Action pour la dignité humaine (ADH), une association familiale reconnue d’utilité publique, a officiellement saisi le Premier ministre pour faire interdire notre journal. ADH est présidée par Christine Boutin, députée des Yvelines, cofondatrice de Combat pour les valeurs, secrétaire nationale du CDS et néanmoins membre du comité de soutien à la candidature du vicomte Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon, et en outre, chargée personnellement par Jean-Paul II de coordonner politiquement la rechristianisation de la France.

En décembre 1994, ADH avait publié une brochure pour mobiliser les militants de l’extrême droite catholique contre le Réseau Voltaire. "Maintenant" y est plusieurs fois cité comme un élément du complot judéo-maçonnique visant à "l’anéantissement des valeurs de notre civilisation" par des "opérations destructrices de l’identité chrétienne et du tissu social de la France".

Dans sa saisine du Premier ministre, ADH présente "Maintenant" comme "une revue d’inspiration diabolique". Cette révélation s’appuie sur un dessin paru en page 9 de notre édition datée du 8 février 1995.

Il faudrait franchir un grand pas pour lier la requête d’ADH au dossier consacré à l’Opus Dei, publié dans le même numéro de "Maintenant", où Christine Boutin et Edouard Balladur sont cités.

Il faudrait franchir un grand pas pour lier cette requête à la réunion des cadres français de l’Opus Dei, qui s’est tenue le 26 février 1995 à Lyon, et dont l’un des objets était "les actions à conduire" pour faire taire "Maintenant".

Il faudrait franchir un pas d’autant plus grand que la prélature personnelle de l’Opus Dei a démenti entretenir des liens avec Christine Boutin, et que la croisade de la présidente d’ADH pour le rétablissement de la censure est exclusivement motivée par la défense de la dignité humaine et non par des considérations politiques ou religieuses.

Ce pas, nous l’avons déjà franchi.

La rédaction