Question : Nous venons de voir cette semaine l’Allemagne et la France faire preuve de solidarité dans la question iraquienne. Mais pensez-vous que les Allemands et les Français parleront vraiment d’une seule voix au Conseil de sécurité ?
Réponse : Notre position est claire et sans équivoque. Nous ne participerons pas à une action militaire et nous souhaitons que la résolution 1441 soit mise en œuvre sans avoir recours à des actions militaires. Cela veut dire qu’il faut arriver à désarmer l’Iraq grâce au travail des inspecteurs. Telle est notre position et nous n’en changerons pas. Tout le reste n’est que spéculation ...
Mais pouvez-vous encore imaginer une situation dans laquelle nous nous mettions au côté des Français et d’autres Européens au Conseil de sécurité pour dire "oui" à une guerre, comme vous l’avez laissé entendre dans une interview, il y a trois semaines ?
Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. J’ai dit que je ne faisais pas de spéculations là-dessus, et cela reste toujours valable. Nous étions confrontés à un débat de politique intérieure. La grande majorité des Allemands souhaite que l’Allemagne ne participe pas à une opération militaire. Cela se traduit dans les décisions à prendre. Tout le reste ne serait que pure spéculation.
Votre homologue américain Colin Powell affirme que Bagdad ne coopère pas et qu’il induit en erreur les contrôleurs en armement. Les États-Unis veulent même fournir des preuves que Saddam Hussein détient des armes de destruction massive. Est-ce que cela est susceptible de faire changer d’attitude le gouvernement fédéral ? Vous allez rencontrer Colin Powell à New York.
Bien sûr, nous allons parler avec nos partenaires américains ainsi qu’avec d’autres à New York. Mais une chose est claire : ce sont MM. Blix et El Baradei qui sont chargés d’analyser la composante nucléaire conformément à la résolution 1441. Nous coopérons très étroitement avec les inspecteurs de l’ONU, leur transmettons les informations et leur fournissons un appui technique ainsi que du personnel. Cette analyse, nous devons l’attendre avant de pouvoir annoncer d’éventuelles conséquences. Je le répète, notre position est claire et sans équivoque : il faut laisser le temps aux inspecteurs. Dans la situation actuelle, l’Iraq est contrôlé à un degré tel qu’il est de plus en plus difficile de comprendre pourquoi il faudrait prononcer la menace d’une action militaire. Les inspecteurs sont sur place, ils font leur travail. Ils reçoivent le soutien de tous les membres de la communauté internationale. Les Européens dans leur ensemble souhaitent que les inspecteurs disposent du temps dont ils ont besoin et puissent avancer dans leur travail. Je pense que nous ne devons pas oublier qu’il s’agit d’atteindre l’objectif de la résolution 1441, à savoir que l’Iraq soit dépourvu d’armes de destruction massive et cela sans recours à la force militaire.
Que se passera-t-il si les Américains tirent d’autres conclusions ?
Nous devrons alors en discuter. La guerre ou la paix, c’est une question très grave. Et notre inquiétude est grande, très grande, à l’idée d’une action militaire. Nous sommes très inquiets surtout au sujet du lendemain, au sujet de la stabilité politique dans cette région, et nous nous demandons ce qu’il adviendra de la lutte contre le terrorisme. N’oubliez pas que nous, Européens, nous sommes des voisins directs de cette région. Nous ne sommes pas séparés du Proche-Orient et du Moyen-Orient par un grand océan. Tout cela justifie notre inquiétude, notre refus et notre profond scepticisme. (...)
Vous vous rendrez la semaine prochaine dans cette région. Y a-t-il encore de la marge de manœuvre pour la diplomatie ?
Je pense qu’il y a encore des possibilités qu’il faut sonder et qu’il faudrait alors exploiter. (...) Il s’agit maintenant de multiplier les activités diplomatiques pour appuyer l’équipe de l’ONU et exercer en même temps la pression nécessaire sur Bagdad pour qu’il comprenne que l’impératif du moment consiste à coopérer pleinement. C’est le seul moyen d’éviter une grande tragédie. Mais je le répète : notre position est parfaitement claire, nous refusons toute action militaire.
Traduction officielle du ministère fédéral allemand des Affaires étrangères
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