Dans la Collection " J’accuse " destiné aux jeunes lecteurs de 12-13 ans, Reine-Marguerite Bayle recherche à travers des récits et des témoignages à faire toucher du doigt comment les enfants ont été impliqué dans le génocide de 1994. Reine-Marguerite nous livre d’abord le court récit romancé d’une jeune fille rescapée du génocide, Akeza, et son périple triste et émouvant dans le génocide. Les rumeurs sur les collines, la fuite, la chasse à l’homme, la perte de ses proches et sa miraculeuse survie sans les siens, jusqu’à son réaprentissage de la vie " A quel âge peut-on vivre sans ses parents ? Ruyuki, crois-tu que j’arriverai à vivre sans vous tous ? Akeza, apprivoise peu à peu ses souvenirs. Elle ne s’interdit plus de penser ni de parler à ses morts. " Dans un style simple, Reine-Marguerite trouve le ton juste, ni compassé, ni distancié, arrive à la fois à reproduire l’ambiance de la vie sur les collines et à nous faire ressentir l’angoisse de cette jeune fille qui s’enfonce dans l’horreur. " Akeza se rend compte que son enfance et son adolescence sont définitivement perdues et qu’elle a basculé de force dans l’âge adulte. Même si la vie pouvait à nouveau avoir le goût du miel, ce dont elle doute, elle n’oubliera jamais le goût du sang. " De plus, des renvois de bas de pages ou des explications dans le corps du texte font comprendre les évènements (l’attentat, la création des milices, le rôle de la radio mille collines...). La deuxième partie du livre est consacré à des témoignages d’autres enfants, notamment d’un enfant " génocidaire " et d’une explication historique et du contexte des événements (au passage le rôle de la France est épinglé) et des conséquences pour les enfants de ces conflits. Une seule erreur, dans ces pages, il est dit qu’ " en 1959, les paysans hutus se révoltent contre le pouvoir tutsi et la tutelle belge " alors qu’en réalité, la tutelle belge soutient largement cette" révolte " qui abouti à l’indépendance.
En final, Reine-Marguerite Bayle réalise pour le jeune public un livre pédagogique et attachant qu’il faudra mettre entre toutes les mains.
(" Souviens-toi, Akeza ", les enfants rwandais dans la guerre, Reine-Marguerite Bayle Syros jeunesse, 110p, 49 FF)
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