J’ai réuni ce matin, à l’hôtel de Matignon, les présidents des assemblées parlementaires et les présidents des groupes politiques pour les tenir informés de la situation internationale troublée que nous connaissons, pour leur donner les positions de la France et puis aussi les informer des derniers déroulements de l’actualité. J’ai confirmé que nous aurions la semaine prochaine un débat au Parlement pour que l’ensemble des parlementaires détiennent l’information et connaissent bien les choix de la France. J’ai rappelé les orientations du président de la République et les décisions de la France dans cette crise iraquienne. Nous n’acceptons pas d’être face à la seule alternative : la guerre ou la guerre. Pour nous, il y a une autre alternative, c’est la guerre ou la pression de l’ONU. Et l’ONU est le lieu du droit international. Nous voyons, maintenant que la Guerre froide est finie, que nous ne sommes plus au temps des "blocs".

Nous voulons que l’ONU soit le lieu où la communauté internationale affirme son unité et définisse ses règles du jeu.

C’est pour cela que la résolution qui a été votée à l’unanimité par l’ONU nous paraît être aujourd’hui la feuille de route de la paix, quitte à renforcer, comme nous l’avons proposé, les moyens des inspecteurs. Nous voyons que cette pression par les inspections obtient des résultats et nous pensons que nous pouvons atteindre l’objectif qui est le nôtre, c’est-à-dire le désarmement de l’Iraq, par d’autres voies que la guerre. C’est ce que j’ai développé devant l’ensemble des groupes politiques dans un dialogue républicain qui me paraissait nécessaire.

Q - Est-ce qu’il y aura un vote à l’Assemblée ?

R - Nous verrons les circonstances ; il n’y a pas de décision sur ce sujet. Le sujet est ouvert. Tout dépend de l’actualité internationale, du calendrier. Vous savez que nous ne sommes pas favorables à une deuxième résolution. Donc, pour nous, l’échéance prochaine du Conseil de sécurité est le 14 mars, là où les inspecteurs viendront rendre compte de leur mission après avoir eu des moyens renforcés. Donc, tout dépendra des circonstances. Nous voulons rester très mobiles dans une situation internationale qui évolue rapidement. Vous avez vu qu’au niveau de l’Union européenne, les idées de la France gagnent des soutiens, que l’ensemble de l’opinion publique mondiale adhère globalement, dans une extraordinaire majorité, aux positions de la France. Donc, nous sentons bien que, sur tous ces sujets, les prises de position des uns et des autres doivent être appréhendées au jour le jour. Donc, nous déciderons le moment venu. Vous connaissez notre détermination pour éviter la guerre. Nous expliquerons cela au Parlement et, en fonction des échéances du Conseil de sécurité, nous déciderons quelle forme devra prendre ce débat.

Q - Est-ce qu’il y a un consensus ?

R - Je crois qu’il y a un large consensus dans le pays et à l’intérieur des familles politiques sur les prises de position du président de la République et du gouvernement. Je crois en effet que la position prise par la France est une position de fermeté - car nous voulons conduire l’Iraq à son désarmement mais nous voulons le faire autrement que par la guerre - ; nous connaissons les horreurs de la guerre, nous ne pensons pas que la guerre soit aujourd’hui le moyen d’atteindre notre objectif. L’objectif numéro un, c’est le terrorisme. Le terrorisme, il est, dans le monde, très largement réparti. Il faut faire attention à toutes les menaces terroristes, ce qui impose d’ailleurs au gouvernement français des actions de prévention à l’intérieur même de notre pays et pour protéger nos communautés françaises à l’étranger.

L’adversaire, c’est le terrorisme. On ne peut pas réduire l’action contre le terrorisme à l’Iraq. Il y a des foyers de terrorisme à l’extérieur de l’Iraq. Pour l’Iraq, ce qui nous importe, c’est d’être capable de détruire l’accumulation d’armes qui a pu être réalisée.

Q - Est-ce que la France va opposer son veto ?

R - Le veto est un élément très stratégique de l’indépendance de la France, indépendance de son jugement, indépendance de son comportement. Donc, par définition, le veto est un élément majeur de notre stratégie. Mais le veto peut s’appliquer à un moment de désaccord pour exprimer un blocage. Aujourd’hui, nous ne sommes pas dans cette logique-là. Nous sommes dans une logique où nous recherchons une majorité et où nous gagnons plutôt des alliances. Donc, il nous semble important de jouer la carte de la majorité au sein du Conseil de sécurité. Donc, nous ne sommes pas dans une logique, aujourd’hui, d’isolement et de blocage, mais au contraire dans une logique de rassemblement et les positions de la France sont de plus en plus soutenues. On l’a vu hier au Conseil européen : les positions de la France sont de plus en plus partagées et nous sommes plutôt dans une stratégie qui consiste à maintenir l’unité de la communauté internationale afin que le Conseil de sécurité puisse garder son unanimité. C’est cela, la ligne de la France./.

Source : service de presse du Premier ministre