L’envoyé spécial états-unien au Proche-Orient essaye de trouver un texte minimal pour servir de communiqué commun. D’après le ministre des Affaires étrangères israélien, Silvan Shalom, il serait rendu public au terme du sommet d’Aqaba, . Les sources citées par la presse sont moins optimistes, étant donné le refus probable d’Israël d’appliquer la première phase du Plan de route, qui exige que le pays annonce officiellement son engagement en faveur d’une solution à deux États et appelle à la fin immédiate des violences à l’égard des Palestiniens. Dans le même temps, Israël exige que la reconnaissance palestinienne soit celle d’un « État juif », ce qui exclut implicitement tout droit de retour pour les réfugiés palestiniens.
D’après des sources diplomatiques israéliennes, Ariel Sharon ne devrait faire qu’une déclaration vague, qui suffirait selon lui à marquer l’engagement d’Israël en faveur de la « feuille de route ». Le Premier ministre israélien devrait néanmoins éviter de parler de « territoires occupés » et évoquer plutôt les « territoires contestés ». Il pourrait également rappeler, toujours selon des sources israéliennes, qu’Israël n’a pas vocation à gouverner 3,5 millions de Palestiniens, et que certaines colonies devront être évacuées, comme il l’a annoncé lors de la réunion de son gouvernement la semaine dernière.
Selon l’analyse d’Emmanuel Rosen, commentateur politique sur la Radio de l’armée israélienne, des sources proches de Sharon auraient indiqué que le Premier ministre a choisi de faire de cette rencontre avec Mahmoud Abbas un succès afin de satisfaire le président Bush, « mais que cela ne renvoie pas à autre chose qu’à un jeu sur les mots employés, qui ne garantit pas que soit trouvé une solution même au plus petit des problèmes avec les Palestiniens ».

[CONTEXTE] La nouvelle insistance d’Ariel Sharon à souligner qu’Israël ne peut continuer à occuper les territoires palestiniens doit être comprise au regard du projet états-unien de déployer une force multinationale d’interposition. Washington déchargerait Tsahal de ce fardeau et le confierait à des États européens via l’OTAN.

Source
Dar Al-Hayat (Royaume-Uni)
Dar al Hayatest un quotidien arabe de politique international, basé au Royaume-Uni. Tirant à 110 000 exemplaires, ce journal mêle des articles purement informatifs et un grand nombre d’analyses et d’éditoriaux écrits par des intellectuels du monde arabe. L’une des figures les plus éminentes de la rédaction est Jihad Al Khazen, figure détestée des éditorialistes néo-conservateurs états-uniens. Libanais à l’origine, il a été racheté en 1990 par le prince et maréchal saoudien Khaled ibn Sultan.

« Israel Seeks Palestinian Recognition As ’Jewish State’ », par Asaad Telhami, Dar Al-Hayat, 2 juin 2003.