La France et les Pays-Bas font partie des six « pères fondateurs » de l’Europe moderne. Ils partagent la même vision d’une Europe unie mettant un terme aux conflits armée dans le continent. Nous étions prêts à faire des sacrifices et des compromis pour y parvenir. C’est cet esprit de compromis qu’il faut conserver pour que l’élargissement n’entraîne pas de blocages.
La Convention européenne a fait un beau travail et il est dommage que la conférence intergouvernementale ne soit pas parvenue à le parachever. Il ne faut pas dramatiser ce revers et les résultats de la Convention doivent rester le socle de la constitution européenne. Il est parfois nécessaire de subordonner les choix nationaux aux intérêts supérieurs de l’Union. Cela est parfois difficile et plus encore pour les pays d’Europe centrale et orientale qui viennent de retrouver leur souveraineté, mais ils ne tarderont pas à se convaincre qu’eux aussi tirent profit des compromis européens.
Il faut cesser d’agiter la possibilité de créer en Europe des groupes pionniers. Cela ne favorise pas l’esprit de compromis et inquiète de nombreux citoyens qui craignent que leur pays ne se voit forcer la main ou qu’il soit mis à l’écart. Nous considérons que la Constitution est un nouveau départ qui doit être démarré à 25. C’est seulement après ce départ que des groupes voulant aller plus vite se formeront. Les Pays-Bas, comme la France, veulent une Europe puissance pesant sur le monde, mais nous devons nous montrer patients.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Une Constitution européenne pour tous », par Bernard Bot, Le Figaro, 29 janvier 2004.