Quand j’étais jeune gens, tout le monde fumait des pétards. Aujourd’hui aussi. A l’époque, officiellement, tout le monde était contre : politiciens, journaux, éducateurs, parents, enseignants, stars... Aujourd’hui aussi.

Mais comme j’ai bonne mémoire, je sais que les politiciens, journalistes, éducateurs, parents, enseignants, stars d’aujourd’hui sont les fumeurs d’hier. La peur d’être montrés du doigt les oblige à faire comme leurs aînés. Je sais des ministres, des présentateurs de journal télévisé, des vedettes de l’écran... qui fument encore mais se taisent. Un peu comme des catholiques qui n’avoueraient pas qu’ils baisent, à cause du pape. Mais qui est le pape en matière de dope ?

Il n’y a pas de raison que ça change avant quelques siècles. Cela n’a rien à voir ni avec les effets du haschisch, ni avec le phénomène social, mais uniquement avec le fantasme d’une société qui se projette à elle-même une image totalement falsifiée. Le haschisch est sans danger et son interdiction est dangereuse : elle conduit les usagers au stress, voire en prison, elle peut faire perdre un emploi ou briser une carrière politique.

Toujours à l’époque de ma jeunesse, nous disions aussi : "il est interdit d’interdire !". Il est surtout interdit d’être con à ce point, d’être bête à fumer du foin et d’en faire un - foin - pour une chose qui ne devrait pas plus provoquer d’intérêt que, par exemple, une guerre dans un pays africain sans pétrole.

Yves Frémion

Pour les Verts.