Éric Toussaint
Docteur en sciences politiques des universités de Liège et de Paris VIII, président du CADTM Belgique, membre du Conseil international du Forum social mondial et de la Commission présidentielle d’audit intégral de la dette (CAIC) de l’Équateur, membre du Conseil scientifique d’ATTAC France. Dernier ouvrage publié : La crise, quelles crises ? (avec Damien Millet, Aden 2010).

Trois ans après le coup d’État institutionnel contre le président démocratiquement élu du Honduras Manuel Zelaya, une opération similaire vient de déposer le président du Paraguay Fernando Lugo, également élu suivant les normes sacrosaintes du suffrage universel mais devenu – comme Manuel Zelaya – un caillou dans le soulier de l’oligarchie paraguayenne et de ses maîtres de Washington, qui s’étaient bien accommodés par contre des 35 ans de pouvoir répressif du général Alfredo Stroessner. Le professeur Eric Toussaint explique comment la bénédiction de Washington au coup institutionnel hondurien de 2009 a ouvert la porte au putschisme institutionnel, en fait des coups d’État déguisés en processus légaux et avalisés par les parlements et les élites oligarchiques.

La crise financière en Grèce, en Irlande, au Portugal et en Espagne a ouvert un débat dans de nombreuses associations européennes sur l’origine des dettes à rembourser et le rôle du Fonds monétaire international pour la recouvrir. La problématique posée par le CADTM depuis plusieurs décennies dans le tiers-monde s’invite en Europe : ces dettes sont-elles toutes légitimes ? Faut-il les payer ?

Alors que les Etats de l’Union européenne sont touchés par une crise financière comparable à celle que connaissent depuis des décennies certains Etats du Sud, le CADTM énonce huit propositions. Certaines s’enracinent dans une conception particulière de la société, d’autres dans l’expérience du CADTM dans les pays du Sud. Toutes méritent discussion.

Alors que les Etats-Unis profitent du chaos consécutif au tremblement de terre pour envahir et occuper Haïti, comme ils le firent de 1915 à 1934, la presse internationale présente la misère qui frappe ses habitants comme une fatalité comparable au séisme. Sophie Perchellet et Eric Toussaint rappellent qu’il n’en est rien. Depuis le XIXe siècle, lorsque les esclaves durent indemniser leurs maîtres, jusqu’aux oukazes du FMI, la pauvreté est le fruit de l’exploitation.

Le G20, auto-proclamé directoire économique mondial, a décidé de renforcer les capacités du FMI et de la Banque mondiale à ponctionner les richesses du Sud afin de résoudre la crise du Nord. Pour masquer la cruauté de cette politique, les institutions internationales sont convenues à Istanbul d’un lifting cosmétique du FMI qui ne modifie en rien le principe censitaire de son Assemblée générale. Les responsables du Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde (CADTM) dénoncent cette aggravation des déséquilibres mondiaux.
Le capitalisme malade de sa gourmandise
Au Sud comme au Nord, de la grande transformation des années 1980 à la crise actuellepar
Éric Toussaint

Les excès de quelques banquiers sans scrupules sont-ils responsables de la crise financière mondiale, comme le prétend le président Obama ou l’arbre cache-t-il la forêt ? Les données réunies par l’économiste Éric Toussaint montrent qu’au contraire la crise est l’aboutissement d’un long processus de transformation des règles économiques depuis les années 80. Le capital est toujours mieux rémunéré, le travail toujours moins. Après avoir dévasté les pays du Sud, cette logique détruit à leur tour les pays du Nord. La crise est donc systémique. Qu’on le veuille ou non, elle marque un paroxysme dans la lutte des classes. Faute de changer les règles de répartition des richesses, de vastes affrontements sociaux deviennent inévitables.

La crise financière nord-américaine produit une onde de choc dans l’économie globale. Les ressources des pays en développement s’assèchent tandis que le loyer de l’argent s’élève. Une nouvelle crise de la dette est imminente. Des économies émergentes peuvent être englouties par cette vague. Ici l’enjeu n’est pas de savoir si les banquiers des pays riches toucheront leurs bonus, mais comment les populations des pays pauvres pourront survivre.
La « main tendue » aux Africains
Les trois fautes de Barack Obama en Afriquepar
Éric Toussaint, Damien Millet, Aminata Barry Touré, Emilie Tamadaho Atchaca, Ibrahim Yacouba, Jean Victor Lemvo, Luc Mukendi, Solange Koné, Sophie Perchellet, Victor Nzuzi

Barack Obama poursuit le relookage des États-Unis. Dans un discours prononcé à Accra devant le parlement ghanéen, il a tendu la main aux Africains et s’est engagé à les aider à vaincre le sous-développement. Comme les messages précédents au Caire ou à Moscou, cette rhétorique a séduit les médias atlantistes —enfin soulagés de faire la promotion d’un empereur sympathique—, mais a fortement déplu aux intéressés. Des responsables du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM) analysent ce discours paternaliste.
Tueur en série
Robert McNamara, artisan de la mise au pas des peuplespar
Éric Toussaint, Damien Millet

Alors que l’administration Obama rend un hommage appuyé à Robert McNamara, décédé le 6 juillet 2009, Damien Millet et Éric Toussaint reviennent sur son bilan. L’homme ne fut pas seulement le secrétaire à la Défense qui théorisa la riposte nucléaire graduée et organisa la destruction du Vietnam en espérant l’empêcher de devenir communiste. Il fut aussi le directeur de la Banque mondiale qui utilisa les prêts bancaires pour étendre la zone d’influence états-unienne. À ce titre, il fut l’architecte de l’actuelle dette des pays du Sud.
Globalisation
Pourquoi une faim galopante au XXIe siècle et comment l’éradiquer ?par
Éric Toussaint, Damien Millet

Pendant que les pays riches s’inquiètent des conséquences de la crise financière, la faim continue de tuer dans les pays pauvres. Le programme du millénaire, mis en place par l’ONU devait la vaincre, mais en réalité, la famine progresse. Les causes de ce drame sont à rechercher dans les politiques publiques inspirées par le FMI et la Banque mondiale, dans la spéculation, et bien sur dans le phénomène de la dette, observent Damien Millet et Éric Toussaint du CADTM.

Ceux qui attendaient du G20 des mesures concrètes pour résoudre la crise économique mondiale en sont pour leurs frais. Il ne s’agissait ici que de parler finance et de donner des moyens accrus au FMI et à la Banque mondiale pour poursuivre leur politique d’exploitation du tiers-monde. En brisant les résistances, la crise offre une « opportunité » inespérée aux tenants du capitalisme pour accélérer a globalisation du système. Damien Millet et Éric Toussaint dressent leur bilan de ce sommet.
La nouvelle administration US
Économie : Obama choisit ceux qui ont échouépar
Éric Toussaint, Damien Millet

Barack Obama, le chou-chou de Wall Street et de la City étiqueté par de bons publicitaires « candidat des pauvres » vient de nommer son équipe économique. L’ex-sénateur de l’Illinois, qui a conduit la campagne électorale la plus dispendieuse de l’Histoire grâce aux subsides de JP Morgan Chase et Goldman Sachs, a rappelé à la Maison-Blanche ceux qui y ont organisé la vague de dérégulation des années 90, observent Damien Millet et Éric Toussaint. Washington entend utiliser les désordres de la crise financière pour accélérer la globalisation.

Les malheurs qui frappent les grands spéculateurs globaux ont provisoirement éclipsé dans les médias ceux, autrement plus graves, dont souffrent les populations du Sud. Alors que les gouvernements occidentaux mobilisent tous les moyens disponibles pour sauver les avoirs des super-privilégiés, Éric Toussaint rappelle la nécessité de concevoir des réponses systémiques qui permettent de résoudre à la fois les crises financière et alimentaire, auxquelles s’ajoutent les conséquences de la crise climatique.
Bruxelles (Belgique) | 7 septembre 2008
Après avoir fait les titres des journaux au printemps, la crise alimentaire mondiale est sortie hors du champ médiatique sans être résolue. Les experts du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde reviennent sur les causes de la crise et les moyens d’en sortir.
Après avoir fait les titres des journaux au printemps, la crise alimentaire mondiale est sortie hors du champ médiatique sans être résolue. Les experts du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde reviennent sur les causes de la crise et les moyens d’en sortir.
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