Torture
Lorsqu’il fait passer son intérêt avant celui de ses mandants, l’État se transforme en Léviathan et institutionnalise la torture. Celle-ci peut avoir trois fonctions : l’obtention de renseignements, l’inculcation d’aveux, ou la sanction dissuasive. L’ONU a mis en place une série d’instruments internationaux pour mettre fin à ces pratiques, incluant la « Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants » (1984), dont l’application est vérifiée par le Comité contre la torture.
Pourtant, durant la Guerre froide, les États-Unis ont généralisé cette pratique dans le tiers-monde, créant même deux écoles de torture à Panama (École des Amériques) et à Taiwan (Political Warfare Cadres Academy ). Cependant, cette pratique restait illégale et était principalement sous-traitée à des milices ou à des États alliés. En déclarant la « guerre globale au terrorisme », l’administration Bush a restauré l’usage de la torture, d’abord en la rendant publique hors du territoire US, puis en la légalisant aux États-Unis mêmes. Adaptant les techniques nord-coréennes étudiées par le professeur Albert D. Biderman, la torture pratiquée à Guantánamo, Bagram et dans les nombreuses prisons secrètes de la CIA et de la Navy visait à transformer des innocents en coupables en leur inculquant des aveux. Le régime Bush fabriquait ainsi les « témoignages » de repentis justifiant sa version des attentats du 11-Septembre et sa guerre au terrorisme.
L’administration Obama a officiellement interdit le recours à la torture. En réalité, rien n’a changé car la CIA et de la Navy ont multiplié les centres d’interrogatoires off shore.


Les condamnations de la torture par des parlementaires états-uniens, après la publication de photographies de sévices à la prison d’Abou Ghraib, ne doivent pas faire oublier que ces mêmes parlementaires ont exigé le rétablissement de la torture pour lutter contre le terrorisme après le 11 septembre. Les pratiques actuelles sont l’application minutieuse de manuels militaires en vigueur en Amérique latine depuis quarante ans, d’abord sous les ordres directs de Klaus Barbie, puis sur les instructions politiques de Dick Cheney et John Negroponte.
