Beaucoup d’observateurs du Proche-Orient voient le nouveau pragmatisme affiché par Ariel Sharon et l’émergence d’une nouvelle garde de jeunes Palestiniens demandant des réformes à la tête de l’Autorité palestinienne comme des bonnes nouvelles pour la paix. Malheureusement, cet optimisme est fondé sur une totale incompréhension des réalités israéliennes et palestiniennes.
Sharon n’est pas prêt à accepter les conditions minimales permettant la constitution d’un État palestinien viable. Il cherche à éviter à tout prix des contacts avec l’Autorité palestinienne, même pour prévenir le chaos annoncé que susciterait un retrait sans préparation de la bande de Gaza. Sharon affirme que l’abandon de Gaza était le prix à payer pour garder le contrôle de la Cisjordanie. Mardi, il a annoncé des constructions massives dans ce territoire et la jeune garde palestinienne ne pourra pas accepter un accord dans ces conditions. Sharon fragmente les territoires et cela repousse à des décennies un accord de paix.
La vraie différence entre Sharon et les personnalités les plus radicales du Likoud, c’est l’emballage. La différence se fait entre ceux qui veulent une séparation avec les Palestiniens et ceux qui veulent un système d’apartheid. Beaucoup au Likoud, dont Benjamin Netanyahu, pensent qu’accorder le droit à un État aux Palestiniens déclenchera un processus incontrôlable. L’idée du Likoud et de Sharon est de se désengager comme l’Afrique du Sud s’était désengagé des Bantoustans. Cette approche se démarque des fondateurs du sionisme qui n’avait rien d’une entreprise raciste. Les problèmes de sécurité ne peuvent justifier la politique raciste actuelle.
La seule solution pour Israël est un retour aux frontière de 1967. Longtemps, les Israéliens ont cru que la clé de leur sécurité résidait dans l’occupation du Liban, mais la sécurité d’Israël a augmenté quand les territoires occupés dans ce pays ont été évacués.

Source
International Herald Tribune (France)
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« Sharon betrays Israel’s founders », par Henry Siegman, International Herald Tribune, 20 août 2004.