La division la plus importante dans la campagne en cours aux États-Unis est celle qui sépare les faits de la fiction. Il y a bien sûr d’autres divergences, notamment nationales, mais si seules les questions intérieures devaient être prises en compte, Bush serait assuré de rejoindre la liste des présidents élus une seule fois. Mais les partisans de Bush espèrent que l’Irak, en dépit des morts, provoquera une union nationale qui bénéficiera à leur candidat. Ils croient que cette guerre a été menée pour les causes rappelées par Cheney la semaine dernière : l’Irak était une grave menace et il a réaffirmé implicitement que Bagdad avait des liens avec Al Qaïda. A cette occasion, le vice-président a affirmé que Saddam serait encore au pouvoir si Kerry avait été président et a comparé ce dernier à Neville Chamberlain.
Ces affirmations trompeuses sont la clé du soutien à Bush. D’après l’université du maryland, 57 % de la population croit qu’avant la guerre l’Irak aidait Al Qaïda, 45 % croit que cela a été prouvé et 65 % pense que des « experts » ont confirmé la présence d’armes de destruction massive en Irak. Parmi ceux qui croient qu’il y avait des armes de destruction massive en Irak, 72 % veulent voter pour Bush et 62 % de ceux qui croient qu’il y avait des liens entre Al Qaïda et l’Irak voteraient pour Bush. Cette illusion est donc entretenue par l’administration Bush qui s’efforce également de présenter Kerry comme un opposant à la sécurité nationale.
Quand Kerry a fait sa gaffe sur la sécurité nationale, l’administration Bush a affirmé que Kerry était associé aux Français mais la France n’est pas notre ennemi. Les Français sont prêts à nous aider si nous changeons notre diplomatie là-dessus comme pour le reste, l’administration Bush entretient des mythes.

« Pulp fictions triumph over truth », par Sidney Blumenthal, The Guradian, 29 avril 2004.