La moitié de la population mondiale, soit 3 milliards de personnes, ne
dispose encore que de 2 dollars par jour pour vivre. Plus de 1
milliard de personnes n’ont pas d’eau potable. Deux milliards manquent
d’installations sanitaires. Deux autres milliards n’ont pas
l’électricité.

Il ne s’agit pas de chiffres, mais d’hommes, de femmes et d’enfants
qui se réveillent tous les jours en proie à la faim, à la maladie et
au désespoir. Sortir l’humanité de la pauvreté est l’une des plus
grandes obligations morales du XXIe siècle. Et si nous, la plus grande
démocratie du monde, nous montrons à la hauteur de cette tâche, les
répercussions seront profondes pour la liberté, la croissance
économique et la sécurité dans le monde entier.

C’est pourquoi le président Bush a fait de l’apport d’un soutien au
développement durable l’un des principaux objectifs de sa stratégie en
matière de sécurité nationale. Le 5 février, il a soumis au Congrès
son initiative relative au Compte du millénaire (MCA), en déclarant
qu’elle constituait un moyen de grande portée susceptible d’attirer
des pays dans un "cercle croissant de possibilité et d’entreprise".

Si le Congrès vote les crédits nécessaires à cet effet, le MCA
représentera la plus grande augmentation de l’aide des Etats-Unis au
développement depuis le plan Marshall. Dès 2006, elle représentera une
augmentation de 50 % de notre aide au développement par rapport à
2002. A compter de 2006, nous consacrerons 5 milliards de dollars par
an au MCA. Le financement de nos programmes actuels d’aide au
développement, qui s’élève maintenant à plus de 10 milliards de
dollars par an, continuera d’augmenter.

Le MCA est extraordinaire par son ampleur et révolutionnaire dans ses
méthodes. Il traduit le nouveau consensus international sur l’aide qui
s’est dégagé l’an dernier de la Conférence des Nations unies sur le
financement du développement (Mexique) et du Sommet mondial sur le
développement durable (Afrique du Sud).

Les pays donateurs et bénéficiaires sont convenus que l’aide au
développement améliorait le niveau de vie de la population le mieux
lorsqu’elle allait à des pays qui entreprenaient des réformes et qui
donnaient des moyens d’action à leurs habitants. Lors d’un discours
récent intitulé "Une nouvelle aube pour l’Afrique", le président
ghanéen, M. J.A. Kufuor, a déclaré : "La bonne gouvernance sera le
principe directeur de notre continent, et lorsque l’Afrique tiendra sa
promesse, elle sera l’aimant qui attirera les investissements
nécessaires du monde entier."

Dans cet esprit, le MCA sera réservé aux pays qui gouvernent avec
justice, qui investissent dans le domaine social et qui encouragent la
liberté économique. Il se fonde sur le principe selon lequel le
développement doit provenir principalement du pays lui-même et non pas
de l’extérieur.

L’aide du MCA ira aux pays dont les pouvoirs publics et les citoyens
oeuvrent de concert pour établir un ordre de priorité en matière de
développement. Les Etats-Unis et les pays bénéficiaires concluront des
contrats qui fixeront des critères et qui définiront les
responsabilités. En vue de garantir l’emploi efficace de l’aide, un
organisme indépendant, la Société du millénaire, exercera sa tutelle
sur ce programme. En ma qualité de secrétaire d’Etat, j’occuperai avec
fierté la fonction de président du conseil d’administration.

Le MCA renforcera nos programmes d’aide habituels, mais ne les
remplacera pas. L’Agence des Etats-Unis pour le développement
international, par exemple, aidera les pays qui ne remplissent pas
toutes les conditions nécessaires à prendre les mesures qui leur
permettront de bénéficier de l’aide du MCA.

Le MCA servira à inciter les pays à améliorer leur politique et leurs
pratiques. Il aidera les pays en développement à moderniser leur
régime juridique et à financer des investissements dans les secteurs
de la santé, de l’éducation et de l’agriculture. Il pourra aussi
fournir des capitaux pour la création de toutes petites entreprises et
un accès à l’internet aux artisans, ainsi qu’aider les hommes et les
femmes qui travaillent dur à éprouver le respect de soi que procure le
fait de bien gagner sa vie.

Lorsque je pense à la façon dont cette forme d’aide peut avoir une
influence sur la vie de millions de personnes, je me souviens de la
conversation que j’ai eue avec le chef d’Etat d’un pays d’Amérique du
Sud. Nous parlions des progrès réalisés dans le continent américain et
dans le reste du monde en matière de démocratie et d’économie de
marché, et il m’a dit (je paraphrase ses propos) : mon gouvernement a
choisi la voie des réformes, mais il faut du temps pour que la
démocratie et l’économie de marché donnent des résultats. Que dois-je
dire à Maria Soledad, une femme pauvre de mon pays, qui mène encore
une lutte quotidienne pour nourrir ses enfants ? Pour elle et pour
d’innombrables personnes comme elle, la démocratie et l’économie de
marché ne sont que des idées abstraites.

Le MCA est susceptible d’apporter des améliorations concrètes à la vie
de personnes comme Maria Soledad dans tous les continents, de
personnes dont les pays ont placé leurs espoirs dans la démocratie et
dans l’économie de marché, mais qui n’ont pas encore obtenu les
résultats escomptés. Nous ne devons pas laisser leurs espoirs
disparaître. L’initiative du président Bush relative au Compte du
millénaire incite les Etats-Unis à utiliser leur grande puissance pour
faire du bien et les pays en développement à donner à leur population
les moyens de créer un avenir meilleur. Elle reflète le meilleur
aspect des Etats-Unis : la générosité, le pragmatisme, la compassion
et la recherche de résultats.

Il est peu probable que les millions d’hommes, de femmes et d’enfants
susceptibles de bénéficier le plus du MCA liront le présent article,
mais j’espère que vous, mes lecteurs, soutiendrez l’adoption par le
Congrès du texte de loi sur le MCA. Nous ne pourrions faire un
investissement plus judicieux dans la prospérité, la sécurité et la
démocratie pour ce nouveau siècle.

Traduction officielle du département d’État