Sérieusement secoués par l’embargo arabe sur le pétrole de 1973, les États unis étudient la possibilité de « refaire le coup de Suez et de Téhéran » et d’envoyer des troupes pour prendre le contrôle des puits de pétrole d’Arabie Saoudite, du Koweït et d’Abou Dhabi. Lord Cromer, ambassadeur britannique à Washington, se souvient dans ses mémoires d’une visite de Kissinger lui expliquant que les USA « ne tolèreraient plus des menaces proférées par des petits pays pouilleux et sous-développés » et que la Maison-Blanche « envisageait sérieusement l’usage de la force pour défendre son économie étranglée par l’embargo ». Dans un mémorandum, Kissinger expose le scénario d’une invasion « par les troupes de la Coalition » dans laquelle la Grande-Bretagne jouerait un rôle prépondérant, la France fournirait la logistique et l’Allemagne servirait de base arrière. « Les nations arabes hurleront, mais on s’en fiche, leur matériel militaire est vétuste. L’URSS est plus problématique, mais si on lui offre une part du gâteau... » Kissinger conclut : « Le plus grand danger d’une telle confrontation dans le Golfe Persique se situe au Koweït - là-bas les Irakiens, puissament armées et soutenus par les Soviétiques, pourraient profiter de la situation pour annexer le Koweït ».