le monde par l’envergure et la cruauté de la menace globale du terrorisme international.

C’était l’année où le monde a commencé à réaliser réellement les défis que l’humanité doit affronter en entrant dans le XXIe siècle.

C’était l’année où la communauté internationale s’est réunie et a commencé à agir résolument contre le terrorisme.

En rendant hommage à la mémoire de toutes les victimes du terrorisme, qui a laissé sa trace sanglante dans différents points de la planète, la communauté internationale doit dresser un premier bilan de la lutte collective contre le terrorisme, et, surtout, prévoir les tâches pour consolider les bases de la sécurité et de la stabilité internationales.

Le résultat le plus important de l’union des États sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale pour atteindre les objectifs communs est tout à fait évident. On a créé une large coalition antiterroriste internationale qui agit activement, qui déjà fait preuve de son efficacité en Afghanistan, dont les terroristes internationaux de tout poil avaient fait leur repère. La responsabilité collective de tous les membres de la coalition est non seulement de conserver l’expérience acquise de la coopération, tout en évitant les actions unilatérales qui puissent la saper, mais de transformer l’union antiterroriste en un élément porteur d’un système efficace de sécurité et de coopération pour le nouveau millénaire.

Le rôle de l’élément central de cette structure doit indubitablement revenir à l’Organisation des Nations Unies. C’est l’ONU qui est appelée à continuer de garantir que les efforts de la communauté internationale dans la lutte contre les nouvelles menaces et défis s’appuie sur la base solide du droit international.

Nous devons reconnaître, et l’année écoulée a été plus qu’instructive à ce sujet, - que c’est un travail long et dur qui nous attend. On ne saura dresser des barrières infranchissables sur le chemin des fanatiques et des extrémistes qui sèment la mort et la destruction qu’au cas où l’on aurait un commun accord sur les problèmes clé de l’ordre mondial. Le rôle de l’ONU y devient irremplaçable.

Il est d’une importance primordiale de mettre sur les rails de la pratique le processus de l’application de la résolution antiterroriste fondamentale du Conseil de sécurité de l’ONU n° 1373. Cette résolution a un caractère contraignant pour tous les États, et il faudra obtenir son application sans conditions.

La tâche prioritaire dans la lutte contre le terrorisme est la consolidation de sa base juridique internationale. Il faut avant tout garantir le caractère réellement universel des conventions antiterroristes en vigueur.

En ratifiant la Convention de 1999 sur la lutte contre le financement du terrorisme, la Russie termine le processus d’adhésion aux documents internationaux mentionnés.

Cependant, nous sommes sérieusement préoccupés par l’absence de réel progrès dans la concertation de la Convention globale de la lutte contre le terrorisme et de la Convention sur la lutte contre les attentats nucléaires. Les différends connus qui existent dans les approches de certains États quant au contenu de ces documents sont tout à fait surmontables. Ils ne doivent pas masquer la responsabilité de chacun dans la création d’une base juridique permettant de lutetr contre le terrorisme sous toutes ses formes. Une base qui répond aux réalités modernes. La Russie persévérera dans ses efforts en ce sens.

L’obligation de tout État est de défendre les droits et les libertés de ses citoyens. Le droit à la vie en est le principal. Mais c’est la vie du simple humain qui est menacée par les terroristes. Chaque année, la liste de leurs victimes vient se compléter par des nouveaux noms. La communauté internationale ne devra plus le tolérer. Nous nous devons de garantir à nos citoyens le droit à une défense fiable contre le terrorisme.

On parviendra à cet objectif, si tous les États s’accordent sur un ensemble de mesures concrètes sous l’égide de l’ONU. Nous avons besoin d’élaborer un Code efficace de la défense des droits de l’homme contre le terrorisme, visant :

 la prévention et l’empêchement des attentats terroristes ;

 l’opposition au financement du terrorisme ;

 la poursuite pénale des personnes qui ont perpétré des attentats terroristes ou qui y sont impliquées de quelque manière que ce soit ;

 la garantie de poursuites et de sanctions de ces personnes ;

 l’aide aux personnes qui ont souffert du terrorisme, y compris par l’assistance financière, par leur réhabilitation socio-psychologique et leur réinsertion dans la société ;

 une coopération internationale efficace pour la réalisation des objectifs susmentionnés.

Une partie de ces mesures est déjà en discussion par la communauté internationale, y compris à l’ONU. Une autre exige un examen dans un contexte plus large. L’essentiel, cependant, est de créer un système de valeurs et de mesures unique, partagé par tous les États.

Pour que ce Code soit efficace, et pas seulement déclaratif, on aura aussi besoin de décisions concrètes et de moyens adéquats.

On percevra des résultats dans la lutte contre le terrorisme lorsque des membres de la communauté internationale à tous les niveaux - mondial, régional et national - agiront de manière concertée. Un témoignage probant en est les mécanismes de la coopération antiterroriste qui prennent de l’ampleur, y compris dans le cadre de la communauté des États indépendants et de l’Organisation de coopération de Shanghai, appelés à dresser une barrière sérieuse contre la prolifération du terrorisme en Asie Centrale. Un important potentiel positif réside dans la nouvelle qualité du partenariat de la Russie avec les pays de l’OTAN. Il permettra d’étendre notre interaction d’égal à égal sur les sujets les plus actuels. Le domaine antiterroriste fait partie intégrante du dialogue permanent et de la coopération de la Russie avec les grandes puissances, y compris les USA, la Chine, l’Inde et les États-membres de l’Union européenne. Le développement de cette coopération à plusieurs niveaux profite au climat de confiance, de sécurité et de coopération dans toutes les parties de la planète.

La stabilité et la fiabilité du système international en formation du XXIe siècle dépendent directement du soutien et du renforcement de la stabilité stratégique. Ce but fondamental est servi par le traité sur la réduction des arsenaux stratégiques offensifs, signé par les présidents de la Russie et des USA au cours de leur rencontre de mai à Moscou. Il est devenu un apport concret des grandes puissances nucléaires au processus du désarmement nucléaire.

Une autre piste de première importance est la garantie de la non-prolifération d’armes de destruction massive. Le danger même que les armes nucléaires, chimiques, biologiques ou leurs composantes tombent entre des mains irresponsables, parviennent aux terroristes, décuple le potentiel destructeur du terrorisme international. Donc, il faudra redoubler d’efforts dans la consolidation du régime de non-prolifération des armes de destruction massive et des moyens de leur acheminement.

Agissant avec résolution et responsabilité, la communauté internationale a déjà obtenu beaucoup. Et lorsque nous parlons de la création de nouveaux régimes dans le domaine de la non-prolifération des ADM et du contrôle des armements, il ne s’agit pas de l’abandon des régimes et accords en vigueur. Ils constituent notre commun mécanisme protecteur, qui est de plus assez fiable et éprouvé par le temps. La destruction non fondée des éléments clé de la structure de droit international de la non-prolifération est capable d’aggraver la situation militaro-stratégique dans le monde, de saper la sécurité globale.

Qui plus est, on a besoin d’obtenir « l’universalisation » des traités les plus importants de non-prolifération des armes nucléaires et d’interdiction complète des essais nucléaires. Dans le domaine de missiles, il est nécessaire de maintenir un processus stable de négociations, visant la conclusion d’un accord international sur le régime global de la non-prolifération des missiles et des technologies de missiles.

La partie indissoluble du processus de la non-prolifération est de prévenir la spatialisation des armes. En commun avec certains de ses partenaires, la Russie propose d’élaborer une entente globale, dont le but est de maintenir l’espace en tant que zone libre d’armes tout genre. Cette proposition, j’en suis persuadé, répond aux intérêts de tous les États, et nous, en Russie, espérons son large soutien.

Depuis sa fondation, l’ONU se charge du règlement des conflits régionaux. Des problèmes dits locaux se sont depuis longtemps transformés en menaces principales de la stabilité internationale. Leurs satellites invariables sont le terrorisme et l’extrémisme politique, la dégradation économique et sociale. Certes, la majeure responsabilité dans tout règlement incombe aux parties mêmes, mais les mécanismes multilatéraux ont eux aussi plus d’une fois fait preuve de leur efficacité dans le rétablissement de la paix et de l’entente. L’actif commun de la communauté internationale comprend un progrès sensible, la participation notable de l’ONU aidant, à l’aménagement post-talibans de l’Afghanistan, ainsi que la prise par le Conseil de sécurité de l’ONU des décisions pratiques les plus importantes pour le maintien du règlement global au Proche-Orient, pour le règlement de la crise dans certains pays de l’Afrique.

Néanmoins, le chemin est encore long jusqu’à la baisse radicale du nombre et de l’intensité des conflits armés. C’est un travail ardu, exigeant de grosses ressources humaines, matérielles et financières qui nous attend. Mais l’essentiel est dans la présence de la ferme volonté politique de mettre en pratique les stipulations des Statuts de l’ONU sur le règlement pacifique des différends.

L’expérience nous apprend : aussi compliqués que soient les crises et conflits internationaux, quelques défis et menaces qu’ils portent, on peut toujours leur trouver une solution à l’aide des instruments de l’ONU et sur la base du droit international. Cela concerne aussi pleinement la situation de l’Irak, qui depuis longtemps exige un règlement politique en stricte conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité.

Toute la communauté internationale gagne au renforcement consécutif du rôle leader de l’ONU dans la pacification. Il ne faut pas relâcher l’attention accordée à cette tâche. Le gage du succès y réside dans l’union des efforts et des potentiels de réaction opérationnelle. La Russie va continuer d’augmenter son apport à l’activité pacificatrice sous l’égide de l’ONU.

De tout temps et partout dans le monde, le terrorisme et l’extrémisme ont cherché à se justifier dans l’instabilité socio-économique et la pauvreté maintenues. En reconnaissant la présence de ces sérieux problèmes, nous devons déclarer de la façon la plus résolue qu’il n’y a ni n’aura aucune justification du terrorisme. Cependant, l’édification d’une structure mondiale financière et économique stable et juste aiderait sans aucun doute la lutte contre plusieurs défis dangereux lancés à l’humanité. Au cours de la récente série de grands forums internationaux - la Conférence internationale sur le financement du développement à Monterrey, le Sommet alimentaire mondial de Rome, le Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg - des décisions ont été prises, visant à « couper les racines » des inégalités les plus menaçantes dans le monde. Il s’agit maintenant de la mise en pratique des accords obtenus.

L’échelle des tâches posées devant le monde dans le domaine de la protection de l’environnement n’est pas moins importante. Les cataclysmes qui ont frappé cet été beaucoup de régions de notre planète ont encore une fois confirmé de façon parlante l’impossibilité de reléguer à plus tard la solution des problèmes écologiques, faute de quoi la survie même des générations futures sera menacée. Et dans le domaine de l’écologie, l’avenir est aux gestes multilatéraux, qui ne laissent pas de place à l’égoïsme de certains États. Coordonner les efforts internationaux dans ce domaine - c’est le sens de l’initiative de V.V.Poutine, président de la Fédération de Russie, sur la tenue à Moscou cet automne de la Conférence mondiale sur la modification du climat.

En 2001, du haut de la tribune de l’assemblée générale de l’ONU, la Fédération de Russie a appelé la communauté internationale à la création d’un système global d’opposition aux menaces et défis modernes. Un système qui soit tourné vers la solution des problèmes réels dans le domaine de la sécurité et réponde aux intérêts vitaux de chaque État. Un système qui garantisse la stabilité internationale et le développement durable pour une perspective à long terme.

Pour que le fonctionnement de ce système soit efficace, nous avons besoin d’un centre de coordination universellement reconnu, capable d’unir la communauté internationale. Et ce centre existe - l’Organisation des Nations Unies avec sa légitimité unique, son caractère universel et son expérience. Notre tâche commune est, en s’unissant autour de l’ONU, de lui assurer le potentiel et les ressources nécessaires, de faire jouer au maximum ses réserves internes.

Un an a passé. Et aujourd’hui, nous pouvons constater avec satisfaction que le processus de la formation du système global a commencé, et commencé avec succès. Au cours de la 57e session de l’Assemblée générale de l’ONU, la délégation russe a proposé de donner à ce processus une impulsion supplémentaire et d’adopter la résolution soutenant la création rapide d’un système global d’opposition aux menaces et défis modernes. Cela permettrait d’orienter tous les États vers un travail collectif de la définition de ses contours et de ses principaux paramètres.

D’autant plus qu’on voit d’ores et déjà certains de ces paramètres. Il est tout à fait évident que le système créé doit être :

 Global, puisque les défis modernes dans les conditions de la mondialisation constituent un danger planétaire, et il faut y donner les réponses au niveau mondial.

 Global par son envergure, puisque chacune des menaces modernes porte un potentiel destructeur colossal, c’est pourquoi tous ces problèmes sans exception doivent relever du domaine de l’activité du système.

 Garantissant la prise des décisions d’ensemble, puisque entre les nouveaux menaces et défis existe souvent une liaison immédiate.

 Universel par la composition de ses participants, puisque les menaces modernes visent la sécurité et le bien-être de tout un chacun membre de la communauté internationale.

Enfin, le système à créer doit devenir l’étalon de la légitimité internationale, puisque sa force réside dans l’appui sur les principes et normes du droit international, avant tout, sur les Statuts de l’ONU.

Actuellement, la communauté internationale est mise devant le choix fondamental du modèle du futur ordre mondial. Et de ce choix dépend l’avenir de notre planète dans les décennies qui viennent. Concernant la Russie, nous avons défini notre position. C’est le choix en faveur de l’ordre mondial démocratique et multipolaire, garantissant un avancement et une sécurité égale pour tous les États. Un l’ordre mondial qui s’appuie sur la structure ramifiée des institutions multipartites et le rôle fondamental de l’Organisation des Nations Unies.