Les nouveaux aveux du Pakistan ressemble à un mauvaise fiction : un scientifique voyou avouant avoir vendu des secrets à d’autres pays, une confession émouvante et un président affirmant ne rien savoir . Le Dr. Khan a bien vendu ses connaissances et Washington a accepté l’explication de Pervez Musharraf mais au Pakistan et ailleurs beaucoup croient que le gouvernement était au courant et que l’appareil militaire est également complice du crime nucléaire du siècle.
Pourtant, aussi improbable que cela puisse paraître , le président Musharraf pourrait bien avoir dit la vérité et cela est encore plus inquiétant. En effet, stratégiquement, il est improbable que l’armée pakistanaise, et ne parlons même pas des services secrets, ait poussé le Dr. Khan à vendre des secret nucléaires à la Corée du Nord, risquant ainsi de fâcher la Chine, où à la Libye et à l’Irak, risquant de fâcher Israël. Le Dr. Khan n’est pas un stratège, c’est un ingénieur égocentrique qui a réussi à se présenter dans la presse comme un héros national. Le problème de cette situation est que cela signifierait que l’armée ne contrôle pas son programme nucléaire.
Le principal problème est la nature du régime pakistanais. Musharraf a beau dire qu’il amène son pays sur la voie de la démocratie, il a transformé le régime en autocratie. Cela n’a pas empêché Khan de vendre des secrets nucléaire car Musharraf est un homme négligent qui a une trop haute opinion de ses qualités. Washington doit faire pression sur l’armée pour qu’elle abandonne le pouvoir politique mais qu’elle retrouve le contrôle de son programme nucléaire.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Out of the Nuclear Loop », par Stephen P. Cohen, New York Times, 16 février 2004.