Torture
Lorsqu’il fait passer son intérêt avant celui de ses mandants, l’État se transforme en Léviathan et institutionnalise la torture. Celle-ci peut avoir trois fonctions : l’obtention de renseignements, l’inculcation d’aveux, ou la sanction dissuasive. L’ONU a mis en place une série d’instruments internationaux pour mettre fin à ces pratiques, incluant la « Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants » (1984), dont l’application est vérifiée par le Comité contre la torture.
Pourtant, durant la Guerre froide, les États-Unis ont généralisé cette pratique dans le tiers-monde, créant même deux écoles de torture à Panama (École des Amériques) et à Taiwan (Political Warfare Cadres Academy ). Cependant, cette pratique restait illégale et était principalement sous-traitée à des milices ou à des États alliés. En déclarant la « guerre globale au terrorisme », l’administration Bush a restauré l’usage de la torture, d’abord en la rendant publique hors du territoire US, puis en la légalisant aux États-Unis mêmes. Adaptant les techniques nord-coréennes étudiées par le professeur Albert D. Biderman, la torture pratiquée à Guantánamo, Bagram et dans les nombreuses prisons secrètes de la CIA et de la Navy visait à transformer des innocents en coupables en leur inculquant des aveux. Le régime Bush fabriquait ainsi les « témoignages » de repentis justifiant sa version des attentats du 11-Septembre et sa guerre au terrorisme.
L’administration Obama a officiellement interdit le recours à la torture. En réalité, rien n’a changé car la CIA et de la Navy ont multiplié les centres d’interrogatoires off shore.


Mieux vaut tard que jamais !
Lundi 13 février 2006, l’association Reporters Sans Frontières (RSF) (« Quand Reporters Sans Frontières couvre la CIA », par Thierry Meyssan, Voltaire, 25 avril 2005), et (« Les mensonges de Reporters sans frontières », par Salim Lamrani, Voltaire, 2 septembre 2005.), a demandé officiellement la libération du journaliste soudanais Sami Al Haj, caméraman de la chaîne d’information arabophone Al-Jazeera. M. Al Haj, détenu par les États-Unis depuis décembre 2001, est (...)

Le silence observé par l’organisation de « défense de la liberté de la presse », Reporters sans frontières (RSF), au sujet du journaliste soudanais, M. Sami al Hajj, suscite de nombreuses interrogations quant à l’impartialité de l’association dirigée par M. Robert Ménard. Toujours prompte à stigmatiser, souvent de manière arbitraire, certains pays dans la ligne de mire de Washington tels que Cuba, le Venezuela et la Chine, RSF a totalement ignoré le calvaire enduré par M. al Hajj, travaillant pour la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera.

Tous les intellectuels états-uniens ne se rangent pas derrière les néo-conservateurs. Certains se sont insurgés contre l’appel de Charles Krauthammer dans le Weekly Standard du 5 décembre 2005 à considérer la torture comme un impératif moral pour assurer la sécurité nationale face au terrorisme.
Reproduisant en en modifiant la ponctuation la couverture du Weekly Standard, le New Republic affirme qu’il faut abolir la torture, apportant ainsi son soutien à l’amendement McCain. Sous la plume d’Andrew (...)

Sous l’impulsion des néo-conservateurs, les États-Unis ont légalisé l’usage de la torture pour la première fois de leur histoire. Un amendement du sénateur républicain John McCain visant à rétablir l’État de droit est actuellement disputé au Congrès. Ray McGovern, porte-parole d’un groupe d’anciens responsables des services secrets, lui a apporté son soutien. Il explique aux lecteurs du Réseau Voltaire que la question qui se pose aux parlementaires états-uniens n’est pas de trouver un équilibre entre sécurité nationale et droits de l’Homme, mais de défendre ou d’abandonner les valeurs fondamentales de la démocratie.
