Interrogé mardi 17 juin 2003 par Ha’aretz, le leader du Hamas Abdel Aziz Rantisi a déclaré qu’il n’y aurait pas de guerre civile palestinienne, même si le Premier ministre Mahmoud Abbas ne parvient pas à faire signer un cessez-le-feu. Cette déclaration a été confirmée par d’importants dirigeants du Fatah, qui ont indiqué au quotidien israélien que les services de sécurité de l’Autorité palestinienne n’avaient pas l’intention - ni la capacité - de mener des arrestations massives de militants du Hamas, comme ils avaient pu le faire en 1996.
S’exprimant depuis son domicile à Gaza, Abdel Rantisi a réaffirmé la position officielle de son mouvement, à savoir que le Hamas étudie la proposition égyptienne de cessez-le-feu. D’autres sources émanant du Hamas ont confié à Ha’aretz que l’organisation souhaiterait observer un cessez-le-feu, même si ce dernier n’est pas formellement déclaré. Mais le Hamas attend qu’Abbas lui donne des garanties qu’Israël va mettre un terme à sa politique d’assassinats ciblés. D’autres groupes armés, et notamment la branche armée du Fatah, soutiennent le Hamas sur ce point. Et il paraît peu probable que ce cessez-le-feu s’étende aux territoires occupés, en même temps qu’à Israël.
Un autre important dirigeant du Hamas, Ismail Abu Shenab, qui a participé aux négociations avec les Égyptiens, a résumé les arguments des pro et anti-trêves :
 Pour les défenseurs du cessez-le-feu, il permettra de montrer au monde que le Premier ministre israélien Ariel Sharon n’est pas intéressé par la paix, mais aussi de transformer la « feuille de route » en simple accord de sécurité, et non plan de paix.
 Pour les opposants, le cessez-le-feu permettra à Ariel Sharon de se vanter d’une victoire israélienne sur le Hamas et pourrait entraîner une reprise économique en Israël.
Abdel Aziz Rantisi a ensuite confirmé ses propos de la semaine dernière selon lesquels « la lutte continuera jusqu’à ce que les derniers juifs aient quitté le pays. » Interrogé sur l’échéance d’un tel événement, il a répondu « des douzaines d’années ». D’un point de vue religieux, il a expliqué que les juifs considèrent cette terre comme la leur, tandis que les musulmans la voient comme une terre qui doit être musulmane. Mais il a ajouté que ces visions constituaient un « diagnostic » pour l’avenir, provoqué par l’actuelle agression israélienne qui, selon lui, « nous pousse au delà de ce que nous pouvons supporter, à tel point que les Palestiniens n’ont plus rien à perdre ». Ce qui l’a amené à définir une vision des objectifs du Hamas proche de ceux que l’on appelle les « modérés » du mouvement : si Israël se retire des territoires pris en 1967, qu’il démantèle toutes les colonies et permet l’existence d’un État palestinien, « ce sera la fin de la lutte, sous la forme d’une trêve à longue échéance »

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Rantisi : Failure to reach deal won’t lead to civil war », par Amira Hass, Haaretz, 18 juin 2003.