Vif émoi dans les rédactions parisiennes : un artiste de plus s’est autorisé à contester publiquement la version bushienne des attentats du 11 septembre 2001 ! Pis, il ne s’agit pas cette fois d’un saltimbanque forcené revendiquant sa négritude, ni d’une actrice oscarisée allergique à la langue de bois politicienne, mais d’un ami personnel du président de la République.

Invité sur Europe 1, le 5 septembre 2008, l’humoriste Jean-Marie Bigard est sollicité par l’animateur Laurent Ruquier pour commenter un propos de John McCain sur Ben Laden. Il saisit la balle au bond pour dire qu’il ne croit pas à la fable gouvernementale et invite les auditeurs qui n’ont pas encore vu ou lu les enquêtes sur le sujet à le faire.

Europe 1, propriété du marchand d’armes Lagardère, a vite été rappelé à l’ordre par l’OTAN. Sans tarder, la direction de la station a lâchement publié un communiqué pour se désolidariser des propos tenus par Jean-Marie Bigard sur son antenne.

Reste le problème de fond : comment un bouffon, que l’on croyait avoir rejoint la cour présidentielle et être devenu un amuseur officiel, peut-il ainsi « déraper » (littéralement : sortir de la seule voie/voix autorisée), s’interrogent des chiens de garde affolés (Le Nouvel Observateur, Métro, Le Journal du Dimanche, Bakchich, Rue 89…) ? Est-il possible d’accompagner Nicolas Sarkozy dans un voyage officiel et néanmoins de conserver son indépendance d’esprit ? N’y a-t-il pas un risque pour des médias français qui ressassent sans honte des inepties depuis 7 ans d’être soudain décrédibilisés auprès du grand public ? Autant de questions existentielles pour une profession qui entend prescrire l’opinion des autres.

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Pour en savoir plus : 800 personnalités US qui ne croient pas les journalistes parisiens