Hormis la journée du jeudi, qui fut consacrée au " Procès du communisme ", à l’initiative de Bernard Antony, responsable de l’action culturelle, la XIIIe Université d’été avait comme thème : " Pour la France, le combat régional ". Huit cents cadres y ont participé, à Orange du lundi 25 au vendredi 29 août 1997.
Le sujet de cette rencontre reflétait trois préoccupations :
– La réalité électorale contraint le FN à s’investir dans les campagnes locales bien que sa vocation principale, changer de régime politique, ressortisse par nature au plan national. Outre les quatre villes dont il a pris le contrôle, " la plupart de ses mandats électifs, ceux qui lui apportent un poids politique et de l’argent, il les doit à l’Europe de Bruxelles et aux régions. Or, il dénonce le dépeçage de la nation par une certaine dérive régionaliste, et la recoagulation desdites régions dans le projet fédéral de Bruxelles [...] Le premier défenseur de l’identité et de la souveraineté nationales doit donc ses mandats aux institutions qui les menacent par le haut et par le bas " (Martin Peltier, National Hebdo, 04/09/97).
– D’autre part, sur le plan national, le FN entend continuer à maîtriser son image publique autour de son chef, tandis que, au plan régional, il souhaite valoriser son implantation militante. Or, les baronnies, organisées par les " ténors " du parti, constituent autant de forces centrifuges qui ambitionnent des expressions autonomes et défient l’autorité de son président.
– Enfin, le parti prépare les élections régionales de 1998, qui sont d’autant plus importantes aux yeux de Le Pen que celui-ci espère conquérir la présidence de PACA.
Mais si le " combat régional " est l’objet d’un consensus comme stratégie de conquête du pouvoir, il apparaît, d’un point de vue idéologique, comme vide de substance. Les interventions et ateliers se sont contentés de traiter du militantisme local, du fonctionnement des collectivités territoriales, des expériences des élus locaux et régionaux, etc. Le régionalisme a été réduit à une dimension culturelle excluant le débat sur la décentralisation, sur l’aménagement du territoire, etc. Cette université ne pouvait en effet pas être le lieu d’une confrontation entre des conceptions opposées du régionalisme : l’une fondée sur les ethnies, l’autre sur les nations.
Le FN doit d’abord composer avec les héritiers de la tradition " Völkisch " des nazis, représentés par les " grécistes " (Pierre Vial, Jean Mabire) aussi bien que par les traditionalistes (Bernard Antony), attachés à la culture ethniciste faite de terroir et d’esprit de clocher. Mais le parti doit aussi intégrer les fidèles du salut au drapeau (Roger Holeindre) et les " grands commis de l’État " affiliés au Club de l’Horloge (Bruno Mégret), toujours prompts à dénoncer la " dérive régionaliste, ici folklorique, là séparatiste " des premiers. En définitive, l’université d’été se sera contentée d’essayer de prouver que " l’État-Nation est [...] le seul rempart pour les identités locales et régionales ".
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