Samedi soir, les services de sécurité israéliens ont conduit des consultations tard dans la nuit afin de décider des mesures à adopter en représailles à l’attentat commis par le Jihad islamique à Haïfa. L’application de la récente décision du gouvernement de se débarrasser du président palestinien, Yasser Arafat, a été évoquée, même si elle semble toujours peu probable pour l’instant.
En revanche, d’après un important diplomate israélien cité par le Jerusalem Post, Israël devrait augmenter ses attaques ciblées contre les leaders « terroristes », qui s’étaient ralenties ces dernières semaines, et mener des offensives militaires plus intenses contre les infrastructures « terroristes » au nord de la Samarie, notamment à Jénine.
Concernant Yasser Arafat, si son expulsion n’est toujours pas à l’ordre du jour, des démarches pourraient être entreprises afin de le couper un peu plus du monde extérieur, continuant ainsi à l’isoler sur la scène internationale. Sa ligne téléphonique pourrait, entre autres, être coupée, et l’on évoque également la construction d’une clôture autour de sa résidence de Ramallah afin de l’empêcher de recevoir des visites.
D’après l’article du Jerusalem Post, l’armée israélienne dispose de « tiroirs remplis de plans pour s’occuper d’Arafat et autres. Plusieurs essais ont été simulés, et si l’ordre était donné de se débarrasser de [lui], il ne faudrait que quelques heures pour le mettre en application. Cependant, chaque démarche concernant l’expulsion d’Arafat doit prendre en compte le fait qu’il pourrait être blessé ou même tué ». D’autres conséquences sont également étudiées, notamment une insurrection dans les territoires occupés qui nécessiterait un important déploiement de troupes israéliennes.
Les positions sont apparemment partagées, au sein du gouvernement d’Ariel Sharon. Le ministre de la Santé, Dan Naveh, qui a toujours été partisan de cette solution, a appelé à une action immédiate, en déclarant : « Je pense qu’il est clair pour tous, et notamment pour l’administration US, qu’Arafat est un obstacle majeur (…) [Ceci est] une réelle opportunité pour nous débarrasser de Yasser Arafat et accélérer la construction de la clôture de sécurité. » Le ministre de l’Agriculture, Yisrael Katz, a soutenu cette initiative, de même que le ministre du Travail et des Affaires sociales, Zevulun Orlev, pour lequel le refus d’appliquer la décision gouvernementale d’expulsion encouragerait une recrudescence des attaques « terroristes ». Quant au ministre du Tourisme Binyamin Elon, tenant de la ligne dure du gouvernement Sharon, il s’est opposé à cette mesure. Selon lui, une telle démarche détournerait l’attention du réel problème, expliquant que des actions immédiates devraient être prises pour « démanteler l’Autorité palestinienne et établir un État palestinien en Jordanie »
Le ministre des Infrastructures nationales, Yosef Paritzky, a suggéré, pour sa part, de renvoyer la décision du gouvernement après le Yom Kippour, afin de « ne pas répondre avec les tripes ». Le ministre des Sciences, Eliezer Sandberg, a indiqué souhaiter qu’Israël arrête Arafat et « le traduise devant un tribunal en tant que criminel de guerre, responsable de l’assassinat de milliers de personnes ».
Des douzaines d’Israéliens et de militants pacifistes se sont rendus à la Muqata, au quartier-général de Yasser Arafat, afin de servir de boucliers humains en cas d’offensive de l’armée israélienne contre le leader palestinien.
Selon des diplomates israéliens, cette décision ne pourrait de toute façon pas être prise sans en informer au préalable les États-Unis, qui s’y sont montrés jusqu’ici farouchement opposés. Ils ont néanmoins noté que, dans la déclaration officielle états-unienne qui condamnait l’attentat de Haïfa, l’administration Bush n’appelait pas Israël à mesurer les conséquences de ses actions, ce qui pourrait être interprété comme un blanc seing donné à Tel Aviv. Le ministre des Affaires étrangères israélien, Silvan Shalom, a en effet répété, au cours d’une conversation téléphonique avec le secrétaire d’État états-unien Colin Powell que, selon les informations recueillies par les services de renseignement israéliens, Arafat continuerait à verser des fonds aux organisations « terroristes ».

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.
Jerusalem Post (Israël)

« Arafat’s expulsion considered unlikely », Jerusalem Post, 5 octobre 2003. « Sharon to consult security chiefs on whether to expel Arafat », par Amos Harel, Gideo Alon, Mazal Mualem et David Ratner, Ha’aretz, 5 octobre 2003.