(extrait du procès-verbal de la séance du 9 octobre 2003)

Présidence de M. Jean-Louis DEBRÉ, Président

M. le Président : Je commencerai cette audition par une question : que représente la communauté de la confrérie Tidjania dont vous êtes le président ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : La confrérie Tidjania représente l’orthodoxie islamique. Elle pourrait même représenter l’islam maghrébin, étant implantée majoritairement en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest.

M. le Président : Que représente-t-elle en France en termes d’adhérents ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Je ne peux pas avancer un chiffre exact. Dans le passé, la confrérie était présente en France. Son siège central a longtemps été la mosquée de Paris. A l’avènement de M. Hamza Boubakeur, en 1956, la confrérie a été chassée de la mosquée. Depuis, ses membres sont éparpillés un peu à travers l’hexagone. L’association n’a pas de siège central.

M. le Président : Comment avez-vous été désigné président de cette confrérie ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Je crois utile de rappeler d’abord que l’Algérie, dont je suis originaire, est la métropole du tidjanisme. Par ailleurs, mes qualités anciennes, avant mon installation définitive en France, de conseiller auprès du Khalife général (guide suprême) et de porte-parole de la confrérie dans le monde, et le prestige dont j’ai quelque peu hérité de mon père, ancien mufti de Paris, en tout début des années 50 et l’une des grandes figures de l’islam malékite, m’ont conduit tout naturellement à la présidence de la confrérie en France, souhaitée et entérinée par des personnalités politico-religieuses d’obédience tidjani dans l’Ile-de-France.

M. le Président : C’est donc un titre héréditaire.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Pas tout à fait. Mais ma famille a toujours été dans la confrérie.

M. le Président : Où vous réunissez-vous ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : A Nanterre, chez moi. Cette association, qui a été créée tout récemment, est encore à l’état embryonnaire.

M. le Président : Mais puisque vous étiez l’héritier de votre père, elle n’a pas été créée récemment.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Je parle de son implantation en France.

M. le Président : Y a-t-il des régions particulières en France où la confrérie est implantée ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Non. La confrérie est active essentiellement à Paris.

M. le Président : Vous êtes donc musulman.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Oui.

M. le Président : Pour vous, le port du voile est-il une obligation religieuse imposée par le Coran ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Non. C’est justement l’objet du texte que je vous ai remis au début de mon audition.

M. le Président : Le port du voile ne fait donc pas partie des piliers de l’islam.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Non.

M. le Président : Est-ce une prescription religieuse imposée par le Coran ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Non. Nous le percevons comme une tradition vestimentaire. Si le port du voile devenait une contrainte, ce serait contraire aux principes de l’islam.

M. le Président : Etes-vous favorable à la laïcité de l’école ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Totalement.

M. le Président : Par conséquent, vous n’êtes pas opposé à ce que l’on interdise le port du voile à l’école...

M. Mohamed BENELMIHOUB : Non, mais c’est la façon d’imposer cette interdiction, son approche dont il reste à débattre. Si vous l’interdisez brutalement, cela entraînera une réaction tout à fait négative de la part des populations musulmanes qui percevront cela comme un geste autoritariste. Cela provoquera une réaction de la part des autres jeunes filles et femmes musulmanes qui prendraient alors le voile, mais sans conviction. Celles qui vont être marginalisées, sanctionnées vont apparaître comme des victimes. C’est ce qu’il faut éviter.

M. le Président : Il ne faut donc rien faire ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Ce n’est pas ce que je veux dire. Il y a une pédagogie adaptée pour cela. Des textes existent déjà en la matière pour traiter les cas litigieux, telles que la circulaire Bayrou, la loi de 1905, la jurisprudence du conseil d’Etat.

M. le Président : Pensez-vous qu’il y a un grand nombre de cas litigieux ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Non. A mon sens, le nombre est infime.

M. le Président : Quels sont les éléments qui vous font dire cela ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Je suis au fait de ce qui se passe en France, c’est d’actualité.

M. le Président : Nous avons un sentiment différent. En effet, les proviseurs que nous avons entendus nous ont fait état d’un nombre de cas important mais qui ne sont pas rendus publics.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Non. Je suis formel en disant que ce sont des cas minimes.

M. Bruno BOURG-BROC : En avez-vous une comptabilité approximative ou est-ce une impression ? Avez-vous des outils qui vous permettent d’estimer le nombre de cas litigieux ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Je ne peux pas avancer un chiffre précis. Nous avons des contacts à travers l’hexagone qui nous permettent de situer l’importance des cas. Je me permets d’insister sur cette espèce d’acharnement, sur cette surmédiatisation de ce problème du voile qui n’a pas sa raison d’être.

M. le Président : Certes, mais les choses étant ce qu’elles sont, il y a effectivement une surmédiatisation.

M. Mohamed BENELMIHOUB : C’est négatif et contraire à la vocation de la France, tant à l’intérieur de l’hexagone qu’à l’extérieur.

M. le Président : Que répondez-vous aux enseignants qui disent ne pas avoir les moyens juridiques d’empêcher un certain nombre de jeunes filles de porter le voile et que la loi et la jurisprudence du Conseil d’Etat ne sont pas suffisantes ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : En quoi une jeune fille portant ce foulard gêne-t-elle l’enseignement ?

M. le Président : C’est un signe de différence.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Je ne le vois pas ainsi.

M. le Président : Etes-vous pour l’égalité entre les hommes et les femmes ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Totalement.

M. le Président : Entre les femmes, il n’y a donc pas de différence, elles sont toutes soeurs.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Absolument.

M. le Président : Le fait pour une jeune fille de porter un voile dans une classe n’est-ce pas une façon de la marginaliser ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Pas du tout. Ce que l’on essaie exagérément de démontrer ici, existe dans des pays musulmans et ne pose aucun problème. En Algérie, d’où je suis originaire, la question du port du voile se pose, mais dans l’enseignement, elle ne donne pas lieu à des problèmes.

M. le Président : Monsieur, nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde puisque pour vous, le voile n’est en aucun cas l’expression d’un signe imposé par le Coran ou d’un signe religieux. Vous y voyez un ornement vestimentaire, comme certains portent des cravates.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Tout à fait.

M. le Président : Par conséquent, il ne peut pas y avoir de débat.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Je préconise qu’il n’y ait pas de débat.

M. le Président : Que dites-vous alors si les femmes arrivent entièrement voilées ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Dans ce cas-là, il ne s’agit plus du foulard, mais de la burka. Nous sortons totalement du sujet.

M. le Président : Même si vous considérez que le port du voile n’est un principe ni religieux ni imposé par le Coran, si une jeune fille vient en classe portant ce foulard parce qu’elle veut montrer qu’elle est musulmane, pensez-vous qu’il faut la laisser faire ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Non. Ces jeunes filles ne le font pas par conviction religieuse. Bien souvent, elles ne connaissent pas l’islam. Elles le font par dépit, par réaction.

M. Bruno BOURG-BROC : Si ces élèves refusent d’enlever le voile pour des travaux pratiques de physique ou des exercices de sport, comment faut-il réagir ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Je suis d’avis d’être le plus ferme possible. Il ne s’agit pas de laisser une jeune fille imposer sa façon de voir quand il s’agit de sécurité dans des travaux pratiques ou d’exercices de sport.

M. Bruno BOURG-BROC : Par conséquent, elle peut venir à l’école avec un foulard, qui est une tradition et non pas une obligation. Toutefois, dès lors qu’il s’agit de respecter des règles de sécurité, c’est bien la règle de l’éducation qui doit s’imposer avec autorité ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Tout à fait.

M. le Président : Pour vous résumer, vous n’êtes pas favorable à ce que, dans l’école, les élèves portent des signes religieux.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Non.

M. le Président : S’agissant de jeunes garçons qui portent la kippa en classe, cela vous gêne-t-il ou pas ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Oui, cela me gênerait. Si vous appliquez une quelconque interdiction au port du foulard, vous ne pouvez pas ne pas l’imposer pour la kippa.

M. le Président : Nous avons entendu un grand nombre de musulmans, parmi lesquels certains ayant une connaissance approfondie du Coran. Si tous se sont accordés pour souligner que le voile n’était pas imposé par le Coran, il est néanmoins apparu, pour les jeunes filles après la puberté, que le port du voile était l’expression d’un signe religieux.

Comment expliquez-vous que, parmi les très nombreux musulmans que nous avons entendus au cours de ces derniers mois, vous soyez le seul à être aussi catégorique lorsque vous affirmez que le voile n’est en aucun cas l’expression d’une manifestation d’ordre religieux ? Sur quels versets du Coran vous fondez-vous ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Il n’y a aucun verset du Coran bien explicite sur ce point.

M. Bruno BOURG-BROC : Quand vous dites « bien explicite », cela suppose-t-il qu’il y a un verset qui n’est pas explicite ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : C’est une question d’interprétation.

M. Bruno BOURG-BROC : Quel est le verset du Coran qui pourrait être interprété dans ce sens-là ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Les textes qui pourraient être évoqués ont trait à la morale, à la pudeur féminine, mais ce ne sont pas des règles rigides.

M. le Président : Certes, ce ne sont pas des règles rigides, mais ce n’est pas à la jeune fille d’estimer ou de juger où s’arrête sa pudeur. Dès lors qu’elle est dans une classe et qu’il y a une règle pour tous, la règle est la même pour tous. Or dans l’enseignement public en France, il n’est pas admis dans les classes que des élèves portent un signe ostentatoire montrant qu’ils appartiennent à telle religion. De même que dans les règlements des écoles, chaque élève doit porter une tenue correcte. Ce n’est pas à l’élève d’estimer quelle doit être sa tenue, mais au professeur.

Par conséquent, on peut dire qu’il est tout à fait normal que les responsables des écoles en France interdisent le port du voile car cette tenue n’est pas compatible avec celle des autres élèves. Cela vous choque-t-il ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Non. Mais ce débat sur le foulard a dépassé le cadre de l’école.

M. le Président : Certes, mais en France, l’école est laïque. Le problème est le contenu de la laïcité. Dans notre entretien, nous ne pouvons pas nous entendre, nous ne parlons pas le même langage car, pour vous, le voile n’est pas l’expression d’une appartenance religieuse ou la manifestation de la religion musulmane. En fait, vous considérez que le voile est un ornement vestimentaire, comme la cravate pour les garçons.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Absolument.

M. le Président : Par conséquent, pour vous, la laïcité n’est pas concernée.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Elle n’est pas en jeu.

M. le Président : De la même manière qu’un professeur peut interdire dans sa classe à ses élèves de porter des cravates rouges, de la même manière il peut interdire à une jeune fille de porter un voile.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Oui, mais il y a la manière de le faire, il faut user d’une pédagogie adaptée. C’est à cela que je faisais allusion. C’est un problème à traiter.

M. le Président : Vous rendez-vous compte que vous êtes très marginal ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Comment cela ?

M. le Président : Dans la réflexion qui est la nôtre, vous êtes le seul, parmi les musulmans que nous avons auditionnés, à nous dire que le port du voile n’est en aucun cas l’expression de près ou de loin d’une manifestation religieuse. Peut-être est-ce pour cela que vous êtes marginal.

M. Mohamed BENELMIHOUB : J’ai 50 ans de pratique dans les affaires de l’islam, tant ici qu’au Moyen-Orient qu’en Afrique du Nord. Quand j’affirme quelque chose, je sais ce que je dis. J’ai eu à connaître les plus grands théologiens en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Cette déviation de l’islam s’inscrit dans le laxisme que nous avons toléré ici en France, comme en Afrique du Nord d’ailleurs, et que nous sommes en train de payer.

Dans les années 50, je suis venu d’Egypte m’installer en France. Pour appuyer mes propos, je prends pour exemple ma propre famille, car j’appartiens à une famille maraboutique qui vivait ici en France. Mon père, qui était un grand « enturbanné » ne badinait pas avec l’islam. Ma soeur préparait alors son championnat de sport. Tous les matins, les cuisses dénudées, elle faisait ses exercices. Aucun des « enturbannés »n’a jamais rien trouvé à y redire.

M. le Président : J’entends bien, mais dans le Coran, il y a des versets qui font état du port du voile pour la femme.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Mais cela s’inscrit dans le respect de la pudeur féminine.

M. le Président : Connaissez-vous les versets du Coran qui parlent de la femme ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Oui.

M. le Président : (Lecture des versets du Coran.) « Dis aux croyantes de baisser leurs regards, d’être chastes, de ne montrer que l’extérieur de leurs atours, de rabattre leur voile sur leur poitrine. » « Nul reproche à faire aux femmes du Prophète si elles paraissent dévoilées devant leur père, leurs fils, leurs frères, les fils de leurs frères, les fils de leurs soeurs et devant leurs femmes et leurs propres esclaves. Qu’elles craignent Dieu. Dieu est en vérité témoin de tout. » « Il n’y a pas de faute à reprocher aux femmes qui ne peuvent plus enfanter et qui ne peuvent plus se marier de déposer leur voile à condition de ne pas se montrer dans tous leurs atours, mais il est préférable pour elles de s’en abstenir. Dieu est celui qui entend et qui sait. »

Ces versets sont clairs.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Oui, mais nous restons toujours dans le domaine de la pudeur.

M. Bruno BOURG-BROC : Il vient de s’ouvrir à Lille un lycée musulman. Pensez-vous que de tels lycées sont nécessaires sur le territoire français ? Par ailleurs, l’année dernière, au sein de l’Education nationale, a eu lieu un débat sur l’enseignement du fait religieux. Cela vous parait-il être une bonne chose et par qui doit être enseigné ce fait religieux dans les établissements scolaires français ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Cet enseignement doit être fait par des gens avisés.

M. Bruno BOURG-BROC : C’est-à-dire ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : J’ai une petite réputation d’être quelque peu dérangeant. J’ai toujours dénoncé tous ces « tartuffes » qui infectent l’hexagone. J’ai toujours été contre la venue de ces imams qui viennent de l’étranger. C’est la raison pour laquelle on a trouvé que j’étais dérangeant depuis longtemps. Il faut enseigner le fait religieux.

M. le Président : Avouez que vous êtes marginal ! Vous ne pouvez pas nous dire ce que vous représentez en nombre d’adhérents et vous ne pouvez pas nous préciser comment vous avez été désigné président de cette confrérie. Etes-vous plus ou moins important que le recteur de la mosquée de Paris ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Je m’interdis de faire un parallèle. Le recteur de la mosquée de Paris répond à des obligations politiques, à des tractations entre l’Algérie et la France.

M. le Président : Combien avez-vous de membres dans votre organisation ? Vous dites que vous vous réunissez dans votre appartement à Nanterre. Combien fait-il de mètres carrés ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : 75 mètres carrés. Mais cela ne signifie rien. Je vous ai dit que l’association était à l’état embryonnaire. Parmi ceux qui ont créé cet embryon d’association, il y a entre autres Abdelkader Barakrok, ancien secrétaire d’Etat à l’Algérie, que vous connaissez bien. Ce sont des gens de qualité qui sont à l’origine du renouvellement de la confrérie en France.

M. le Président : S’il n’y a pas la quantité, il y a la qualité.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Tout à fait. Par ailleurs, vous m’avez posé une question quelque peu délicate, mais d’actualité, concernant le problème du recteur de la mosquée de Paris.

J’ai été de ceux qui ont dit aux autorités françaises que Dalil Boubakeur ne pouvait représenter l’islam, n’ayant jamais pu satisfaire aux prescriptions islamiques d’une part, ne pouvant répondre aux sentiments de nos populations musulmanes de France, ni aux intérêts de la France et de l’Algérie, d’autre part. J’avais même préconisé un retrait « honorable » de M. Boubakeur, mais on l’a maintenu, grand bien lui fasse ! Pour ma part, il ne me dérange pas. Mais le choix de vos interlocuteurs n’est pas toujours à bon escient.

M. le Président : On essaie de choisir des gens qui représentent quelque chose. Le recteur de la mosquée de Paris a été désigné par ses pairs.

M. Mohamed BENELMIHOUB : Non, pas du tout, il a été désigné par le ministère de l’Intérieur après tractations avec Alger.

M. le Président : Faites-vous partie du Conseil français du culte musulman ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Non.

M. le Président : Pourquoi ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Je n’ai pas été consulté.

M. le Président : Peut-être est-ce parce que vous n’êtes pas représentatif ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Non, ce n’est pas le cas.

M. le Président : Peut-être est-ce parce que vous êtes dérangeant ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Oui, parce que mes idées ne plaisent pas. Mes idées dérangent tant ici que de l’autre côté de la Méditerranée.

M. le Président : Vos idées sont dérangeantes parce qu’elles sont exactement à l’opposé de celles de toutes les personnes, même les plus modérées. Vous avez une lecture personnelle du Coran, mais qui est à l’opposé de tout ce que nous avons entendu. Peut-être est-ce pour cela que vous êtes tout seul ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Je m’en félicite !

M. Bruno BOURG-BROC : Quelles sont les personnes « avisées » qui devraient enseigner le fait religieux musulman dans nos établissements scolaires ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Ce doit être des personnes suffisamment formées au plan théologique, d’une part, et d’autre part, des personnes de moralité et de conviction. Ce n’est pas le cas actuellement.

M. Bruno BOURG-BROC : Qui devrait les choisir ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Le ministère de l’intérieur puisque c’est lui qui mène la conduite de l’islam. Pourquoi se cacher la vérité ?

M. Bruno BOURG-BROC : Ce fait religieux musulman pourrait-il être enseigné par des professeurs d’histoire ou de philosophie ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Pourquoi pas.

M. Bruno BOURG-BROC : Pensez-vous que la création de lycées musulmans comme celui de Lille doit se développer ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Je suis contre la création d’établissements confessionnels car cela nous mènerait à des déboires.

M. Bruno BOURG-BROC : Par conséquent, vous récusez le lycée qui a été ouvert à Lille cette rentrée ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Oui. Mais d’un autre côté, je le comprends, c’est une solution de désespoir car ils ne savaient pas comment parer à ce qui arrivait.

M. le Président : Savez-vous pourquoi, en Turquie, pourtant un pays musulman, on a interdit le port du voile à l’école ?

M. Mohamed BENELMIHOUB : Actuellement, ce n’est pas interdit. Les jeunes filles fréquentent les établissements scolaires avec le voile.

M. le Président : Ce ne sont pas les informations que nous avons, mais nous les vérifierons.

Je vous remercie.


Source : Assemblée nationale française