International

Message de dialogue de l’Orient délivré par Assad à Paris

La visite du président syrien Bachar al-Assad à Paris a été marquée par plusieurs points forts que les médias français et européens n’ont pas manqué de relever. Elle a aussi suscité un vif intérêt chez les médias arabes qui ont couvert généreusement la visite, les plus objectifs d’entre eux soulignant les compétences du chef de l’Etat syrien sur les plans intellectuel et politique. Ces qualités reconnues au président Assad ont été également soulignées par les journalistes français qui l’ont rencontré et qui ont, à leur tour, loué ses capacités à dialoguer et son respect des différences. Certains ont aussi mis l’accent sur l’importance du rôle de la Syrie et les ambitions que son président nourrit dans une région s’étendant de l’Asie centrale à l’Europe.
En plus des qualités personnelles reconnues chez le jeune président, le contenu de son discours et les choix qu’il a défendus ont constitué un message de l’Orient arabe adressé à l’opinion publique et aux faiseurs de décisions en Europe, qui ont participé ces dix dernières années à l’offensive globale américano-israélienne visant à briser les forces de la résistance au Moyen-Orient, dont le centre arabe est représenté par la Syrie.
Dans un langage diplomatique clair, le président syrien a démontré la responsabilité des Etats-Unis et d’Israël dans l’arrêt du processus de paix et a fait observer, exemples à l’appui, que c’est l’Etat hébreu et non les Arabes qui a violé les résolutions internationales, bénéficiant de la protection de l’Occident. Il a mis en garde contre les dangers que constitue cette situation qui renferme les germes d’une grande conflagration, laquelle risque d’avoir des répercussions négatives sur la sécurité de l’Europe et de l’Occident.
C’est sur le pilier du droit que le président Assad a bâti son discours indépendantiste, invitant l’Europe à agir d’une manière indépendante et à jouer un rôle en harmonie avec ses responsabilités dans le but de stopper la politique agressive d’Israël. Le chef de l’Etat syrien a exposé sa vision des partenariats politiques et économiques qu’il souhaite instaurer avec les voisins de la Syrie, dans le cadre de la théorie des « cinq mers » qu’il a élaborée. Selon lui, l’Europe, qui constitue la profondeur géographique de ce rassemblement régional, a tout intérêt à renforcer la stabilité et la paix dans cette région, et à encourager l’éclosion d’une pensée basée sur les intérêts communs, loin des mentalités dominatrices et hégémoniques.
L’opinion publique européenne, dont une partie importante des élites politiques et intellectuelles exprime son soutien et son attachement aux principes universels de liberté et de justice, ne peut qu’être réceptive aux arguments développés par Assad pour expliquer la cause palestinienne et l’évolution de la situation au Moyen-Orient. Il est de son devoir d’apporter sa contribution aux efforts déployés par Bachar al-Assad pour proposer un modèle différent de celui avancé par l’Amérique, qui a failli plonger le monde dans les affres des guerres de religions.

L’Iran et l’Occident

L’Iran et six grandes puissances ont convenu de se retrouver fin janvier en Turquie pour traiter de leur différend sur le programme nucléaire de Téhéran, mais le principal négociateur iranien a exclu d’y évoquer un arrêt de l’enrichissement d’uranium. La décision d’organiser une autre rencontre en janvier, prise après deux jours de discussions à Genève, correspond à ce que les deux parties attendaient de leur premier échange de vues depuis plus d’un an sur la question nucléaire. L’Iran a constamment revendiqué le droit d’enrichir de l’uranium pour produire de l’électricité en affirmant qu’il n’y renoncerait jamais et ne céderait pas aux pressions. « Je vous annonce publiquement et clairement que l’Iran ne discutera pas d’un arrêt de l’enrichissement de l’uranium à la prochaine réunion avec les grandes puissances à Istanbul », a dit le négociateur Saïd Jalili lors d’une conférence de presse à Genève. Téhéran rejette les arguments occidentaux qui font de son programme nucléaire un moyen d’acquérir une bombe atomique.

Liban

L’attentisme de Hariri paralyse les institutions

Les regards à Beyrouth étaient rivés sur Paris, où les présidents Nicolas Sarkozy et Bachar al-Assad parlaient, entre autres, du Liban. Pendant ce temps, les milieux de l’opposition libanaise ont dénoncé l’attentisme du Premier ministre, Saad Hariri, alors que les rumeurs sur l’imminence de la remise de l’acte d’accusation par le procureur Daniel Bellemare au président du TSL, Antonio Cassese, qui le transmettra à son tour au juge de la mise en état, Daniel Fransen, se multiplient. L’évaluation de la situation politique au Liban permet de souligner les remarques suivantes :
1- Daniel Fransen devra s’assurer que l’acte d’accusation répond bien au règlement du TSL et est en conformité avec ses procédures. Selon certains informations, son travail pourrait durer jusqu’au mois de mars 2011.
2- Après l’acte d’accusation, Saad Hariri et ses alliés espèrent mener des négociations avec le Hezbollah, qui aura été entretemps mis sur le banc des accusés. Ils pensent que cela leur permettra de parler d’une position de force et d’arracher d’importantes concessions à la Résistance.
3- Le président Assad a indiqué que la solution à la crise au Liban est avant tout libanaise, Aussi, a-t-il placé ses entretiens avec Nicolas Sarkozy dans le cadre du soutien aux efforts de conciliation entrepris par la Syrie et l’Arabie saoudite. Il a révélé avoir demandé à la France d’intervenir auprès du Conseil de sécurité afin d’empêcher la politisation du TSL et les ingérences dans son action. Il a précisé que l’attitude vis-à-vis de l’acte d’accusation sera décidée à la lumière de la crédibilité et du sérieux des preuves et des indices sur lesquels il sera bâti.
4- Selon certaines informations, le roi Abdallah devrait prochainement rentrer des Etats-Unis où il est en convalescence. Pendant cette période, il est resté en contact avec Bachar al-Assad via son fils et conseiller Abdel Aziz. Walid Joumblatt a révélé que les arrangements conclus entre Damas et Riyad au sujet du Liban sont restés secrets afin que les Etats-Unis ne sabotent pas les efforts en cours pour régler la crise libanaise.
5- Le Hezbollah, de son côté, a indiqué que le délai restant pour tenter de trouver une solution à la crise est de quelques jours seulement. Pendant ce temps, le parti poursuit sa campagne anti-TSL. Dernière mesure, un réquisitoire sur les irrégularités constitutionnelles et juridiques qui ont entaché la création de ce tribunal prononcé par le député Mohammad Raad (Voir ci-dessous).
6- Les experts pensent que les fuites concernant l’acte d’accusation vont se poursuivre jusqu’à ce que les préparatifs israéliens pour une nouvelle guerre contre le Liban soient achevés. Cependant, un diplomate occidental en visite à Beyrouth a estimé que l’Etat hébreu ne sera jamais prêt pour la guerre, surtout que le dôme d’acier est inefficace.
7- Le 14-Mars affirme que l’entêtement de l’opposition à vouloir examiner en Conseil des ministres l’affaire des faux témoins paralyse le gouvernement. Pour sa part, l’opposition s’étonne du blocage de Saad Hariri face à ce dossier, surtout qu’il a lui-même reconnu, le 6 septembre, l’existence de ces faux témoins et les dommages qu’ils ont causé à l’enquête sur l’assassinat de son père et aux relations avec la Syrie. C’est son refus d’engager des poursuites judiciaires contre eux qui paralyse les institutions au Liban.

Déclarations et prises de position

MOHAMMAD RAAD (chef du bloc parlementaire du Hezbollah) et SELIM JREISSATI (ancien membre du Conseil constitutionnel libanais)
Conférence de presse commune, consacrée à la constitutionnalité du TSL et aux failles dans son statut et son mode de fonctionnement.
« Cette conférence de presse vise à mettre l’accent sur les irrégularités légales et constitutionnelles du TSL. Toutes ces remarques et ces interrogations ont directement été posées aux représentants du Tribunal au cours d’une rencontre le 30 mars 2010, mais les réponses ne sont jamais arrivées.
Le premier point concerne la formation du TSL qui a violé les règles et les textes constitutionnels libanais, puisque le chef de l’État, seul habilité par la Constitution (article 52) à négocier les traités et conventions internationales, a été ignoré, ainsi que le Parlement censé les ratifier. Un gouvernement, contraire au pacte national, car amputé des ministres chiites, et présidé par Fouad Siniora a décidé seul de la formation de ce tribunal.
Le deuxième point porte sur l’affaire des faux témoins et la manière dont le TSL s’est déclaré incompétent pour examiner ce dossier, contrairement à toutes les normes de la justice pénale internationale. Le procureur Bellemare a tenté de trouver des excuses pour éviter de traiter ce dossier, alors que le souci élémentaire de justice aurait dû le pousser à le faire, d’autant que l’ouverture de ce dossier est de nature à contribuer à identifier ceux qui ont fabriqué les faux témoins, leurs mobiles et peut-être les véritables assassins.
Le troisième point concerne la violation du principe du secret de l’instruction qui s’est faite à plusieurs niveaux : D’abord dans l’obligation faite à la commission d’enquête internationale de publier régulièrement des rapports sur son travail, ensuite dans les médias internationaux, régionaux et locaux, puis à travers les déclarations de nombreux responsables libanais, arabes, internationaux et israéliens au sujet du contenu présumé de l’acte d’accusation et de la date de sa publication, et enfin dans le fait que la divulgation de certaines étapes de l’enquête a été exploitée à des fins politiques et est devenue une partie d’un grand projet politique.
Le quatrième point porte sur les règles de procédure et le système des preuves. La première constatation choquante à ce niveau repose sur le fait que les juges du TSL fixent le système de preuves et le modifient à leur convenance. Ce genre de procédure est totalement inhabituel dans les tribunaux pénaux ordinaires, que serait-ce alors dans un tribunal international qui doit en principe respecter les plus strictes normes de justice ? En principe, les règles de procédure et le système de preuves sont inspirés des tribunaux pénaux internationaux chargés de juger des crimes contre l’humanité commis dans des pays où il n’y a plus de justice. Ce n’était pas le cas au Liban où le code pénal existe et qu’il aurait suffi au TSL de laisser tomber la peine capitale et d’appliquer le reste.
Les règles de procédure du TSL placent littéralement le Liban sous le contrôle politique et judiciaire du Conseil de sécurité et il est faux de prétendre que le TSL est une entité indépendante. Il dépend du Conseil de sécurité, autrement dit des grandes puissances et de leurs intérêts.
Le cinquième point porte sur le pouvoir donné au procureur de réclamer toutes les informations qu’il juge nécessaires aux services de sécurité et aux institutions officielles libanaises, comme les données concernant les abonnés des réseaux de téléphonie mobile, depuis 2003, avec une mise à jour permanente jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit d’une violation flagrante de la souveraineté libanaise, d’autant qu’il n’existe aucune garantie sur le sort de ces informations et sur le lieu où elles peuvent aboutir. Aucun texte n’oblige le gouvernement libanais à fournir ces données, d’autant que, dans les textes, il est question d’échanges d’informations relatives aux responsables de l’agression commise le 14 février 2005. Or, depuis la première commission d’investigation présidée par Peter Fitzgerald jusqu’à Daniel Bellemare, les enquêteurs ont accès à toutes sortes d’informations qu’aucun pays soucieux de sa souveraineté n’accepterait de fournir.
Le sixième point porte sur les preuves indirectes (circonstancielles) qui ne sont pas confortées par des témoignages directs. Les preuves indirectes reposent sur une série de faits, qui, mis ensemble, permettent de supposer un fait donné, alors que les preuves directes exposent le fait sans avoir besoin de déductions ou de suppositions. Dans les preuves indirectes, selon Antonio Cassese, si on cherche à prouver qu’il a plu aujourd’hui, on prouve que le trottoir est mouillé et que personne ne l’a nettoyé ». Or, il existe d’autres possibilités pour qu’un trottoir soit mouillé sans qu’il n’ait été nettoyé. C’est l’exemple type du fonctionnement à sens unique de l’enquête.
Le septième point porte sur les communications téléphoniques alors que le réseau est contrôlé par Israël et que cela est reconnu internationalement
 ».

NABIH BERRY, président du Parlement libanais (un des chefs de l’opposition)
« Les choses se compliqueront beaucoup au cas où l’acte d’accusation parait avant que l’on ne soit parvenu à un compromis. Je suis outré par les accusations du 14-Mars selon lesquelles l’opposition paralyse le Conseil des ministres. Ces propos renversent la donne de fond en comble et dénaturent les faits. C’est le 14-Mars qui assume directement et clairement cette responsabilité. La coupe a débordé et il n’est plus possible de se taire sur ce qui se passe. J’ai beaucoup supporté et je me suis armé de patience durant une longue période afin de laisser les canaux ouverts dans toutes les directions. Mais l’insistance à dénaturer les faits est devenue inacceptable. La balle se trouve à présent dans le camp du président de la République et du Premier ministre. Qu’ils se mettent d’accord pour convoquer le Conseil des ministres dans l’immédiat. Si le chef de l’État se trouve dans l’embarras, il peut demander à ses ministres de rester neutres, et si le Premier ministre veut se retirer, qu’il se retire. L’essentiel est qu’on finisse de ce dossier. Tout ce que nous demandons, c’est un vote sur la demande de transfert à la Cour de justice, avec l’engagement préalable de respecter le résultat du vote. Et je peux certifier en mon nom et au nom du Hezbollah que nous ne ferons rien qui puisse paralyser le Conseil des ministres si nous perdons le vote. »

SAAD HARIRI, Premier ministre libanais
« Les crises politiques font partie intégrante de notre vie démocratique. Mais il est inadmissible et inacceptable de prendre les Libanais et leurs intérêts en otages dans le cadre de la lutte politique. Il est également inacceptable que l’on en arrive à entraver aussi facilement la marche de l’État et celle du dialogue national. J’invite toutes les parties à mettre leurs différends de côté, à retourner dans le cadre de la Constitution et des institutions et à agir pour la mise en œuvre des engagements pris dans la déclaration ministérielle. Nous avons enduré et nous endurons, comme Rafic Hariri, la diffamation, les hurlements et les insultes, afin de continuer à travailler dans l’intérêt du Liban et ses citoyens. »

WALID JOUMBLATT, leader druze
Extraits d’une interview accordée à la chaine de télévision saoudienne al-Arabiya
« Le TSL est politisé. Le Tribunal est utilisé à des fins politiques pour un règlement de comptes avec le Hezbollah et l’Iran. Pourquoi le TSL se limite à certaines hypothèses et en refuse d’autres, comme l’implication israélienne ou l’implication de réseaux intégristes dans l’assassinat de Rafic Hariri ? Un responsable sécuritaire libanais m’a communiqué le nom d’Abdel Majid Ghamlouche (membre du Hezbollah présumé impliqué dans l’assassinat de Rafic Hariri) deux mois après la défaite israélienne dans la guerre de juillet 2006. L’acte d’accusation expose la stabilité du Liban au risque de la discorde qui n’épargnera personne et qui est beaucoup plus difficile que la guerre avec Israël. Les responsables de l’assassinat de Rafic Hariri et de tous les autres assassinats sont ceux qui ont fabriqué la résolution 1559. Je suis prêt à tout faire pour éviter la discorde (en réponse à la question de savoir s’il voterait contre le TSL, ndlr). »

SAMIR GEAGEA, leader chrétien allié de Saad Hariri
« La discorde au Liban n’aura pas lieu grâce à la conscience des leaders libanais, toutes tendances confondues, et à la présence d’un minimum d’État, représenté par le président de la République, le chef du gouvernement, le commandement actuel de l’armée, et les autres forces de sécurité, qui sont déterminés à assumer leurs responsabilités. Grâce à ces deux facteurs, la discorde n’aura pas lieu et les différends, même s’ils sont profonds, se limiteront aux cadres politique et démocratique. Qui provoquerait un dérapage sécuritaire ? Le 14-Mars ne cesse d’affirmer qu’il est contre la vengeance et contre toute réaction à l’acte d’accusation, de même qu’il souligne qu’il est opposé à toute violation de la loi et toute atteinte à la paix civile et à la stabilité dans le pays. Qui pourrait donc provoquer un dérapage sécuritaire ? Les propos sur une détérioration au plan de la sécurité ne constituent que des menaces et des manœuvres d’intimidation. »

MAURA CONNELY, ambassadrice des Etats-Unis à Beyrouth
« Des fuites d’informations illégales et irresponsables comme celles de WikiLeaks servent ceux qui veulent accroître les tensions et régler des comptes politiques à travers des interprétations inexactes, hors contexte, et délibérément fausses, de documents présentés comme authentiques mais qui ne peuvent être vérifiés. Notre politique est de ne pas commenter les documents qui sont censés contenir des informations secrètes, mais nous condamnons dans les termes les plus virulents la révélation délibérée et non autorisée de tout matériel classifié. Il s’agit là d’un potentiel pour les groupes voulant nuire à la relation entre les États-Unis et le Liban, et cherchant à profiter de telles divulgations pour publier des éléments fabriqués de toutes pièces afin de semer la discorde et la méfiance (…) Le travail du TSL est légitime et nécessaire. Il représente une chance pour le Liban pour l’habiliter à dépasser désormais sa longue histoire de violence politique. Il n’y a aucune justification possible pour des menaces de violence liées aux activités juridiques du TSL. L’objectif du tribunal est de mettre fin à l’impunité et aux assassinats politiques. Sans justice, il serait impossible de réaliser un avenir de paix et de stabilité et une vie normale. Le choix à faire entre justice et stabilité est infondé. Le Liban, comme tout pays, a besoin des deux. Une fois l’acte d’accusation publié, une nouvelle étape d’un processus judiciaire transparent commencera. Cette procédure est un moyen pour démontrer que l’ère de l’impunité est terminée après les violences terribles et tragiques qui ont touché toutes les communautés du Liban. »

AMINE GEMAYEL, ancien chef de l’Etat, proche du 14-Mars
Extraits d’une interview à la chaine russe arabophone Roussia al-Yom
« Un compromis sur la vérité est et serait totalement inacceptable. Cela est carrément impossible et je ne ferai aucun compromis, aucune compromission sur le sang de mon fils ; que personne ne s’imagine que je puisse accepter un tribunal qui ne soit pas équitable et qui ne dévoile pas toute la vérité. Le Hezbollah doit nous rassurer, nous assurer qu’il aidera à faire aboutir cette vérité, à démasquer les assassins, surtout qu’il se dit déterminé à le faire. Il faut s’aider les uns les autres pour empêcher toute politisation de ce tribunal ou qu’il dévie de son chemin. La situation au Liban est très délicate ; ce pays vit depuis des décennies une instabilité chronique et les répercussions aujourd’hui du Tribunal spécial pour le Liban sont une énième étape dans ce long épisode rythmé par une insistance farouche à paralyser les institutions constitutionnelles. Le Hezbollah ne peut pas imposer sa volonté au peuple libanais. »

FOUAD SINIORA, ancien Premier ministre- 14-Mars
« Les Libanais sont attachés à la justice de la même façon qu’ils sont attachés à la sécurité et la stabilité. Nul ne saurait nous amener à faire un choix entre l’une ou l’autre. Il ne saurait y voir de justice sans sécurité et stabilité, de même qu’il ne saurait y avoir de sécurité et de stabilité sans justice. La question des faux témoins ne peut en aucun cas être élucidée et tranchée avant la publication de l’acte d’accusation. C’est le camp de l’assassin et non pas celui de la victime qui a recours aux faux témoignages, car le camp de la victime n’a pas intérêt à se livrer à de faux témoignages puisqu’il désire dévoiler la vérité et connaître le véritable assassin. Une escalade sur le terrain est peu probable car ceux qui pourraient être tentés d’entraîner le pays sur cette voie savent qu’ils seront confrontés à de nombreux obstacles et qu’ils n’aboutiront à aucun résultat. »

CHEIKH NABIL KAOUK, vice-président du Conseil exécutif du Hezbollah
« La Résistance restera vigilante pour préserver ses acquis, ainsi que pour défendre le Liban et sa souveraineté. Le TSL est l’arme utilisée actuellement par les États-Unis pour atteindre les objectifs de la guerre de 2006. Tout le monde est désormais conscient des plans américains visant à détruire le Hezbollah pour servir les intérêts israéliens. Le Liban se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins : soit le report de la solution jusqu’après la publication de l’acte d’accusation, ce qui placera le pays sur un chemin semé d’embûches et de pièges, soit les efforts arabes parviendront à trouver une issue à la crise avant l’acte d’accusation. Ce qui permettra au Liban de surmonter cette crise et de déjouer les complots américains ourdis contre lui. »

WIAM WAHAB, chef du parti druze al-Tawhid (Membre de l’opposition)
« Toute discorde qui pourrait éclater au Liban n’épargnera pas la Finul présente sur le sol libanais. Je suis d’ailleurs convaincu que l’armée est capable de veiller sur la sécurité, et que la présence de la Finul ne sera donc pas nécessaire. A en juger par le fonctionnement du TSL et par le comportement des soldats de la Finul, il semblerait que ces derniers soient des espions à la solde des Israéliens. Cela a d’ailleurs été confirmé par l’ex-commandant en chef de la Finul et par ses propos selon lesquels toutes les informations de cette force parvenaient aux Israéliens. »

Presse et audiovisuel

L’ORIENT-LE JOUR (Quotidien francophone proche du 14-Mars)
_Elie Masbounji (Paris), 10 décembre 2010
Assad à Paris : « Pas d’initiative syro-saoudite, mais des idées qui doivent s’insérer dans une solution libanaise »
Le déjeuner de travail qui a réuni hier à l’Élysée les présidents français Nicolas Sarkozy et syrien Bachar el-Assad a porté sur la crise libanaise, des questions bilatérales, ainsi que sur le problème israélo-palestinien.
À l’issue de cette rencontre en tête à tête de 90 minutes, suivie d’un thé en compagnie des Premières dames française et syrienne et de conseillers des deux chefs d’État, le président syrien a répondu aux questions des nombreux journalistes qui l’attendaient dans la cour enneigée de l’Élysée, sur laquelle soufflait un vent glacial.
La première question a porté sur le Liban et sur les efforts conjugués de la Syrie et de l’Arabie saoudite pour trouver une solution à la crise actuelle. Il y a, souligne le président syrien, une coordination franco-saoudite établie depuis des mois ainsi qu’une coordination franco-syrienne. « On ne peut pas parler d’initiative comme on le dit », a ajouté M. Assad, avant de poursuivre : « En définitive, la solution est une solution libanaise et non une solution syrienne, saoudite ou française. Mais ce que nous voulons faire et ce que nous avons discuté aujourd’hui, et auparavant avec les Saoudiens, c’est de savoir comment faciliter les idées proposées au niveau libanais afin de voir où elles pourraient se rencontrer au gré des développements. Car nous estimons que toutes les parties n’ont pas intérêt à ce qu’il y ait une subversion au Liban. » « Nous respectons la souveraineté et l’indépendance du Liban », a-t-il souligné, en éclatant de rire...
Comme pour marquer et confirmer l’importance de cette présence du Liban dans les pourparlers, un communiqué diffusé par l’Élysée en début de soirée a souligné ce qui suit : « Le chef de l’État a abordé la situation au Liban, qu’il suit avec préoccupation en raison des tensions autour de l’activité du tribunal spécial créé par le Conseil de sécurité. Le président de la République a rappelé l’attachement de la France au respect du mandat du tribunal et de son indépendance. Il a d’autre part exprimé le souhait que le gouvernement d’union nationale puisse exercer effectivement ses responsabilités au service du Liban et de tous les Libanais. Le président Sarkozy a enfin rappelé l’engagement de la France pour la sécurité du Liban à travers sa participation constante et substantielle à la Finul. »

AS SAFIR (Quotidien libanais proche de l’opposition)
10 décembre 2010
Il suffit de lire le « modeste » communiqué de l’Elysée sur l’entretien Assad-Sarkozy pour comprendre que la réunion n’a jusqu’à présent pas pu assurer la plateforme adéquate pour lancer une initiative autour de l’acte d’accusation du TSL.
Une source arabe rapporte que Sarkozy a demandé à Assad de coopérer avec lui pour trouver des issues à la crise. Assad lui a dit que s’il veut aider à trouver une solution autour de l’acte d’accusation, il devrait convaincre ses amis libanais, notamment Saad Hariri, de prendre position et de tenir un discours réconciliateur avant, et non pas après la parution de l’acte d’accusation. Assad a indiqué que la situation changera complètement après l’émission de l’acte d’accusation par le TSL, si elle n’est pas précédée par la prise de position nécessaire pour sauvegarder la stabilité du Liban.
Il est à signaler que Hariri n’a pas pu convaincre ses interlocuteurs français durant sa dernière visite à l’Elysée, et « n’a pas fait de propositions concrètes qui aident à mûrir le règlement escompté », selon une source française.
Une source qui a suivi la visite du président Assad en France a signalé que l’entente syro-saoudienne attend un signal du roi Abdallah qui est toujours hospitalisé aux Etats-Unis.
Pour sa part, la conseillère du président syrien Bouthayna Chaaban a indiqué à des journalistes arabes qu’Assad et Sarkozy s’accordent pour dire que la situation actuelle au Liban est « difficile ». Chaaban insiste sur l’attachement de la Syrie à la sécurité et à la stabilité du Liban qui participent de la sécurité et de la stabilité de la Syrie. »

AL AKHBAR (Quotidien libanais proche de l’opposition)
10 décembre 2010
Bassam Tayyara (Paris)
Le rapprochement devient de plus en plus palpable dans les relations syro-françaises. C’est, du moins, ce qu’indique la visite du président Bachar al-Assad à l’Elysée, où il a nié l’existence d’une initiative syro-saoudienne pour régler la crise libanaise (…)
Selon des sources concordantes, proches des parties syriennes et françaises, le dossier libanais fut le « plat principal » du déjeuner de travail à l’Elysée, et l’on peut dire avec certitude qu’il n’existe aucun accord à propos de ce dossier. Cet « immobilisme » est attribuable, selon les sources précitées, à deux raisons essentielles, l’une concernant la Syrie, l’autre la France. Pour ce qui concerne la Syrie, Damas reste attaché, selon ces sources, au principe selon lequel « la Résistance libanaise est une ligne rouge, et ne peut être accusée sous aucune forme ». A cela s’ajoute le fait que « le Hezbollah est une partie intégrante de la sécurité nationale syrienne ». Quant à la raison française, elle se présente comme suit : Malgré les bonnes intentions du Président Sarkozy, il n’est en mesure d’avancer aucune proposition pratique en vue d’une sortie de crise. Il peut juste exprimer la volonté d’aider, et les Syriens reconnaissent qu’il est sérieux. Selon ces sources, en définitive, chacune des deux parties reconnaît le rôle de l’autre dans la sauvegarde de la stabilité au Liban et toutes les deux conviennent de la nécessité de voir le gouvernement d’union nationale reprendre son fonctionnement normal. »

AL BALAD (Quotidien libanais francophone indépendant)
10 décembre 2010
Elie Wehbe
La situation politique au Liban était à la Une des discussions entre le président syrien Bachar al-Assad et son homologue français Nicolas Sarkozy. Cependant, la rencontre a abouti à un unique résultat concret : Pas d’initiative pour le Liban. « Les deux dirigeants ont évoqué des contacts entre la France, l’Arabie saoudite et la Syrie pour le Liban, mais le président syrien a indiqué que c’est aux Libanais de régler leur différends. Bien qu’il sait que cela est impossible. Officiellement, l’objectif principal de cette rencontre était d’apaiser les tensions dans la région, à l’approche de la publication de l’acte d’accusation du Tribunal spécial pour le Liban », a révélé Kamal Tarabey, responsable de la division Moyen-Orient à Monte-Carlo Doualiya et ancien président du club de la presse arabe en France. « Ce qui est clair, c’est qu’il n’y aura pas de coopération entre la France et la Syrie en ce qui concerne la situation politique au Liban », a-t-il ajouté. Selon M. Tarabey, le président français a évoqué trois principaux points lors de sa rencontre avec son homologue syrien. « Premièrement, le TSL poursuivra son travail sans interruption. Il doit achever sa mission stipulée par le Conseil de sécurité. Deuxièmement, la France veille sur la stabilité et la sécurité du Liban. La présence du contingent français de la Finul en est la preuve. Troisièmement, M. Sarkozy a exprimé son inquiétude à M. Assad sur la paralysie du gouvernement libanais. Il a notamment indiqué que Paris surveille de près la situation au pays du Cèdre », a précisé M. Tarabey. « M. Sarkozy est bien conscient des tensions engendrées par le travail du TSL et leurs répercussions sur l’Etat libanais », a poursuivi l’ancien président du club de la presse arabe. « De son côté, le dirigeant syrien a clairement indiqué que l’initiative syro-saoudienne n’a jamais existé. Il s’agissait simplement, donc, de contacts entre les deux nations arabes », a-t-il dit. « A l’issue de cette rencontre, M. Sarkozy a compris que la Syrie ne va pas coopérer avec la France dans cette affaire », a-t-il conclu. Des sources proches de l’Elysée ont, d’ailleurs confirmé à Al Balad que le but du président français était de maintenir le contact avec Damas. »

AL MOUSTAQBAL (Quotidien appartenant à la famille Hariri)
Souraya Chahine, 7 décembre 2010
La victoire des Républicains aux élections de mi-mandat aux Etats-Unis et le remaniement ministériel en France annoncent-ils un certain durcissement dans la politique étrangère des deux pays ? Il faudra certes s’attendre à un certain durcissement mais qui n’est point comparable à celui qui a marqué le mandat Bush ou Chirac. Il se concrétisera plutôt par une insistance sur les positions assortie d’une disposition au dialogue, et concernera certains dossiers spécifiques. Le TSL, la stabilité du Liban et les résolutions internationales qui le concernent figurent parmi ces dossiers, assurent des sources diplomatiques. Le dossier nucléaire iranien également. _ L’intransigeance française a commencé à se manifester depuis l’agression contre le contingent français de la Finul, dans laquelle la France s’est sentie directement visée. La tendance à l’intransigeance s’est renforcée au vu des piètres résultats de l’ouverture régionale de la France. Paris a donc décidé de renoncer à la politique qui consiste à donner sans rien recevoir en contrepartie.
Washington ira jusqu’au bout dans le dossier du TSL. Paris lui emboîtera le pas, mais l’approche française sera plus pragmatique. Elle tiendra compte de tous les efforts déployés à travers le dialogue avec toutes les parties locales et régionales pour accompagner l’étape de la parution et de l’après-parution de l’acte d’acte d’accusation. Il n’y aura toutefois pas de troc « justice contre stabilité », les deux principes étant indissociables pour la France, toujours selon les mêmes sources.

AL AKHBAR
Extraits de trois documents de Wikileaks obtenus en exclusivité
6 décembre 2010
(6 DECEMBRE 2010)

1er document
Il s’agit d’un compte-rendu d’une réunion avec Saad Hariri, alors chef de la majorité parlementaire, signé par l’ancienne ambassadrice des Etats-Unis au Liban Michelle Sisson, datée du 15 octobre 2008. La position de l’actuel Premier ministre y est résumée ainsi :
 Il craint le rapprochement syro-américain.
 Il explique les raisons de sa rencontre avec le secrétaire général du Hezbollah.
 Il met en garde contre une guerre israélienne contre le Liban, non parce qu’elle nuirait au Hezbollah, mais parce qu’elle marquerait la fin du 14-Mars.
 Il critique la visite d’Aoun en Iran.

2ème document
Ce compte-rendu d’une rencontre entre Walid Joumblatt et l’ambassadrice Sisson, remonte au 20 février 2008. Le leader druze y critique « l’importation » de sunnites du Liban-Nord par Saad Hariri et leur déploiement à Beyrouth.

3ème document
Dans ce compte-rendu d’une réunion entre Fouad Siniora, alors Premier ministre, et Sison, datée du 12 février 2008, Siniora évoque les camps de réfugiés palestiniens au Liban, les fermes de Chébaa comme prétexte utilisé par la Syrie pour justifier la présence du Hezbollah, les contributions de pays comme l’Arabie saoudite au financement du TSL, et les concessions faites par le 14-Mars. Sisson écrit : « Le premier ministre a indiqué que les partis de la majorité ont jusqu’à présent consenti beaucoup de sacrifices et de concessions. Ils n’ont plus utilisé leur droit de recourir aux 50+1 pour l’élection d’un président, et ils ont accepté de soutenir un candidat qui ne fait pas partie du 14-Mars. Le Premier ministre signale que les forces du 14-Mars ont soutenu l’initiative française et affirme : Nous avons été déçus. »

WASHINGTON POST (Quotidien états-unien)
6 décembre 2010
« Le ministre libanais de la Défense, Elias Murr, a aidé les responsables américains à espionner le Hezbollah et à permettre à Israël de pouvoir l’attaquer dans les semaines qui ont précédé les confrontations de mai 2008. L’armée américaine a envoyé des avions dans le ciel libanais en 2008 pour identifier les positions du Hezbollah et fournir ces informations à des ministres amis, en particulier au ministère de la Défense. Dans un autre câble, Elias Murr aurait conseillé aux diplomates américains de laisser Israël attaquer le Hezbollah, jurant que l’Armée libanaise resterait en dehors d’un tel combat. Murr tente de déterminer combien de temps une offensive serait nécessaire pour nettoyer le Hezbollah, indique un câble de mars 2008 rédigé par l’ambassadrice Michele Sison. L’Armée libanaise se limitera à distribuer des vivres et de l’eau afin qu’elle puisse rester sur ses bases, lorsqu’Israël s’attaquera au Hezbollah, a discrètement ajouté Murr. »

LOS ANGELES TIMES (Quotidien états-unien)
6 décembre 2010
Les dernières interférences du régime syrien au Liban alerte l’administration américaine et incite l’armée israélienne à envisager d’attaquer un dépôt d’armes en Syrie qui sert au Hezbollah. Le retour sur le premier plan de la Syrie embête les responsables américains. L’administration Obama n’a pas encore réussi à séparer Damas et du Hezbollah, et de l’Iran. « Ces 20 derniers mois, le comportement de la Syrie a déçu nos espoirs, nos attentes et n’a pas satisfait à ses obligations internationales », déclarait la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, il y a quelques semaines. « La Syrie peut toujours choisir un autre chemin et nous espérons qu’il le fasse. »
Dans le passé, Washington s’est limité à cajoler la Syrie pour qu’elle fasse la paix avec Israël et quitte le Liban. Mais aujourd’hui, il est de plus en plus clair que la Syrie -son alliance essentielle avec l’Iran et ses frontières stratégiques avec Israël, le Liban, la Turquie et l’Irak- a la capacité d’influer sur les développements régionaux à plus grande échelle.

AS SIYASSA (Quotidien koweitien)
5 décembre 2010
Le Hezbollah a récemment multiplié ses réunions internes afin d’examiner la question de l’acte d’accusation. Lors de ces réunions, les responsables de premier rang ont été bombardés de questions provenant des rangs des cadres moyens du parti. Le parti a procédé à un vaste remaniement de son appareil militaro-sécuritaire pour combler des postes vacants, notamment celui qu’occupait Imad Moghniyé.

LE TEMPS (Quotidien suisse)
6 décembre 2010
Pierre Hazan, spécialiste de Justice internationale
« Sortir du piège de la justice sélective »
Le premier tribunal onusien, chargé de réprimer le crime de « terrorisme », pourra-t-il remonter jusqu’aux commanditaires sans altérer le fragile équilibre politique libanais ? Certains espèrent que le TSL trouvera un subtil dosage entre justice et stabilité, en émettant des actes d’accusation qui ne s’en prendraient qu’à des « seconds couteaux » afin de ne pas menacer la stabilité du pays. Ce serait une réédition du « coup de Lockerbie », lorsque deux agents libyens subalternes avaient été condamnés pour l’attentat contre un avion de la PanAm, sans que cela remette en question le processus de normalisation entre Tripoli et les pays occidentaux. Le talon d’Achille du Tribunal est sa sélectivité : le mandat défini par le Conseil de sécurité ne vise à sanctionner que les auteurs des attentats politiques (qualifiés d’actes « terroristes ») contre Rafic Hariri et les autres attentats en lien avec celui-ci. Comment, en effet, justifier que la mort d’un seul homme suscite la création d’un tribunal semi-international ? »

Palestine occupée

Plans militaires israéliens en Cisjordanie

Des sources médiatiques israéliennes proches des services de renseignements militaires ont révélé que l’armée israélienne a établi, il y a quelques mois, des plans pour faire face à toutes les probabilités en prévision d’un éventuel échec des négociations israélo-palestiniennes. Selon ces informations, la dégradation sur le terrain qui suivrait l’échec des pourparlers ne se produira pas d’un coup, comme ce fut le cas en septembre 2000. Elle sera progressive, commencera par des manifestations et se transformera en confrontation militaire, conformément au scénario suivant :
1- La police palestinienne, restructurée et réorganisée par le général américain Keith Dayton, sera la première victime du blocage du processus de paix. Les SR israéliens estiment que l’action de cette police s’est surtout nourrit de la contradiction entre le Fatah et le Hamas après les événements de Gaza, en juin 2007, et les assassinats et les rafles collectives qui ont suivi. Les Israéliens pensent que les choses vont changer lorsque la rue palestinienne réalisera que la paix n’a rien apporté au peuple palestinien.
2- Le démembrement et l’effondrement de l’Autorité palestinienne sera imminent, ce qui affaiblira la direction palestinienne et favorisera l’émergence d’un nouveau leadership.
3- L’Autorité palestinienne estime, pour sa part, que la meilleure solution pour affronter les conséquences de l’échec des négociations, c’est de proclamer un Etat palestinien unilatéralement, en septembre 2011. L’Administration Obama s’est déjà engagée à apposer son véto à projet au Conseil de sécurité. Malgré cela, une centaine de pays vont immédiatement reconnaître cet Etat palestinien, le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay, n’ayant pas attendu et l’ayant fait la semaine dernière.
Face à ces données, Israël a décidée d’accélérer la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem, pour créer un fait accompli qu’il sera difficile de changer ou d’ignorer.

Evénements

Blocage au Moyen-Orient

BACHAR AL-ASSAD, le président syrien, a attribué la responsabilité du blocage des négociations à Israël et a dit que les pourparlers de paix au Proche-Orient ne doivent pas se focaliser sur les territoires occupés. « Si on veut parler de la paix, il faut parler du droit de la restitution des territoires, il ne faut pas parler des colonies ni de colonisation », a-t-il déclaré après une rencontre avec Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Le président syrien a déclaré qu’il n’existait pas à ce jour de « partenaire israélien pour la paix. Les efforts américains n’ont mené nulle part à cause de l’intransigeance israélienne », a-t-il dit. Bachar al-Assad s’est déclaré opposé à ce que la colonisation soit au cœur des pourparlers de paix entre les Israéliens et les Palestiniens.

SHMUEL ELIAYOU, le chef rabbin de Safed, une ville du nord d’Israël, a été le premier, en octobre, à appeler les habitants de sa ville à ne pas louer ou vendre des appartements à des Arabes. Son appel a été relayé par cinquante rabbins ultra-orthodoxes qui ont cosigné une lettre rendue publique le 7 décembre, dans laquelle ils avancent que « la Torah interdit de vendre à un étranger une maison ou un champ de la Terre d’Israël [Eretz Israël] ». « Quiconque vend ou loue un appartement (à des non-juifs) dans un quartier où vivent des juifs cause un grand tort à ses voisins, vu que le mode de vie (des non-juifs) est différent de celui des juifs, qu’ils nous persécutent et viennent s’immiscer dans notre existence », estiment les signataires. Au nombre de leurs justifications, la crainte de mariages mixtes et celle du blasphème. La liste des nouveaux signataires ne cesse de s’étendre, parmi lesquels des rabbins fonctionnaires qui assurent les services religieux (dont les mariages) dans les municipalités, ainsi que des directeurs de yéchivot (séminaires talmudiques) aussi bien en Israël que dans les colonies en Cisjordanie. Jeudi 9 décembre, le quotidien israélien Yediot Aharonot rapporte que les rabbins, qui se sont fixé pour objectif de recueillir plus de 500 signatures, se seraient notamment assurés le soutien de rabbins influents, comme Zelman Melamed, Haïm Drukmann et Eliezer Melamed. Ce manifeste a déclenché les protestations des Arabes israéliens, principales cibles de cette initiative.

CRISTINA KIRCHNER, la présidente argentine, a écrit à son homologue palestinien, Mahmoud Abbas, pour lui annoncer que son pays « reconnaît la Palestine comme un Etat libre et indépendant à l’intérieur des frontières de 1967 », a annoncé, le 6 décembre, le chef de la diplomatie argentine, Hector Timerman. Le Brésil a pris, vendredi, une décision identique et l’Uruguay a annoncé qu’il reconnaîtra la Palestine en tant qu’Etat en 2011. Dans une lettre publiée vendredi 10 décembre par le ministère brésilien des affaires étrangères, le président Luiz Inacio Lula da Silva informait M. Abbas que le Brésil reconnaissait un Etat palestinien dans « les frontières de 1967 », c’est-à-dire les lignes d’armistice de 1949. Selon la missive, publiée sur le site Internet du ministère, cette reconnaissance répondait à une demande personnelle formulée par Mahmoud Abbas à Lula le 24 novembre. Le ministère des A-E israélien a exprimé ses regrets et « sa déception » devant l’initiative de Lula.

Source
New Orient News