Le président rappelle le protocole de publicité des travaux de la commission d’enquête et fait prêter serment à M. Ferry.

M. Roland du LUART, Président. - Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, nous allons vous demander de faire un exposé d’environ dix à quinze minutes en réponse au questionnaire de notre rapporteur, M. Plasait, après quoi lui-même et les différents membres de la commission vous poseront quelques questions, étant entendu que j’ai compris que vous souhaitiez être libéré suffisamment tôt. Nous allons faire en sorte de nous en tenir à ce cadre.

M. Luc FERRY. - Merci, monsieur le Président. Veuillez m’excuser d’être en effet un peu dans l’urgence aujourd’hui alors qu’il s’agit évidemment d’un sujet extrêmement important.

J’ai quelque scrupule — je le dis d’entrée de jeu —à présenter aujourd’hui les réflexions et les mesures concrètes qui sont celles de mon ministère puisque, comme vous le savez sans doute, c’est mon collègue Xavier Darcos qui s’occupe plus particulièrement de ce dossier et qui l’a élaboré et travaillé depuis plusieurs mois. Je pense que vous allez d’ailleurs l’auditionner.

M. le Président. - Tout à fait.

M. Luc FERRY. - Il pourra évidemment compléter ce que je vais vous dire et le préciser mieux et davantage que je ne le ferai moi-même aujourd’hui.

Cela dit, je ferai quelques remarques préalables, puisque vous m’y invitez, sur l’état des lieux, et quelques réflexions sur les mesures que nous projetons de mettre en place ou que nous avons déjà mises en place du côté de l’éducation nationale — c’est l’essentiel —, mais également du côté de la jeunesse en tant que département ministériel.

Sur l’état des lieux, si j’ai bien compris, nous parlons uniquement des drogues illicites et nous laissons donc de côté le tabac et l’alcool, bien qu’ils constituent déjà un sujet de grande envergure.

D’après les données que nous avons pu réunir au sein des services — vous devez d’ailleurs en disposer comme moi —, la drogue la plus consommée est évidemment le cannabis. A cet égard, les chiffres sont malheureusement assez inquiétants, puisque nous savons que plus d’un tiers des 15-34 ans en ont déjà consommé au cours de leur vie.

Quand on affine les statistiques dont nous disposons, on s’aperçoit que la progression est très importante entre 14 et 18 ans, puisque l’usage du cannabis passe de 14 % à 59 % chez les garçons et de 8 à 43 % chez les filles, étant entendu que l’âge moyen d’entrée dans la consommation de cannabis se situe avant 16 ans, ce qui est manifestement très jeune. Nous avons là un sujet de préoccupation important.

Cela étant dit, pour corriger l’effet produit par l’énoncer de ces chiffres, on constate que la consommation fréquente de cannabis, c’est-à-dire dix fois ou plus dans l’année, concerne 14 % des jeunes, et que les expérimentations d’autres drogues que le cannabis sont très faibles, c’est-à-dire qu’elles ne rentrent qu’à peine dans les observations que nous pouvons faire.

Si on y ajoute les médicaments psychotropes (sont-ils illicites ou non ? On peut en discuter : cela dépend de la façon dont ils sont obtenus), on constate que leur usage est trois fois plus fréquent chez les filles que chez les garçons, puisque 29 % des filles et 10 % des garçons, à l’âge de 17 ans, en font une consommation relativement régulière. Il s’agit généralement de benzodiazépine, c’est-à-dire de médicaments de type Tranxène ou Lexomyl, ainsi que quelques psychotropes qui sont particulièrement en usage, comme le Valium. C’est ce type de consommation qui est visé.

Quant aux mesures qui sont mises en place, comme je le disais tout à l’heure, Xavier Darcos vous les présentera lui-même. Ce sont pour l’essentiel des mesures mises en place en partenariat avec la MILDT. Nous avons évidemment diffusé dans les établissements des petits dépliants ou livrets que, j’imagine, vous connaissez aussi bien ou mieux que moi, qui sont relativement bien faits, très parlants, très explicites et très simples et qui ne portent pas simplement sur les drogues illicites, mais aussi sur le tabac et l’alcool. C’est une chose qui est relativement appréciée par les jeunes.

J’ai reçu les jeunes des conseils de vie lycéenne samedi dernier et j’ai constaté qu’ils sont très demandeurs de ces petits documents pour les diffuser à leurs camarades dans les établissements. Cela fonctionne donc relativement bien et je pense encore une fois que ces documents sont assez bien faits. Je les ai lus d’assez prêt pour préparer cette réunion avec les jeunes et j’ai le sentiment qu’ils sont efficaces en termes d’information.

Le seul problème, c’est que l’information n’est pas suffisante : en effet, on peut savoir qu’une chose est mauvaise et pourtant être tentée par elle.

Le deuxième axe qui, je crois, est plus prometteur que la diffusion d’informations en tant que telles, c’est la prévention faite par les jeunes en direction des jeunes. C’est pourquoi je souhaite travailler avec les conseils de vie lycéenne, le Conseil national de la jeunesse et les conseils départementaux et régionaux de la jeunesse, parce que,très souvent, les jeunes écoutent davantage leurs camarades que les adultes, même si, évidemment, la communication des adultes en direction des jeunes reste très importante, au moins pour fixer les cadres.

Il est vrai que, souvent, la discussion entre les jeunes eux-mêmes est probablement plus efficace, parce qu’ils sont peut-être plus impressionnés par un camarade qui leur dira que c’est vraiment une bêtise ou que ce n’est pas bien, que par le discours habituel des parents ou des professeurs.

Nous avons mis au point toute une politique au sein des établissements avec un thème fédérateur, "les élèves, acteurs de la prévention dans les lycées, et cela fonctionne relativement bien. C’est en tout cas bien perçu par les jeunes et ils s’y investissent eux-mêmes avec beaucoup de talent et d’énergie.

J’évoquerai un troisième volet (indépendamment de ce que Xavier Darcos vous présentera lui-même en termes de généralisation des comités d’éducation à la santé ou d’organisation d’un certain nombre de colloques et de journées de prévention) qui entre dans le cadre de l’opération que j’ai lancée il y a un mois, "Envie d’agir", le livret des engagements pour les jeunes. Beaucoup d’associations participent à cette opération, associations qui sont dédiées à la prévention des addictions — appelons-les par leur nom — et qui donnent des résultats tout à fait intéressants.

J’ai par ailleurs mis en place un certain nombre de missions, l’une que j’ai confiée au docteur Guffens, qui s’occupe de l’association THS (Toxicomanie, Hépatite, Sida) et qui fait du bon travail.

J’ai également demandé à mon collègue et ami David Cayatte qui est, comme vous le savez, l’un des artisans du plan de lutte contre le cancer dont le président de la République a fait une priorité de son quinquennat, de réfléchir à la possibilité de concevoir une cassette vidéo de 26 minutes qui serait destinée à améliorer la prévention dans les établissements. En effet, il faut être franc : quelle que soit la qualité informative de ces petits dépliants, je crains qu’en termes de prévention à proprement parler, ils ne soient pas très efficaces, les jeunes ayant souvent le sentiment qu’ils sont immortels et qu’ils ne risquent rien.

Je pense donc qu’il faut vraiment réfléchir, en termes de communication, à la qualité des messages qu’on leur fait passer. Je suis souvent très déçu par la qualité des spots publicitaires ou des campagnes d’information, parce que, la plupart du temps, les jeunes les regardent d’un oeil un peu ironique et que cela ne les atteint pas vraiment. J’ai donc le sentiment qu’il faudrait, pour être efficace, mobiliser les talents d’un metteur en scène professionnel, si possible de très grand talent. Il faudrait faire appel à quelqu’un qui soit capable de faire un véritable film au niveau d’un grand réalisateur et non pas au niveau des spots publicitaires habituels.

Je me permettrai d’évoquer un épisode à la fois ancien et humoristique sur un sujet qui n’attire pas l’humour. A l’époque où Mme Barzac avait fait la première campagne de lutte contre le sida dans les établissements (c’est un sujet un peu différent, mais c’est tout de même une campagne en direction des jeunes sur des questions de santé très importantes), on voyait l’image d’une espèce de flèche brisée qui passait par le corps d’un jeune qui disait : "Il ne passera pas par moi" en parlant du virus du sida. Dans la liste des différentes façons de contracter le virus, il y avait évidemment tout ce que nous savons aujourd’hui à ce sujet, c’est-à-dire le fait qu’il peut se contracter par le contact direct avec le sang et le sperme, et on trouvait la phrase suivante : "Le virus du sida ne s’attrape pas dans les actes de la vie quotidienne".

Je me souviens très bien qu’à cette époque, mes étudiants n’avaient retenu que le côté humoristique de la chose, parce qu’ils en avaient déduit que ceux qui avaient rédigé le tract ne faisaient pas l’amour tous les jours. Malheureusement, c’est ce qu’ils en avaient retenu et cela les avait fait rire. C’est ainsi que l’ensemble de ces tracts — il y en avait des millions — était passé assez rapidement à la poubelle.

Je le dis sans ironie et ce n’est pas pour faire de l’humour sur un sujet qui, encore une fois, ne le mérite pas, mais je pense que cela doit attirer notre attention sur le fait que ces campagnes en direction des jeunes, quelle que soit la bonne volonté qui les anime et la qualité de ces informations, peuvent échouer totalement sur une erreur de communication et se retrouver dans les poubelles des établissements.

J’ajouterai une autre réflexion de fond. Dans cette affaire, il faut revenir à deux aspects fondamentaux du problème si on veut réfléchir à des campagnes de communication vraiment efficaces et non pas simplement formelles et rhétoriques.

Pour cela, il faut tout d’abord revenir à la dimension biologique du problème des addictions. Cette dimension biologique a été mal connue pendant très longtemps et nous ne la connaissons bien sur le plan scientifique que depuis très peu de temps. En effet, nous connaissons aujourd’hui, du point de vue scientifique, les mécanismes des addictions à partir de travaux qui n’ont pas plus d’une quinzaine ou d’une vingtaine d’années sur la biologie génétique. Je pense en particulier aux travaux de Jean-Didier Vincent, l’un de nos plus grands biologistes, et à son livre "La biologie des passions", qui montre bien la structure biologique de ce que les scientifiques appellent les processus opposants selon lesquels — c’est le cas de toutes les addictions — on est obligé d’augmenter constamment les doses avec une régression constante des effets ressentis.

Il s’agit là d’un phénomène diabolique, puisqu’il faut constamment augmenter les doses pour réussir à ressentir encore l’effet des drogues auxquelles on s’est habitué.

Cette structure est maintenant connue sur le plan scientifique puisque nous savons comment agissent ces drogues, en particulier le cannabis, et quels sont les neuro-transmetteurs qui sont libérés dans le cerveau. Cette dimension du problème est importante parce qu’elle a permis de montrer que nous étions, les uns et les autres, en particulier les jeunes, très inégaux devant les drogues, c’est-à-dire que la sensibilité aux drogues est très différente : cela peut varier de un à dix selon les individus, en fonction de la capacité génétique à libérer les neuro-transmetteurs lors de l’absorption de drogues.

Cette dimension biologique du problème avait été totalement sous-estimée au profit des approches anciennes, psychanalytiques, psychologiques et sociologiques, alors qu’elle est à mon avis déterminante, aujourd’hui, dans la prise en compte de cette problématique et qu’elle nous conduit à une conclusion certaine : en cette matière, plus que dans beaucoup d’autres, il vaut mieux prévenir que guérir. Il vaut mieux ne pas toucher au tabac ou au cannabis dans sa vie plutôt que d’essayer de s’en déprendre, précisément en raison de la nature biologique du problème et du fait que nous gardons le souvenir dans nos gênes et dans notre cerveau, c’est-à-dire de cette logique des processus opposants.

Enfin, il y a également une dimension historique et sociologique de la question. Il est très probable qu’un certain type de culture favorise les addictions. Lorsque les individus étaient habitués à avoir des valeurs stables et traditionnelles (et ce n’est pas un jugement pour ou contre le monde contemporain que je porte), celles-ci avaient un effet très important de stabilisation de la consommation. Nos grand-mères ou nos arrière-grand-mères consommaient relativement peu et elles auraient probablement détesté l’univers des grands supermarchés.

Je pense donc que l’affaiblissement des valeurs traditionnelles et des valeurs culturelles et morales stables (encore une fois, ce n’est pas un jugement de valeur que je porte) favorise évidemment l’entrée dans la logique de la consommation répétée et qu’il existe très clairement un lien très étroit entre la drogue et la consommation. Les drogues illicites sont, d’une certaine façon, la consommation à l’état brut : on consomme, puis l’effet disparaît et on recommence l’opération, à chaque fois avec des doses de plus en plus élevées et une fréquence de plus en plus soutenue.

Cette logique de la consommation est très largement favorisée, malheureusement, par la déstructuration des valeurs traditionnelles, qu’il s’agisse des valeurs culturelles ou des valeurs morales. Je pense donc que nous aurions aussi une réflexion à conduire, pour bien comprendre le problème dans son ampleur et ses racines, sur un univers qui a eu besoin de se déstructurer et d’attaquer, comme une espèce de corrosion, les valeurs traditionnelles pour libérer laconsommation. Nous avons eu besoin aussi de cela dans un univers marchand.

Par conséquent, si nous voulions essayer de comprendre historiquement les raisons pour lesquelles la consommation de drogue est devenue, dans les trente dernières années, un phénomène important dans les établissements scolaires, il faudrait prendre en compte cette dimension historique et sociologique.

Disons-le franchement : de mon temps, comme on dit, cela n’existait pas ; je n’ai pas le souvenir que, dans les établissements scolaires, il y a trente ou quarante ans, il y ait eu le moindre problème de drogue. Cela n’existait tout simplement pas. Il y a donc une réflexion à mener aussi sur la dimension historique du problème pour essayer de comprendre pourquoi il est apparu, à échelle de l’histoire, dans une période extraordinairement récente. C’est aussi un aspect du problème qui mériterait d’être pris en compte si on veut avoir une action de prévention vraiment efficace qui ne se borne pas à la diffusion de conseils généreux et de dépliants qui, malheureusement, à l’expérience, ne sont pas toujours aussi efficaces que les bonnes volontés qui sont derrière pourraient le souhaiter.

Voilà, monsieur le Président, les quelques mots que je voulais vous dire de façon liminaire.

M. le Président. - Merci, monsieur le Ministre. L’éclairage que vous apportez dans votre déposition est très intéressant. Cela dit, après la guerre de 14, la drogue existait très fortement, mais dans des milieux particuliers, notamment liés à l’Orient, après quoi cela avait chuté pour reprendre quelques décennies plus tard, comme vous venez de l’indiquer.

Monsieur le Rapporteur, je vous donne maintenant la parole pour vous permettre de poser les questions que vous souhaitez à M. le Ministre.

M. Bernard PLASAIT, Rapporteur. - Monsieur le Ministre, j’avais préparé un certain nombre de questions et je m’aperçois qu’un certain nombre d’entre elles, en fonction de ce que vous nous avez dit tout à l’heure, s’adresseront davantage à M. Darcos.

Cependant, comme j’ai trouvé très intéressante votre façon d’aborder les choses, j’avais envie de vous demander de nous parler philosophie, parce que je pense que c’est un peu de cela qu’il s’agit.

Je commencerai par un point que vous avez évoqué et qui concerne la qualité des messages qu’il faut délivrer dans ce domaine, qui est en effet un grand sujet de préoccupation puisque, dans le domaine de la communication, il importe évidemment de trouver les points sensibles.

Il se trouve que, pendant le week-end, j’ai rencontré une enseignante qui m’a parlé de la séance de formation à la prévention dispensée dans une école à laquelle elle avait assisté (elle en avait d’ailleurs vu de nombreuses) et qui m’a indiqué que celle-ci avait été faite, un peu comme toutes les autres, dans une espèce d’indifférence générale des élèves qui, en effet, n’étaient pas très sensibles aux propos tenus par le formateur. C’est alors que la personne qui faisait cette formation, qui était une femme, a parlé d’effets de stérilité non pas en termes intellectuels mais de façon très concrète, en disant qu’à la suite de consommations importantes de drogue, on avait connu des femmes qui ne pouvaient plus avoir de bébé.

Cette personne m’a dit que cela avait occasionné une espèce de retournement dans la classe et que toutes les filles s’étaient alors senties concernées. Comme le disait Colette, il s’agit de toucher un nerf. Si on arrive à avoir un bon professionnel qui est capable de déterminer les bons axes de communication, on sera sans doute beaucoup plus efficace.

Dans ce que vous avez dit, monsieur le Ministre, il y a une chose qui, comme on dit, m’interpelle. En effet, vous avez présenté différents documents, notamment celui qui a été édité par la MILDT et qui s’appelle "Savoir plus pour risquer moins". C’est justement l’un des principaux problèmes que je voudrais évoquer car, d’une certaine manière, ce titre est révélateur d’un état d’esprit qui a été celui de la MILDT pendant les dernières années et qui est lui-même presque une conséquence ou même un effet pervers de la politique de réduction des risques. En effet, celle-ci a eu évidemment des effets très bénéfiques pour empêcher la diffusion du virus, mais, d’une certaine manière, elle a pris la drogue comme un fait quasiment incontournable, dont il fallait s’accommoder et dont il fallait simplement essayer de limiter les risques.

Ce titre est bien "Savoir plus pour risquer moins" alors que la conception que vous avez vous-même définie et qui est celle de la prévention aurait dû conduire la MILDT à titrer son fascicule : "Savoir plus pour ne pas risquer, c’est-à-dire pour ne pas se droguer".

Ma question est donc la suivante : cette philosophie de la MILDT qui consiste à s’attacher davantage aux comportements qu’aux produits consommés et à gérer le risque plutôt qu’à empêcher la consommation n’est-elle pas une chose que vous considérez comme perverse et qu’il faut donc modifier et avez-vous avec la MILDT un partenariat sur une base différente de celle-là ?

M. Luc FERRY. - Nous avons un partenariat avec la MILDT et nous travaillons beaucoup avec ses représentants, évidemment.

Maintenant, sur le fond de votre question, si je vous comprends bien, mais peut-être vais-je me tromper, vous voulez dire que le pari était d’insister sur la notion de risques et non pas sur l’interdit. Peut-être pouvez-vous préciser ce point.

M. le Rapporteur. - Pour m’exprimer autrement, je crois que la MILDT a lancé un message qui n’était pas vraiment destiné à la prévention mais à la limitation des risques, en encadrant la consommation de drogue plutôt qu’en souhaitant l’empêcher ou l’éradiquer.

M. Luc FERRY. - Je vous ai donc bien compris. Vous estimez que c’est plutôt un message de prévention et de limitation devant un fait accompli, un message qui consiste à dire que cela existe et qu’il faut limiter les choses, plutôt qu’un message d’interdit total et radical consistant à refuser le fait lui-même. Je dirai deux choses sur ce point.

Je pense tout d’abord que la MILDT avait enregistré le fait que la réalité est là, notamment dans les établissements. Vous avez parlé tout à l’heure, monsieur le Président, du contact avec certaines drogues, en particulier de l’opium, dans les milieux liés à l’Orient, mais on pourrait ajouter que c’était le cas dans le monde intellectuel, dans lequel on a pris pendant très longtemps non seulement de l’opium, mais de la cocaïne, ce qui n’était d’ailleurs pas interdit, l’interdiction étant relativement récente. Chacun sait que Freud, par exemple, consommait de la cocaïne à haute dose, de même que Sartre.

Cependant, cela n’existait pas dans les écoles, les collèges et les lycées ; je n’ai jamais entendu parler de cannabis ou d’herbe avant 1968, pour dire les choses très franchement. Aujourd’hui, soyons clairs, cela existe partout et cela touche tous les milieux sociaux. Ce n’est ni chic, ni pas chic et ce n’est pas limité à un petit milieu intellectuel.

M. le Président. - La ruralité n’en est même pas à l’abri.

M. Luc FERRY. - Absolument. Nous sommes donc là dans une situation très nouvelle et je pense qu’il s’agissait de prendre acte de cette situation pour essayer de limiter les dégâts. On peut toujours discuter pour savoir si c’est la bonne approche ou non, mais il est clair que, pendant des années et des années, on a laissé s’installer les choses avec ironie, en considérant que c’était bénin. Qui d’entre nous n’a pas rencontré des gens qui avaient fumé un joint ? N’importe lequel d’entre nous peut aller, ce soir, dans un dîner en ville dans lequel il verra quelqu’un sortir un joint ! Il faut bien dire les choses comme elles sont.

Dieu sait que, dans le milieu du show-biz, il est bien difficile d’assister à une fête, quelle qu’elle soit, sans que l’on soit en présence de drogues illicites, et il est vrai que, dans certains établissements scolaires, notamment à Paris, cela existe quotidiennement.

La réalité est donc là et le mérite de cette approche était de ne pas la nier, même si on peut dire que c’est peut-être déjà une concession et une lâcheté.

Le deuxième argument, c’est que l’interdit n’est pas toujours efficace. La preuve, c’est qu’il existe et qu’il est transgressé. Il est évident (je ne le dis pas pour encourager cette logique mais pour tenir compte de la réalité) que l’interdit est l’un des aspects majeurs de la tentation chez les jeunes. Maintenant, honnêtement, il n’est pas facile de gérer cela. Faut-il renforcer l’interdit ? Il faut sûrement que les adultes le fassent, mais je me permettrai d’utiliser une comparaison un peu audacieuse : s’agissant du préservatif dans l’Eglise, le pape a dit que c’est interdit et les évêques de France ont précisé dans un message que, certes, c’était interdit, mais que lorsqu’on le fait quand même, mieux vaut mettre un préservatif quand on sait qu’on a le sida et qu’on n’est pas capable de respecter le principe de la fidélité. Excusez-moi d’utiliser cette comparaison, mais elle est historiquement avérée.

Ne faut-il pas avoir cette stratégie à plusieurs niveaux ? Pour les drogues, de la même façon, ne devons-nous pas, nous, les adultes, rappeler fortement l’interdit et faire passer ce message avec fermeté, quitte à ce qu’un certain nombre d’associations, en particulier de jeunes, disent : "L’interdit est la règle, mais si tu n’as pas réussi à le respecter, il faut limiter les dégâts parce que c’est très dangereux" ?

On peut avoir des stratégies à plusieurs niveaux. Ce n’est peut-être pas au ministre de l’éducation nationale de le dire, mais cela n’empêche pas d’y réfléchir.

M. le Président. - Je me permets de vous interrompre. Tout à l’heure, vous avez dit que la drogue était dangereuse et que lorsque l’on commençait, on avait tendance à en prendre de plus en plus. Celui qui prend un joint occasionnel ne pose pas de problème. Ce qui est dangereux, c’est l’accoutumance et le problème, c’est la graduation dans les drogues illicites. C’est comme une échelle de perroquet : plus on consomme, plus on est tenté d’aller plus loin et c’est alors que cela fait des ravages.

C’est pourquoi nous étions un certain nombre à penser ici que l’analyse de la MILDT, au travers de ce document, pouvait être dangereuse parce qu’elle ne mettait pas suffisamment en évidence le danger de l’accoutumance réelle à la drogue.

M. Luc FERRY. - Sur ce point, je suis entièrement de votre avis, et c’est ce que je disais tout à l’heure en évoquant le vieil adage selon lequel il vaut mieux prévenir que guérir, en la matière, puisque l’accoutumance va très vite, que les addictions sont très rapides et que le souvenir est quasiment éternel. L’un des grands apports de la biologie contemporaine, qui est très récent, a justement permis de montrer que nous gardons la mémoire de la drogue et de l’addiction alors même que le corps physique est totalement déshabitué. C’est le vrai problème.

C’est très clair pour le tabac. On peut avoir arrêté de fumer pendant un an ou deux, être totalement désintoxiqué sur le plan physique (pour le tabac, la désintoxication physique est acquise au bout d’environ trois mois), mais néanmoins garder le souvenir des neuro-transmetteurs libérés dans le cerveau par l’absorption de drogue.

Cela renforce donc votre argument : il est absolument essentiel de prévenir l’addiction, car une fois qu’elle est là, il est très difficile de revenir en arrière. On peut arrêter, mais on en garde le souvenir.

Il en est de même pour l’alcool. L’alcoolique sévère qui est passé par les associations de lutte contre l’alcoolisme qui sont efficaces (je pense en particulier aux Alcooliques anonymes) et qui obtiennent des résultats assez intéressants, ne peut plus jamais boire. S’il retouche à un baba au rhum ou à une sauce au madère, c’est reparti ! On a là un phénomène que nous avons maintenant compris du point de vue de la biologie.

Le message est très important. Je veux dire par là qu’il doit être adapté au public que l’on veut toucher. Ce que je dislà est une banalité, mais je vais simplement vous donner un exemple pour évoquer ce point.

Il y a peu de temps, au cours d’un séjour au Brésil, j’ai été surpris de constater ce qui était indiqué sur les paquets de cigarette. En effet, là où nous avons chez nous "Fumer nuit gravement à la santé" ou "Fumer peut provoquer le cancer", il est marqué au Brésil : "Fumer peut provoquer l’impuissance sexuelle", probablement parce que cela touchait plus le mâle brésilien que le cancer ou les maladies cardio-vasculaires. Il y a là une différence culturelle qui,manifestement, traduit probablement une adaptation au public qui n’est pas inintéressante. Quand on pense aux messages qui sont diffusés, cela mérite une vraie réflexion.

M. le Rapporteur. - Voyant l’heure, je laisse la parole à mes collègues, monsieur le Président.

Mme Monique PAPON. - Monsieur le Ministre, vous avez tout à fait raison de dire — nous en sommes bien conscients — qu’il faut adapter le message au public que l’on veut cibler parce que notre société se défausse sur des campagnes de publicité et se donne bonne conscience mais que cela ne sert à rien.

En fait, tout dépend des jeunes auxquels on veut s’adresser et l’exemplarité des professeurs ne sert pas à grand-chose, d’autant que les jeunes prennent comme modèles, comme vous l’avez dit, des gens du show-business ou d’autres milieux dont on sait bien qu’ils usent et abusent de la drogue.

Comment prévenir les choses dès le primaire ? C’est une question qu’il faudra poser à M. Darcos. En effet, c’est au moment où s’impriment les choses sur l’enfant qu’il y a peut-être une action à mener. Quelle peut-elle être ?

M. le Président. - Si vous le permettez, monsieur le Ministre, mes collègues vont vous poser des questions en une fois, ce qui vous permettra de répondre globalement et de gagner un peu de temps.

M. Serge LAGAUCHE. - Concrètement, monsieur le Ministre, alors qu’un certain pourcentage de lycéens fument régulièrement du cannabis, on s’aperçoit de façon évidente qu’un certain nombre d’entre eux arrivent en classe après avoir fumé du cannabis dès le matin et ne sont pas dans leur état normal, ce qui se reproduit régulièrement. Quelles consignes sont données aux enseignants ?

M. le Président. - Je vais vous demander de bien vouloir répondre à ces deux intervenants, monsieur le Ministre.

M. Luc FERRY. - Je commencerai par la prévention en milieu scolaire, et en particulier à l’école primaire. Elle est assez bien faite et assez efficace. Le problème que nous avons, c’est qu’il se passe quelque chose à l’adolescence qui, malheureusement, remet les compteurs à zéro et repose le problème à nouveaux frais.

Autrement dit, il est très frappant de constater que ce que les petits ont intégré, accepté et compris peut être totalement remis en question au moment de l’adolescence parce qu’un autre modèle s’impose.

Quand on a des enfants, on connaît très bien ce moment de l’adolescence où, d’un seul coup, ils ont une espèce de héros qui va être un garçon ou une fille un peu plus âgé, de 16 ou 18 ans, qui supplante complètement les parents, les instituteurs ou les professeurs d’école. Ils sont alors pris dans une autre logique : ce qu’ils ont appris à l’école ne sert plus à rien parce qu’ils ont un nouveau modèle. On a là une nouvelle prévention à mettre en place au collège, pour le coup, qui n’est pas la même qu’à l’école.

A l’école, cela passe très bien : globalement, ils sont tous contre le tabac et la drogue, ils trouvent cela affreux, ils sont très écologistes, ils sont mignons comme tout, mais, malheureusement, le problème se repose à 14 ans dans des termes complètement différents.

Les consignes que nous donnons dans ce cas aux enseignants sont évidemment claires : il s’agit de prendre contact avec les services médicaux au sens large, c’est-à-dire, bien sûr, avec les infirmières, les assistantes sociales et les médecins scolaires pour essayer de prendre en charge le problème avec l’équipe éducative et non pas simplement tout seul.

Si, éventuellement, il y a un trafic dans l’établissement, ce qui, malheureusement arrive inévitablement, l’application des sanctions disciplinaires est plus que recommandée. Dans les mesures de Xavier Darcos, figure cette incitation aux mesures disciplinaires fortes.

D’une certaine façon, pour dire les choses franchement, on renvoie toujours un peu le problème qui est celui du traitement de fond. A cet égard, malheureusement, nous n’avons pas la réponse. On a recours à la solution de la prise en charge par l’équipe pédagogique, mais cela fonctionne-t-il aussi bien qu’on le souhaiterait ? C’est compliqué.

Les jeunes, comme je le disais tout à l’heure rapidement, se sentent immortels : on commence à être mortel à 25 ou 30 ans. Ils pensent qu’ils sont immortels, que tout ce qu’on leur dit est de la blague, que cela se rattrape et que, même si on se détériore un peu la santé, cela va se régénérer. Ils ne sont pas sensibles aux messages de risques, ou très peu. Pour le sida, on a d’ailleurs le même problème : ils sont peu sensibles à un message qui leur dis : "tu peux mourir", parce qu’ils n’y croient pas. Il n’est pas dans la logique de l’enfance d’imaginer qu’on va mourir.

Excusez-moi d’évoquer une métaphore philosophique, mais Schopenhauer avait une jolie métaphore sur le sujet en disant que la jeunesse correspond au moment où on grimpe sur la montagne sans voir ce qu’il y a derrière et que l’âge adulte est le moment où on est au sommet et où on redescend. Tant qu’on grimpe, on ne voit pas ce qu’il y a derrière et on ne croit pas à l’hypothèse de la mort, ni même à celle de la maladie grave.

Ce n’est donc pas tellement en jouant sur le risque que l’on est très efficace. Les jeunes sont beaucoup plus sensibles aux risques d’altération de l’environnement. Si on fait du mal aux animaux ou aux plantes, ils trouvent que ce n’est pas bien, mais lorsqu’il s’agit d’eux-mêmes, ils estiment que tout cela s’arrangera.

La grande difficulté de la communication en direction des jeunes, c’est, tout d’abord, qu’elle est très aisément tournée en dérision (ils trouvent toujours le biais pour faire de l’humour sur des sujets graves) et, ensuite, qu’ils sont peu accessibles aux messages de risques. Donc la difficulté est grande.

Malgré tout, je reste partisan de consignes de très grande fermeté. Il faut renforcer la fermeté. Qu’on ne se méprenne pas : à défaut de faire passer des messages plus intelligents, il faut au moins que l’interdit soit clair, ferme et net et que l’on n’hésite pas à appliquer des sanctions disciplinaires, voire plus que réglementaires, c’est-à-dire faire appel à la loi, mais il faut savoir que cela ne règle pas le problème et qu’il faut aller plus loin.

M. le Président. - Je vous poserai une dernière question, monsieur le Ministre. Dans le cadre de la loi Evin, la loi anti-tabac, le président de la République a fait une récente déclaration pour annoncer des mesures pour lutter contre la consommation de tabac. Or, dans les collèges (j’en ai 69 dans mon département et je n’ai en charge que les bâtiments pour le moment), je m’aperçois qu’on n’applique pas la réglementation. Tout le monde fume dans les collèges, dans les couloirs comme dans les cours. Comment va-t-on faire appliquer les textes existants et pensez-vous que le corps enseignant, sur lequel vous avez autorité, est prêt à jouer le jeu pour respecter ces lois anti-tabac ?

M. Luc FERRY. - Je ferai un tout petit correctif, si vous le permettez : on ne fume pas pendant les cours, pas plus que dans les lycées, ni dans les universités.

M. le Président. - Je parlais des cours et des couloirs et non pas des salles de classes.

M. Luc FERRY. - Vous parliez des cours de récréation. Excusez-moi : je vous ai mal compris. Cela dit, il ne faut pas oublier que l’on a quand même beaucoup progressé, parce que je me souviens très bien que, lorsque j’étais étudiant (c’était effectivement à l’université mais je pense que vous avez eu la même expérience que moi), les salles de cours étaient enfumées comme une boîte de nuit ! On n’y voyait à peine et tous mes professeurs fumaient pendant le cours. Cela a beaucoup évolué.

Dans les mesures que nous mettons en place avec Xavier Darcos, il y a évidemment plus que le rappel de cette loi Evin qui interdit que l’on fume dans les établissements et, d’une manière générale, dans les lieux publics puisque nous avons demandé depuis la rentrée aux professeurs de ne pas fumer eux-mêmes dans la salle des professeurs.

Le problème, c’est que les élèves viennent me voir (je les ai encore vus au Conseil de la jeunesse, samedi dernier) en disant qu’ils trouvent scandaleux que les professeurs fument dans la salle des profs ou que telle ou telle catégorie de personnel fume une petite cigarette dans la cuisine une fois que la vaisselle est rangée. Il faut donc absolument interdire — cela fait partie des mesures que nous mettons en place — toute espèce de cigarette dans les établissements, où que ce soit.

Maintenant, il faut savoir que très nombreux sont les chefs d’établissement qui me disent : "Bien sûr, monsieur le Ministre, on est d’accord avec vous, mais on les laisse fumer une petite cigarette pendant la récréation, parce que, si nous le leur interdisons, ils vont la fumer au café du coin, ce qui est pire". On a là une difficulté supplémentaire que les chefs d’établissement ne savent pas toujours résoudre.

Cela dit, notre consigne, en tant que ministre, est très claire : interdiction totale de fumer pour tout le monde dans tous les établissements.

M. le Président. - M. le Rapporteur a une dernière question à vous poser, après quoi nous vous libérons.

M. le Rapporteur. - A la fois dans la foulée de cette question et du sujet précédent, l’obstacle à une bonne information et à une bonne prévention dans les établissements scolaires ne vient-il pas aussi d’une certaine culture, assez largement partagée chez les enseignants, qui est faite d’une certaine compréhension à l’égard du cannabis ? Il s’agit quand même de la génération du "Il est interdit d’interdire".

Il est donc sans doute difficile d’organiser une bonne prévention à partir du moment où ceux-là même qui devraient être très impliqués dans la délivrance du message ont une certaine réticence à le délivrer.

M. Luc FERRY. - Vous avez évidemment tout à fait raison, mais cela constitue un vrai paradoxe, puisque c’est cette génération du fameux "Il est interdit d’interdire" qui, d’une certaine façon, alors qu’elle était au départ radicalement critique de ce qu’on appelait la société de consommation, a livré les individus à cette société de consommation. C’est le paradoxe que j’évoquais tout à l’heure et il y a là un vrai sujet de réflexion.

Il est vrai que certains philosophes avaient avancé une expression un peu barbare, comme c’est souvent le cas du jargon philosophique, mais très parlante sur le sujet, à cette époque des années 60, en parlant de "désublimation répressive". Cette formule très laide signifie une chose qui n’est pas du tout idiote et qui relève plutôt du bon sens.

Quand les valeurs et la culture sont érodées et quand on perd la capacité de sublimation, au sens que les psychanalystes donnent à ce terme, c’est-à-dire un univers symbolique que l’on peut habiter, dans lequel on peut vivre, séjourner et se stabiliser (l’une des grandes fonctions de la culture est de stabiliser les êtres humains et de lesfaire vivre dans un monde où ils n’ont pas besoin de recourir à la consommation en permanence), il y a quelque chose de répressif et on est livré à la société de consommation.

Autrement dit, le fameux "Il est interdit d’interdire" a livré les individus à l’univers de la consommation et à l’univers marchand, et je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles la tentation de la drogue et des conduites addictives est devenue un phénomène de société dans les années 70 et 80, parce que c’est à ce moment-là que cela s’est passé. Souvenez-vous des chansons des Beatles comme "Lucy in the sky with diamonds". Toute cette époque a libéralisé la drogue.

Souvenez-vous aussi qu’aux Etats-Unis, jusqu’à une date très récente, le LSD n’était pas interdit. Dans les années 60, il était autorisé et on ne savait même pas ce que c’était !

C’est vraiment cette période néfaste qui a probablement, en même temps qu’on entrait dans la vague de la contestation et donc de l’érosion des valeurs traditionnelles, pour le meilleur parfois mais pour le pire souvent, livré les individus à la logique de la consommation et, par là même, à cette espèce de quintessence de la logique de la consommation qu’est la drogue puisque c’est la consommation à l’état brut. On assiste là à un phénomène de société d’une très grande ampleur.

On pourra toujours discuter sur la dose de répression et de prévention qu’il faut mettre : il faut mettre les deux et nous serons probablement tous d’accord sur ce point, mais le problème de fond est de remettre quelque chose dans la tête des gens. C’est la vraie solution. Quand vous avez quelque chose dans la tête, quand vous avez un univers culturel dans lequel vous pouvez vivre et que vous pouvez habiter en y trouvant un bonheur, vous ne vous livrez pas à la consommation de drogue. La vraie solution consiste à remettre dans la tête de nos élèves d’autres considérations que celles de la consommation. C’est évidemment un travail de longue haleine, mais je crains que cela ne soit la seule solution de fond.

Mme la Présidente. - La philosophie a de beaux jours devant elle. Merci, monsieur le Ministre.


Source : Sénat français