C’est avec plaisir que je m’adresse aujourd’hui aux ministres des affaires étrangères de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) en cette période si importante pour les membres de l’Organisation et pour la communauté internationale en général.

Je pense que nous avons ceci en commun d’espérer que la situation en Irak va s’améliorer considérablement maintenant que les membres du Conseil de sécurité se sont accordés, dans le cadre de la résolution 1483, pour préparer un avenir à ce pays. La tâche la plus importante sera de veiller à ce que le peuple Irakien soit en mesure, le plus rapidement possible, de former un gouvernement libre et représentatif de son choix dans le cadre d’un processus politique transparent et impartial, afin de restaurer la souveraineté nationale et de bâtir un pays stable et prospère, en paix avec ses voisins. L’ONU jouera pleinement son rôle dans cet effort international, conformément à la mission qui lui a été confiée d’assister l’Irak en matière d’aide humanitaire, de reconstruction, de réforme de son système législatif et judiciaire, de promotion des droits de l’homme, et dans ses efforts visant à créer et rétablir des institutions nationales et locales permettant l’établissement d’un gouvernement représentatif. Il faut que toutes les entités internationales et étrangères présentes en Irak mesurent combien il est essentiel qu’en tout temps et en toutes choses nous privilégiions les intérêts du peuple Irakien. Je peux vous assurer qu’au sein de l’ONU, nous ferons tout notre possible pour défendre ce principe fondamental.

L’Irak a été un sujet d’importance majeure tant dans la presse que dans nos esprits, au cours de ces derniers mois si tragiques. Nous sommes également aujourd’hui à un tournant historique du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Des principes fondamentaux sont en jeu ici aussi, dans la recherche d’une paix juste, durable et globale au Moyen-Orient. Là encore, l’ONU a un rôle essentiel à jouer, en tant que représentante de la légitimité internationale.

Nos espoirs de progrès dépendent de la mise œuvre de la "Feuille de route", cette série de mesures que chaque partie doit prendre pour assurer la reprise des pourparlers politiques et parvenir à un règlement permanent qui permettrait aux deux États - Israël et une Palestine souveraine, indépendante et viable - de vivre côte à côte dans la paix et la sécurité.

La mise en œuvre de cette Feuille de route ne sera possible que si les parties prennent des mesures parallèles et réciproques en matière de sécurité, d’aide humanitaire, de renforcement des institutions, et de politique, sous le contrôle et avec l’aide du Quatuor. Ces parties se sont fait mutuellement beaucoup de mal. Aujourd’hui, nous n’avons plus le choix. Si nous voulons atteindre notre objectif de paix entre Israéliens et Palestiniens, il faudra que les deux parties se détournent de la violence, de la rancune et de la haine, et prennent le chemin de la réconciliation et de la paix. Pour progresser vers la paix, les parties devront se conformer totalement au droit international et à la Feuille de route. Les attentats terroristes perpétrés par des groupes palestiniens devront cesser, et c’est l’Autorité palestinienne qui sera responsable en la matière. Israël devra mettre un terme à des actions telles que les exécutions sans procès, les arrestations et les détentions arbitraires, la démolition de maisons, les blocus et la colonisation. De plus, les parties devraient veiller à ne pas laisser des extrémistes pirater le processus de paix et dicter leurs volontés. L’avenir du processus de paix dépend en tout premier lieu des parties elles-mêmes. Toutefois, la communauté internationale se tient à leurs côtés pour les aider, ne serait-ce qu’en soulageant la détresse du peuple palestinien en attendant que prenne fin l’occupation du territoire palestinien, conformément aux résolutions 242, 338 et 1397 du Conseil de sécurité de l’ONU.

Malheureusement, les souffrances du peuple afghan demeurent également profondes. Partout dans le pays, les Afghans de toutes les ethnies travaillent dur à reconstruire un pays en paix avec lui-même et avec ses voisins. D’importants progrès ont été accomplis vers la réconciliation, la reconstruction et le rétablissement des structures de sécurité nationales. Ces avancées restent toutefois fragiles et sont menacées par la détérioration des conditions de sécurité, due au harcèlement et aux intimidations quotidiens, aux antagonismes entre ethnies et factions rivales, et à la persistance de l’économie de la drogue. À ce stade critique du processus lancé à Bonn, j’espère que le Conseil de sécurité, les voisins de l’Afghanistan et la communauté internationale dans son ensemble persisteront dans leur engagement et leur soutien.

L’OCI peut contribuer à améliorer ces différentes situations de façon considérable. Permettez-moi de conclure en suggérant un autre domaine dans lequel vos efforts peuvent avoir une incidence particulière. L’OCI a exprimé clairement qu’elle rejetait tout lien entre le terrorisme international et l’Islam, et a été prompte à dénoncer les individus malavisés et malveillants qui invoquaient l’Islam tout en infligeant d’atroces souffrances à des innocents. Je vous demande instamment de poursuivre vos efforts d’information de l’opinion publique sur ce qu’est réellement l’Islam et sur les valeurs qu’il représente, et de contribuer ainsi, grâce à une information exacte et à une compréhension mutuelle, à combler le terrible fossé qui s’est creusé entre nos croyances, nos cultures et nos pays. Ce serait une contribution des plus appréciées à notre mission commune en faveur du développement, de la tolérance et de la paix. C’est dans cet esprit que je vous souhaite une session fructueuse qui contribuera à faire avancer les objectifs que nous partageons.

Source : ONU