L’ancien président George H. Bush avait déclaré « Grâce à Dieu, nous avons supprimé le syndrome du Vietnam une bonne fois pour toute » après la Guerre du Golfe. En réalité, le syndrome du Vietnam, c’est-à-dire la réticence des États-uniens à s’engager dans un conflit à l’étranger, a disparu réellement après le 11 septembre 2001, mais depuis, George W. Bush a peut-être créé le syndrome d’Irak.
Depuis les attentats du 11 septembre, la stratégie de sécurité des États-Unis a été remodelée en profondeur. La doctrine Bush est fondée sur trois principes : le concept de frappes préventives, le maintien de la suprématie états-unienne et la diffusion de la démocratie. L’invasion de l’Irak a été le premier test majeur de la doctrine Bush. Cet affrontement visait à mettre un terme au coûteux duel contre Saddam Hussein et à envoyer un message clair aux voisins de l’Irak : s’opposer aux États-Unis est vain. L’avènement d’une démocratie en Irak devait également servir de modèle pour la région. Ça n’a pas fonctionné. La découverte que l’Irak n’avait pas d’armes de destruction massive a remis en cause la légitimité des frappes préventives. Si l’invasion a démontré la puissance états-unienne, l’occupation montre que l’armée états-unienne n’est pas adaptée pour assurer la sécurité. Ce problème va créer un syndrome irakien pour toute la région.
Après la chute de Bagdad, les néo-conservateurs se demandaient quelle serait la prochaine cible. Aujourd’hui, la Syrie et l’Iran savent que les États-Unis ne peuvent pas s’en prendre à eux. Les Iraniens ont renforcé leur pouvoir en utilisant les menaces états-uniennes. Les États-Unis ont également perdu en popularité et en crédibilité et donc en moyen d’action. L’Irak soulève des doutes quand à la validité de la doctrine Bush.

Source
Daily Star (Liban)

« ’By God, we’ve just created the Iraq syndrome !’ », par Gary Sick, Daily Star, 11 octobre 2004.