L’assassinat de Rafic Hariri, qui a déclenché le retrait syrien, a réveillé les consciences sur un fait : l’inféodation du Liban à la Syrie. Toutefois, cette situation ne doit pas faire oublier l’autre moitié du problème : la domination du Hezbollah dans ce pays. Le Liban ne sera libre que si l’on s’attaque aux deux aspects du problème. Unis contre Israël pour déstabiliser la région, l’Iran des ayatollahs et la Syrie d’inspiration baasiste, à première vue opposés, se servent du levier du Hezbollah pour maintenir la tension. Il leur sert de bras armé sans qu’ils aient à s’investir directement. De plus, pour l’Iran, le Hezbollah est aussi un instrument d’exportation de la révolution islamique.
Pour parvenir à appliquer son programme intégriste et antisémite, le Hezbollah joue sur le tableau social via ses actions caritatives et sa chaîne Al-Manar, se déguise en parti politique. Mais le Hezbollah a beau se déguiser en parti respectable, il demeure un organe qui possède une branche armée opérante et des buts de guerre limpides : la destruction d’Israël. Existe-t-il au monde un « parti » représenté au Parlement qui a la capacité de frapper partout dans le monde et qui commet des attentats à l’étranger ? La plupart des Libanais en ont « ras le bol » de se voir imposer par la Syrie et le Hezbollah une hostilité éternelle envers Israël.
Depuis 2000, l’Iran et la Syrie ont renforcé la capacité militaire et financière du Hezbollah, et les chiites libanais agissent depuis sur deux fronts dans le but de contrecarrer toute initiative allant dans le sens de l’apaisement. Le Hezbollah menace Israël avec ses missiles et équipe les terroristes palestiniens. De surcroît, depuis l’élection de Mahmoud Abbas, le Hezbollah tente de faire déraper le processus en cours entre Palestiniens et Israéliens. Au lendemain du sommet de Charm el-Cheikh, des membres des services de sécurité palestiniens ont rapporté que le Hezbollah représente actuellement la menace la plus grave à la trêve signée avec les Israéliens.
La majorité des Libanais aspire à une indépendance politique et territoriale, comme le stipule la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’ONU. Pudique, l’ONU ne les nomme pas mais évoque cependant très clairement l’Iran (« les milices non libanaises »), le Hezbollah (« les milices libanaises ») et la Syrie (« les forces étrangères »). Les pressions internationales ont permis le retrait syrien après l’assassinat de Rafic Hariri, mais rien n’a encore été fait contre le Hezbollah. Le Hezbollah étant aujourd’hui ce qu’il est, son inscription sans détour dans la liste européenne des organisations terroristes serait un signal clair et sans ambiguïté de la détermination européenne à aller vers la paix et établir la stabilité dans cette région du globe. Par la suite, le Hezbollah aura toujours la possibilité d’opérer une véritable mue. Il lui suffira de désarmer ses milices et d’accepter l’autorité de l’État.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« L’autre moitié du problème », par Nissim Zvili, Le Figaro, 27 avril 2005.