Excellence Monsieur Seyyed Mohamed Khatami, président de la République islamique d’Iran,
Excellences, Messieurs les ministres,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

J’ai l’honneur et l’avantage d’adresser à Son Excellence le président Seyyed Mohamed Khatami, Président de la République islamique d’Iran, l’expression de nos remerciements les plus sincères et de notre gratitude pour la marque de sollicitude particulière qu’il a témoignée à notre égard en acceptant de présider cette cérémonie inaugurale de la 30ème session de la Conférence islamique des ministres des Affaires étrangères, ainsi que pour le discours magistral d’orientation qu’il a bien voulu prononcer et dans lequel il a fait un état des lieux complet de la situation où se trouve la Oummah islamique et dépeint, de manière on ne peut plus éloquente, ce qui attend cette Oummah et ce qu’elle doit faire pour relever les défis du futur. Il est indéniable que ce discours va représenter pour nous une source d’inspiration dans nos travaux au cours des trois journées à venir. Il m’est également agréable de remercier Son Excellence le président ainsi que le gouvernement iranien pour avoir abrité cette importante conférence ministérielle sur laquelle la Oummah islamique fonde de grands espoirs, de même que pour la généreuse hospitalité et l’accueil cordial qui nous ont été réservés et qui ne sont pas pour nous étonner de la part d’un peuple iranien pétri d’authenticité, un peuple qui est l’héritier d’une histoire et d’une civilisation millénaire et qui peut se prévaloir de traditions bien ancrées.

Mesdames et Messieurs,

Nous nous réunissons aujourd’hui à un moment extrêmement délicat et difficile où le monde musulman est secoué par une succession de crises et de convulsions et doit faire face à des défis d’une ampleur inouïe, qui sont probablement les plus périlleux qu’il ait jamais eu à affronter depuis plusieurs décades.

Lorsque les temps sont durs et l’heure difficile, les gens ont une propension naturelle à prêcher la solidarité et l’entraide et à s’exhorter mutuellement à serrer les rangs pour diagnostiquer les problèmes, réparer les dommages, trouver des solutions efficaces et changer les méthodes de travail désuètes afin d’envisager le futur avec des idées neuves, qui conduisent à l’objectif auquel tous aspirent.

Les vicissitudes que nous sommes en train de vivre ne sont pas fortuites et ne datent pas d’aujourd’hui. Elles sont la résultante de déconvenues historiques qui se sont accumulées depuis fort longtemps et dans lesquelles nous avons, pour certaines, notre part de responsabilité, tandis que certaines autres peuvent être attribuées à des agissements extérieurs.

Il est navrant de constater que les signes qui sont aujourd’hui manifestes n’inspirent guère à l’optimisme. Une atmosphère délétère règne sur l’ensemble des pays musulmans. Ceci parce que nous n’avons pas su nous conduire comme une Nation musulmane formant un bloc soudé, cohérent et solidaire telle que le Seigneur aurait voulu qu’elle fût, et parce qu’aussi, nous avons laissé la discorde s’installer et les choses aller à vau-l’eau.

Nous n’avons pas su tirer la leçon du colonialisme qui nous a été imposé, ni du retard politique, idéologique et économique qui a fait de nous une nation vulnérable. Nous nous sommes abandonnés à la mentalité d’assistés et nous avons laissé s’installer la gangrène de l’apathie et du laisser-aller au point de voir sans réagir nos terres spoliées et nos droits bafoués, comme en Palestine. Récemment, la déferlante de la mondialisation et des grands cartels économiques s’est abattue sur nous, sans que nous ne puissions rien faire, car trop divisés pour avoir la force de résister à ce flot impétueux et de réussir notre intégration dans une économie désormais mondialisée. Plus récemment encore, nous avons été pris de court par la fin d’une époque : celle de l’Etat national isolé qui a cédé la place à l’hégémonisme unipolaire. Nous avons subi les événements en rangs dispersés, sans pouvoir, encore une fois, tirer la leçon de ces grands bouleversements, sans pouvoir en décrypter le message ni en comprendre la signification et la portée. Nous n’avons pas su suivre l’exemple que les autres nous ont donné en tissant, comme en Europe et ailleurs, les mailles serrées d’un vaste réseau intégrationniste, et alors même que les contrées qui composent ce réseau n’ont jamais connu au fil de l’histoire une unité comparable à la nôtre, ni ne peuvent se prévaloir de liens aussi forts que ceux forgés entre les peuples musulmans par la foi, la civilisation et l’histoire qu’ils ont en partage.

Nous nous sommes accommodés d’une sorte de solidarité affective, d’une solidarité de façade, purement formelle et conjoncturelle, sans chercher à asseoir nos relations sur des bases fermes et durables qui soient liées à nos intérêts bien compris. Nous avons laissé passer beaucoup d’opportunités historiques qui nous auraient permis de changer la réalité de la situation où nous vivons et nous n’avons pas réussi non plus, à nous doter d’une volonté politique commune.

Nous n’avons jamais, à ce jour, procédé à un quelconque examen de conscience pour cerner les défaillances au niveau de notre comportement, connaître les raisons de notre apathie politique ou les causes de notre retard sur le cortège du progrès économique et scientifique, alors que nous étions jadis en tête de ce cortège.

En dépit de ce sombre tableau, les facteurs qui nous permettront de nous sortir de cette mauvaise posture existent, Dieu merci ! Il ne manque au monde musulman que la volonté politique, lui garantissant un minimum d’unité et lui permettant de se fixer des objectifs réalistes et réalisables.

Tous les Etats islamiques ont la possibilité d’apparaître comme un modèle de bonne gouvernance, pour peu qu’ils s’inspirent des valeurs de leur civilisation. C’est dire que les valeurs universalistes inhérentes à la logique de notre temps ne sont absolument pas étrangères au monde de l’Islam. On peut même affirmer que la civilisation islamique a été un précurseur en apportant à l’humanité, voilà plusieurs siècles déjà, des principes aussi novateurs que la choura ou consultation populaire, la démocratie, la souveraineté de la loi, la justice, le questionnement des gouvernants, le pluralisme, la participation populaire, la transparence, l’impartialité et le respect des droits de l’homme. Respecter ces principes, c’est observer les règles de la charia et en appliquer les valeurs et les préceptes. Si, de surcroît, le respect de ces valeurs devait s’accompagner d’un consensus général de la part de nos Etats autour d’une plateforme commune faite d’un minimum d’unité, le monde musulman serait alors en mesure de se hisser à la place qui lui sied dans le monde moderne. Il reprendrait confiance en lui-même, en son génie propre et en ses capacités et il aurait dorénavant son mot à dire et son poids dans le monde, lui permettrait de peser sur le cours des événements.

Le maître mot et le principal atout pour espérer entrer de plain pied dans cet avenir prometteur, c’est, comme je l’ai déjà dit, l’existence d’une volonté politique réelle, procédant d’une foi sincère en la nécessité d’œuvrer à l’essor de la Oummah islamique, sachant que l’intérêt supérieur de tout musulman, dans son vécu, ses valeurs, sa dignité et la garantie de son avenir, dépend étroitement de la réalisation de ce noble objectif.

En attendant que cet objectif se matérialise, il appartient au monde islamique de prendre une part agissante aux forums internationaux et de déployer une action tous azimuts aux fins de peser sur le cours des événements mondiaux à tous les échelons, et de défendre ses intérêts et ses causes. Il est bien évident que le monde islamique pourrait prétendre à un rôle politique plus grand sur l’échiquier international si les pays musulmans adoptaient une position unifiée au niveau des centres mondiaux de prise de décisions. Car l’unification des positions sur les dossiers importants et en faveur des justes causes islamiques, notamment dans l’enceinte des Nations Unies et autres organisations internationales, équivaudrait, tout à la fois, à une démonstration de force de la part du monde musulman et à une manifestation de son soutien aux causes à même de préserver ses intérêts et de réaliser ses droits.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

J’ai voulu, dans ce qui précède, faire un survol rapide des réalités de notre monde musulman et évoquer la situation où nous vivons, dans une conjoncture internationale emplie de défis, de bouleversements et d’écueils que l’on ne peut ni ignorer ni contourner. Ce qui s’est passé en Irak nous commande de ne pas rester indifférents ou de ne pas nous sentir concernés. Le moindre de nos devoirs, au moment où nous nous trouvons réunis ici en tant que représentants de la Oummah islamique, serait de nous efforcer de gagner la bataille de la paix pour les musulmans et pour l’Islam.

Pour l’heure, la priorité des priorités est de nous ranger aux côtés du peuple irakien frère pour l’aider à défendre ses droits, à faire respecter sa souveraineté, son indépendance, son intégrité territoriale et son libre-arbitre en termes de choix politiques pour pouvoir décider de son avenir par les voies démocratiques. Nous nous devons également de veiller à ce que le peuple irakien puisse jouir pleinement de son droit à exploiter ses richesses nationales et à en tirer profit, et faire en sorte que les Nations Unies aient leur rôle à jouer dans la gestion des affaires irakiennes surtout après la résolution prise par le Conseil de Sécurité de lever les sanctions imposées à l’Irak.

Il est aussi de notre devoir de suivre avec le plus grand intérêt les informations qui font allusion à un " nouvel ordre stratégique " dans la région du Proche-Orient né des spasmes de la crise irakienne, et l’impact que cela risque d’avoir sur les Etats de la région, pour nous tenir à leurs côtés, leur témoigner notre solidarité et empêcher la réédition des vieux complots colonialistes qui avaient dessiné la carte de la région au début du siècle dernier. Cela nous commande de proclamer dès à présent notre rejet des menaces explicites ou voilées brandies contre certains Etats membres ainsi que notre refus des tentatives d’ingérences dans les affaires intérieures de ces pays frères et autres, et d’assurer ces derniers de notre entière solidarité dans la défense de leurs droits de souveraineté en termes de choix politiques, économiques et sociaux.

Nous nous devons également de manifester notre solidarité et notre soutien à nos frères de Palestine, pour leur permettre de recouvrer leurs droits nationaux garantis par les résolutions de la légalité internationale, tout en condamnant la politique répressive, les attentats et les crimes de guerre dont Israël a accéléré la cadence au cours de ces dernières semaines et qui ont fait des centaines de victimes innocentes.

Il nous faut également suivre attentivement la feuille de route établie par le Quartet comme solution à la question palestinienne, pour éviter qu’elle ne soit déformée ou tronquée ou que des obstacles ou des conditions préalables ne soient posées à sa mise en œuvre. Nous devons ainsi veiller à faire largement accepter cette feuille de route au plan international.

En attendant que cela se réalise, notre organisation appelle à se conformer à l’accord conclu entre les Hautes Parties signataires de la 4ème Convention de Genève et son protocole additionnel n°1, ainsi que la nécessité de les appliquer à l’ensemble des territoires palestiniens occupés depuis 1967. Elle insiste également sur les obligations des Hautes Parties pour ce qui est de l’application de sanctions pénales aux cas de violations graves de la Convention et aux crimes de guerre perpétrés à l’intérieur des territoires palestiniens occupés, y compris la ville de Jérusalem-Est.

L’OCI souligne en outre la nécessité de respecter les principes du droit international et du droit humanitaire international ainsi que les principes et objectifs de la Charte des Nations Unies lors de l’examen de la cause palestinienne. Elle rappelle la responsabilité du Conseil de Sécurité pour ce qui est de résoudre cette question conformément aux instruments internationaux pertinents, et, en premier lieu, les résolutions 194(1948) ; 242(1967) ; 338(1983) et 1397(2002), en plus du démantèlement des implantations israéliennes dans les territoires palestiniens occupés et de la création d’un Etat palestinien indépendant ayant pour capitale Al-Qods Al-Charif.

S’agissant de l’Afghanistan, et bien que la situation sécuritaire reste, globalement préoccupante, surtout à l’extérieur de la capitale Kaboul, nous espérons que le gouvernement afghan de transition parviendra, grâce aux démarches politiques entreprises en direction de nombre de ses partenaires, à rétablir la sécurité, la stabilité et le consensus national pour pouvoir se consacrer entièrement à l’œuvre de reconstruction et de développement. À cet effet, une réunion des Etats membres donateurs au Fonds d’Assistance pour le peuple afghan a été organisée au mois de novembre passé à Doha et a été sanctionnée par l’annonce de contributions volontaires pour un montant total de 15 millions de dollars. Nous avons grand espoir de voir les Etats membres souscrire à ce Fonds d’Assistance, eu égard à l’acuité des besoins liés aux projets de reconstruction, notamment devant le relâchement de l’intérêt international pour la question afghane et la lenteur du flux des dons internationaux annoncés précédemment et dont dépendent le sort du processus de reconstruction et la normalisation de la situation, qui devraient faciliter l’organisation des élections législatives l’année prochaine, en prélude à l’instauration de la démocratie et à la mise en place d’un gouvernement permanent. On s’attend par ailleurs à ce que le Bureau de l’OCI chargé de suivre la question afghane devienne rapidement opérationnel à Kaboul, après le transfert de son siège provisoire basé à Islamabad.

La question du Cachemire ne cesse de nous préoccuper car elle demeure réfractaire à toute solution en dépit du projet de règlement proposé par le Conseil de Sécurité depuis plus de cinquante ans, qui reconnaît le droit du peuple cachemiri à disposer de lui-même. Nous ne pouvons, à cet égard, qu’exprimer notre optimisme à la suite de l’amélioration qu’ont connue récemment les relations entre l’Inde et le Pakistan, en souhaitant que cette ouverture marquera un nouveau prémisse de solution qui permettra de régler le différend entre les deux pays à propos du Cachemire et d’exorciser le spectre des conflits et des affrontements militaires qui menacent de temps à autre, de déclencher des guerres meurtrières dans le sous continent indien.

En ce qui concerne la question tchétchène, j’ai effectué une visite à Moscou où j’ai eu des entretiens avec les hauts responsables de la Fédération de Russie à qui j’ai rappelé la position de l’OCI à l’égard de la cause tchétchène en soulignant la nécessité de lui trouver une solution pacifique négociée entre le gouvernement russe et les représentants de la Tchétchénie. Au cours de ces conversations, j’ai également insisté sur l’importance du respect des droits de l’homme en Tchétchénie et la nécessité de faire parvenir une assistance humanitaire au peuple tchétchène. Le gouvernement russe nous a, par la suite, informés qu’il s’apprêtait à entreprendre une série de réformes législatives, sociales, humanitaires, éducatives et autres. Il est à espérer que ces mesures contribueront à faciliter la recherche de l’issue pacifique souhaitée en mettant l’accent sur le respect des droits du peuple tchétchène au sein de la Fédération de Russie.

Concernant les territoires azéris occupés par l’Arménie, le statu quo ante demeure, en dépit des multiples résolutions du Conseil de Sécurité qui soulignent la nécessité du retrait des forces arméniennes qui occupent le cinquième des territoires azéris - depuis maintenant dix ans - et la cessation des souffrances endurées par les réfugiés azéris ayant fui la province du Nagorno-Karabakh. Tout en réaffirmant la nécessité de l’évacuation des forces arméniennes occupantes de tous les territoires azéris y compris les régions de Lachine et Choucha, ainsi que la nécessité de fournir une assistance humanitaire d’urgence aux réfugiés et aux personnes déplacées en Azerbaïdjan, nous poursuivrons les contacts avec l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, en vue de trouver une solution équitable et définitive à ces problèmes.

Pour ce qui est de la question de la Bosnie-Herzégovine, le Fonds de Crédit pour le retour diligent des réfugiés et des personnes déplacées de Bosnie-Herzégovine, s’est d’ores et déjà attelé à la construction d’un certain nombre de logements dans différentes régions du pays. Je saisirais cette occasion qui m’échoit pour exhorter les Etats membres à faire des contributions au profit de ce Fonds qui a grandement besoin de soutien et de financements pour assurer le retour des réfugiés et des personnes déplacées dans leurs foyers, sachant que ce retour est l’unique garant de l’affirmation de l’identité islamique de ces régions.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

La situation qui prévaut dans certains de nos Etats membres du continent africain demeure une source de vive inquiétude pour nous tous. Elle appelle de notre part des efforts et un intérêt accrus afin de guérir les maux dont nos frères de là-bas sont en train de souffrir et de les aider à résoudre leurs problèmes. La Somalie vient en premier sur la liste de ces Etats, eu égard à la persistance des conflits et au fait que le peuple somalien n’a que trop longtemps souffert du laxisme et de l’incurie qui règnent dans le pays. Je ne puis à cet égard que lancer un vibrant appel à tous les chefs de factions somaliennes pour les inciter à mettre un terme à leurs divergences par le dialogue et la négociation, et à faire la preuve de leur bonne volonté en répondant positivement aux bons offices déployés par de nombreuses parties en vue de faire cesser les affrontements, de résoudre leurs problèmes de façon à préserver la souveraineté, l’intégrité et l’indépendance politique de la Somalie, et d’appliquer les multiples accords, notamment ceux conclus dans le cadre de l’IGAD en faveur du consensus national tels que la proclamation " de la cessation des affrontements militaires et les principes du processus de réconciliation en Somalie " ayant fait l’objet d’un accord le 27 octobre 2002 à Olderot, au Kenya. Il convient également d’attirer l’attention sur les problèmes humanitaires et sécuritaires qui tendent à s’amplifier dans ce pays.

Pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, nous espérons que toutes les parties en lice coopéreront à l’application de l’Accord de Marcoussis signé le 14 janvier 2003 et entériné par le Conseil international de Sécurité en vertu de sa résolution n°1464/2003. Nous espérons également que tous les protagonistes de la scène ivoirienne continueront de coopérer dans le processus de réalisation du consensus national afin de préserver la sécurité, la souveraineté et l’intégrité de leur patrie et de faire prévaloir l’esprit de solidarité et de tolérance pour que la Côte d’Ivoire redevienne le havre de paix, de sécurité et de prospérité qu’elle était.

Nous espèrons en outre que les Etats membres manifesteront leur intérêt pour la situation en Sierra Leone en vue d’y renforcer les facteurs de sécurité et de stabilité après les années de braises que ce pays a vécues et les problèmes inextricables où il s’était débattu. Nous les remercions par avance de bien vouloir faire de généreuses contributions au profit du Fonds de Reconstruction du Sierra Leone qui a été créé il y a quelques temps et auxquels certains Etats membres (qu’ils trouvent ici l’expression de tous nos remerciements) ont commencé à souscrire.

La situation en Guinée retient, elle aussi, l’intérêt de notre organisation, s’agissant notamment des efforts de reconstruction entrepris dans les zones qui avaient été le théâtre des exactions de la rébellion et des méfaits de la guerre civile. En application des résolutions ministérielles, le Secrétariat général a dépêché sur place une mission d’enquête, en collaboration avec la Banque islamique de Développement. Je ne puis à ce propos qu’exhorter les Etats membres à soutenir la Guinée dans ses efforts de reconstruction et de développement.

Dans la région du Sahel, nous continuons de suivre attentivement les développements de la situation. Nous estimons que l’heure est venue de procéder à une évaluation des performances du programme d’assistance mis en place à l’intention des pays sahéliens, par l’intermédiaire de la BID. Il s’agirait en l’occurrence de dynamiser ce programme et de faire en sorte qu’il profite davantage aux peuples de la région, parallèlement à la mise au point de nouveaux programmes d’assistance.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Le Secrétariat général continue de renforcer ses relations avec les communautés et minorités musulmanes vivant à l’extérieur des Etats membres, de s’informer de leur situation, et - chaque fois que cela est possible - à leur prêter main-forte pour les aider à préserver leur identité et leur culture, et de faire respecter leurs intérêts, d’une manière qui ne soit pas incompatible avec les lois du pays où elles résident.

Le Secrétariat général continue d’organiser des séminaires dans certains des pays d’accueil de ces communautés pour voir ce qu’il serait possible de faire aux fins de les soutenir, d’établir une coordination avec les communautés similaires dans les pays voisins et d’échanger des informations. Mais toujours est-il qu’il existe encore des contrées où les communautés et minorités musulmanes continuent de souffrir de la discrimination et de voir leurs droits bafoués, en dépit des efforts internationalement déployés pour leur venir en aide.

Les événements qui se déroulent dans la région d’Arakan au Myanmar est un exemple qui illustre cette amère réalité. Nous avons été ainsi attristés de voir se réinstaller le climat de tension et les affrontements reprendre dans le sud des Philippines, après avoir espéré voir la paix revenir pour de bon à la suite des efforts auxquels l’OCI s’est associée en vue de la conclusion de l’accord de paix historique de 1996 entre le Front National de Libération Moro et la République des Philippines. Nous continuons cependant à espérer que les deux parties finiront pas accepter, prochainement, de revenir à cet accord et d’en appliquer les dispositions.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

En plus de ces questions internationales que je viens d’énumérer, il en existe bien d’autres qui touchent directement la Oummah islamique et que nous continuons de suivre pour tenter d’en infléchir le cours. La première de ces questions est celle du terrorisme international et du combat anti-terroriste. Chacun sait, à présent, l’effort accompli par notre organisation pour condamner le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations ainsi que les mesures concrètes qu’elle a prises pour l’endiguer et le combattre, telles que l’adoption d’un code de conduite engageant tous les Etats membres, l’élaboration d’une convention pour la lutte contre le terrorisme qui est déjà entrée en vigueur, et l’appel lancé aux Nations Unies et à la communauté internationale en vue d’établir une définition internationale du terrorisme qui puisse favoriser la coordination des efforts dans la lutte contre ce fléau.

Vous savez également que de nombreux pays du monde musulman ont été et sont encore victimes du terrorisme. Les actes de terrorisme ont placé le monde musulman dans une situation délicate qui suscite beaucoup d’appréhension. Les actes terroristes perpétrés dernièrement à Bali, Riyad, Casablanca et ailleurs, ont montré qu’à l’heure où le monde musulman fait face à ces crimes monstrueux qui répandent le sang des innocents, leur causent un tort irréparable et détruisent leurs infrastructures vitales, c’est la renommée même de l’Islam et des musulmans à travers le monde qui se trouve entachée. Tout cela nous commande de prendre des mesures plus efficaces pour y pallier et d’envisager de nouvelles approches pour régler ce problème.

Par ailleurs, nous nous devons d’affronter avec fermeté les campagnes tendancieuses visant à entacher la réputation de l’Islam, contrecarrer les tentatives d’amalgame entre l’Islam et le terrorisme, et accentuer nos efforts dans le domaine du dialogue des civilisations. Plutôt que de se contenter des quelques succès que nous avons pu glaner dans le cadre des Nations Unies, nous devrons nous efforcer d’inscrire ce dialogue dans la durée et de le rendre pérenne ; car le besoin de dialoguer est toujours d’actualité et évolue au gré des évènements. Il faudrait également veiller à la mise en œuvre du Plan d’Action issu de l’Agenda Mondial pour le Dialogue des Civilisations, promulgué par les Nations Unies en vertu de la résolution A/56/6, et à la formation du Comité de haut niveau réclamé par la 29ème session de la Conférence islamique des Ministres des Affaires étrangères.

Dans ce contexte, l’ISESCO a pris l’heureuse initiative d’organiser une série de séminaires sur le thème du dialogue des civilisations. De son côté, le Secrétariat général a co-organisé, au mois d’avril dernier et en collaboration avec la République Tunisienne un symposium sur " l’Islam et la paix ".

La Oumah islamique a également un intérêt primordial à prendre la défense des Nations Unies et à s’attacher à leur rôle prépondérant et irremplaçable dans l’exercice des responsabilités du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Nous nous devons, en outre, de réaffirmer le caractère intangible des principes du droit international et de refuser la logique des mesures unilatérales dans les relations entre les Etats lorsqu’elles sont prises hors du contexte de la légalité internationale et dans l’optique de la soi-disant guerre préventive ou anticipée, ou de la menace de recourir à une telle guerre. De tels agissements seraient de nature à affaiblir la légalité internationale, à marginaliser les Nations Unies et à remettre en cause un système international pour lequel toute l’humanité a mené un âpre combat et a durement lutté afin de le faire respecter. Le refus de la logique des sanctions économiques unilatérales infligées à un Etat ou à un groupe d’Etats en dehors du cadre de la légalité internationale s’inscrit précisément dans cette logique. Au même titre, d’ailleurs, que l’attachement à la Déclaration de la " culture de la paix " et au programme d’action connexe qui souligne la nécessité de respecter la souveraineté et l’intégrité des Etats et de ne pas s’ingérer dans leurs affaires intérieures, déclare illicite l’occupation étrangère, appelle à garantir le droit à l’autodétermination, prône le renforcement de la démocratie, de la justice, des principes de tolérance et du droit au développement économique et social, condamne la violence et la discrimination et plaide pour le respect des droits de l’homme, du pluralisme culturel et confessionnel et du multipartisme.

Dès lors que la question des droits de l’homme jouit d’une priorité singulière dans le discours international moderne et est considéré de nos jours comme l’une des pierres angulaires de l’édifice des valeurs humanitaires et des idéaux universels, il nous paraît indispensable de nous attacher aux droits de l’homme en Islam tels qu’énoncés dans la Déclaration du Caire adoptée le 4 août 1990, tout en se conformant aux dispositions du droit humanitaire international, dont la 4ème Convention de Genève de 1949 et ses protocoles additionnels adoptés en 1977, et en nous intéressant aux efforts actuellement déployés en vue de mettre en place " un nouvel ordre international humanitaire ".

Il me paraît également important de mentionner les développements positifs enregistrés avec la création du Tribunal pénal international qui est devenu opérationnel au mois de juillet 2002. Après l’achèvement des travaux du comité préparatoire, l’Assemblée des Etats membres a pu se réunir en février 2003 pour élire les 18 magistrats appelés à siéger au sein de ce tribunal. Il est nécessaire de veiller à garantir la neutralité de cette instance et à en préserver les statuts.

Mesdames et Messieurs,

Le volet économique occupe une place de choix parmi les priorités de l’action islamique commune, pour ne pas dire qu’il prime, par maints aspects, sur certains dossiers politiques. La coordination réussie des efforts islamiques déployés à ce niveau est considéré à cet égard comme l’un des meilleurs moyens de bâtir une véritable unité islamique, reposant sur la conjugaison et l’interdépendance des intérêts, et à même de resserrer les liens d’intégration des pays islamiques et de renforcer leur unité.

Le monde musulman continue de subir les retombées négatives du phénomène de la mondialisation, et un grand nombre de pays musulmans souffrent des symptômes de la marginalisation économique. Les Etats membres de l’OCI - à l’instar de la plupart des pays en développement - sont confrontés à des problèmes de pénétration des marchés et d’accès aux investissements et à la technologie avancée. Au surplus, ces Etats ne sont pas encore parvenus à réaliser les réformes institutionnelles indispensables à leur insertion dans une économie mondialisée. Ils continuent de ployer sous le fardeau de la dette et de pâtir de l’instabilité des marchés et des effets pervers du phénomène de la mondialisation, alors même que le fossé qui sépare les pays industrialisés et ceux en développement en termes de productivité, de flux de capitaux, de maîtrise de la technologie avancée ne cesse de s’élargir et le gap numérique de se creuser.

Les études et statistiques réalisées par le COMCEC ont révélé que le taux de croissance économique dans la plupart des Etats membres a été - hélas ! - inférieur à la moyenne enregistrée par l’ensemble des pays en développement. De surcroît, le poids de la dette extérieure et les niveaux de pauvreté dans les Etats membres ont dépassé les chiffres moyens relevés dans les autres pays en développement.

Cet état des choses commande aux Etats membres de redoubler d’effort pour adopter les mesures qui s’imposent afin de créer un ensemble économique islamique, sur le modèle des grands blocs économiques qui existent déjà de par le monde. Pour ce faire, ils devront appliquer les recommandations et les plans d’action préalablement convenus, à commencer par le Plan d’Action relatif à l’accroissement du volume des échanges commerciaux inter islamiques, et en mettant notamment à profit l’entrée en vigueur de l’Accord-cadre sur le système de préférences commerciales, qui procure des avantages certains aux Etats contractants et, partant, permet de doper le flux des échanges entre les Etats membres. Ce serait parfait si tous les Etats membres s’empressaient de ratifier cet Accord.

De même, il existe tant d’autres accords et statuts déjà élaborés et approuvés mais qui attendent toujours d’être signés ou ratifiés par les Etats membres. Je voudrais inviter instamment ces Etats membres à procéder à la signature et à la ratification de ces instruments, car ils représentent autant de jalons importants dans le chemin qui mène à l’édification de l’Union économique islamique, en prélude à l’intégration des économies du monde musulman dans l’économie mondiale.

Si tout ce que je viens de dire est incontestablement important et décisif, il appartient également à nos Etats, de s’aviser, dès à présent, de mener des politiques analogues, sinon unifiées, au sein des instances qui prennent les grandes décisions économiques mondiales. La nécessité pour les représentants des Etats membres au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce et autres fora, de joindre leurs efforts pour renforcer le dialogue Nord/Sud, dans le but de promouvoir une coopération internationale de haut niveau, s’inscrit précisément dans cette trajectoire. Il incombe également à nos Etats de s’efforcer de coopérer en vue d’obtenir le maximum de facilités pour l’accès de leurs produits agricoles et non agricoles aux marchés du monde industrialisé, et pour bénéficier du système de préférences commerciales, en plus de plaider pour la mise en œuvre intégrale de la 4ème Déclaration ministérielle de l’Organisation Mondiale du Commerce.

Par ailleurs, nous ne devons pas perdre de vue l’intérêt à accorder au développement durable, avec ses trois composantes qui sont le développement économique, le développement social et la sauvegarde de l’environnement.

Mesdames et Messieurs,

Nul ne conteste le fait que le formidable potentiel que représentent la science et la technologie dans le monde d’aujourd’hui peut être considéré comme le plus important facteur de développement économique et de progrès social. Ce nonobstant, nous constatons - avec le plus grand regret - que les écarts en termes de capacités scientifiques et technologiques ne cessent de s’accentuer entre la majorité de nos Etats membres et les pays avancés ; ce qui représente un obstacle sérieux à l’essor et au progrès du monde musulman. Ces écarts déjà béants se trouvent encore aggravés par la répartition inéquitable des informations et des nouvelles technologies de la communication. Dans ce domaine, il revient à nos Etats d’apporter leur soutien dans ce domaine à la Commission des Nations Unies pour la Science et la Technologie au service du développement, pour lui permettre de venir en aide aux pays en développement dans les efforts qu’ils déploient en vue de promouvoir les recherches et les études menées dans un certain nombre de secteurs-clés et plus particulièrement ceux de l’enseignement, de la santé et de l’agriculture.

Il faut bien comprendre que la richesse des Etats se mesure moins au volume de leurs ressources naturelles qu’à la capacité de leur capital humain à maîtriser la technologie de pointe et à l’employer au mieux de leurs intérêts. Investir dans la formation et dans la maîtrise de la science, de la technologie et de la recherche scientifique apparaît aujourd’hui comme la clé du développement des nations et le levain de leur prospérité.

Dès lors, il est clairement établi que les pays qui n’auront pas su intégrer dans leurs programmes nationaux de développement des cursus scientifiques et technologiques appropriés, sont condamnés à rester à la traîne et risquent de se trouver dans un état de dépendance totale vis-à-vis des pays avancés pour nombre de leurs besoins industriels fondamentaux.

Mesdames et Messieurs,

La culture joue un rôle appréciable dans l’essor et le progrès des nations. Les œuvres intellectuelles, artistiques et autres activités créatives ouvrent de vastes horizons à l’action concrète pour le progrès du genre humain. On peut même affirmer que la culture représente, dans son expression contemporaine, un levier essentiel du processus de développement. Le Tout-Puissant a prodigué à la Oummah islamique, à l’est comme à l’ouest, une culture islamique unique, du fait que les fidèles de cette religion se réclament tous de la civilisation de l’Islam qui fut jadis à l’avant-garde de toutes les civilisations humaines. La culture a toujours été et reste le ciment de la solidarité et de la communion des musulmans partout où ils se trouvent.

C’est en partant de ce constat que nous avons porté notre effort sur le resserrement de ces attaches culturelles. Dans cette optique, nous avons adopté une Stratégie culturelle et un Plan d’Action pour le monde musulman. L’Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture (ISESCO) s’est chargée de la mise en œuvre de cette Stratégie dans les Etats membres, avec l’appui de son Conseil consultatif qui évalue les projets proposés par les Etats et qui a tenu jusqu’ici trois sessions consécutives et a retenu un certain nombre de projets culturels ayant satisfait aux conditions requises.

Il importe de conforter ce travail par l’échange de programmes d’activités et de connaissances entre les Etats membres et de veiller à promouvoir la créativité et les œuvres innovantes dans les domaines des lettres, des arts et autres, tout comme il importe d’accentuer la prise de conscience du riche patrimoine culturel de l’Islam et de le diffuser à travers le monde.

J’aimerais également mentionner les efforts déployés par notre Organisation en vue de consolider et de soutenir, au plan financier, pédagogique et administratif, les universités islamiques du Niger et de l’Ouganda, d’autant plus est que ces deux institutions sont en train d’accomplir un travail remarquable autant que louable en tant que foyer de rayonnement de la culture islamique dans ces contrées. À cet égard, je me dois de saluer le Royaume d’Arabie Saoudite et l’Etat du Koweït pour les généreuses subventions accordées à ces deux importantes institutions islamiques pour leur permettre de poursuivre leurs activités.

Les questions de la jeunesse et de la femme font, elles aussi, partie de nos priorités. À preuve, l’attention toute particulière que le Comité permanent pour l’Information et les Affaires culturelles a pris coutume d’accorder à ces dossiers, par souci de garantir les intérêts de la femme musulmane dans tous les domaines et de répondre à ses besoins afin qu’elle soit un élément clé au sein de la société, et afin, également, de donner aux jeunes gens la meilleure éducation possible pour en faire les futurs cadres et dirigeants de notre Oummah, qui, demain, se dévoueront entièrement à leur nation.

Altesses et Excellences, Mesdames et Messieurs,

De nos jours, l’information occupe une place stratégique dans la formation de l’opinion publique internationale et dans la détermination de ses choix politiques, culturels, éthiques et autres. Alors que le monde musulman doit courber l’échine sous le flot intarissable des accusations mensongères et des ragots déversés contre lui par de nombreux médias, notamment en Occident, aucune voix ou presque ne peut parvenir jusqu’aux autres pour plaider les causes de ce monde musulman et en défendre la culture et les politiques. Cet état de fait est de nature à créer un fossé béant qui fera s’amplifier les attaques dont nous sommes la cible. Il est donc devenu impératif d’intensifier les efforts et de mobiliser tous les moyens matériels pour faire évoluer le secteur de l’information et les technologies des communications dans nos Etats membres. C’est là une mesure indispensable pour remédier à cette carence, tenter de réduire un écart numérique qui ne cesse de se creuser, et accéder à la technologie de l’information, pour être en mesure de défendre nos valeurs, de parer au danger, de servir les intérêts de nos Etats et de nos peuples, et d’ébaucher une approche exhaustive de la manière d’acquérir la capacité de transformer nos sociétés en sociétés où la synergie entre les nouvelles technologies de l’information et de la communication serait si parfaite qu’elle engendrerait des compétences aptes à pourvoir aux besoins développementiels de leurs pays.

Il est de la plus haute importance pour nous de bien préparer le Sommet Mondial de la Société de l’Information qui se déroulera en deux phases, à Genève en 2003 et à Tunis en 2005. Trop insister sur la nécessité de prendre une part agissante à cette manifestation internationale me semble superflu, tant autant que la nécessité de tenter de se mettre d’accord sur un stratégie unifiée au niveau de nos Etats membres en vue d’obtenir les meilleurs résultats et de nous doter d’un cadre de nature à aider nos pays à entrer de plain pied dans l’ère des technologies de l’information et à réduire le fossé numérique qui sépare les pays en développement du monde développé. Il importe aussi de veiller à ce que ce processus s’opère dans un cadre équitable, de façon à garantir un flux équilibré des informations et à baliser le terrain pour l’avènement d’un nouvel ordre mondial de l’information et de la communication.

Mesdames et Messieurs,

Dans le contexte de la réorganisation du Secrétariat général et du renforcement de son rôle pour lui permettre de relever les défis du nouveau millénaire, et en application des résolutions islamiques pertinentes, le Comité ad hoc a tenu une série de réunions qui ont abouti, pour la phase initiale, à l’élaboration d’un cadre général et de termes de références. Ce travail a été réalisé par une firme malaisienne spécialisée qui a mené des investigations de terrain dans les locaux du Secrétariat général. L’étude qui en a résultée a obtenu l’aval d’un groupe d’experts des Etats membres réuni à la fin du mois de décembre dernier. À la suite de quoi, un appel d’offres a été lancé pour choisir parmi ces différents soumissionnaires celui à qui serait confié le soin de préparer l’étude définitive. Le Comité chargé de suivre la question de la restructuration, et qui se compose de la Malaisie, du Royaume d’Arabie Saoudite, de l’Etat de Qatar, du Secrétariat général et de la Banque islamique de Développement, s’est réuni les 3 et 4 mai 2003 et après délibéré, a porté son choix sur le cabinet de consulting malaisien Accenture. Selon toute vraisemblance, l’étude commandée pourrait être finalisée à temps pour pouvoir être présentée à la 10ème session de la Conférence islamique au Sommet et obtenir ainsi le feu vert définitif des Chefs d’Etat et de Gouvernement.

La question de la réorganisation du Secrétariat général m’amène à évoquer les lourdes responsabilités qu’il incombe à l’Organisation d’assumer face aux défis grandissants lancés à la Oummah islamique et qui rendent nécessaire de doter le Secrétariat général de moyens humains hautement qualifiés et de moyens logistiques conséquents pour lui permettre d’accomplir les devoirs de sa charge. Pour l’heure, notre Secrétariat général se trouve dans une situation des plus précaires en raison d’un déficit grave en termes de ressources humaines et matérielles. L’acuité du problème apparaît avec encore plus de relief si l’on sait que les arriérés de contributions cumulées ont atteint le chiffre record de 40 millions de dollars, alors que le budget annuel du Secrétariat général ne dépasse guère les 11 millions de dollars, et que, de surcroît, moins de la moitié de ce montant est effectivement perçue. Et pour les organes subsidiaires, la situation est encore moins reluisante encore. Le montant cumulé des contributions impayées s’est, en effet, élevé à la somme astronomique de 80 millions de dollars.

Devant cette crise chronique, je ne puis qu’exhorter votre auguste assemblée et, à travers vous, tous les Etats membres, à se pencher d’urgence sur cette situation gravissime et à prendre les mesures qui s’imposent pour y remédier, en ayant présent à l’esprit les nouveaux enjeux et les innombrables défis que la Oummah islamique n’a d’autre alternative que d’affronter.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Avant de conclure, je me dois de noter que certains Etats membres ont exprimé la volonté de rationaliser et d’élaguer l’ordre du jour de nos réunions en réduisant le nombre des points à discuter et des questions à trancher. L’argument qui militerait dans ce sens est que le laps de temps qui nous est alloué au cours de ces réunions qui ne durent guère plus de quelques jours, n’est pas suffisant pour permettre aux participants d’accorder aux questions en débat toute l’attention qu’elles méritent, de les soumettre à un examen rigoureux, et, partant, de prendre des décisions judicieuses. C’est pourquoi, nous avons pris l’habitude de faire tourner la plupart des résolutions qui restent inchangées d’une session à l’autre, ou subissent, parfois, quelques légères retouches à caractère cosmétique. Certains Etats membres estiment également qu’en écourtant l’ordre du jour, on donne aux délégués une plus grande latitude pour se concentrer sur les dossiers brûlants et les problèmes cruciaux auxquels se heurte le monde musulman et donc, pour adopter les résolutions adéquates. J’espère que vous voudrez bien vous pencher sur cette question qui mérite toute votre attention.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

J’ai voulu, dans ce tour d’horizon des questions qui nous interpellent, mettre un accent particulier sur les questions qui appellent un intérêt spécifique de notre part, à l’heure où nous entamons, avec la grâce de Dieu, notre session annuelle sur le sol de la République islamique d’Iran, bastion inexpugnable de l’Islam, et alors que de sombres nuages obscurcissent l’horizon. L’enjeu est de taille : il s’agit pour le monde islamique d’épouser le rythme du progrès et du développement, loin de tout isolationnisme et de tout repli frileux sur soi, et de continuer à évoluer au diapason de la logique, des causes et des valeurs de notre temps, tout en demeurant imprégné de la foi qui est la nôtre et qui reste valable en tout temps et en tout lieu. C’est à ce prix que nous pourrons peser sur le cours des événements internationaux et apporter une contribution appréciable à l’édifice de la civilisation humaine, faisant ainsi honneur à notre Oummah, à notre culture et à nos valeurs.

Puisse le Très-Haut nous guider tous sur la voie du bien, de la droiture et du succès.

Source : Organisation des conférences islamiques