« L’OTAN est le seul moyen d’obtenir la paix »

NATO is the only credible vehicle for peace
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Lord Robertson est secrétaire général de l’OTAN. Il a été ministre britannique travailliste de la Défense (1997-1999).

[RESUME] Les récents évènements en Irak me font conclure qu’il n’existe pas de substitut à une coopération transatlantique active si nous voulons assurer la paix et la sécurité. Ces relations passent par l’OTAN.
Il n’existe pas de divisions fondamentales entre les perceptions de chaque côté de l’Atlantique ou entre la nouvelle et la vieille Europe. Tous s’accordent pour reconnaître que l’instabilité globalisée nous affecte et que les menaces du terrorisme et des armes de destruction massive se développent. Cette analyse commune nous a convaincu de construire un partenariat avec la Russie et de nous préparer à opérer en dehors de notre cadre traditionnel européen.
L’Europe a également compris qu’elle devait développer ses forces militaires. Ce développement se fait de manière complémentaire des deux côtés de l’Atlantique. Le pseudo désengagement européen des questions militaires n’est pas non plus une question de manque de volonté comme l’ont montré la protection de la Turquie contre une éventuelle attaque de Saddam et le déploiement de forces en Afghanistan.
Aujourd’hui nous devons discuter d’un rôle possible de l’Alliance en Irak sur le modèle de ce que nous faisons en Afghanistan.

Les outils de transformations »

Tools of transformation
Washington Times (États-Unis)

[AUTEUR] Frank J. Gaffney Jr est président du Center for Security Policy, le think tank qui rassemble les principaux « faucons » états-uniens. Le Réseau Voltaire lui a consacré une enquête : « Le Centre pour la politique de sécurité : les marionnettistes de Washington ».

[RESUME] La réforme de l’armée états-unienne était l’un des points principaux de la campagne de George W. Bush en 2000. C’est pour l’entreprendre qu’il a nommé Donald Rumsfeld au Pentagone, un homme qui a le courage et la ténacité nécessaire pour mener une politique permettant de maintenir l’efficacité de nos troupes. Rumsfeld ne peut cependant pas réformer l’armée seul. Il a besoin de l’aide du Congrès qui doit adopter le Defense Transformation Act.
Il va falloir affronter les groupes de pression opposés à cette réforme que sont les chiens de garde du gouvernement, les syndicats de la fonction publique et les activistes environnementalistes pour qui la défense du pays compte moins que leur intérêt propre, si elle compte. Il est cependant d’une importance capitale que le Congrès accorde aux responsables du Pentagone l’autorité nécessaire pour mener la transformation. Rumsfeld veut s’appuyer sur le modèle de gestion du secteur privée pour gérer les services de la Défense et assurer de la flexibilité dans les gestions de carrière. Il est également important que les militaires états-uniens puissent s’entraîner dans les conditions de combat, ce qui est de plus en plus difficile, vu les restrictions environnementales. Le Congrès a le devoir d’accepter le Defense Transformation Act.

« Sharon reste fidèle à son propre agenda »

Sharon sticks to his own agenda
Gulf News (Dubaï)

[AUTEUR] Mustapha Karkouti est l’ancien président de la Foreign Press Association à Londres.

[RESUME] Rien, même la « feuille de route », ne semble indiquer que Ariel Sharon a changé d’opinion sur la question palestinienne par rapport aux idées qu’il a développé dans les 20 dernières années.
Le Premier ministre israélien ne partage pas le sentiment d’urgence de l’administration Bush qui veut profiter de la large victoire en Irak. Certes, Sharon va accepter certaines des demandes de Colin Powell pour saluer la nomination de Mahmoud Abbas au poste de Premier ministre palestinien. Il diminuera la présence militaire israélienne et peut-être qu’il libèrera quelques Palestiniens, démantèlera quelques colonies illégales, et rendra une partie de l’argent des impôts saisis à l’Autorité palestinienne. Par ailleurs, Sharon avait accepté le principe d’un État palestinien et de discussions avec la Syrie avant même l’arrivée de Colin Powell, mais il ne conçoit un État palestinien que morcelé et démilitarisé.
Sharon évite cependant de se confronter à l’administration Bush. Il s’est d’abord servi des néo-conservateurs états-uniens pour influencer Condoleezza Rice et Colin Powell, mais face à l’échec de cette technique, il a adopté une nouvelle stratégie : demander l’éradication des groupes palestiniens « terroristes » avant toute discussion. Cela permet de retarder les discussions sur la feuille de route qu’il ne veut pas appliquer et qui, pense-t-il, ne lui sera pas imposée par Bush.

« La guerre que Ben Laden est en train de gagner »

The war that Bin Laden is winning
Guardian (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Saad al-Fagih est un dissident saoudien exilé et le directeur du Movement for Islamic Reform in Arabia

[RESUME] Si les États-Unis avaient annoncé leur retrait d’Arabie saoudite avant la guerre en Irak, cela aurait pu être vu comme une victoire de Ben Laden, Al Qaïda ayant comme première exigence le retrait des troupes états-uniennes du pays. C’est ce qui a poussé l’administration Bush à annoncer ce retrait uniquement après leur victoire en Irak, quand elle se trouvait en position de force. Pourtant, les États-Unis conservent dans le pays leurs bases et leur personnel sans uniformes. En outre, l’hostilité aux États-Unis dans le monde arabe ne va pas diminuer pour autant car la guerre en Irak ne sera jamais vue comme une libération. La prise de Bagdad, l’ancienne capitale du Califat, est perçue comme la situation la plus humiliante depuis 1967.
Cette invasion est un cadeau pour Ben Laden qui pourra prétendre que les pays musulmans sont la cible des États-Unis et que le nationalisme arabe ne permet pas de défendre les musulmans et les Arabes. Les pillages de musées ont également renforcé le discours d’Al Qaïda. Le soutien de la population états-unienne à la guerre en Irak a renforcé l’argument d’une lutte contre un pays dans son ensemble et pas uniquement contre ce gouvernement.
Quel sera l’effet de cette situation sur le gouvernement saoudien ? L’establishment religieux, qui garantissait son pouvoir, a perdu sa légitimité. Le fait que les troupes états-uniennes ne partent pas vraiment, qu’elles soient restées 12 ans dans le pays et ont utilisé les bases pour attaquer l’Afghanistan et l’Irak rend impossible un retour en légitimité du pouvoir saoudien.

« Discussion avec le Nord : s’orienter vers une seule Corée petit à petit »

Engagement with the North : Step by step to one Korea
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] Ra Jong Yil est conseiller à la sécurité nationale du président sud-coréen Roh Moo Hyun.

[RESUME] Même maintenant que la Corée du Nord a annoncé posséder des armes nucléaires, l’administration sud-coréenne reste persuadée que la politique de rapprochement avec Pyongyang reste la meilleure stratégie.
Nous nous approchons unilatéralement de la Corée du Nord pour restaurer la confiance et mettre en place progressivement les institutions qui pourraient mener à une éventuelle réunification. Nous ne menons pas cette politique au nom de la gloire nationale ou de l’idéologie, mais pour répondre aux besoins des individus. Nous avons déjà réussi à développer les voyages des Sud-coréens et des Nord-coréens chez leurs voisins, nous avons permis des rapprochements familiaux et nous avons construit un complexe industriel en Corée du Nord pour les entreprises sud-coréennes. Ces réalisations peuvent paraître modestes, mais nous avons dû faire face à une grande opposition de part et d’autre et nous partions de zéro.
Nous avons choisi de résoudre les difficultés par le dialogue. C’est pour cela qu’aujourd’hui il existe un consensus international en faveur d’une négociation avec la Corée du Nord sur les armes de destruction massive plutôt que sur l’affrontement.

« Comment faire mal à Castro »

How to Hurt Castro
New York Times (États-Unis)

[AUTEUR] Jeff Flake est député républicain de l’Arizona et membre de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants.

[RESUME] L’emprisonnement de 80 dissidents cubains et l’exécution sommaire de trois Cubains qui avaient détourné un ferry nous poussent à changer notre politique vis-à-vis de Cuba.
La solution proposée par l’administration Bush consiste à interdire tous les vols et les aides financières privées en direction de Cuba. Cette politique n’est pas bonne car elle pénalise les Cubains qui en ont besoin. De plus, elle est basée sur la croyance que les Américains ne sont pas assez intelligents pour ne pas tomber dans le piège de la propagande castriste, ne voir que les trois « succès » de la révolution cubaine (l’éducation, la santé et les sciences) et ne pas voir les trois échecs les plus marquants (le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner).
Il faut que tous les Américains puissent se rendre à Cuba sans interférence du gouvernement pour pouvoir échanger des idées.