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Paul Wolfovitz
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Présenté comme un mouvement spontané et non violent, le soulèvement qui a forcé Edouard Chevardnadze à renoncer à la présidence de la Géorgie est en réalité le fruit d’une patiente manipulation. Enjeu stratégique et pétrolier entre la Fédération de Russie et les États-Unis, la Géorgie est devenue un champ clos d’affrontement des grandes puissances. La colère populaire, habilement déclenchée par l’Institut démocratique de Madeleine Albright et structurée par des associations de jeunesse financées par George Soros, a permis à la CIA de placer ses hommes au pouvoir à Tbilissi.

Depuis trente ans, Paul Wolfowitz participe à presque tous les cabinets civils du Pentagone. Intellectuel brillant, disciple de Léo Strauss, il justifie de la guerre par l’extension de la démocratie de marché. Il s’est fait une spécialité d’inventer des menaces imaginaires pour justifier de nouveaux crédits et de nouvelles aventures. Il a théorisé les interventions préventives et l’intimidation des « compétiteurs émergeants ». N’hésitant pas à s’ingérer dans la tactique militaire, il a imposé ses conceptions aux officiers de terrain.

Habile manœuvrier, Donald Rumsfeld s’est opposé au sein du Parti républicain au réalisme d’Henry Kissinger. Loin d’être belliciste par idéologie, ce disciple de Machiavel s’est fait faucon pour faire rêver les États-uniens de grandeur après l’humiliation du Vietnam. Mêlant politique et affaires avec son ami Franck Carlucci, il a accumulé influence et fortune. Écarté de la course à la Maison-Blanche au profit de George Bush père, il a poursuivi son chemin jusqu’à atteindre le pouvoir suprême dans l’ombre de sa marionnette, George Bush fils.

Un rapport de l’ONU sur l’exploitation illégale des ressources naturelles de la République démocratique du Congo décrypte les mécanismes de pillage à l’œuvre dans le pays. Le groupe d’experts nommé par le Conseil de sécurité observe que les États voisins maintiennent une instabilité artificielle dans le pays afin de justifier la présence de leurs troupes et continuer à piller les sous-sols. Les experts observent aussi que l’exploitation de ces ressources n’est pas destinée à un marché régional, mais aux pays industrialisés. Qui, au Nord, finance le pillage d’un des pays les plus pauvres du Sud ?

Le Plan Colombie, présenté en 1998 par le président Andres Pastrana comme un programme de développement économique sans drogues, est en réalité une couverture pour l’installation des forces états-uniennes dans le pays. Les opérations militaires, dirigées de Washington par le général McCaffrey, ont coûté la vie à des milliers de paysans et de guérilleros se réclamant du marxisme ou de la théologie de la libération. Après cinq ans de combats, la Colombie est toujours le premier producteur mondial de cocaïne et ses ressources pétrolières sont plus que jamais contrôlées par Washington.

Le 11 septembre 2001, au moment où deux avions s’encastraient dans les tours du World Trade Center, les médias occidentaux évoquaient un nouveau « Pearl Harbor ». La référence à cet événement tragique de l’histoire des États-Unis est particulièrement ironique depuis que les archives déclassifiées du Pentagone ont permis d’établir que, non seulement l’attaque du 7 décembre 1941 n’était pas une surprise pour le président Franklin D. Roosevelt, mais qu’elle était même anticipée et préparée depuis plus d’un an. Le tout dans le but de convaincre l’opinion publique résolument isolationniste d’entrer en guerre contre les forces de l’Axe composées du Japon, de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste.

La Fondation Ford a joué, de 1947 à 1966, un rôle clé dans les réseaux d’ingérence états-uniens en Europe en subventionnant des revues, des programmes scientifiques et des organisations de la gauche non-communiste. La plus grande fondation philanthropique du monde offrait en réalité une façade respectable aux opérations de financement et de contact de la CIA. Ce rôle était d’autant facilité que les mêmes personnalités ont façonné et dirigé les deux organisations. Premier volet de notre enquête sur la branche culturelle de l’interventionisme atlantique.

Pour imposer son ordre en Amérique latine, George W. Bush a fait appel à un spécialiste inflexible de la contre-révolution, Otto Reich. Malgré les protestations de tous les États latino-américains et du Sénat, il en a fait son émissaire spécial dans le continent. L’homme a un passé chargé : planificateur de déstabilisations, concepteur de propagande, protecteur de terroristes et organisateur de coups d’État. En outre, joignant l’utile à l’agréable, il promeut les intérêts de ses clients personnels comme Bacardi et Lockheed.

L’indépendance unilatérale de la Tchétchénie, en 1991, et la première guerre qui s’en suivit trois ans plus tard ne doivent rien à des revendications politiques. Elles sont les conséquences d’aventures personnelles qui prirent place dans le vide provoqué par l’effondrement de l’URSS. Le général Doudaïev voulait se tailler un fief, ses anciens collègues de l’Armée rouge voulaient se rendre indispensables. Ils trafiquèrent ensemble tout en se livrant une guerre impitoyable au détriment des populations.

Alors qu’ils se partageaient les richesses économiques de la Russie, les oligarques tentèrent de neutraliser le Kremlin en y plaçant un homme lige. Leur choix se fixa sur Vladimir Poutine. Mais sitôt élu président, celui-ci se retourna contre eux pour restaurer le pouvoir de l’État et la puissance de la Russie. Poursuivant leurs affaires, ils instrumentalisèrent le conflit tchétchène et tentèrent de prendre le contrôle des pipelines de la Caspienne. Deuxième volet de notre enquête sur les coulisses des guerres de Tchétchénie.

Enquêtant sur des affaires d’État, les juges anti-terroristes se trouvent toujours à la frontière du droit et de la raison d’État. Mélangeant les genres, la France s’est dotée d’une juridiction d’exception pour traiter de ces affaires. En deux décennies, le juge Jean-Louis Bruguière a multiplié les instructions-spectacles, les arrestations de masse, et les déclarations à l’emporte-pièce. Mais ses conclusions ont souvent été désavouées par les magistrats du siège tandis que les vraies solutions se négociaient politiquement en secret.

Depuis l’effondrement et la dissolution de l’URSS, les États-Unis ont multiplié les coups fourrés pour prendre le contrôle des États de la région et encercler la Russie. S’ils ont réussi avec les mêmes méthodes douces en Yougoslavie, en Géorgie et en Ukraine, ils ont échoué en Biélorussie. Ce particularisme tient à la fois à l’identité biélorusse et à l’expulsion systématique des agents états-uniens par le gouvernement d’Aleksandr Loukachenko.

Le président Bush, qui cite souvent la science à l’appui de ses décisions, prend quelques libertés avec elle. Il a écarté des conseils scientifiques les meilleurs spécialistes pour laisser la place aux lobbyistes des grandes multinationales et aux évangéliques. Ainsi, il a confié la sécurité alimentaire aux éleveurs industriels, la santé des enfants aux industriels du plomb et la lutte contre le sida aux inquisiteurs de la « peste homosexuelle ». Enfin, après avoir lu La Bible, il n’est plus très sûr que les évolutionnistes aient raison contre les créationnistes.

Pour répandre la pensée libertarienne, Sir Antony Fisher a créé 90 instituts dans le monde. Au centre de cette toile, le Manhattan Institute de New York joue le rôle de briseur de tabous. La « Révolution conservatrice » qu’il promeut veut éliminer la contre-culture des années 60 et en finir avec le féminisme. Surtout, elle vise à démanteler les services sociaux et à repousser les populations noires et pauvres hors de la mégalopole. C’est là qu’ont été élaborés les discours de l’intolérance moderne : l’inadaptabilité des Noirs, le « zéro tolérance » face aux incivilités et la « compassion basée sur la foi ». C’est là qu’ont été formés les politiciens républicains de la Côte Est comme Rudolf Giuliani.

Issus de la résistance armée à la dictature du shah d’Iran, les Moudjahidin du peuple ambitionnaient une révolution islamique et sociale, mais furent écartés par l’ayatollah Khomeiny. D’alliances objectives en compromis douteux, puis en trahison certaine, ils devinrent le bras armé de Washington contre leur propre peuple. Responsables d’attentats dans une quinzaine de pays contre les intérêts iraniens et ayant participé aux pires exactions du régime de Saddam Hussein, ils sont aujourd’hui considérés comme une organisation terroriste, mais bénéficient du soutien des faucons états-uniens.

Et si nous n’avions rien compris aux massacres qui ont ravagé le Rwanda ? Pour Edward S. Herman et David Peterson, il ne serait pas agi d’un génocide des tutsis par le Hutu Power, mais d’une guerre secrète des Etats-Unis ayant coûté la vie tout autant à des hutus qu’à des tutsis. Au centre de ce jeu sanglant : l’impénétrable Paul Kagamé.

Les médias se font régulièrement l’écho de l’arrestation en Europe de membres d’Al Qaïda, créditant ainsi la théorie états-unienne du complot islamique mondial. Cependant les tribunaux rejettent, affaire après affaire, les accusations d’appartenance à une organisation terroriste globale. Ils ne prononcent de condamnation que pour des délits de droit commun ou pour des projets criminels sans lien avec Al Qaïda. En pratique, les poursuites antiterroristes apparaissent comme un moyen détourné de criminaliser les opposants de gouvernements arabes amis tout en donnant des gages de bonne conduite idéologique à Washington.

Indifférents à l’opposition de Colin Powell, les faucons préparent la prochaine étape du remodelage du Proche-Orient : la « libération » du Liban et l’attaque de la Syrie. Ils commencent à constituer leur dossier d’accusation pour justifier de ces opérations en utilisant la même rhétorique que pour l’Irak, soutien au « terrorisme international » et détention d’armes de destruction massive. Le Pentagone sait pouvoir s’appuyer sur le général Sharon, impatient de créer un État Maronite au Liban et d’en finir avec la résistance palestinienne. Le dispositif militaire sera opérationnel en juin 2004.

Gale Norton a deux visages : lorsqu’elle s’adresse aux électeurs, c’est une avocate écologiste et pacifiste qui milite pour la dépénalisation des drogues douces et la dissolution de la CIA. Mais lorsqu’elle est secrétaire à l’Environnement de l’administration Bush, elle ne fréquente plus que des associations d’extrême droite, plaide pour ce qu’elle appelle « le droit constitutionnel des industriels à polluer » et s’applique à saboter le Protocole de Kyoto. Elle incarne la capacité des multinationales états-uniennes à communiquer sur la « valeur-liberté » pour mieux garantir leur impunité.

Les opérations d’ingérence culturelle conduites en France par les États-Unis, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale et tout au long de la Guerre froide, ont eu un impact fort sur la vie intellectuelle du pays. Dans son dernier ouvrage, l’historienne Annie Lacroix-Riz dénonce la dérive de sa discipline où des chercheurs, en quête de reconnaissance et de financements, acceptent de s’écarter de la vérité pour produire des travaux à usage politique. Elle revient notamment sur la conversion de plusieurs universitaires, venus des rangs du PCF, à l’anticommunisme le plus primaire et sur la récriture de leur histoire par des entreprises liées au Reich ou à la Collaboration.

Dov S. Zakheim est une figure à part dans le dispositif néo-conservateur mis en place autour de George W. Bush. Rabbin reconnu, rouage essentiel du « complexe militaro-industriel » états-unien, il a longtemps servi de caution juive pour les politiques de Washington défavorables à Israël. Depuis, il a rejoint le camp des ultra-conservateurs aux côtés de Dick Cheney et intégré le groupe des « Vulcains » mené par Condoleeza Rice. En juillet 2004, il participe à la restauration du « Comité du danger présent », dont le but affiché est de contraindre la future administration à lutter contre l’Islam.

Condoleezza Rice vient de prêter serment comme secrétaire d’État des États-Unis. Elle est la première femme noire à accéder à cette fonction. Personnalité cultivée et brillante, elle a mené carrière à l’université, dans le secteur pétrolier et en politique. Sœur adoptive de Madeleine Albright, elle a toujours rassuré les milieux WASP en s’opposant farouchement aux revendications des minorités. Soviétologue, elle s’est spécialisée dans le containment de la Russie, même après l’effondrement de l’URSS.
Un ami qui vous veut du bien
Pourquoi la Fondation Ford subventionne la contestationpar
Paul Labarique

Depuis sa création, la Fondation Ford n’a pas varié dans ses objectifs de défense des intérêts stratégiques des États-Unis. Mais alors que pendant la Guerre froide, elle n’était qu’une couverture de la CIA, elle a acquis une autonomie au cours des vingt dernières années et a développé une nouvelle méthode d’ingérence, le soft power : intervenir dans les débats internes de ses adversaires en subventionnant les uns pour faire échouer les autres, voire en favorisant des rivalités stérilisantes. Dernier exemple, le financement du Forum social mondial pour tenter de le neutraliser.

Pour renverser le président indonésien Sukarno qui s’était allié aux communistes, les États-Unis expérimentent pour la première fois à grande échelle la stratégie de la tension et la guerre de contre-insurrection, en 1965. La CIA subventionne à la fois des maquis sécessionnistes et l’armée qui les combat. Puis elle met en scène un faux complot pour justifier l’élimination des soutiens du président par une junte militaire. Ayant déstabilisé le pays, Washington provoque une guerre civile au cours de laquelle il mobilise la population pour assassiner 500 000 à un million de sympathisants communistes.

Bénéficiant d’une habile communication, Jean-Paul II laisse le souvenir d’un pape « pèlerin des Droits de l’homme ». Si sa lutte pour la liberté dans les États opprimés par des dictatures non-chrétiennes inspire le respect, son soutien aux dictatures catholiques d’Amérique latine et son combat contre les révolutions populaires attestent que son action n’était pas guidée par les Droits de l’homme. Pour mémoire, nous reproduisons ici le témoignage du père Ernesto Cardenal, ministre de l’Éducation du Nicaragua lors de la Révolution sandiniste.
Le discours du président de la Banque mondiale lors du Forum de l’AGOA
Paul Wolfowitz : l’Afrique doit rester la priorité de la Banque mondialepar
Paul Wolfowitz

Alors que les médias du monde entier publient des nécrologies du pape Jean-Paul II, Thierry Meyssan rappelle l’action diplomatique du Saint-Siège à l’intérieur des institutions internationales contre le droit des femmes à recourir à l’avortement. « Aucun enjeu n’a plus affecté Jean-Paul II au long de son pontificat que la Conférence du Caire », notait Raymond Flynn, ambassadeur des États-Unis près le Saint-Siège. Aussi ne s’est-il pas contenté de faire échouer cette conférence de l’Onu, il est aussi intervenu pour faire amender de nombreux traités internationaux qui auraient pu être utilisés pour faire valoir les droits des femmes.

Dans son discours d’investiture, le président George W. Bush a élevé l’expansion de la liberté dans le monde au rang de vocation religieuse et d’objectif principal de la politique étrangère et militaire des États-Unis. Pour réaliser cette mission paradoxale de contraindre les peuples à la liberté, Condoleezza Rice sait pouvoir s’appuyer sur le projet de « Communauté des démocraties » élaboré par son prédécesseur Madeleine Albright.

Depuis le début du XXè siècle, les États-Unis ont forgé leur unité nationale sur la dénonciation d’un ennemi interieur. Les communistes occupent une place de choix parmi les cibles de cette chasse aux sorcières qui toucha aussi les anarchistes, les citoyens d’origine japonaise, les homosexuels et les athées. L’État fédéral a mis en place de gigantesques structures de répression articulées à des milices patronnales. Cette violence permanente contre des bouc-emissaires se tourne aujourd’hui vers les musulmans.
Le génocide comme stratégie de guerre totale
L’inavouable responsabilité française au Rwandapar
Paul Labarique

Il y a dix ans, entre avril et juillet 1994, le Hutu Power massacrait plus de 800 000 personnes, principalement Tutsies. L’horreur ne prit fin qu’avec la défaite militaire des génocidaires devant les soldats du FPR de Paul Kagamé. Patrick de Saint-Exupéry, journaliste au Figaro, a assisté en spectateur privilégié à cette folie meurtrière. Il a vu les charniers, parlé avec des Tutsis en fuite et des Hutus en chasse. Il a côtoyé l’armée française lorsque François Mitterrand décida finalement de la déployer pour des « buts humanitaires ». Il est rentré en France, hanté par ce qu’il avait pu voir, mais décidé à comprendre pourquoi la France a soutenu jusqu’au bout le régime génocidaire. Il publie le fruit de ses réflexions dans un livre époustouflant, L’Inavouable. La France au (...)
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