La morale sexuelle a été exclue par Paul VI des réformes de Vatican II. Rome persiste à enseigner une rhétorique absurde sur la sexualité en général, et fait une fixation sur la question homosexuelle. A l’ambition morale, s’est ajoutée avec Jean-Paul II, l’ambition politique : faire adopter des lois contre les homosexuels dans le monde.
A la mort de Pie XII, en 1958, le Sacré collège ne parvenait pas à élire son successeur. Aussi désigna t-il, pour une période que l’on prévoyait courte, un vieillard de soixante-dix sept ans rongé par la maladie, Angelo Roncalli, ancien nonce apostolique à Paris. Le nouveau pape, régna sous le nom de Jean XXIII. C’était un personnage débonnaire, mais de tendance plutôt conservatrice. A la surprise générale, à peine installé sur le trône de Pierre, il révéla des ambitions révolutionnaires. Il convoqua un concile et annonça "l’aggiornamento" de l’Église, c’est à dire sa modernisation. Mais il décéda au cours de la première session.
Paul VI : homosexuel honteux
Son successeur, Giovanni Montini, dit Paul VI, supervisa la suite du concile Vatican II. Mais il en posa tout de suite deux limites : on ne toucherait pas aux prérogatives papales (cf. préambule de la constitution dogmatique), et la modernisation de l’Église ne toucherait pas sa doctrine en matière de sexualité.
C’est donc après avoir balayé tout contre-pouvoir que le pape promulgua en 1967 l’encyclique Sacerdotalis cœlibatus, excluant la possibilité d’ordination d’hommes mariés, puis en 1968 Humanæ vitæ sur la signification du mariage. Ces deux textes, qui marquent les limites intellectuelles de l’Église post-conciliaire, ont provoqué une profonde crise parmi les catholiques. Leur promulgation marque nettement un arrêt des vocations sacerdotales, et une désaffection du culte dans l’ensemble des pays industrialisés. Bien que Paul VI ait fait preuve d’un réel souci d’ouverture de l’Église au tiers-monde, et d’une inventivité courageuse en matière d’œcuménisme, son pontificat restera dans l’Histoire comme celui de la sexophobie.
Après avoir condamné le principe même de la contraception, et s’être définitivement discrédité face aux femmes, Paul VI s’acharna contre les homosexuels.
En 1975, le cardinal François Seper rédigea une "Déclaration sur certaines questions d’éthique sexuelle" qui fut approuvée et promulguée par le Saint Père. Tout en reconnaissant que l’homosexualité puisse être une inclination constitutive pouvant déboucher sur une relation de couple "dans une sincère communion de vie et d’amour", le texte conclu péremptoirement que "les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés et ne peuvent en aucun cas recevoir quelque approbation".
Pour toute réponse, l’écrivain Roger Peyrefitte publia le récit d’une aventure homosexuelle passée, une erreur de jeunesse de Paul VI. Ce "outing" avant l’heure ne fit pas prendre conscience aux catholiques de la tartuferie de leur dirigeant, mais renforça leur conviction en la bassesse "intrinsèque" des gays. Des prières de réparation et neuvaines de récitation du chapelet furent organisées dans toute l’Italie, tandis que le Souverain Pontife, très affecté par cette "odieuse attaque", annulait une série de consultations.
En 1986, ce fut au tour du successeur du cardinal Seper, le cardinal Ratzinger, de préparer une "Lettre aux Évêques de l’Église catholique sur la pastorale à l’égard des personnes homosexuelles", également approuvée par Paul VI.
Le raisonnement du Souverain Pontife y est longuement développé. La finalité de la sexualité est exclusivement la procréation. Aussi quelles que soient les explications psychologiques ou autre, actuelles ou à venir, du comportement homosexuel, il ne peut être jugé qu’au regard de la fécondité hétérosexuelle. Il ne procède pas de la complémentarité mécanique entre les sexes, il est stérile, et donc contraire au plan divin, à la loi naturelle.
Cette morale ignore aussi bien la pulsion libidinale qui meut la sexualité ; que la dimension interpersonnelle de communication, de créativité, d’affection et d’amour qu’elle contient ; et que le plaisir qu’elle donne. C’est une morale matérialiste, d’ordre purement mécanique, plutôt décevante chez un chef spirituel.
L’Opus Dei dans les bagages de Jean-Paul II
Albino Luciani succède à Paul VI en 1978 sous le nom de Jean-Paul Ier. Il accède au pontificat au moment où le Saint Siège est ébranlé par un invraisemblable scandale politico-financier. Son ministre des finances, Mgr. Marcinkus, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, alors que des banques font faillite, des financiers sont assassinés, et que le Vatican est accusé de blanchir l’argent de la Mafia. Jean-Paul Ier manifesta son intention de remettre de l’ordre dans la maison, et décéda subitement après trente-trois jours de pontificat. Accusé d’avoir empoisonné le pape, le cardinal Benelli interdit que l’on pratiqua une autopsie, au motif que le corps du Saint Père serait sacré.
Paralysé par les luttes de clans qui ensanglantaient la Curie, le Sacré Collège ne parvenait pas à lui trouver de successeur. Aussi décida t-on de changer les habitudes et de faire appel à un cardinal étranger, le polonais Karol Wojtyla. Celui-ci avait de plus l’avantage d’être soutenu par l’Opus Dei, un mouvement d’origine franquiste, très sectaire mais richissime.
Jean-Paul II a comblé les espoirs des cardinaux. Il a réformé la Curie et rétabli les finances du Vatican. Mais en échange il a assuré le triomphe de l’Opus Dei. Son fondateur a été béatifié. Son statut a été modifié de telle sorte que l’Opus échappe aux évêques et ne dépend plus que du pape. Ses membres ont été placés en dix ans de pontificat aux principaux postes clefs de l’Église dans le monde. Or, l’Opus Dei se veut une sorte de nouvelle Inquisition espagnole agissant pour le rétablissement du pouvoir temporel de l’Église, et le contrôle des mœurs. Son fondateur, le bienheureux José Maria Escriva de Balaguer était le directeur de conscience des époux Franco, et ne manqua pas de célébrer un Te Deum avec son "fils spirituel", le Général Pinochet à Santiago du Chili après le coup d’État.
En matière de morale, l’Opus Dei fait une sorte de fixation névrotique sur l’homosexualité. La devise de Mgr. de Balaguer était "Esto vir" (sois homme). Les responsables de l’Opus mènent une lutte acharnée dans le monde, contre le "démantèlement de la famille, la pornographie, et l’homosexualité".
Aussi ne faut-il pas s’étonner qu’en 1992, le cardinal Ratzinger publie "Certaines considérations concernant la réponse à des propositions de loi sur la non-discrimination des personnes homosexuelles". Un texte revêtu de la signature de Jean-Paul II. Il ne s’agit plus simplement d’une instruction morale à l’usage des fidèles, mais d’une directive ayant l’ambition d’influer sur les législations nationales.
On peut y lire que "dans certains domaines, tenir compte de la tendance sexuelle n’est pas une discrimination injuste ; par exemple dans le placement des enfants à adopter ou leur mise en garde, l’engagement d’enseignants et d’entraîneurs de sportifs et dans le recrutement militaire".
Elle est publiée pendant la campagne présidentielle aux États-Unis, où elle fait grand bruit. Les catholiques sont clairement invités à voter Bush contre Clinton. En France, elle suscite de vives réactions du Mouvement des Radicaux de Gauche, puis un peu plus tard des Verts, du PCF, de Génération Écologie, et même du CDS. Tous rappellent le principe de la séparation de l’Église et de l’État. Certains vont jusqu’à parler "d’ingérence du Vatican dans les affaires intérieures".
Au contraire les instructions du Vatican ont trouvé un écho favorable chez la présidente du Nicaragua, et plus encore chez le dictateur Fujimori du Pérou, généralement considéré comme très proche de l’Opus. Il a immédiatement procédé à une épuration de son administration.
La cerise sur le gâteau est publiée cinq mois plus tard : c’est le nouveau "Catéchisme". de Jean-Paul II. En matière de morale sexuelle il confine au délire : emporté par la logique de la procréation, poursuivie avec une rigueur aveugle, il édicte une échelle de valeur aberrante. Aux yeux de Rome, il est nettement moins grave de violer une femme que d’aimer un autre homme et de vivre avec lui. En effet ces deux actes seraient l’un et l’autre dégradants pour la personne humaine et contraires à la chasteté, mais en plus le second serait contraire à la loi naturelle.
Ceux qui se poseraient encore quelques questions sur la morale romaine attendent avec impatience la prochaine Encyclique sur les mœurs, que Sa Sainteté devrait révéler au monde avant Noèl.
La fronde des catholiques de base
Ces textes successifs apparaissent comme autant de redites. Ils sont pourtant indispensables aux autorités romaines qui se battent sur plusieurs fronts. D’une part, la mondialisation de l’Église illustrée part les voyages de Jean-Paul II et la théorie du village planétaire du Père Mac Luhan, conduisent à une simplification du message, et à une uniformisation des fidèles, malgré les différences culturelles. D’autre part, Rome doit faire face à une contestation interne, gay et libérale, organisée par Dignity aux États-Unis ou David & Jonathan en France, tout en se livrant à une surenchère avec les fondamentalismes de tout poil sur le front externe de l’évangélisation.
Pour maintenir sa cohésion, l’Église est contrainte de multiplier les rappels à l’ordre. Mais pour maintenir son pouvoir de séduction, elle doit accepter la persistance de discours à géométrie variable. Mgr. Gaillot fut prié de se faire discret après son interview à Gai Pied Hebdo et son débat avec le Projet Ornicar, mais Jean-Paul II a refusé sa démission. Le Père Jacques Perotti, infatigable défenseur des gays dans les médias, se fait régulièrement sermonner, mais n’a pas été réduit à l’état laïc. Les autorités romaines savent parfaitement qu’une trop grande sévérité disciplinaire contre ces personnalités provoquerait des démissions en nombre, qu’elles ne peuvent pas assumer pour le moment.
Actuellement plusieurs évêques auraient demandé au Saint Père de différer encore la publication de son encyclique sur les mœurs. Ce serait une sage décision, il semble en effet que le monde ne soit pas encore prêt pour comprendre ce sublime message.
Chapelle Sixtine
La chaîne de télévision japonaise NHK a sponsorisé la restauration de la Chapelle Sixtine. Les peintures de Michel-Ange devaient être entièrement nettoyées. Mais on s’avisa bientôt qu’une restauration complète supposait la suppression des cache-sexe apposés, après le Concile de Trente, aux figures du Jugement dernier. Dans un premier temps, le bureau de presse du Vatican fit savoir que l’on devait renoncer au nettoyage des cache-sexe de peur d’abîmer la peinture originale. Mais divers experts internationaux dénoncèrent ce faux prétexte, et le Parlement européen exprima son indignation devant cette censure.
Le 30 mai 93 Gianluigi Colalucci, responsable des travaux, informa la presse que Sa Sainteté Jean-Paul II avait confirmé l’arrêt papal de 1564, et que les sexes du chef-d’œuvre resteraient masqués à jamais.
Néanmoins les beautés habillées du Jugement dernier seront "dévoilées" au public en 1994. Les connaisseurs apprécieront un détail qui avait échappé aux censeurs du XVI° siècle : Michel-Ange, qui ne faisait pas mystère de ses goûts SM, avait représenté un fist-fucking.
La garde suisse
Fondée par Sixte IV au XV° siècle, son uniforme de cérémonie a été dessiné par Michel-Ange. Elle comprend une centaine d’hommes, recrutés en Suisse. Ils doivent mesurer plus de 1,74 m, être célibataires et âgés de moins de trente ans. C’est un corps d’élite, soumis à un entraînement athlétique intense. Les gardes suisse sont chargés de la protection rapprochée du pape et des cardinaux.
Mode vaticane
Leurs Éminences les Cardinaux portent la robe pourpre en moire de Venise. Sa Sainteté a choisi une soutane blanche, de règle depuis le XVI° siècle. Elle porte à la main droite "l’anneau du pécheur" (symbole de sa charge), qu’elle a voulu d’une extrême simplicité en signe de pauvreté. (La montre Rolex sertie de diamants qu’elle porte au poignet n’est pas un insigne pontifical, mais un accessoire offert par un pieux fidèle).
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