Selon un témoin, il s’agirait d’une des organisations sectaires les plus dangereuses dans notre pays.

Ce mouvement a commencé à s’implanter en Europe il y a une vingtaine d’années. Le fondateur " Sukuinushisama " visita pour la première fois notre continent en 1973. Sûkyô Mahikari s’est développé très discrètement, sans faire de vagues. Le mouvement s’adapte très facilement en fonction des critiques dont il fait l’objet (suppression du salut le bras tendu, retrait de la vente de certains documents, ...).

Selon un autre témoin, Sûkyô Mahikari serait un groupe d’extrême droite, se référant à des symboles tels que la croix gammée.

Le centre de Sûkyô Mahikari pour l’Europe et l’Afrique se situe au château d’Ansembourg, au Grand-Duché de Luxembourg.

En Belgique, Sûkyô Mahikari possède notamment des sièges à Bruxelles, Arlon, Anvers et Verviers (Heusy). Il semble que le siège verviétois soit fréquenté par de nombreux adeptes allemands. Il s’agit d’une toute nouvelle construction sur un terrain de 2ha 25a, acheté avec des fonds en provenance du Japon. A part le gros oeuvre confié à un entrepreneur local, les autres travaux ont été effectués par des adeptes, qui s’occupent d’ailleurs aussi de l’entretien et payent l’électricité et les autres frais de fonctionnement.

Les responsables du centre seraient particulièrement discrets quant aux membres du groupe et au financement de l’organisation.

Quant à l’A.S.B.L. belge, il semble qu’elle ne veuille communiquer que le nom des administrateurs. Les centres de prière situés dans la province de Luxembourg (Virton et Arlon) font partie de la structure administrative du Grand-Duché de Luxembourg. Il s’agit de greniers aménagés, où toute personne désireuse d’entrer en contact avec le mouvement est la bienvenue. Si elle est malade, elle peut éventuellement demander qu’un adepte initié lui transmette la " Lumière " par l’imposition de la main. Les adeptes sont tenus de s’inscrire dans un registre quand ils se rendent dans un de ces centres.

Bien que Sûkyô Mahikari se présente comme un mouvement religieux, un témoin estime que sa philosophie ne repose sur aucun fondement doctrinal et que son discours est " complètement vide, fou et débile ". Cette affirmation est démentie par un autre témoin. Selon ce dernier, la doctrine de Sûkyô Mahikari est syncrétiste et repose sur trois éléments : le corps physique (qui n’est qu’une enveloppe terrestre), le corps astral (qui se réincarne) et le corps spirituel (qui survit toujours). Dans la conception du mouvement, il existe également trois mondes : le monde matériel et physique, le monde astral (le monde de nos ancêtres, des esprits humains qui, après la mort, continuent à évoluer et à se former avant de se réincarner) et le monde divin (le monde des esprits divins).

Il y a également un certain culte des ancêtres, mais celui-ci est, selon un témoin, surtout destiné à entretenir la peur chez les adeptes. Il leur est avant tout demandé de changer de mental et d’obéir. Sûkyô Mahikari cherche à renforcer le sentiment de culpabilité de ses adeptes, qui doivent se purifier des fautes commises dans des vies antérieures. Ils sont invités à travailler bénévolement pour l’organisation afin de compenser ces erreurs. En fait, le groupe crée souvent un soi-disant problème de manière à pouvoir y apporter une solution.

Selon deux témoins, les objectifs de Sûkyô Mahi-kari sont l’attrait de l’argent et une volonté expansionniste. Le mouvement annonce également le juge-ment dernier, appelé " baptème du feu ". Le Dieu Su va purifier la terre par le feu. Quand l’humanité aura péri, il lui restera alors à créer la nouvelle société du 21 e siècle sacré. Les survivants seront les Mahikari, qui gouverneront la terre.

Selon un des témoins, Sûkyô Mahikari est un groupe très hiérarchisé. Il existe un important encadrement japonais et tout est décidé par la hiérarchie : pour tout acte, l’adepte doit demander l’accord de son supérieur direct. Les adeptes doivent toujours obéir et demander conseil pour " éloigner les entités nuisibles ".

Il semble y avoir beaucoup de mouvement parmi les dirigeants. Ainsi, lorsque la fille du fondateur, Keishu Okada, appelée " Oshienushisama ", est venue en Europe en 1993, beaucoup de dirigeants ont été transférés vers d’autres centres.

Il s’agirait, selon un des témoins, d’un groupe totalitaire, non pas sur le plan matériel, mais sur le plan des idées : il prétend posséder la seule vérité.

Un premier cours d’initiation de trois jours permet à l’adepte d’apprendre comment " transmettre la Lumière " aux autres, de manière à diminuer leurs souffrances. Selon un témoin, ces cours, précédés de plusieurs journées préparatoires, sont très fatigants. L’initié reçoit un médaillon ultra-secret, l’" Omitama ", qui contient un petit papier sur lequel figure un idéogramme japonais, prière dont il n’est pas donné la traduction, tellement cet idéogramme est sacré. Personne ne peut le voir, ni le toucher, pas même un autre initié. L’" Omitama " représente un lien direct avec Dieu, permettant de " transmettre la Lumière ".

L’initié apprend à " transmettre la Lumière " pour sauver le monde, tout en récitant une prière sacrée en japonais. Au cours de l’initiation dans la langue maternelle des adeptes, un certain nombre de prières sont sans cesse récitées en japonais, tout le monde récitant et respirant au même moment.

Un des témoins déclare avoir assisté à une initiation à Luxembourg-ville (centre d’initiation pour les habitants du Luxembourg belge) en présence de 100 à 120 personnes.

Il n’existe pas de vie communautaire au sein de l’association ; les adeptes continuent à vivre une vie professionnelle normale. Des cours et des séances, pendant lesquelles les adeptes reçoivent la " Lumière ", ont lieu le soir et pendant le weekend. Les enseignements se donnent parfois pendant une journée entière. Diverses activités sont également organisées le week-end. Ainsi, une pièce de théâtre a été montée pour récolter des fonds pour la construction d’un temple au Japon, destiné à empêcher un cataclysme.

PRINCIPAUX FAITS IMPUTES AU MOUVEMENT

 Le recrutement se fait généralement par le bouche à oreille. Des membres du groupe recrutent au sein de leur famille, de leur cercle d’amis et de connaissances, dans leur quartier, etc. Ils disposeraient d’un tableau de recrutement. Il semble que le profil des membres recrutés soit celui de personnes précarisées, ayant rencontré des problèmes sentimentaux ou autres. Ce sont apparemment souvent des personnes aisées sur le plan financier.

Pour pouvoir monter en grade, les adeptes doivent suivre certains enseignements (parfois de manière répétée) et recruter un minimum de deux nouveaux membres.

Pendant la période dite de " séduction ", les nouveaux adeptes sont autorisés à garder leur propre religion. La secte se cantonne au début dans des généralités afin de ne pas contredire les autres religions. Ce n’est qu’après un certain temps que la pensée de Sûkyô Mahikari est imposée aux adeptes. Ainsi, au troisième cours, il est notamment déclaré que le Christ n’est pas mort sur la croix.

On évolue alors vers une conception purement " Mahikari ". Des adeptes se font initier en cachette de leur famille. Les documents d’initiation ne peuvent être montrés à personne.

Il semble que deux enseignants de l’Institut Sainte Marie à Arlon soient cadres de Sûkyô Mahikari et recrutent des collègues.

 L’" art de Mahikari " : un témoin affirme que ce groupe remplace les soins médicaux traditionnels par l’imposition des mains et des techniques de purification de l’âme.

 Selon un témoignage, des enfants assistent également aux réunions. Si un enfant marque trop peu d’enthousiasme, le mot d’ordre au sein du mouvement, très prudent en la matière, est de ne pas trop insister.

 L’adhésion à cette association entraîne une rupture avec le milieu familial lorsque les autres membres de la famille ne souhaitent pas y participer. Ces derniers sont rejetés.

 Comme indiqué ci-dessus, deux témoins affirment que l’objectif principal de cette association est la récolte d’argent. L’un d’eux est en possession de reçus en blanc, ce qui laisse supposer que les adeptes sont invités à collecter de l’argent et à faire du prosélytisme.

Pour exprimer leur gratitude à l’égard du Dieu Su, les adeptes travaillent bénévolement et/ou versent différents types d’offrandes (remerciements au Dieu Su pour avoir " transmis la Lumière ", participation à la construction du grand temple mondial, ...). Ces offrandes sont versées dans une grande urne placée au centre de la pièce. Le nom de l’adepte et le montant sont à chaque fois notés. Les adeptes sont également invités à apposer leur signature lorsqu’ils se rendent au temple. En outre, les achats de livres sont également enregistrés.

Un témoin affirme que les dirigeants de Sûkyô Mahikari tirent des bénéfices financiers importants de toutes ces opérations. L’installation du centre continental pour l’Europe et l’Afrique au Grand-Duché de Luxembourg, place financière importante, ne serait à cet égard pas un hasard.

Selon un témoin, les investissements réalisés au Grand-Duché ont été réalisés avec les " dons " des adeptes. Selon un témoin, le mouvement verserait en moyenne 4,9 milions de francs par an au Japon et 670 000 francs à l’organisation au Luxembourg.

 Les manifestations organisées une fois par an au château d’Ansembourg, ainsi que d’autres rassemblements sont encadrés par une jeune élite en uniforme, les Mahikari taï, qui assure le bon déroulement de la réunion, munis de talkies-walkies. Les Mahikari taï forment un groupe de jeunes qui discutent régulièrement des enseignements et organisent diverses activités. Selon un témoin, une manifestation organisée dans un parc à Paris-Nord a réuni quelque sept mille personnes, qui ont assisté à la cérémonie dans l’ordre le plus parfait. Les journalistes y étaient interdits.

 Un témoin affirme ne pas avoir fait l’objet de pressions lors de son départ. Il a toutefois régulièrement été recontacté par téléphone pour lui demander quand il reviendrait et lui signaler les dates et heures des prochaines réunions.

 Lorsque les adeptes expriment certains doutes, il leur est affirmé qu’ils ne travaillent pas suffisamment. Un témoin affirme connaître un adepte qui a dû être interné dans un hôpital psychiatrique. Selon lui, l’enseignement de Sûkyô Mahikari entraîne une déstructuration de la personnalité. Il estime que certains membres de sa famille sont devenus meilleurs grâce à la force de leur foi en le Dieu Su mais, à ses yeux, le groupe représente un danger évident sur le plan mental car l’adepte n’est plus en mesure de se rendre compte si quelque chose va mal ; la croyance " Mahikari " peut modifier sa personnalité, sa représentation du monde à tel point que la situation lui échappe complètement. Il y a manipulation mentale, une espèce de totalitarisme qui fait que même si, selon le témoin, la doctrine de Mahikari n’était que du vent, tout paraît logique quand on vit au sein du groupe.

Il semble être très difficile de retourner vivre dans notre société après avoir été membre de ce groupement car il s’agit d’un monde totalement différent. Les adeptes sont isolés mentalement du reste du monde.

Le même témoin indique qu’il a dû rester longtemps à la maison après avoir quitté le groupe pour pouvoir se " recomposer " ; il restait couché au lit, regardait la télévision ; il était au bord du suicide.


Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be