Le sommet de Charm El-Cheikh n’est pas encore terminé et les déclarations officielles pas encore publiées que, déjà, la polémique sémantique fait rage du côté des officiels israéliens. Ces derniers, qui ont accès aux textes des déclarations avant qu’elles ne soient prononcées, sont déçus par le contenu des discours des dirigeants palestiniens et états-uniens, Mahmoud Abbas et George W. Bush.
Le premier, en effet, ne mettrait pas directement en lumière la nécessité de décapiter les organisations terroristes, mais appellerait à la fin de l’intifada et exhorterait les Palestiniens à se résoudre à employer des « méthodes pacifiques ».
Quant à George W. Bush, des officiels israéliens anonymes ont confié à Ha’aretz qu’ils auraient bien aimé le voir prononcer l’expression d’« État Juif » qu’il avait employée dans un discours récent à l’université de Caroline du Sud. Après les premières rencontres avec les émissaires états-uniens William Burns et Elliot Abrams, les dirigeants israéliens s’attendaient à voir figurer l’expression dans le discours de fin de sommet du Président états-unien. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Silvan Shalom, avait d’ailleurs déclaré hier qu’il était important qu’Israël demande aux États-Unis de l’inclure dans le discours de Bush et que, de toute manière, le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, y aurait recours. Il semble effectivement aujourd’hui que George W. Bush n’emploiera pas cette expression.
La formulation « État Juif » permet d’exclure de facto le retour des réfugiés palestiniens musulmans.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Abbas to call for end to armed intifada », par Aluf Benn, Ha’aretz, 3 juin 2003.