À l’occasion de son XIe Congrès, le FN a développé un discours en trois temps. Après avoir, depuis plusieurs mois, chauffé les esprits de ses militants en multipliant les appels à la " résistance ", en dénonçant partout la violence de l’exclusion dont il ferait l’objet, en évoquant le recours à l’action violente et subversive, il a opéré, une semaine avant le début du congrès, un brutal renversement : il s’agissait de compenser les effets d’une campagne trop réussie, qui eût pu faire craindre aux militants de se rendre à Strasbourg, ou, par un autre excès, les conduire à passer aux actes.

Pour lancer sa campagne sur " la grande alternative ", Jean-Marie Le Pen attaque alors sur le thème du rassemblement, du " candidat de tous les Français ". Sur un ton très maréchaliste, il se pose en recours, sage et modérateur : " J’en appelle à tous les Français pour former avec eux un rempart pour la République, sur des bases morales et politiques saines. Il faut rendre la parole au peuple, qui seul est capable de la réconciliation et de la renaissance nationales ".

Le militant de base est censé conclure : Jean-Marie Le Pen va sauver la France, le peuple est avec nous... D’ailleurs, Alain Sanders, commentant la manif anti-FN de Strasbourg, estime que " le peuple, le peuple de France, notre peuple, c’est avec Le Pen qu’il manifeste " (Présent, 29/03/97).