« Une lettre ouverte à mes amis israéliens »

An open letter to my Israeli
friends

Ha’aretz (Israël)

[AUTEUR] Dominique de Villepin est ministre des Affaires étrangères français.

[RESUME] J’étais en Israël, il y a quelques jours quand le gouvernement israélien a approuvé la « feuille de route ». J’étais venu pour soutenir une nouvelle dynamique dans les relations franco-israéliennes et pour exprimer ma conviction qu’il était possible de donner une nouvelle impulsion à la paix. La France et Israël ont des liens historiques et une relation passionnée et sincère. La France, par la voix de Jacques Chirac, a reconnu « l’erreur impardonnable » qu’elle a commise lors de l’Holocauste et c’est ce qui a conduit notre pays à créer des fonds d’indemnisation pour les juifs. La France a soutenu la création d’Israël et a défendu sa place dans la communauté des nations. Nous sommes en train d’étudier l’entrée d’Israël dans l’Organisation internationale de la francophonie et nous nous souvenons de l’apport des juifs à notre histoire et à notre culture. C’est pourquoi, nous combattons l’antisémitisme.
La France comprend la préoccupation d’Israël pour sa sécurité et c’est parce que ce sujet nous touche que nous estimons que le statu quo n’est pas possible. Votre nation, qui a connu l’injustice, devrait comprendre les sentiments des Palestiniens. Le choix de la paix est difficile, mais la vraie victoire de votre peuple sera celle de l’humanisme.

« La Jordanie est le partenaire »

Jordan is the partner
Ha’aretz (Israël)

[AUTEUR] Le rabbin Benny Elon est président du parti Moledet et ministre du Tourisme d’Ariel Sharon. Il a pris la succession à ces deux fonctions, de Rechavam Zeevi, assassiné en 2001.

[RESUME] Le soutien du gouvernement israélien à la création d’un État palestinien est un désastre du point de vue international comme de celui de notre intérêt national. Nous savons que, tôt ou tard, nous devrons rompre cet accord pour survivre. Israël n’a plus besoin de tactique à court terme, mais d’une stratégie qui entraînera une solution permanente acceptable par Israël plutôt que d’accords compliqués nécessitant une supervision internationale et qui ne mènent nulle part.
Il n’y a pas de raisons de créer un autre État palestinien à l’ouest de la Jordanie. Cela ne ferait que pousser le nationalisme palestinien à s’en prendre davantage à Israël et à son caractère juif. Il faut donc une initiative politique capable de forger un ordre régional stable. Je propose que la terre qui se trouve entre le Jourdain et la Méditerranée demeure entièrement sous souveraineté israélienne et que de l’autre côté du Jourdain se trouve la Jordanie, État des Palestiniens dirigé par une monarchie Hachémite progressiste.
Il faut rendre à la Jordanie son statut de représentante des Palestiniens, démanteler l’Autorité palestinienne et intensifier la guerre au terrorisme avec l’aide des États-Unis. Nous arriverons à cette solution mais, malheureusement, uniquement après l’échec de la « feuille de route ».

« Bientôt l’Apocalypse »

Apocalypse soon
The Guardian (Royaume-Uni)

[AUTEUR] Le révérend Giles Fraser est vicaire de Putney et professeur de philosophie au Wadham College à Oxford.

[RESUME] Des groupes religieux aux États-Unis sont en train de mener campagne contre la « feuille de route ». Ils rassemblent les figures les plus influentes de la droite chrétienne américaine et leurs réseaux et dénoncent le plan de paix comme « une récompense faite au terrorisme palestinien meurtrier ».
Depuis la fin du XIXème siècle, un nombre croissant de fondamentalistes croit que la seconde venue du Christ est liée à la re-fondation d’Israël dans ses frontières bibliques. C’est pourquoi la guerre des six jours et la prise de Jérusalem Est ont réjoui les fondamentalistes. Depuis 1967, les fondamentalistes chrétiens ont développé des liens avec les colons juifs et, bien que les fondamentalistes estiment que lors de l’Armageddon les juifs devront choisir de suivre Jésus ou d’être anéantis, les gouvernements israéliens successifs ont toujours accueilli très favorablement leur soutien. Certains politiciens et journalistes israéliens incitent même ces groupes à faire pression sur George W. Bush pour qu’il n’écoute pas Tony Blair et Colin Powell.
Pour sa part, l’évêque Riah Abu El-Assal appelle à faire pression sur Israël pour évacuer les territoires en boycottant les produits en provenance des territoires. Il incarne bien plus la voie du ministère chrétien que les évangélistes qui veulent détruire le processus de paix israélo-palestinien et convertir l’Irak.

« Un complot pour tromper ? »

A Plot to Deceive ?
Washington Post (États-Unis)

[AUTEUR] [Robert A. Kagan] est membre de la Carnegie Endowment for International Peace et directeur du Project for a New American Century, le think-tank électoral de George W. Bush. Il est analyste sur les questions de stratégie militaire pour le Weekly Standard et écrit une tribune mensuelle dans le Washington Post. Il est l’auteur de Of Paradise and Power : America and Europe in the New World Order.
Robert Kagan est le fils de Donald Kagan (professeur d’histoire à l’université de Yale), le neveu de Frederik W. Kagan (professeur d’histoire à l’Académie militaire de West Point) et l’époux de Victoria Nuland (représentant adjoint des États-Unis à l’OTAN).

[RESUME] Il y a quelque chose de surréaliste dans les accusations de mensonges contre George W. Bush qui visent à démontrer qu’il n’y a pas seulement eu une éventuelle exagération de l’administration concernant les armes de destruction massive irakiennes, mais qu’il n’y avait tout simplement pas d’armes de destruction massive en Irak.
En effet, si la CIA ne savait pas combien d’armes se trouvaient en Irak, ils n’ont jamais nié que l’Irak possédait des armes de destruction massive et la capacité d’en produire. Ainsi, on peut se souvenir que l’Irak n’a jamais expliqué où se trouvaient les 8500 litres d’anthrax et les quelques tonnes de gaz VX que le pays déclarait posséder dans les années 90 et au sujet desquels Hans Blix affirmait ne pas détenir de preuves de destruction.
S’il n’y avait pas eu d’armes de destruction massive en Irak, imaginez la taille de la conspiration des menteurs. Elle inclurait non seulement le président Bush et Tony Blair, mais aussi les experts républicains et démocrates, les inspecteurs en désarmement, les anciens responsables de la CIA, les principales figures de l’administration Clinton, les services de renseignements allemands et Jacques Chirac.
La seule personne qui aurait dit la vérité aurait été Saddam Hussein, et on ne le trouve pas non plus.

« Rejoindre LaRouche dans la fièvre des marais »

Joining LaRouche In the Fever Swamps
Wall Street Journal (États-Unis)

[AUTEUR] Robert L. Bartley est rédacteur honoraire au Wall Street Journal. Lauréat du prix Pulitzer, il s’est acquis une réputation de polémiste en multipliant les attaques contre le président Bill Clinton dans l’affaire Whitewater.

[RESUME] Lyndon LaRouche a commencé sa campagne pour 2004 en diffusant nationalement le dossier « Children of Satan », présentant Léo Strauss comme un philosophe fasciste, parrain des néo-conservateurs dans l’administration Bush. M. LaRouche affirme par ailleurs que les attentats du 11 septembre sont comparables à l’incendie du Reichstag et qu’ils ont permis aux néo-conservateurs de prendre le pouvoir.
Aujourd’hui, le New York Times et le New-Yorker reprennent les affirmations de LaRouche concernant la filiation idéologique qui lie Strauss et les néo-conservateurs et rappellent que le philosophe défendait l’idée platonicienne du noble mensonge en pleine controverse sur les armes de destruction massive irakiennes. Les deux journaux se rapprochent des théories conspirationistes de LaRouche.
Si Strauss a bien eu une influence sur certains néo-conservateurs, la politique de Perle et Wolfowitz est surtout influencée par Albert Wohlstetter, le père des politiques de défense modernes, qui avait comme seul lien avec Strauss d’avoir enseigné à l’université de Chicago et d’être juif. Et c’est de cela qu’il est finallement question. La définition « straussienne » (présentée dans un texte intitulé « Children of Satan » qui est une référence antisémite explicite) permet de présenter une conspiration dans laquelle Perle et Wolfowitz, prétendument liés à Israël plutôt qu’aux États-Unis du fait de leur héritage juif, auraient détourné la politique étrangère américaine au profit du Likoud. On oublie au passage que la politique étrangère est aussi définie par George W. Bush, Colin Powell, Donald Rumsfeld, Dick Cheney et Condoleezza Rice qui ne sont pas juifs.
En fait, les opposants à l’administration Bush souhaitent tellement la discréditer qu’ils affirment qu’il y a eu un mensonge parce qu’on ne trouve pas les armes de destruction massive irakiennes au point qu’ils se rapprochent aujourd’hui de LaRouche.

« Ne faites pas de mini bombes nucléaires »

Don’t make mini-nukes
International Herald Tribune (États-Unis)

[AUTEUR] John Holum a été vice-secrétaire d’État pour le Contrôle des armes et la Sécurité internationale pendant l’administration Clinton.

[RESUME] Alors que les forces états-uniennes luttent pour consolider une victoire dans une guerre qui visait à mettre un terme à la prolifération nucléaire en Irak, l’administration Bush se prépare à construire et à tester de nouvelles armes nucléaires : de mini-armes nucléaires permettant de détruire les caches d’armes chimiques et biologiques sans faire trop de dommages collatéraux. Ces armes seraient un juste milieu entre l’arsenal conventionnel manquant de puissance et l’arsenal nucléaire causant des dégâts trop importants. Elles permettraient également d’étendre la doctrine des frappes préventives au domaine nucléaire.
Ainsi, en Irak au lieu d’envahir le pays, nous aurions simplement pu envoyer ces armes sur les sites suspectés d’abriter des armes de destruction massive. Pourtant l’expérience irakienne démontre qu’il faut des renseignements fiables pour agir ainsi, ce qui est difficile à obtenir. En outre, ces armes ont des effets désastreux sur l’environnement et les populations et leur développement saperait les efforts politiques de lutte contre la prolifération et pousserait de nombreux États à développer leur propre arsenal.

« Un Moyen-Orient en pleine refonte »

Un Moyen-Orient en pleine refonte
Le Figaro (France)

[AUTEUR] Richard N. Haass est directeur du planning du département d’État et actuel coordinateur spécial pour l’Afghanistan. Cette tribune est diffusée par Project Syndicate.

[RESUME] Les évolutions de l’Irak conduites par les Irakiens avec l’aide américaine pourront apporter croissance et réforme dans la région, mais cela prendra du temps. La crise humanitaire massive n’a pas eu lieu, mais le pays a quand même besoin d’aide et nous devrons rétablir l’ordre en Irak. La priorité immédiate consiste à mettre fin à la violence. Nous devons récupérer les armes de destruction massive irakiennes et les détruire. Il faut aussi empêcher les pays limitrophes de déstabiliser l’Irak davantage.
La reconstruction économique de l’Irak est envisagée comme un renouveau économique car la situation est meilleure que prévu. À long terme, c’est la régénération politique de l’Irak qui sera peut-être le plus difficile, mais l’objectif américain de voir un Irak intact doté d’un gouvernement
représentatif n’est pas une chimère. La communauté internationale peut y contribuer.
La situation en Irak aura un impact sur les pays voisins, mais elle ne déterminera pas le destin du Moyen-Orient. C’est pourquoi les États-Unis et les autres pays du Quartet œuvrent à la résolution du conflit israélo-palestinien et veulent pousser l’Iran et la Syrie à changer d’attitude. Nous voulons également que les pays du Moyen-Orient se réforment politiquement car les régimes fermés engendrent l’extrémisme. La proposition du président Bush d’instaurer une zone de libre-échange entre les États-Unis et le Moyen-Orient va dans ce sens.

« Le capitalisme contre la conscience »

Capitalism vs. Conscience
Los Angeles Times (États-Unis)

[AUTEUR] Michael O’Donnell est rédacteur en chef du Third World Law Journal du Boston College.

[RESUME] L’administration Bush intercède régulièrement dans des procès contre les entreprises accusées de violer les Droits de l’homme dans les pays en voie de développement.
Ainsi le département de la Justice s’efforce actuellement de démontrer que la condamnation d’Unocal, une compagnie pétrolière et gazière états-unienne, pour avoir exploité la main d’œuvre forcée birmane sur la construction d’un pipeline avec la Thaïlande avec la collaboration de la junte militaire du Myanmar, n’est pas fondée juridiquement. En août, c’est le département d’État qui a tenté de démontrer qu’une cour états-unienne ne pouvait pas statuer sur une plainte de onze Indonésiens contre Exxon Mobil. Auparavant, il avait agit de la sorte avec Rio Tinto. Dans ces différentes affaires, c’est le cas Unocal qui est le plus grave car le département de la Justice remet en cause l’Alien Tort Claims Act.
Il ne sert à rien d’affirmer publiquement qu’on défend les Droits de l’homme si on aide ceux qui ne les respectent pas à échapper à la justice. L’administration Bush tente de démontrer que les Droits de l’homme ne sont pas du domaine de la justice. Les avocats devront convaincre les juges du contraire.

« Des docteurs aux "mains sales" »

Doctors With ’Dirty Hands’
Washington Post (États-Unis)

[AUTEURS] Maryam Elahi est avocat et Adam Kushner est médecin. Ils sont tous les deux consultants pour Physicians for Human Rights.

[RESUME] Pour beaucoup, il est impensable qu’un médecin puisse devenir un tortionnaire, mais c’est pourtant ce qui s’est passé en Irak sous Saddam Hussein. Beaucoup de médecins irakiens ont dû tenir ce rôle et les chirurgiens ont notamment exercé un certain nombre de mutilations. Ces pratiques ont été commises volontairement ou non par les médecins car ceux qui refusaient étaient menacés de subir eux-mêmes des mutilations.
Physicians for Human Rights a recueilli de nombreux témoignages sur ce sujet émanant aussi bien de médecins tortionnaires que de victimes démontrant comment le parti Ba’as a utilisé les médecins pour commettre des actes de tortures. L’Irak n’est pas le seul État dans le monde où les médecins sont devenus des tortionnaires. De tels actes ont également été commis en Afrique du Sud. Tout comme dans ce dernier pays, l’Irak doit mettre en place des mécanismes qui permettront à la fois de mettre en lumière les évènements et d’assurer la réconciliation dans le pays. Pour cela, les États-Unis et leurs alliés doivent créer un environnement sain permettant la réconciliation nationale irakienne.