La Conférence de Berlin sur le processus de paix libyen s’est terminée après près de cinq heures de pourparlers. Sa préparation avait pris du temps - environ quatre mois - et avait été précédée par cinq cycles préparatoires de consultations au niveau des hauts responsables. Au final, un document assez détaillé a été mis au point et contient des recommandations, des propositions pour surmonter la crise libyenne actuelle. Le document se décompose en chapitres. Une section est consacrée aux efforts en matière de sécurité, notamment la nécessité d’essayer de faire durer le cessez-le-feu. Il y a une section sur le processus de paix, sur le règlement des problèmes économiques de la Libye tout en sachant que toutes les parties libyennes, tous les groupes confessionnels, ethniques et politiques, doivent avoir accès aux richesses naturelles du pays. Il y a également une section sur le règlement des problèmes humanitaires, le respect des droits de l’homme, et une autre concernant le soutien de ces processus dans tous les domaines par la communauté internationale sous l’égide de l’Onu.
La Russie a participé aux préparatifs depuis le tout début. Nous avons participé aux cinq cycles préparatoires. C’est sur notre insistance que les organisateurs ont renoncé à l’idée initiale de se réunir sans les parties libyennes. Des leaders libyens ont été invités à la Conférence : le Président du Gouvernement d’entente nationale, Fayez el-Sarraj, et le maréchal Khalifa Haftar, commandant de l’Armée nationale libyenne. Sur notre initiative également a été élargi le cercle des participants parmi les voisins de la Libye, parce que la garantie de leurs intérêts et la prise en compte de leur avis sont cruciales pour que tout accord soit durable.
Troisième point, sur lequel nous avons aussi insisté : la nécessité de reproduire dans les documents de la Conférence, précisément et sans équivoque, les principaux termes des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Libye, notamment en ce qui concerne le constat de l’absence d’une solution militaire et la nécessité d’assurer la normalisation de la situation libyenne par les Libyens eux-mêmes sans ingérence extérieure.
Il faut "régler" le document final de la session de manière à ce que les termes concernant les propositions et les recommandations concrètes doivent être acceptés et approuvés par les parties libyennes.
Bien sûr, le rôle du Conseil de sécurité des Nations unies, où ce document sera envoyé à l’étude afin d’exprimer son avis sur le sujet, a été souligné.
Le Président russe Vladimir Poutine a exprimé notre position et a souligné que lors de l’examen de ces recommandations approuvées à Berlin au Conseil de sécurité des Nations unies, nous tiendrons évidemment compte de l’avis des Libyens. Cet avis doit être clairement exprimé avant que le Conseil de sécurité des Nations unies n’entame le travail sur ce document.
La situation n’est pas simple. Les parties libyennes ont fait un petit pas en avant par rapport à la rencontre du 13 janvier 2020 à Moscou. Elles sont convenues de déléguer cinq représentants chacune pour le comité militaire créé à l’initiative de l’Onu, dans le cadre duquel seront examinées toutes les questions liées à la garantie du cessez-le-feu. Vous le savez, le cessez-le-feu à l’initiative de la Russie et de la Turquie est entré en vigueur dans la nuit du 11 au 12 janvier 2020. Nous avons constaté aujourd’hui qu’il était respecté dans l’ensemble, même si certaines infractions sont commises des deux côtés. Les pays qui ont de l’influence sur le terrain en Libye se sont également engagés aujourd’hui à n’entreprendre aucune démarche qui inciterait les parties libyennes à relancer des activités militaires à part entière, et à stimuler le maintien du cessez-le-feu, sa consolidation et son renforcement.
Le comité militaire, créé avec cinq représentants de Fayez el-Sarraj et de Khalifa Haftar respectivement, s’occupera, sous la supervision de l’Onu, de l’élaboration de mesures de confiance concrètes qui permettront de donner à la trêve un caractère durable.
Dans l’ensemble, nous jugeons la Conférence très utile. Il est clair qu’au final, c’est aux Libyens d’en décider. Il est clair que pour l’instant ils ne parviennent pas à entamer un dialogue stable et sérieux entre eux tellement les divergences d’approches sont sérieuses, mais néanmoins les recommandations et les propositions du document final de la Conférence de Berlin complètent la tirelire d’idées proposées par la communauté internationale afin que les parties libyennes puissent se mettre d’accord sur les conditions qui leur permettront de s’asseoir à la table des négociations pour commencer à chercher un terrain d’entente.
Merci.
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